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Incendies en Russie : sites nucléaires menacés et risque de contamination radioactive

Revue de presse

Article publié le 10 août 2010



20/08/2010 : Développement Durable.com
Interview de Jean-Pierre Minne, administrateur du Réseau Sortir du nucléaire

Après avoir été ravagée par les incendies pendant des semaines, la Russie connaît désormais une période d’accalmie. L’heure est donc au bilan… ou plutôt, aux bilans : bilans humain, économique, atmosphérique,… Et bilan nucléaire : car les feux ont atteint des zones irradiées par la catastrophe de Tchernobyl de 1986, ce qui fait craindre une contamination radioactive sur l’Europe. Sans parler des centres nucléaires russes qui furent sérieusement menacés par les flammes. Jean-Pierre Minne, l’un des neuf administrateurs du Réseau Sortir du Nucléaire (fédération de 879 associations hostiles à l’atome), nous livre ses sentiments sur la situation…

Jean-Pierre Minne developpementdurable.com : Depuis le 13 août, le site Internet de l’Agence russe de protection des forêts est fermé. Or ce site avait annoncé que 4 000 hectares de terres polluées par les retombées radioactives de Tchernobyl avaient été touchés par les incendies. Que doit-on comprendre ?

Jean-Pierre Minne : Je ferais une comparaison simple avec la situation critique de 1986 (explosion du réacteur de Tchernobyl, en Ukraine, ndlr), dans laquelle nous avons rencontré exactement la même réaction de la part du gouvernement russe : celui-ci avait alors coupé les sources officielles d’informations. Remarquez, le gouvernement français avait eu la même attitude : le professeur Pierre Pellerin, qui dirigeait à l’époque le SCPRI (le Service central de protection contre les rayonnements ionisants, ancêtre de l’IRSN, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, ndlr), nous garantissait qu’il ne se passait rien d’anormal et que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce contexte, déjà vu, inquiète sérieusement le Réseau Sortir du Nucléaire.

dd.com : Y a-t-il pour autant un risque réel de contamination pour les populations, notamment en France ?

J.-P. M. : Le risque existe, c’est certain. Une possible contamination serait liée à la dispersion dans la haute atmosphère de cendres et de fumées radioactives résultant des incendies de forêts irradiées par Tchernobyl (la végétation absorbant les polluants). Car en atteignant la stratosphère, ces éléments se déplacent à très grande vitesse et peuvent donc détériorer la qualité de l’air loin de Russie.

Pour la France ? Il faut être lucide et réaliste : nous travaillons avec un laboratoire indépendant, la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité pour informer les populations, ndlr), qui fait des mesures quotidiennes du césium 137 présent dans l’atmosphère, et qui affirme pour l’instant n’avoir détecté aucune augmentation significative de la radioactivité sur l’Hexagone. Même son de cloche du côté de l’IRSN. Ce qui ne veut pas dire que la situation ne puisse pas évoluer dans les jours qui viennent. Nous n’en savons absolument rien, parce que nous n’avons pas d’informations sur la Russie elle-même.

dd.com : Selon vous, les autorités françaises préviendraient-elles la population en cas de risque ?

J.-P. M. : Sortir du Nucléaire ne veut pas affoler les gens pour rien, mais reste très méfiant, compte tenu de l’expérience de 1986. Les informations russes sont aujourd’hui presque inexistantes, et peu fiables. Et l’IRSN… les mêmes structures officielles d’analyse de la radioactivité nous ont menti à l’époque…

dd.com : Les autorités russes ont annoncé avoir maîtrisé les feux près du centre de Sarov. Le risque d’accident nucléaire majeur semble donc y être écarté. Mais qu’en est-il de la situation des autres sites nucléaires : Maïak et Snejinsk ?

J.-P. M. : D’après nos informations, il semblerait que les incendies soient en voie d’être également maîtrisés. Mais les sites sont radioactifs et des tourbières continuent de brûler. Donc il y a également risque de pollution atmosphérique.

dd.com : Quels enseignements la France doit-elle tirer de ces événements ?

J.-P. M. : C’est une question fondamentale pour le Réseau Sortir du Nucléaire : l’industrie de l’atome est potentiellement dangereuse. Très dangereuse. Nous le voyons bien en Russie. Un accident majeur peut arriver. Nous n’avons aucune garantie du contraire. Sortir du nucléaire est donc opposé à la poursuite de la production d’électricité via l’atome. Nous protestons également contre la décision récente de prolonger la vie des centrales : elles étaient prévues pour fonctionner 30 ans… on parle aujourd’hui de 40 à 60 ans ! Le risque va s’accroître. Sans compter que les privatisations sont grandissantes dans le secteur. La majorité des tâches de maintenance sont aujourd’hui assurées par des sociétés extérieures. Il n’y a plus d’unité, gage de sécurité. La solution : l’arrêt des projets d’enfouissement des déchets radioactifs, l’arrêt du retraitement du combustible usé à la Hague et l’utilisation du plutonium à des fins énergétiques (combustible MOX), l’arrêt des exportations d’électricité et de toute technologie nucléaire, le non renouvellement du parc nucléaire, l’abolition et l’élimination de toutes les armes nucléaires ou radioactives.

Propos recueillis par Yann Cohignac


13/08/2010 : Le Parisien.fr
Russie : le feu gagne du terrain près du centre nucléaire de Sarov

Martin Chouraqui

Le centre nucléaire de Sarov, à 500 km à l’est de Moscou, était toujours menacé vendredi par des incendies qui ont gagné en puissance alors que la situation s’améliorait un peu dans la capitale russe après de fortes pluies rafraîchissantes dans la nuit.

« Le foyer d’incendie apparu il y a deux jours dans la partie orientale d’une réserve naturelle, où la foudre a frappé des pins, a gagné du terrain et représente un certain danger », selon le ministère. Il n’a pas précisé pas à quelle distance de l’incendie se trouvent les installations nucléaires de Sarov où sont notamment fabriquées des ogives atomiques.

Environ 2 600 personnes combattent les flammes qui menacent depuis le 3 août cette zone où vivent quelque 80 000 habitants et dont l’accès est fermé sauf autorisation spéciale en raison des activités sensibles qui y sont menées. Les autorités avaient affirmé avoir évacué un temps les matériaux radioactifs et explosifs, avant d’assurer que le danger était passé et de les replacer dans ce centre, qui fonctionnerait désormais normalement.

Deux autres sites sensibles, le centre de retraitement de déchets nucléaires de Maïak et le centre de matières fissiles de Snejinsk, tous deux situés à 2 000 kilomètres à l’est de Moscou, dans l’Oural, ont aussi été menacés par des incendies, mais la situation serait désormais sous contrôle.

Feux de forêt près de Tchernobyl

Les autorités russes ont par ailleurs révélé cette semaine que des feux avaient sévi en juillet sur des milliers d’hectares de zones irradiées notamment par l’explosion en 1986 de la centrale de Tchernobyl (nord de l’Ukraine), laissant craindre une propagation des radiations. Les feux de tourbières et de forêts qui s’étaient déclarés à quelque 60 kilomètres de Tchernobyl, en Ukraine, semblaient vendredi en voie d’extinction selon les autorités ukrainiennes. « Il reste moins de deux hectares » en feu, a déclaré Viktoria Rouban, porte-parole du ministère des Situations d’urgence. « Je pense que d’ici la fin de la semaine, il sera éteint », a-t-elle ajouté. Le gouvernement ukrainien avait annoncé jeudi que des tourbières et des forêts brûlaient depuis plusieurs jours à environ 60 kilomètres de cette centrale à l’origine de la plus grande catastrophe nucléaire civile.

Ailleurs en Russie, les incendies de forêt ont reculé de 15.000 hectares à environ 65.000 hectares, selon le ministère des Situations d’urgence. Les font ont fait au moins 54 mort dans le pays, et Près de 800 000 hectares de forêt sont partis en fumée depuis la fin du mois de juillet

Premières pluies à Moscou

La capitale russe, souffrant d’une canicule sans précédent depuis six semaines, a profité de fortes pluies rafraîchissantes dans la nuit de jeudi à vendredi, mais la température doit à nouveau dépasser les 30°C dans la journée, selon les services météorologiques russes. Grâce au vent, Moscou était par contre de nouveau épargnée par les fumées nocives des feux de tourbières qui ont empoisonné l’air de la ville pendant plusieurs jours. Une odeur de brûlé étant cependant parfois perceptible.

Alors que le gouvernement russe n’a toujours pas communiqué de bilan sanitaire de la canicule, l’agence Interfax a rapporté, citant des sources médicales, que les hôpitaux russes avaient reçu l’ordre de ne plus marquer la mention « coup de chaleur » comme cause des décès qu’ils enregistrent. Selon des informations partielles données par des responsables de la capitale, le bilan s’élève déjà à plusieurs milliers de morts dans la capitale.

Le département de la Santé de Moscou a été réprimandé par son ministère de tutelle pour avoir annoncé que le nombre de décès avait doublé en raison de la chaleur et des fumées nocives dans la capitale russe. Le service de l’état civil moscovite a indiqué que quelque 5 000 personnes de plus étaient mortes en juillet 2010 par rapport à la même période l’année précédente.

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13/08/2010 : Développement durable
Incendie en Russie : L’ombre de Tchernobyl

Provoqués par la chaleur anormale et la sécheresse, les incendies en Russie ont ravagé depuis le début de l’été 1,1 million d’hectares de forêts et de tourbe faisant 53 morts, environ 800 blessés et plus de 3.500 sans-abri. Des feux dans la zone contaminées de Tchernobyl refont surgir le spectre d’une contamination nucléaire. Mais l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire se veut rassurant : « aucune conséquence sanitaire pour les populations européennes » n’est à craindre. Attisés par la canicule qui se poursuit et par les vents, les feux qui ravagent la Russie depuis le début de l’été soulèvent de nouvelles inquiétudes. Les flammes ont commencé à ravager des zones susceptibles d’avoir été contaminées par l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. Ces endroits sont localisés au sud-ouest de la Russie, à environ 200 kilomètres de Bryansk (à 380 kilomètres au sud de Moscou). Selon le réseau français Sortir du nucléaire, qui cite l’association environnementale russe Ecodéfense, 500 feux auraient ainsi déjà brûlé cette région au cours du mois de juillet. Les incendies menaceraient également des sites nucléaires russes, situés, cette fois, à l’est de la capitale russe. Un centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires (à Mayak) et un centre militaire sont concernés à 1.500 kilomètres de Moscou, dans la région de Sneijinsk. Un second centre militaire à Sarov, à 500 kilomètres de la capitale, serait lui aussi concernés. En touchant des zones radioactives, les incendies peuvent libérer dans l’air des radionucléides présents dans les couches superficielles du sol, l’humus et la végétation. L’inquiétude porte alors sur un cocktail d’isotopes du plutonium, le strontium 90 et surtout le césium 137 qui n’ont pas encore été totalement détruits depuis l’accident nucléaire de Tchernobyl. Propager dans l’air par la fumée, ils pourraient potentiellement, selon les experts, être ingérés par la respiration, ou revenir au sol sous l’effet du vent et de la pluie, à d’importantes distances, et contaminées ainsi la végétation, mais aussi les vergers et les zones agricoles en général. Selon un porte-parole du ministère russe des Ressources naturelles, des moyens importants ont été déployés pour empêcher cette situation, éteindre les feux et plus particulièrement protéger les zones nucléaires. Plus de 15.500 personnes, 61 avions et 2.400 unités motorisées participent à la lutte contre ces violents incendies qui ravagent la Russie depuis plus d’un mois.

Un risque de contamination ?

Si les incendies se développent dans les zones contaminées à la suite de l’accident de Tchernobyl, les substances radioactives restées dans le sol pourraient s’envoler avec la fumée créant des zones polluées dans quatre régions de Russie, a déclaré le coordinateur de projets du World Wildlife Fund Nikolaï Chmatkov. Le ministre russe des Situations d’urgence Sergueï Choïgou a confirmé jeudi que si les incendies s’étendaient à la région de Briansk contaminée par les fuites radioactives de Tchernobyl, le taux de radioactivité naturelle pourrait augmenter. La menace pèserait non seulement sur la région de Briansk, mais aussi sur celles de Kalouga, de Lipetsk et de Toula voisines de celle de Moscou. Mais l’Insitut français de radioprotection et de sûreté nucléaire se veut rassurant. « Dans tous les cas, aucune conséquence sanitaire pour les populations européennes n’est attendue ». Selon l’IFRS, « si les vents sont favorables, une augmentation de la radioactivité ambiante, en particulier du Césium 137, pourrait atteindre l’Europe de l’ouest. Cependant, le niveau de radioactivité serait extrêmement faible, un million de fois moindre que l’activité correspondant à la concentration de radioactivité naturelle présente dans l’air, particulièrement due à la présence permanente de radon ».

Un accident qui a marqué l’histoire

La catastrophe de Tchernobyl est le plus important accident nucléaire de l’histoire. Elle s’est produite le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire Lénine en Ukraine, polluant une superficie de 160.000 km2 et entraînant l’évacuation de plus de 200 000 personnes. dans le nord de l’Ukraine, l’ouest de la Russie et en Biélorussie. Selon un rapport publié en 1995 par l’ONU, 9 millions de personnes ont été directement ou indirectement affectées par cette tragédie. Après l’accident, les surfaces importantes de trois territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie (correspondant à plus de sept millions d’habitants) ont présenté des dépôts de césium 137 supérieurs à 37 kBq/m2 (1 Ci/km2). Aujourd’hui, le réacteur détruit sous sarcophage reste une menace potentielle. La Russie possède actuellement plus d’une trentaine de réacteurs de production ce qui la place en 4e position mondiale des pays producteurs d’énergie nucléaire. Plusieurs centrales sont également en cours de construction et 44 nouvelles installations sont prévues d’ici à 2030.


12/08/2010 : Le Point.fr
FEUX PRÈS DE TCHERNOBYL - Faut-il craindre la radioactivité ?

Les incendies se rapprochent de Tchernobyl. Cette annonce fait craindre la propagation de particules radioactives. Le Point.fr répond aux inquiétudes.

Quelles sont les zones sensibles touchées ?

Selon les autorités russes, il s’agit principalement de territoires contaminés par les retombées de l’accident de Tchernobyl. Ces zones sont localisées au sud-ouest de la Russie, à environ 200 kilomètres de Bryansk, située à 380 kilomètres au sud de Moscou. Selon le réseau français Sortir du nucléaire, qui cite l’association environnementale russe Ecodéfense, 500 feux auraient sévi à cet endroit au cours du mois de juillet.

Les incendies menacent également des sites nucléaires russes, situés, cette fois, à l’est de la capitale russe. Un centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires (à Mayak) et un centre militaire sont concernés à 1.500 kilomètres de Moscou, dans la région de Sneijinsk. Un second centre militaire à Sarov, à 500 kilomètres de la capitale, est menacé.

Comment les incendies peuvent-ils générer de la radioactivité ?

En brûlant des zones contaminées par l’accident de Tchernobyl, ils libèrent dans l’air des radionucléides présents dans les couches superficielles du sol, l’humus et la végétation. Le phénomène concerne divers isotopes du plutonium, le strontium 90 et surtout le césium 137. Contrairement à d’autres radionucléides, ceux-ci ne se sont pas encore totalement désintégrés depuis l’accident nucléaire, en 1986. Une fois en l’air, la pluie pourrait aussi entraîner leur diffusion dans la végétation et les légumes.

En ce qui concerne les sites nucléaires, les incendies sont susceptibles de provoquer un accident et un rejet potentiel d’iode 131, un radionucléide encore plus nocif pour la santé que le césium 137 et à l’origine de nombreux cancers en France après le passage du nuage de Tchernobyl.

Les populations d’Europe de l’Est courent-elles un risque de contamination ?

"Nulle part en Russie n’a été enregistrée de hausse du niveau de radiation", affirment les autorités russes. Pour le service fédéral de défense des forêts, la combustion des zones contaminées par Tchernobyl "n’est pas une catastrophe, car ce qui brûle est à la surface et l’essentiel des particules polluées se trouve en profondeur dans le sol". Un discours rassurant relayé par l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), mais que ne partagent pas forcément les associations de contrôle ou opposées au nucléaire. La Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité (Criirad) estime que la situation radiologique pourrait nécessiter des précautions spécifiques comme le port du masque respiratoire et le contrôle de la contamination du sol et des denrées alimentaires.

Tout comme le réseau Sortir du nucléaire, la Criirad considère par ailleurs que l’arrivée des incendies aux portes du site nucléaire de Mayak est "particulièrement inquiétante", car la zone a été contaminée à la suite d’un accident nucléaire survenu en 1957. Selon la Criirad, la radioactivité entreposée sur ce site est par ailleurs nettement plus importante que celle entreposée dans le coeur d’un réacteur nucléaire... Elle recommande donc aux personnes voyageant actuellement dans les pays de l’Est de se munir de comprimés d’iode stable, par précaution.

La France est-elle concernée ?

Si les vents devaient souffler de façon continue de la Russie vers la France, du césium 137 et du strontium 90 pourraient atteindre la France. Mais le niveau de radioactivité dans l’air serait alors "extrêmement faible, un million de fois moindre que l’activité correspondant à une concentration de radioactivité naturelle présente dans l’air", explique l’IRSN, qui conclut : "Dans tous les cas, aucune conséquence sanitaire pour les populations européennes n’est attendue." Une analyse corroborée par la Criirad, qui rappelle que le césium 137 est toujours présent dans l’air à l’état résiduel depuis 1986, à une dose trop faible pour "envisager des mesures de protection radiologique". À cause des incendies, les niveaux de césium 137 susceptibles d’augmenter dans l’air devraient rester un million de fois plus faibles que lors du passage du nuage de Tchernobyl, comme le suggèrent les niveaux constatés en 2002, à la suite d’incendies de forêts contaminées en Biélorussie, en Russie et en Ukraine. D’autre part, l’iode 131, un radionucléide identifié comme une source de cancers en France après le passage du nuage de Tchernobyl, s’est dissous depuis la catastrophe, même dans les zones encore contaminées de Russie. Il n’est donc pas susceptible de contaminer l’air en France.

Ceci n’empêche pas la Criirad de recommander un suivi attentif de la situation, car différents paramètres peuvent influer la qualité de l’air en France, comme "l’intensité des incendies", la "durée de combustion" et "les conditions météorologiques". La situation sur le site de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Mayak pourrait aussi changer la donne. Mais les autorités russes ne partagent que très peu d’informations à ce sujet, comme l’a reconnu l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN).

Comment la France contrôle-t-elle la radioactivité de l’air ?

L’IRSN opère un réseau de balises de contrôle de l’air ainsi que les exploitants de site, à proximité de leurs installations, qui permet de détecter une contamination éventuelle. Peut-on avoir confiance dans les données publiées ? Depuis la fable sur le nuage de Tchernobyl stoppé à la frontière, une garantie a été mise en place. Un réseau de balises indépendantes de l’État a été mis sur pieds. Il est géré par des associations indépendantes, comme la Criirad, et financé par les collectivités locales. Sur ses propres balises, l’association agréée pour la protection de l’environnement n’a pas relevé, entre le 1er et le 10 août, "en vallée du Rhône (...) d’activité bêta détectable".


Le Parisien.fr 11.08.2010 : Russie, les inquiétants mystères du site nucléaire de Sarov

Un nouveau foyer d’incendie s’est déclaré près du centre nucléaire militaire de Sarov, provoqué par la foudre qui s’est abattue sur un pin », a annoncé mercredi soir la direction du centre. La situation dans ce site sensible semble pour le moins complexe. De quoi inquiéter d’autant que d’autres sites nucléaires sont aussi menacés par les flammes.

Plus tôt mercredi, le ministère des situations d’urgence déclarait se préparer à porter « un coup massif » contre le feu près du centre militaire et de recherches nucléaires Arzamas 16, à 60 km de Sarov. Dimanche pourtant, le gouvernement avait annoncé qu’« il n’y avait plus de foyers de feux », l’armée avait creusé un canal pour empêcher les flammes de progresser et abattu le 6 août de nombreux arbres autour de ce site. Lundi, étrangement, plus de 800 hommes luttaient toujours (à nouveau ?) contre les incendies. Deux militaires y ont d’ailleurs trouvé la mort.

Mercredi soir, le directeur du centre, Valentin Kostioukov, a demandé au ministère des Situations d’urgence « de suspendre le retrait des troupes de Sarov et de renforcer les unités avec des équipements lourds ».

Cet acharnement contre le feu, s’explique-t-il seulement par le sauvetage des infrastructures et du matériel de recherche ? Ou y a-t-il d’autres dangers ? Les autorités n’ont cessé de répéter qu’il n’y avait aucun risque dans ce centre où les premières bombes atomiques soviétiques ont été conçues : tous les matériaux radioactifs avaient été évacués vers le 3-4 août. Ne reste-t-il pas de déchets toxiques, comme l’envisageait l’association Robin des Bois.

Pour Roland Desbordes, président de la Criirad, « évacuer les armes nucléaires, ce qui est relativement facile, car elles sont mobiles ». Mais il s’interroge aussi sur le sort « des déchets nucléaires, des matériaux radioactifs entreposés dans des cuves, piscines ou fosses plus ou moins sécurisés », sans pouvoir apporter de réponses.

Le feu près d’un centre où avait déjà eu lieu une explosion

Combien de sites sensibles sont-ils encore exposés aux flammes. Difficile à dire. A Snejinsk, l’autre centre militaire nucléaire de Russie où s’effectuent aussi de la recherche serait hors de danger, l’incendie a été maîtrisé et la « surveillance du site a été levée », selon le ministère des Situations d’urgence ce mercredi. Aucune information n’a été donnée au sujet du centre de retraitement de déchets nucléaires de Maïak, dans l’Oural, où l’état d’urgence avait été décrété lundi.

Concernant les centrales elles-mêmes, le physicien explique : « Un incendie, en détruisant des lignes de haute tension, peut interrompre l’alimentation électrique d’un site, mettant en péril son système de refroidissement. Des groupes électrogènes doivent alors prendre le relais, mais peuvent-ils résister à un incendie ? » Qui plus est, poursuit-il « le risque incendie dans les centrales nucléaires est généralement évalué par anticipation d’un feu qui vient de l’intérieur, plutôt que de l’extérieur ».

« Si le système de refroidissement d’une cuve tombe en panne, on peut avoir un accident très grave. L’explosion d’une cuve de stockage de déchets hautement radioactifs, justement à Maïak en 1957, a provoqué le plus grave accident sur un site nucléaire en dehors de Tchernobyl : les cultures ont été interdites sur plus de 100 000 hectares, des centaines de milliers de personnes contaminées et une trentaine de villages rasés », explique encore Roland Desbordes.


Le Figaro.fr 11/08/2010 - Russie, les incendies ont touché des zones radioactives

Source : https://www.lefigaro.fr/international/2010/08/11/01003-20100811ARTFIG00320-russie-les-incendies-ont-touche-des-zones-radioactives.php

Les incendies de forêt ont atteint depuis juillet près de 4.000 hectares de zones contaminés par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, laissant craindre la dispersion de particules radioactives dans l’air.

C’est désormais officiel. Les incendies de forêt en Russie ont touché depuis juillet des zones polluées par les retombées nucléaires de la catastrophe de Tchernobyl, dans l’ouest du pays, selon des données disponibles mercredi sur le site des services de surveillance des forêts. « Des feux ont été enregistrés sur 3.900 hectares », explique ainsi ce service fédéral, qui ne précise pas si ces feux sont maîtrisés. La région de Briansk, au sud-ouest de Moscou et à la frontière du Bélarus et de l’Ukraine, est notamment touchée : au total, 28 feux de forêt ont ravagé 269 hectares.

« Toutes les autorités dans les zones polluées par des éléments radioactifs doivent prendre des mesures d’urgence », indique le service de protection des forêts, citant notamment « la protection des populations dans les territoires touchés par les fumées » et « la détection des zones de transfert des matériaux radioactifs ». Le directeur adjoint du service de protection des forêts Alexeï Bobrinski a cependant affirmé qu’il n’y avait « pas de raison de paniquer ». « Je ne pense pas que la situation va connaître une évolution catastrophique. Avec la fumée, une partie de la pollution va aller ailleurs, mais ce n’est pas une catastrophe car ce qui brûle est en surface et l’essentiel des particules polluées sont dans les profondeurs », a-t-il assuré. En France, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) assure que l’incendie de ces zones contaminées « n’est pas de nature à provoquer une inquiétude d’ordre sanitaire » sur le territoire français.

Répit de courte durée à Moscou

La Russie assure progresser dans la maîtrise des feux. Mercredi, elle a annoncé avoir réduit de moitié la surface des incendies de forêts qui ravagent le pays depuis près de deux semaines. « Au cours des dernières 24 heures, le nombre des nouveaux départs de feu a été inférieur au nombre de ceux qui ont été éteints. A 6h (heure locale), 612 foyers étaient actifs sur une surface de 92.700 hectares », a ainsi indiqué le ministère à l’agence russe Itar-Tass. La veille, 174.000 hectares brûlaient. Quelque 165.000 employés du ministère continuent de combattre les incendies, qui ont fait au moins 54 morts, avec l’aide de 550 spécialistes étrangers équipés de six avions et sept hélicoptères.

A Moscou, l’air est devenu un peu plus respirable depuis mardi soir. Quelques gouttes de pluie sont tombées mercredi matin, dans une atmosphère libérée de la fumée suffocante des feux de tourbières de la région. Pour autant, les services météorologiques ont prévenu que l’accalmie ne durerait pas. « Si l’on prend en compte le fait que la température dans la région de Moscou est (jusqu’à présent) de 36-37 degrés, la canicule va continuer. (…) Les incendies de forêt n’ont pas disparu. Les hautes pressions et l’anticyclone vont entraîner le retour des fumées à Moscou », a notamment confié le directeur des services météorologiques à l’agence Interfax. Les quelques pluies encore prévues dans les jours à venir ne seront d’aucune aide, a-t-il souligné.


La Dépêche.fr 11/08/10 - Russie. Un pays à hauts risques

La Russie n’en finit pas de brûler. Plus de 15 jours après les départs des premiers feux, les autorités russes ont annoncé hier, une légère accalmie. Mais que sont quelques foyers circonscrits quand les incendies continuent de se propager sur plus de 175 000 hectares à travers le pays ? La situation est d’autant plus alarmante qu’il faut maintenant lutter pour protéger les sites nucléaires et chimiques.

À 1 500 km de Moscou qui respirait mieux hier, des centaines d’hommes sont mobilisées autour du centre nucléaire de Snejinsk, dans l’Oural. Hier, on apprenait que trois jours auparavant l’état d’urgence avait été décrété à quelques kilomètres de là, au centre de Mayak où sont stockées d’énormes quantités de déchets hautement radioactifs. Deux bases militaires situées dans la région de Moscou et dont on ne sait ce qu’elles abritaient ont été évacuées avant de partir en fumée…

On nous dit tout, on nous dit rien, la juste information sur la situation ayant bien du mal à traverser les frontières… Y compris sur le bilan humain de cette tragédie. Un jour les autorités reconnaissent 700 morts par jour à Moscou. Le lendemain elles disent avoir comptabilisé 5 000 décès depuis le début de la canicule… il y a six semaines.

Ces mêmes autorités qui ne veulent toujours pas des secours internationaux se montrent pourtant rassurantes. Mais à l’international, tous les signaux sont au rouge. Le risque nucléaire n’est pas anodin. Et déjà les experts font les comptes du désastre. Le préjudice est évalué entre 5 et 11 milliards d’euros. Soit 1 % du PIB, selon Alexandre Morozov, économiste en chef de HSBC en Russie, le secteur agricole payant le plus lourd tribut. « La sécheresse devrait provoquer une chute de 30 à 33 % des récoltes de céréales », explique-t-il. Et ainsi faire flamber les cours de la viande, en France notamment. Cette même sécheresse qui a poussé le gouvernement à décréter un embargo sur les exportations de grains jusqu’à la fin de l’année, devrait aussi avoir un sévère impact sur l’inflation, fléau que la Russie était en train d’éradiquer.

Pendant ce temps-là, Poutine continue de se mettre en scène. Hier, on l’a vu à la télévision à la place du copilote dans un bombardier d’eau, procédant aux largages sur deux incendies de forêt dans la région de Riazan. Pas sûr que cette fois-ci, la population russe avale la pilule.

[...]

Nucléaire : les voyants au rouge

Le secrétaire d’État aux Affaires européennes Pierre Lellouche l’affirme : « D’après nos informations, les installations sensibles, comme les centrales nucléaires, sont convenablement protégées ». Et il n’y a pas lieu d’évacuer nos ressortissants ». Pourtant, l’Autorité de sûreté nucléaire française contactée hier, reconnaît que les seules informations quant à la situation sur place lui parviennent de ses « homologues européens ». Et qu’il « est difficile d’avoir des informations précises sur la qualification du risque nucléaire de la part des autorités russes ». Au nom du réseau Sortir du Nucléaire, Jean-Pierre Minne, un de ses administrateurs, qualifie le risque de « majeur ». « Notamment dans la région de la centrale nucléaire de Snejinsk qui est encerclée par les flammes et située à proximité du centre nucléaire de Mayak ». Sur ces 40 km2 sont stockées d’énormes quantités de déchets hautement radioactifs. « Le risque est immédiat, ajoute Jean-Pierre Minne, car si ces deux sites sont gagnés par les flammes, nous risquons un accident similaire à celui de Tchernobyl. La Criirad tire aussi la sonnette d’alarme. Selon son président, Roland Desbordes, « les incendies qui menacent certains sites nucléaires en Russie risquent de provoquer un début de réaction en chaîne au cas où le feu bloquerait l’alimentation électrique. Les autorités russes disent avoir évacué les armes nucléaires, facilement, car mobiles. Mais qu’en est-il des déchets nucléaires, des matériaux radioactifs entreposés dans des cuves, piscines ou fosses plus ou moins sécurisées ? » interroge-t-il.


Nouvelobs.com 11/08/2010 - Russie : des incendies ont touché des zones polluées par Tchernobyl

4.000 hectares de zones polluées ont été en proie aux flammes depuis le début des incendies au mois de juillet.

La région de Briansk et la frontière du Bélarus et de l’Ukraine sont dans la liste des territoires les plus pollués ; afp La région de Briansk et la frontière du Bélarus et de l’Ukraine sont dans la liste des territoires les plus pollués ; afp

Des incendies de forêt ont touché depuis juillet près de 4.000 hectares de zones de pollution radioactive, notamment dans l’ouest de la Russie, selon des données disponibles mercredi 11 août sur le site des services de surveillance des forêts. Sur le même sujet

"D’après les données de la surveillance de la radioactivité menée sur le territoire des régions de Russie comprenant des terres polluées par des éléments radioactifs depuis la mi-juillet, des incendies de forêt y ont été enregistrés sur 3.900 hectares", déclare le service fédéral de défense des forêts (Roslesozachtchita).

Ce service fait la liste des zones touchées dans les "territoires les plus pollués".

Cette liste comprend notamment la région de Briansk, au sud-ouest de Moscou et à la frontière du Bélarus et de l’Ukraine, où 28 feux de forêt ont ravagé 269 hectares. Cette zone a été polluée par les retombées de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (1986).

Heure par Heure la situation des incendies en Russie : https://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100809.OBS8301/heure-par-heure-les-incendies-en-russie.html


Le Soir.be 10/08/10 - La Russie veut agir seule contre le feu

Il y avait déjà quelques jours que Vladimir Poutine n’avait pas effectué une de ces sorties médiatiques dont il est friand. Alors, ce mardi 10 août, il a mis le paquet : le Premier ministre russe a participé à un vol d’une heure à titre de copilote dans un avion bombardier d’eau, un Beriev-200 de fabrication russe, qui a récupéré à deux reprises douze tonnes d’eau à la surface d’une rivière avant de les disperser sur les forêts en feu, dans la région de Riazan.

Le coup de main musclé de ce Beriev n’aura pas été de trop car la superficie en feu dans l’ensemble de la Russie ne diminue que péniblement : 175.000 hectares de forêt brûlent toujours, essentiellement dans la partie occidentale du pays, une baisse d’à peine 15.000 hectares depuis 48 heures.

Les ressources humaines et matérielles du pays sont, elles, limitées : la Russie compte seulement 4 Beriev-200 et 22.000 pompiers professionnels.

A titre de comparaison, la France possède 16 bombardiers d’eau, et 25.000 sapeurs pros, sans compter les 200.000 pompiers volontaires du pays.

Face à la catastrophe, Moscou a d’ailleurs rapidement reçu des propositions d’aide de la part de pays étrangers après le déclenchement des premiers feux et dès les premiers villages détruits, jeudi 29 juillet. Quarante-huit heures plus tard, l’Allemagne était prête à offrir du matériel. Paris, Rome et Ankara ont emboîté le pas, proposant avions et hommes, tout comme les voisins ex-soviétiques – Ukraine, Biélorussie, Azerbaïdjan, Kazakhstan. Les trois pays baltes viennent également de proposer une aide technique.

Deux semaines plus tard, deux colonnes de pompiers ukrainiens, une polonaise, une bulgare et une arménienne se battent effectivement contre les flammes. Mais les équipes ouest-européennes sont toujours placées en attente. Dans les airs, deux avions italiens sont attendus dans la région de Samara, et un Dash-8 français arrose les incendies de Nijni-Novgorod. Des hélicoptères et des avions des anciennes républiques soviétiques sont également sur place.

Mardi 10 août, deux groupes d’experts, français et américains, étaient à Moscou pour discuter avec les autorités russes d’une éventuelle coopération au sol.

Malgré l’ampleur de la catastrophe, les autorités russes accueillent les propositions d’aide étrangère sans enthousiasme : « Nous avons eu plusieurs offres (d’aide étrangère), nous les considérons comme une réserve », commentait ainsi, ce lundi 9 août, Iouri Brajnikov, directeur du département des Affaires étrangères du ministère des situations d’urgence (MTchS).

Pour un diplomate européen en poste à Moscou, les autorités russes « sont totalement désorganisées face à la crise, même si le MTchS reconnaît que la situation est tragique. Le vieux réflexe bureaucratique russe, très lourd, n’aide en rien : des équipes d’aide ont été programmées à trois endroits différents avant de se voir confirmer officiellement une mission. »

Ce même lundi 9 août, des défenseurs des droits de l’homme publiaient une lettre ouverte, dans laquelle ils implorent les autorités russes « de demander une aide urgente » aux capitales étrangères. « Le pays n’a pas assez de moyens pour lutter contre le feu, écrivent-ils, à l’intention de Dmitri Medvedev. Nous manquons cruellement d’équipements. »

Les sites stratégiques situés à proximité des zones d’incendie posent également problème. La région de Kolomna, près de Moscou, où le feu fait rage, héberge des hangars de l’aviation russe – déjà détruits par les incendies –, ainsi qu’un complexe militaire impliqué dans la fabrication de missiles Iskender. Sarov et Snejinsk, également à proximité des flammes, sont des complexes nucléaires.

Ce lundi 9 août toujours, Iouri Brajnikov, du MTchS, a été très clair en conférence de presse : pas question de laisser des équipes étrangères de secours manœuvrer à proximité des endroits classés stratégiques, même si ces régions sont en feu. Le nucléaire menacé par les aléas du climat

Les menaces que font peser les incendies de forêts sur des installations nucléaires en Russie redonnent de la voix aux critiques de cette énergie controversée. Pour Jean-Pierre Minne, administrateur de l’association française « Sortir du nucléaire », les événements actuels démontrent la fragilité de la filière.

Les nouvelles en provenance de Russie à propos de la situation des feux et les appréciations des instances officielles françaises et belges à propos de la menace qui pèserait sur les installations nucléaires de la région semblent être meilleures. Rassuré ?

Les informations que nous recevons des associations environnementales russes qui relayent des témoignages du terrain ne confirment pas cet optimisme. Les incendies sont loin d’être maîtrisés. Les autorités rencontrent un gros problème de personnel et de matériel. Les pompiers sont dans un état de délabrement avancé, on le sait. La lutte contre les feux n’est pas coordonnée. Des braises subsistent à des endroits où le feu a été « éteint », occasionnant de nouveaux départs de feux.

En fait, nous retrouvons le climat qui régnait au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.

Quelle est la gravité des menaces sur les sites nucléaires ?

Il y a dix centrales dans la région. Deux centres de recherches militaires et un centre où l’on traite et stocke des déchets hautement radioactifs à longue durée de vie. Ce centre, Maïak, a connu un grave incident en 1957 [l’explosion d’un réservoir de déchets très radioactifs, NDLR]. En quelques semaines, 450.000 personnes ont reçu l’équivalent de 2.500 fois la dose radioactive autorisée en Europe sur une année. Aujourd’hui encore, des cours d’eau recèlent une radioactivité mille fois supérieure à celle de Tchernobyl quelques jours après l’explosion du réacteur. Près de ces centres, on constaterait une amélioration dans 20 à 30 % des incendies. Mais les feux se poursuivent. Et avec eux le risque que des particules radioactives s’envolent dans la haute atmosphère et prennent la direction de nos régions. Il faut reconnaître qu’alors que Tchernobyl se trouvait à 1.500 km de chez nous, Maïak est à plus de 3.000 km. Mais il y a d’autres problèmes, comme le refroidissement des centrales. C’est essentiel : un réacteur a d’énormes besoins en refroidissement. Or, pendant une canicule, l’eau manque et elle est plus chaude. Le refroidissement est moins efficace. S’il y a défaut de refroidissement, la surchauffe est instantanée. Depuis quelques jours, plusieurs réacteurs russes ont été mis à l’arrêt, comme ce fut le cas, en France à l’été 2003.

Par ailleurs, les incendies affectent également les lignes à hautes tensions et les cabines. Là aussi, cela provoque des coupures.

Vous en concluez que les centrales nucléaires sont particulièrement menacées ?

Il faut rester très vigilant. Des aléas climatiques, on en a toujours connus. Mais aujourd’hui, on constate une aggravation des situations climatiques extrêmes : des canicules, des intempéries. Or, on oublie le facteur du refroidissement et du besoin en eau. En France, EDF surélève les digues de certains lacs de retenue pour disposer de plus d’eau en cas d’incident. Mais on ne donne aucune information au public là-dessus ! Ce n’est pas normal.

Autre exemple : en décembre 1999, la centrale du Blayais, près de Bordeaux, a été inondée à l’occasion d’une tempête exceptionnelle. On a frôlé la catastrophe.

Aujourd’hui, partout on prolonge la durée de vie des centrales. Jusqu’à 30, 40, voire 60 ans. Il est clair que cela augmente les risques d’incidents graves. Chez nous, les populations sont riveraines des centrales. Elles seraient non seulement exposées à de la contamination, mais aussi une irradiation en cas d’accident majeur.


Le Monde.fr 10/08/2010 : En Russie, les incendies n’induisent qu’un faible risque d’accident nucléaire

Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/08/10/en-russie-les-incendies-n-induisent-qu-un-faible-risque-d-accident-nucleaire_1397492_3244.html

Les incendies en Russie, d’une ampleur exceptionnelle et favorisés par des températures d’une rare amplitude, s’approchent de quatre installations nucléaires – centrales, centre de retraitement ou centres militaires. Peuvent-ils provoquer un incident nucléaire ? Une catastrophe de grande ampleur est théoriquement possible, mais peu probable.

Ces infrastructures sensibles ont a priori peu de chance d’être livrées aux flammes, selon Michel Brière, directeur général adjoint de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN), et ce grâce aux mesures structurelles de prévention prises dans les centrales. "Dans les centrales nucléaires françaises, ces mesures sont systématiques – espace entre installations nucléaires, effet de la toxicité des fumées, impact des cendres sur les installation, etc. Elles sont connues des Russes et sont sans aucun doute appliquées dans leurs installations", souligne-t-il.

ACCIDENT DE CRITICITÉ

L’entretien des installations nucléaires russes pouvant se révéler insuffisant, ces mesures – si elles existent – peuvent se révéler inefficaces. Le risque d’un incendie au cœur d’un site nucléaire ne peut être totalement exclu. Les flammes endommageraient le confinement des matières radioactives, en temps normal isolées de l’extérieur pour éviter toute contamination. S’en suivrait une pollution relativement localisée mais dramatique pour les habitants de la région. Et ce pour de très nombreuses années.

Un accident de criticité est également improbable mais pas totalement impossible. Dans une centrale atomique, les réactions nucléaires sont initiées afin de produire de l’électricité ; la réaction étant limitée et contrôlée pour éviter tout emballement. Lors de ce type d’accident, la réaction nucléaire en chaîne se déclenche de manière involontaire. Elle libérerait rapidement une importante quantité d’énergie et de matières radioactives. Un accident gravissime qui aurait des effets bien au-delà des frontières russes, comme ce fut le cas pour Tchernobyl, accident majeur dont les conséquences sont encore perceptibles aujourd’hui, notamment en cas de feux de forêts.

LE CÉSIUM DE TCHERNOBYL DANS LES ARBRES QUI BRÛLENT

Un scénario est cependant plausible : en septembre 2002, des incendies ravagent les forêts ukrainiennes et biélorusses ; les mêmes qui, seize ans plus tôt, en 1986, avaient été contaminées par les retombées radioactives de Tchernobyl. Lors de l’explosion de la centrale, des radionucléides ont été libérés : certains ont une période radioactive courte – l’iode 131 par exemple – tandis que d’autres ont une période beaucoup plus longue. Le césium 137 (137Cs) est de ceux-là. Ces radionucléides sont présents dans la végétation qui les a fixés comme s’il s’agissait de potassium. Même des années plus tard, si ces végétaux brûlent, ces particules radioactives sont mises en suspension dans l’air. C’est ce qui s’est passé en 2002 et c’est le phénomène qui pourrait se produire aux environs du centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Maïak où eut lieu, en 1957, le premier accident nucléaire, aux conséquences toujours visibles dans la région.

En 2002, l’IRSN a pu mesurer cette remise en circulation du 137Cs de Tchernobyl en France. L’activité radioactive du 137Cs (PDF) a atteint 1,5 microbecquerel par mètre cube d’air (µBq/m3). "Un niveau trois fois supérieur aux mesures habituelles", rappelle Michel Brière. Mais cette radioactivité est très largement inférieure à celle induite, naturellement, par le radon qui "est de l’ordre du millibecquerel par mètre cube d’air", soit un rapport de 1 à 1000. En comparaison, après la catastrophe de Tchernobyl, l’activité du 137Cs a atteint environ 10 Bq/m3. Dix millions de fois plus qu’en 2002...

Cet avis optimiste est partagé par la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité). Cité par Le Point, Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la Commission, confirme : "Même si on multipliait par 1 000 le niveau de la contamination au 137Cs constaté au plus fort de la contamination de 2002, cela aurait un impact très faible".

LES MESURES DE L’IRSN

Si cette radioactivité n’inquiète pas outre mesure les autorités françaises, l’IRSN est tout de même "en état d’alerte", précise M. Brière. L’IRSN dispose d’un "système d’alerte très maillé" qui permettrait de détecter une "forte hausse de la radioactivité, en temps réel", selon les mots de son directeur général adjoint. Si une centrale russe venait à brûler et une réaction nucléaire d’ampleur à se déclencher, l’Institut pourrait le repérer et avertir la population.

Pour l’heure "les masses d’air se dirigent vers le nord de la Russie et non vers l’ouest". Si le vent venait à tourner, le "surplus" de radiocativité dû au 137Cs pourrait être mesuré. Mais il faudra du temps avant de connaître les résultats de ces analyses d’une grande finesse. "Pour mesurer la radioactivité dans les aérosols, nous sommes obligés de faire passer de très importantes quantités d’air dans des filtres" afin de "détecter une radioactivité extrêmement faible par rapport à la normale", explique M. Brière. L’IRSN a promis de diffuser ces analyses dès qu’elles seront connues.

Jonathan Parienté


10/08/2010 : Incendies en Russie : probable dissémination de particules radioactives

Un article de Laure Noualhat sur son blog

https://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2010/08/incendies-en-russie-probable-diss%C3%A9mination-de-particules-radioactives.html

285 Les incendies en Russie continuent leur progression. Dans l’Oural, ils menacent désormais le tristement célèbre site nucléaire de Mayak, à côté de Tchéliabinsk où les autorités viennent de décréter l’état d’urgence. Mayak, c’est un nom familier pour les connaisseurs de l’atome... Il évoque le premier incident nucléaire de l’Histoire. En septembre 1957, une cuve de déchets hautement radioactifs avait explosé, provoquant la dissémination de particules radioactives dans l’environnement.

« Le chef de l’administration a décrété le 6 août l’état d’urgence dans les forêts et les parcs de la ville d’Ozersk (nom de la ville fermée abritant le complexe nucléaire, ndlr) en raison de la propagation des incendies », selon un communiqué publié lundi. Ozersk est une ville fermée qui abrite une usine de retraitement de déchets nucléaires, cinq réacteurs qui ont produit le plutonium de l’armée soviétique pendant des décennies, un site de démantèlement, ... On y trouve aussi des écoles, des hôpitaux, des théâtres, bref tout ce qui fait une ville sauf que celle-ci comme toutes les villes nucléaires russes est interdite aux étrangers et même aux Russes qui n’y sont pas invités.

Après l’accident de 1957, les Soviétiques ont gardé le secret, de même que les Américains qui avaient survolé le site. A l’époque, en pleine poussée nucléophile, il ne fallait pas inquiéter les populations, ni laisser penser que l’industrie nucléaire pouvait s’avérer dangereuse. D’après ce que l’on sait, la puissance de l’explosion était deux fois inférieure à celle de Tchernobyl, de même que la contamination alentour. Il n’empêche, il a fallu évacuer plusieurs dizaines de milliers de villageois, condamner des localités et organiser un suivi médical. Environ 15 à 20000 km2 ont été contaminés par des retombées de particules radioactives. Mais le site nucléaire n’est pas uniquement le théâtre d’une catastrophe nucléaire, c’est aussi un lieu de pollution permanente. L’usine de retraitement a déversé des effluents radioactifs dans les rivières de la région durant des années. Des déchets très chauds ont aussi été entreposés dans le lac Karatchaï. Un été, alors qu’il est asséché, le vent soulève les particules radioactives et les répand dans toute la région. Bref, dans ce coin, il y a de quoi s’inquiéter avant même que les flammes ne viennent lécher les abords du site nucléaire.

Pour les besoins du documentaire Déchets, le cauchemar du nucléaire, nous nous sommes rendus à Mayak avec le réalisateur Eric Guéret et Christian Courbon, un technicien de la Criirad. Nous avions alors prélevé plusieurs échantillons d’eau, de sédiments, de poisson, de lait, ... Et dans les sédiments récupérés sur les rives de la rivière Techa, la Criirad avait trouvé du plutonium et de l’américium. Dans les gardons pêchés, c’était du césium-137 et du strontium-90 dans le lait. Dans l’eau de la rivière, de grandes quantités de tritium, du césium-137 et d’autres émetteurs alpha et bêta.

Ainsi, nous avions montré que les radioéléments étaient présents dans toute la nature, l’eau, le lait, les plantes, les arbres, ... Il est donc utile de rappeler que les sites nucléaires n’ont pas besoin de prendre feu pour que la contamination se répande via les incendies : toute la nature autour des sites est contaminée, et c’est d’abord elle qu’il faut préserver.


Figaro.fr 05/08/2010 : En Russie, le feu approche de sites à risques

Source : Le Figaro https://www.lefigaro.fr/international/2010/08/05/01003-20100805ARTFIG00539-en-russie-le-feu-approche-de-sites-a-risques.php

Les 600 feux de forêts et de tourbières ont fait 50 morts et détruit 2000 habitations. Les autorités tentent de protéger les sites militaires menacés. Les 600 feux de forêts et de tourbières ont fait 50 morts et détruit 2000 habitations. Les autorités tentent de protéger les sites militaires menacés. Crédits photo : AFP Des dépôts de munitions ont été évacués dans les environs de Moscou. Une région irradiée au moment de l’explosion de Tchernobyl est également sous surveillance, notamment française.

L’inquiétude n’en finit plus de grandir en Russie, où les températures particulièrement élevées cet été favorisent les incendies qui ont déjà fait 50 morts et détruits 2000 maisons. Jeudi, c’est autour de dépôts de munitions et d’un site nucléaire que l’attention s’est cristallisée.

Menacés par le feu, particulièrement actif dans l’ouest du pays, des dépôts de munitions d’artillerie et de missiles situés à 70 km au sud-ouest de Moscou ont ainsi été transférés « vers un endroit sûr », a déclaré un porte-parole du ministère russe de la Défense. Dmitri Medvedev avait ordonné la veille de renforcer la protection des sites stratégiques après l’incendie d’une base logistique militaire près de la capitale qui aurait détruit quelque 200 avions, selon des médias russes.

L’IRSN reste vigilant

L’aggravation de la situation dans le sud-ouest du pays fait aussi craindre que les incendies n’atteignent une région dont le sol et les végétaux ont été irradiés lors de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. « Si un incendie s’y déclarait, des substances radioactives pourraient s’envoler avec la fumée et une nouvelle zone polluée apparaîtrait », a averti le ministre des Situations d’urgence Sergueï Choïgou, précisant que la zone était « surveillée attentivement ».

La France est elle aussi en état de vigilance face à cette possibilité. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a annoncé jeudi qu’il allait mesurer avec une « attention toute particulière » les particules qui pourraient atteindre l’Hexagone à la suite des incendies. L’institut précise dans un communiqué qu’il « pourra disposer dans quelques semaines des résultats de mesure » en cours, et assure qu’il les présentera « dès qu’ils seront disponibles ». « En tout état de cause, les niveaux d’activité susceptibles d’être observés en France à la suite de tels phénomènes ne sont pas de nature à provoquer une inquiétude d’ordre sanitaire », précise toutefois l’IRSN.

La situation semblait en revanche « stabilisée » aux environs du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni Novgorod, à 500 km à l’est de Moscou), d’où les autorités ont affirmé mercredi avoir évacué les matières fissiles et explosives.

Les exportations de blé interdites

Le bilan des pertes humaines est passé jeudi de 48 à 50 morts après la découverte d’un corps dans une maison calcinée dans la région de Nijni Novgorod et le décès d’une autre victime dans un hôpital de la région de Voronej (500 km au sud-est).

En raison de la sécheresse qui entraîne une énorme perte pour les récoltes, le premier ministre Vladimir Poutine a par ailleurs interdit les exportations de céréales jusqu’à la fin de l’année. La Russie est le troisième exportateur mondial de céréales, et les difficultés de son agriculture ont déjà contribué à une flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux.

De son côté, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a chargé le gouvernement régional de renforcer les mesures de sécurité anti-feu, après plusieurs incendies importants, et un feu de forêt dans un vaste parc de la capitale.

Au total 162.000 personnes sont mobilisées pour combattre les 600 feux qui embrasent le pays. Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi que les autorités françaises « se tenaient prêtes à répondre à toute demande d’assistance », selon un communiqué de l’Elysée. La France dispose d’avions bombardiers d’eau, tout comme l’Italie qui a déjà dépêché deux Canadair en Russie.


Journal de l’Environnement 05/08/2010 : Les incendies russes ne contaminent pas la France

Source : Journal de l’Environnement https://www.journaldelenvironnement.net/article/les-incendies-russes-ne-contaminent-pas-la-france,18495

Le 05 août 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg

Les incendies qui ravagent la Russie d’Europe présentent-ils des risques radiologiques ? Près d’un quart de siècle après, certaines régions occidentales de la Russie sont toujours contaminées par les retombées de la catastrophe de Tchernobyl. D’où l’inquiétude de certains observateurs. Le bois des arbres tend à concentrer certains radionucléides présents dans le sol et absorbés par les racines . « En cas de combustion de ce bois, explique l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans un communiqué, ces radionucléides peuvent être pour partie libérés dans les fumées et ainsi conduire à une contamination de l’air. »

Ce phénomène n’est pas qu’hypothétique. « Entre 2002 et 2006, l’IRSN a déjà pu mesurer une très faible contamination de l’air au dessus de la France lors d’incendies de forêt très importants en Biélorussie, Russie et Ukraine. Cependant, les niveaux de concentration en particules de césium sont tellement bas qu’ils ne peuvent absolument pas engendrer une inquiétude sanitaire. »

En 2002, l’activité en césium 137 la plus importante mesurée par les capteurs de l’IRSN a été de 1,5 microbecquerel par mètre cube d’air (1,5 millionième de Bq), à peine plus de trois fois le niveau moyen de l’année 2002. Ces pics d’activité étaient liés à ces multiples incendies .

De telles micro-pollutions ne sont pas rares, souligne l’IRSN. « Un accroissement similaire de l’activité du césium 137 de l’air est également observé en France en hiver, période d’utilisation du bois de chauffage dans les pays de l’Est touchés par les retombées de l’accident de Tchernobyl. Ces élévations d’activité sont épisodiques et apparaissent généralement lorsque la France est sous l’influence de vents est-nord-est. Ces événements représentent de très faibles niveaux d’activité.

Extrêmement faibles, les variations de concentration en césium 137 dans l’air ne sont pas mesurables par les balises de détection du réseau d’alerte Téléray exploité par l’IRSN. L’Institut de Fontenay-aux-roses devra attendre quelques semaines les résultats de mesure des prélèvements d’aérosols des stations du réseau Opera-Air. D’éventuelles traces de pollution radioactive imputable aux incendies russes ne pourront être décelées que si la France est exposée au panache de fumées. Or, ces derniers jours, les vents soufflant sur l’Hexagone étaient plutôt orientés nord-ouest.


TF1 News 06/08/2010 : Incendies russes : "la radioactivité libérée pourrait contaminer la chaîne alimentaire"

Source : TF1 News https://lci.tf1.fr/science/environnement/incendies-les-depots-radioactifs-de-tchernobyl-impactes-6031348.html

Interview - Jacky Bonnemains, le patron de "Robin des Bois", explique à TF1 News pourquoi l’association écologiste s’inquiète du nuage de fumée dégagé par les feux de forêts près de la centrale nucléaire accidentée en 1986.

Jacky Bonnemains, président de "Robin des Bois" : Nous partons d’un constat déjà vérifié par le passé : quand des incendies de forêt atteignent la dimension prise en Russie, cela devient une catastrophe internationale et non plus seulement nationale. Les fumées, les suies et les cendres sont alors transportées dans l’air au gré des courants atmosphériques sur des centaines, voire des milliers, de kilomètres. On l’a encore par exemple noté ces dernières années avec les incendies en Grèce en 2007 et en Californie l’année dernière.

TF1 News : Quels sont alors les risques ?

J.B. : Lors d’un incendie de forêt "classique", les particules fines transportées par les fumées peuvent provoquer, par inhalation, des problèmes respiratoires, des crises d’asthme, des allergies ou encore des bronchites sur les personnes vulnérables (jeunes enfants, fumeurs, personnes déjà atteintes...). Ces problèmes se déclenchent au-delà d’un certain seuil, déjà atteint pour les Russes habitant les zones touchées par les incendies. exergue "La radioactivité libérée pourrait contaminer la chaîne alimentaire"

TF1 News : Quels sont les risques liés à la radioactivité dans le cas précis de ces incendies en Russie ?

J.B. : Ils sont de deux sortes. Le premier concerne les forêts et les tourbières impactées par les retombées de Tchernobyl. Elles constituent des accumulations préférentielles de radioactivité et un endroit naturel de stockage. Or les incendies remobilisent les particules radioactives et les transportent dans les fumées sur des milliers de kilomètres au gré des courants atmosphériques. C’était d’ailleurs un effet prévisible, attendu et différé de Tchernobyl. Evidemment, le niveau de radioactivité sera moins moindre qu’en 1986. Mais cette radioactivité peut se déposer sur les terrains agricoles et donc contaminer la chaîne alimentaire.

TF1 News : Est-il possible d’avoir une idée de l’impact actuel et à venir ?

J.B. : Une chose est sûre : vu l’ampleur des incendies dans la région touchée par Tchernobyl, les dépôts radioactifs présents dans les forêts et les tourbières ont déjà été impactés. Reste à connaître exactement le niveau de radioactivité qui a été rejeté dans l’air pour savoir s’il peut éventuellement atteindre la dose dangereuse pour les denrées alimentaires et, si oui, à quels endroits. C’est tout l’enjeu de la question que nous posons aux autorités. exergue "Le nuage épargne la France. Pour l’instant"

TF1 News : Que proposez-vous ?

J.B. : Nous demandons aux autorités françaises compétentes de se rapprocher de leurs homologues européennes pour mettre en place immédiatement des protocoles d’analyse et de vigilance. Cela permettra de connaître la radioactivité présente dans l’air et sur terre dans les différents pays. Le problème, c’est que les réseaux d’alerte ne sont pas de la même qualité à l’Est pour créer une ligne de défense homogène.

TF1 News : Que vous inspire la réponse de l’IRSN, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire ?

J.B. : L’IRSN fait référence à des courants favorables qui devraient permettre pour l’instant d’épargner la France. Donc il reconnaît de fait les risques encourus par les pays qui seront traversés par les nuages de fumée. Nous sommes tout à fait d’accord avec lui sur ce point. Ensuite, nous trouvons un peu lent que les résultats d’analyse entrepris sur le sol Français ne soient communiqués que dans les prochains semaines. Il y a là des progrès à faire.

Enfin, on ne peut pas se satisfaire que la France ne soit pas atteinte car les vents vont dans la direction opposée. Il faut se préoccuper aussi des autres pays. Prenons l’exemple de la Turquie. Si elle était touchée, la santé de la population locale serait évidemment en première ligne. Mais, ensuite, les Français pourraient très bien devenir des victimes indirectes puisque nous importons des produits agricoles, comme les dattes, de ce pays. A l’époque du commerce international, il faut bien comprendre toutes les interférences de la radioactivité pour lutter contre. exergue "Un remake du Salaire de la peur"

TF1 News : Pensez-vous qu’il puisse y avoir des répercussions directes sur le corps humain, comme les cancers de la thyroïde ?

J.B. : Après les sols contaminés, ce serait l’étape suivante. Mais nous n’en sommes absolument pas là. En attendant cette extrémité, il faut analyser et communiquer pour tout d’abord intervenir sur des denrées éventuellement contaminées.

TF1 News : Vous parliez de deux niveaux de menace. Quel est le second ?

J.B. : Dès mardi, nous faisions part du risque que les incendies faisaient courir sur les sites nucléaires russes. Le gouvernement russe a admis ces risques jeudi en annonçant le transfert de "matières explosives". Ne nous y trompons pas : "matières explosives" signifie qu’il s’agit de bombes atomiques. Etant donné que les incendies ont débuté il y a plus dix jours, ce manque de réactivité n’est pas rassurant en soi. Ensuite, transporter des matériaux radioactifs comme de l’uranium ou du plutonium lors d’une telle catastrophe, c’est un peu refaire pour de vrai Le Salaire de la peur.

Au-delà de ce risque, vient s’ajouter l’inconnu du site Arzamas 16. Construit par Staline en 1946 en pleine forêt aujourd’hui incendiée, il a servi à toutes sortes d’expérimentations nucléaires et contient certainement aujourd’hui une multitude de déchets. Or, si on connaît la radioactivité de Tchernobyl, on ne connaît pas celle d’Arzamas 16. C’est d’autant plus dangereux.

Par Fabrice Aubert le 06 août 2010 à 16:01


Le Point 06/08/2010 : Incendies en Russie : protection renforcée des sites sensibles, Moscou étouffe

Source : Le Point.fr https://www.lepoint.fr/monde/incendies-en-russie-protection-renforcee-des-sites-sensibles-moscou-etouffe-06-08-2010-1222739_24.php

Près de 500 militaires abattaient la forêt autour du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni-Novgorod, 500 km à l’est de Moscou) pour écarter le risque de propagation du feu, a indiqué un porte-parole.

Les pires feux de forêts dans l’histoire de la Russie moderne ont forcé les autorités à déplacer des missiles, évacuer des enfants des camps de vacances et surveiller des zones à risque nucléaire, alors que Moscou étouffait vendredi dans la fumée et la canicule.

Le ministère de la Défense a annoncé jeudi soir avoir transféré "vers un endroit sûr" des missiles d’un dépôt de la région de Moscou. Le ministère des Situations d’urgence a indiqué de son côté surveiller la situation dans la région de Briansk (sud-ouest), contaminée lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.

Moscou a été à nouveau envahi vendredi par la fumée des feux de tourbières, qui y rendent l’air irrespirable.

De plus en plus de passants étaient contraints de se couvrir le visage avec des mouchoirs ou des masques, dont les ventes ont explosé ces derniers jours.

"La fumée envahit toute la ville, la situation s’aggrave", a déclaré Alexeï Popikov, responsable de l’entreprise publique chargée de la protection de l’environnement Mosecomonitoring.

La concentration d’oxyde de carbone a dépassé de quatre fois les seuils d’alerte, a indiqué un spécialiste de Mosecomonitoring cité par Ria Novosti.

Canicule et pollution ont déjà eu de graves conséquences pour la santé publique.

Le nombre de décès à Moscou en juillet a augmenté de plus de 50% par rapport au même mois de l’année dernière, avec près de 5.000 morts supplémentaires imputables à la canicule, a appris l’AFP auprès des services de l’état-civil de la capitale russe.

Selon des chiffres officiels, 50 personnes ont trouvé la mort dans les feux de forêt qui font rage sur des milliers d’hectares dans la partie occidentale du pays.

Le ministère de la Santé a publié sur son site des recommandations conseillant aux Russes de se laver régulièrement le nez et la gorge, mettre des tissus humides sur les portes et les fenêtres, et prendre plusieurs douches par jour.

Le ministère des Situations d’urgence a assuré que la situation liée aux incendies était "sous contrôle" mais restait "compliquée dans les régions de Nijni-Novgorod et de Moscou", a indiqué Vladimir Stepanov, un haut responsable du ministère.

Près de 500 militaires abattaient la forêt autour du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni-Novgorod, 500 km à l’est de Moscou) pour écarter le risque de propagation du feu, a indiqué un porte-parole.

Les autorités, après avoir affirmé plusieurs fois qu’il n’y avait aucun risque, ont indiqué en définitive que tous les matériaux radioactifs avaient été évacués du centre au début de la semaine.

Le ministère des Situations d’urgence a encore indiqué surveiller particulièrement la situation dans la région de Briansk, à la frontière avec l’Ukraine, dont le sol et les végétaux avaient été contaminés lors de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. Un incendie pourrait propager cette pollution.

Le chef des services sanitaires russes Guennadi Onichtchenko a fait état vendredi de 78 camps de vacances fermés en Russie à cause de la canicule et de la fumée. Plus de 10.000 enfants ont été ramenés à leurs parents.

Les secouristes ont notamment évacué jeudi 300 enfants du camp "Meteor" dans la région de Moscou, qui appartient à l’administration présidentielle russe.

La fumée a rendu invisibles le Kremlin et les coupoles des églises dans la capitale, et a perturbé le fonctionnement des aéroports moscovites.

Les aéroports de Domodedovo (sud) et Vnoukovo (sud-ouest) ont dû refuser 40 vols à l’atterrissage. Seize vols ont été retardés à celui de Domodedovo.

L’été 2010 devrait battre tous les records de chaleur à Moscou depuis l’ouverture des registres de température il y a 130 ans. Un maximum historique a été atteint la semaine dernière avec 38,2 degrés dans la capitale.


20 minutes 09/08/2010 : Un danger nucléaire impose l’état d’urgence

Source : 20 minutes on line https://www.20min.ch/ro/news/monde/story/Un-danger-nucl-aire-impose-l--tat-d-urgence-20268283

Les autorités russes ont décrété lundi l’état d’urgence autour du centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires Maïak, dans l’Oural.

Rien qu’à Moscou, fumée et canicule ont causé des centaines de décès quotidiennement ces derniers jours, le chiffre passant de moins de 400 à environ 700. Rien qu’à Moscou, fumée et canicule ont causé des centaines de décès quotidiennement ces derniers jours, le chiffre passant de moins de 400 à environ 700.

Rien qu’à Moscou, fumée et canicule ont causé des centaines de décès quotidiennement ces derniers jours, le chiffre passant de moins de 400 à environ 700.

« Le chef de l’administration a décrété le 6 août l’état d’urgence dans les forêts et les parcs de la ville d’Ozersk (où se trouve le complexe nucléaire, ndlr) en raison de la propagation des incendies », selon un communiqué publié lundi.

Le chef de l’administration, Viktor Trofimtchouk, « présidera le 10 août une réunion d’urgence pour coordonner les efforts des services concernés », selon ce communiqué.

Le centre de retraitement se trouve dans la région de Tcheliabinsk, dans l’Oural, à 2.000 km à l’est de Moscou.

On étouffe à Moscou

10 millions de Moscovites étouffent de plus en plus dans la chaleur et la fumée. Et des centaines meurent chaque jour dans la seule capitale.

Moscou est prise depuis la semaine dernière dans une épaisse fumée âcre venue des feux de tourbières de la région.

De plus en plus nombreux étaient lundi les passants équipés d’un masque respiratoire et, selon la presse, les appels aux urgences ont doublé. Alexeï Iablokov, un scientifique, ancien conseiller pour l’écologie au Conseil de sécurité russe, a mis en garde contre une catastrophe sanitaire majeure, dans un entretien accordé lundi à l’AFP.

« Selon mes comptes, dans le district fédéral central (qui comprend Moscou), on a 1000 morts de plus chaque jour qu’en temps normal, ce qui veut dire que la morbidité doit être de 100 à 1000 fois supérieure à la normale », a-t-il dit.

Centaines de décès quotidiens

Rien qu’à Moscou, fumée et canicule ont causé des centaines de décès quotidiennement ces derniers jours, le chiffre passant de moins de 400 à environ 700.

« La mortalité a été multipliée par deux », a déclaré le chef du département de la Santé à la mairie de Moscou, Andreï Seltsovski.

En juillet, alors que la capitale russe, comme le reste de la Russie occidentale, était déjà frappée par une canicule sans précédent, la mortalité avait augmenté de moitié, à près de 15’000 décès pour le mois. La majorité des décès concernaient des personnes âgées, avaient montré les statistiques obtenues auprès des services d’état civil.

Atmosphère irrespirable

Cependant, depuis la semaine dernière, la fumée des tourbières en feu, essentiellement dans un rayon d’une centaine de kilomètres à l’est et au sud de Moscou, a rendu l’atmosphère irrespirable dans la capitale. Selon une source gouvernementale citée par Ria Novosti, un millier d’hectares de forêts et de tourbières étaient toujours en feu ce week-end.

Une responsable de l’observatoire de la qualité de l’air à Moscou a indiqué que les indices de pollution étaient lundi trois fois supérieurs aux seuils d’alerte dans la capitale. Ils étaient 10 supérieurs à la norme dans certaines villes de la région.

« Ce sont essentiellement des particules d’une taille de moins de 10 microns, du monoxyde de carbone, des hydrocarbures spécifiques », a indiqué Elena Lezina à l’antenne de la radio Echo de Moscou.

Le médecin en chef russe, Alexandre Tchoutchaline, a conseillé aux Moscovites qui en avaient la possibilité de quitter la ville.

Le docteur Pavel Loguinov, généraliste à Moscou interrogé par l’AFP, a donné le même conseil, mettant l’accent sur les risques liés au manque d’oxygène et aux possibles complications liées à la pollution par les fumées.

Des ambassades évacuent leurs ressortissants

Plusieurs ambassades étrangères, comme celle du Canada, ont entrepris d’évacuer une partie de leurs ressortissants. Contactée par l’AFP samedi, la permanence de l’ambassade de France avait indiqué ne pas prévoir de telle mesure pour l’instant. Mais la situation menace de ne pas s’améliorer dans l’immédiat.

« L’orientation des vents va entraîner une détérioration supplémentaire de la situation écologique dans la ville, la visibilité va descendre à 100 mètres », a indiqué un responsable des services météorologiques lundi.

Malgré des vols retardés par dizaines en raison de la faible visibilité, un nombre record de près de 105’000 passagers a quitté la ville dimanche par les aéroports de Moscou, a indiqué lundi le Comité russe du transport aérien, Rosaviatsia, cité par Ria Novosti.

De gigantesques feux de forêt, qui ont fait à ce jour 52 morts selon un bilan officiel, continuent de faire rage dans la partie occidentale du pays, touchée depuis début juillet par une canicule sans précédent.

Cette canicule, est la pire « en 1.000 ans » et depuis la fondation du pays, a affirmé lundi le directeur des services météorologiques russes.


AFP 10/08/2010 : Les incendies en Russie posent un danger nucléaire, explique un expert

Source : Google https://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iA_0pO-Lo2BAa-u8k45oWgiyFq-Q


Smog à Moscou : hausse de la mortalité, des centres nucléaires menacés

Source : Eitb - le 9 aout 2010

Les autorités russes ont décrété l’état d’urgence autour du centre de retraitement et stockage de déchets nucléaires de Maïak. Pour le Réseau "Sortir du nucléaire", la situation est critique.

Les morgues sont au bord de la saturation à Moscou, où la mortalité a doublé sous l’effet de la longue canicule et de la pollution toxique provoquée par les incendies de forêt.

Les autorités recensent à présent 700 décès par jour, soit deux fois plus que l’été dernier. Avec 1.300 cadavres, les morgues de la capitale sont en passe d’atteindre leur pleine capacité et pourraient bientôt ne plus pouvoir faire face.

Cette surmortalité serait liée à la vague de chaleur sans précédent qui étouffe la capitale depuis des semaines et à l’épais nuage de smog qui y rend l’atmosphère âcre.

Cette pollution recouvrait la ville lundi pour la sixième journée consécutive. Dans ce nuage, les concentrations en monoxyde de carbone et en particules toxiques sont deux à trois fois plus élevées que le niveau maximal considéré comme sans danger pour la santé. La pollution de l’air a même atteint un record ce week-end : elle était proche du septuple de ce plafond.

En ce début de semaine, environ 550 feux de forêt étaient dénombrés à travers la Russie, pour la plupart dans l’ouest du pays. Autour de Moscou, une quarantaine d’incendies faisaient rage.

Sur la blogosphère russe, de nombreux contributeurs laissaient éclater leur colère. Sur le site LiveJournal, très fréquenté, un blogueur appelait à la démission du Premier ministre Vladimir Poutine, du maire de Moscou Youri Loujkov et d’autres responsables politiques.

Lundi, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a par ailleurs précisé que la récolte de blé allait diminuer d’un tiers cette année pour descendre à 60 millions de tonnes. La Russie, troisième exportateur mondial de céréales, avait récolté l’an dernier 97 millions de tonnes de blé dont elle avait exporté 21,4 millions. Vladimir Poutine a précisé que le gouvernement ne lèverait pas avant la fin de l’année l’interdiction des exportations de blé. Annoncée jeudi, elle a déjà fait grimper les prix mondiaux.

Vers un accident nucléaire majeur ?

Par ailleurs, les autorités russes ont décrété l’état d’urgence autour du centre de retraitement et stockage de déchets nucléaires de Maïak, menacé par les incendies qui ravagent la Russie. Plusieurs autres installations nucléaires russes se trouvent aussi dans des zones à risques.

Pour le Réseau "Sortir du nucléaire", la situation est critique, d’autant plus que ni les autorités russes ni les autorités françaises ne semblent prendre la mesure de sa gravité. De façon plus générale, "les incendies risquent de mettre à mal les systèmes de refroidissement des installations nucléaires russes (pannes des équipements de pompage ou de re-circulation de l’eau de refroidissement, élévation de la température de l’air ambiant, etc.)," explique le Réseau dans un communiqué. "En l’absence de tout refroidissement, le coeur d’un réacteur nucléaire entre en fusion en quelques minutes. La fusion du coeur d’un réacteur russe déboucherait sur un accident d’une gravité comparable à la catastrophe de Tchernobyl".

20/08/2010 : Développement Durable.com
Interview de Jean-Pierre Minne, administrateur du Réseau Sortir du nucléaire

Après avoir été ravagée par les incendies pendant des semaines, la Russie connaît désormais une période d’accalmie. L’heure est donc au bilan… ou plutôt, aux bilans : bilans humain, économique, atmosphérique,… Et bilan nucléaire : car les feux ont atteint des zones irradiées par la catastrophe de Tchernobyl de 1986, ce qui fait craindre une contamination radioactive sur l’Europe. Sans parler des centres nucléaires russes qui furent sérieusement menacés par les flammes. Jean-Pierre Minne, l’un des neuf administrateurs du Réseau Sortir du Nucléaire (fédération de 879 associations hostiles à l’atome), nous livre ses sentiments sur la situation…

Jean-Pierre Minne developpementdurable.com : Depuis le 13 août, le site Internet de l’Agence russe de protection des forêts est fermé. Or ce site avait annoncé que 4 000 hectares de terres polluées par les retombées radioactives de Tchernobyl avaient été touchés par les incendies. Que doit-on comprendre ?

Jean-Pierre Minne : Je ferais une comparaison simple avec la situation critique de 1986 (explosion du réacteur de Tchernobyl, en Ukraine, ndlr), dans laquelle nous avons rencontré exactement la même réaction de la part du gouvernement russe : celui-ci avait alors coupé les sources officielles d’informations. Remarquez, le gouvernement français avait eu la même attitude : le professeur Pierre Pellerin, qui dirigeait à l’époque le SCPRI (le Service central de protection contre les rayonnements ionisants, ancêtre de l’IRSN, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, ndlr), nous garantissait qu’il ne se passait rien d’anormal et que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce contexte, déjà vu, inquiète sérieusement le Réseau Sortir du Nucléaire.

dd.com : Y a-t-il pour autant un risque réel de contamination pour les populations, notamment en France ?

J.-P. M. : Le risque existe, c’est certain. Une possible contamination serait liée à la dispersion dans la haute atmosphère de cendres et de fumées radioactives résultant des incendies de forêts irradiées par Tchernobyl (la végétation absorbant les polluants). Car en atteignant la stratosphère, ces éléments se déplacent à très grande vitesse et peuvent donc détériorer la qualité de l’air loin de Russie.

Pour la France ? Il faut être lucide et réaliste : nous travaillons avec un laboratoire indépendant, la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité pour informer les populations, ndlr), qui fait des mesures quotidiennes du césium 137 présent dans l’atmosphère, et qui affirme pour l’instant n’avoir détecté aucune augmentation significative de la radioactivité sur l’Hexagone. Même son de cloche du côté de l’IRSN. Ce qui ne veut pas dire que la situation ne puisse pas évoluer dans les jours qui viennent. Nous n’en savons absolument rien, parce que nous n’avons pas d’informations sur la Russie elle-même.

dd.com : Selon vous, les autorités françaises préviendraient-elles la population en cas de risque ?

J.-P. M. : Sortir du Nucléaire ne veut pas affoler les gens pour rien, mais reste très méfiant, compte tenu de l’expérience de 1986. Les informations russes sont aujourd’hui presque inexistantes, et peu fiables. Et l’IRSN… les mêmes structures officielles d’analyse de la radioactivité nous ont menti à l’époque…

dd.com : Les autorités russes ont annoncé avoir maîtrisé les feux près du centre de Sarov. Le risque d’accident nucléaire majeur semble donc y être écarté. Mais qu’en est-il de la situation des autres sites nucléaires : Maïak et Snejinsk ?

J.-P. M. : D’après nos informations, il semblerait que les incendies soient en voie d’être également maîtrisés. Mais les sites sont radioactifs et des tourbières continuent de brûler. Donc il y a également risque de pollution atmosphérique.

dd.com : Quels enseignements la France doit-elle tirer de ces événements ?

J.-P. M. : C’est une question fondamentale pour le Réseau Sortir du Nucléaire : l’industrie de l’atome est potentiellement dangereuse. Très dangereuse. Nous le voyons bien en Russie. Un accident majeur peut arriver. Nous n’avons aucune garantie du contraire. Sortir du nucléaire est donc opposé à la poursuite de la production d’électricité via l’atome. Nous protestons également contre la décision récente de prolonger la vie des centrales : elles étaient prévues pour fonctionner 30 ans… on parle aujourd’hui de 40 à 60 ans ! Le risque va s’accroître. Sans compter que les privatisations sont grandissantes dans le secteur. La majorité des tâches de maintenance sont aujourd’hui assurées par des sociétés extérieures. Il n’y a plus d’unité, gage de sécurité. La solution : l’arrêt des projets d’enfouissement des déchets radioactifs, l’arrêt du retraitement du combustible usé à la Hague et l’utilisation du plutonium à des fins énergétiques (combustible MOX), l’arrêt des exportations d’électricité et de toute technologie nucléaire, le non renouvellement du parc nucléaire, l’abolition et l’élimination de toutes les armes nucléaires ou radioactives.

Propos recueillis par Yann Cohignac


13/08/2010 : Le Parisien.fr
Russie : le feu gagne du terrain près du centre nucléaire de Sarov

Martin Chouraqui

Le centre nucléaire de Sarov, à 500 km à l’est de Moscou, était toujours menacé vendredi par des incendies qui ont gagné en puissance alors que la situation s’améliorait un peu dans la capitale russe après de fortes pluies rafraîchissantes dans la nuit.

« Le foyer d’incendie apparu il y a deux jours dans la partie orientale d’une réserve naturelle, où la foudre a frappé des pins, a gagné du terrain et représente un certain danger », selon le ministère. Il n’a pas précisé pas à quelle distance de l’incendie se trouvent les installations nucléaires de Sarov où sont notamment fabriquées des ogives atomiques.

Environ 2 600 personnes combattent les flammes qui menacent depuis le 3 août cette zone où vivent quelque 80 000 habitants et dont l’accès est fermé sauf autorisation spéciale en raison des activités sensibles qui y sont menées. Les autorités avaient affirmé avoir évacué un temps les matériaux radioactifs et explosifs, avant d’assurer que le danger était passé et de les replacer dans ce centre, qui fonctionnerait désormais normalement.

Deux autres sites sensibles, le centre de retraitement de déchets nucléaires de Maïak et le centre de matières fissiles de Snejinsk, tous deux situés à 2 000 kilomètres à l’est de Moscou, dans l’Oural, ont aussi été menacés par des incendies, mais la situation serait désormais sous contrôle.

Feux de forêt près de Tchernobyl

Les autorités russes ont par ailleurs révélé cette semaine que des feux avaient sévi en juillet sur des milliers d’hectares de zones irradiées notamment par l’explosion en 1986 de la centrale de Tchernobyl (nord de l’Ukraine), laissant craindre une propagation des radiations. Les feux de tourbières et de forêts qui s’étaient déclarés à quelque 60 kilomètres de Tchernobyl, en Ukraine, semblaient vendredi en voie d’extinction selon les autorités ukrainiennes. « Il reste moins de deux hectares » en feu, a déclaré Viktoria Rouban, porte-parole du ministère des Situations d’urgence. « Je pense que d’ici la fin de la semaine, il sera éteint », a-t-elle ajouté. Le gouvernement ukrainien avait annoncé jeudi que des tourbières et des forêts brûlaient depuis plusieurs jours à environ 60 kilomètres de cette centrale à l’origine de la plus grande catastrophe nucléaire civile.

Ailleurs en Russie, les incendies de forêt ont reculé de 15.000 hectares à environ 65.000 hectares, selon le ministère des Situations d’urgence. Les font ont fait au moins 54 mort dans le pays, et Près de 800 000 hectares de forêt sont partis en fumée depuis la fin du mois de juillet

Premières pluies à Moscou

La capitale russe, souffrant d’une canicule sans précédent depuis six semaines, a profité de fortes pluies rafraîchissantes dans la nuit de jeudi à vendredi, mais la température doit à nouveau dépasser les 30°C dans la journée, selon les services météorologiques russes. Grâce au vent, Moscou était par contre de nouveau épargnée par les fumées nocives des feux de tourbières qui ont empoisonné l’air de la ville pendant plusieurs jours. Une odeur de brûlé étant cependant parfois perceptible.

Alors que le gouvernement russe n’a toujours pas communiqué de bilan sanitaire de la canicule, l’agence Interfax a rapporté, citant des sources médicales, que les hôpitaux russes avaient reçu l’ordre de ne plus marquer la mention « coup de chaleur » comme cause des décès qu’ils enregistrent. Selon des informations partielles données par des responsables de la capitale, le bilan s’élève déjà à plusieurs milliers de morts dans la capitale.

Le département de la Santé de Moscou a été réprimandé par son ministère de tutelle pour avoir annoncé que le nombre de décès avait doublé en raison de la chaleur et des fumées nocives dans la capitale russe. Le service de l’état civil moscovite a indiqué que quelque 5 000 personnes de plus étaient mortes en juillet 2010 par rapport à la même période l’année précédente.

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13/08/2010 : Développement durable
Incendie en Russie : L’ombre de Tchernobyl

Provoqués par la chaleur anormale et la sécheresse, les incendies en Russie ont ravagé depuis le début de l’été 1,1 million d’hectares de forêts et de tourbe faisant 53 morts, environ 800 blessés et plus de 3.500 sans-abri. Des feux dans la zone contaminées de Tchernobyl refont surgir le spectre d’une contamination nucléaire. Mais l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire se veut rassurant : « aucune conséquence sanitaire pour les populations européennes » n’est à craindre. Attisés par la canicule qui se poursuit et par les vents, les feux qui ravagent la Russie depuis le début de l’été soulèvent de nouvelles inquiétudes. Les flammes ont commencé à ravager des zones susceptibles d’avoir été contaminées par l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. Ces endroits sont localisés au sud-ouest de la Russie, à environ 200 kilomètres de Bryansk (à 380 kilomètres au sud de Moscou). Selon le réseau français Sortir du nucléaire, qui cite l’association environnementale russe Ecodéfense, 500 feux auraient ainsi déjà brûlé cette région au cours du mois de juillet. Les incendies menaceraient également des sites nucléaires russes, situés, cette fois, à l’est de la capitale russe. Un centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires (à Mayak) et un centre militaire sont concernés à 1.500 kilomètres de Moscou, dans la région de Sneijinsk. Un second centre militaire à Sarov, à 500 kilomètres de la capitale, serait lui aussi concernés. En touchant des zones radioactives, les incendies peuvent libérer dans l’air des radionucléides présents dans les couches superficielles du sol, l’humus et la végétation. L’inquiétude porte alors sur un cocktail d’isotopes du plutonium, le strontium 90 et surtout le césium 137 qui n’ont pas encore été totalement détruits depuis l’accident nucléaire de Tchernobyl. Propager dans l’air par la fumée, ils pourraient potentiellement, selon les experts, être ingérés par la respiration, ou revenir au sol sous l’effet du vent et de la pluie, à d’importantes distances, et contaminées ainsi la végétation, mais aussi les vergers et les zones agricoles en général. Selon un porte-parole du ministère russe des Ressources naturelles, des moyens importants ont été déployés pour empêcher cette situation, éteindre les feux et plus particulièrement protéger les zones nucléaires. Plus de 15.500 personnes, 61 avions et 2.400 unités motorisées participent à la lutte contre ces violents incendies qui ravagent la Russie depuis plus d’un mois.

Un risque de contamination ?

Si les incendies se développent dans les zones contaminées à la suite de l’accident de Tchernobyl, les substances radioactives restées dans le sol pourraient s’envoler avec la fumée créant des zones polluées dans quatre régions de Russie, a déclaré le coordinateur de projets du World Wildlife Fund Nikolaï Chmatkov. Le ministre russe des Situations d’urgence Sergueï Choïgou a confirmé jeudi que si les incendies s’étendaient à la région de Briansk contaminée par les fuites radioactives de Tchernobyl, le taux de radioactivité naturelle pourrait augmenter. La menace pèserait non seulement sur la région de Briansk, mais aussi sur celles de Kalouga, de Lipetsk et de Toula voisines de celle de Moscou. Mais l’Insitut français de radioprotection et de sûreté nucléaire se veut rassurant. « Dans tous les cas, aucune conséquence sanitaire pour les populations européennes n’est attendue ». Selon l’IFRS, « si les vents sont favorables, une augmentation de la radioactivité ambiante, en particulier du Césium 137, pourrait atteindre l’Europe de l’ouest. Cependant, le niveau de radioactivité serait extrêmement faible, un million de fois moindre que l’activité correspondant à la concentration de radioactivité naturelle présente dans l’air, particulièrement due à la présence permanente de radon ».

Un accident qui a marqué l’histoire

La catastrophe de Tchernobyl est le plus important accident nucléaire de l’histoire. Elle s’est produite le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire Lénine en Ukraine, polluant une superficie de 160.000 km2 et entraînant l’évacuation de plus de 200 000 personnes. dans le nord de l’Ukraine, l’ouest de la Russie et en Biélorussie. Selon un rapport publié en 1995 par l’ONU, 9 millions de personnes ont été directement ou indirectement affectées par cette tragédie. Après l’accident, les surfaces importantes de trois territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie (correspondant à plus de sept millions d’habitants) ont présenté des dépôts de césium 137 supérieurs à 37 kBq/m2 (1 Ci/km2). Aujourd’hui, le réacteur détruit sous sarcophage reste une menace potentielle. La Russie possède actuellement plus d’une trentaine de réacteurs de production ce qui la place en 4e position mondiale des pays producteurs d’énergie nucléaire. Plusieurs centrales sont également en cours de construction et 44 nouvelles installations sont prévues d’ici à 2030.


12/08/2010 : Le Point.fr
FEUX PRÈS DE TCHERNOBYL - Faut-il craindre la radioactivité ?

Les incendies se rapprochent de Tchernobyl. Cette annonce fait craindre la propagation de particules radioactives. Le Point.fr répond aux inquiétudes.

Quelles sont les zones sensibles touchées ?

Selon les autorités russes, il s’agit principalement de territoires contaminés par les retombées de l’accident de Tchernobyl. Ces zones sont localisées au sud-ouest de la Russie, à environ 200 kilomètres de Bryansk, située à 380 kilomètres au sud de Moscou. Selon le réseau français Sortir du nucléaire, qui cite l’association environnementale russe Ecodéfense, 500 feux auraient sévi à cet endroit au cours du mois de juillet.

Les incendies menacent également des sites nucléaires russes, situés, cette fois, à l’est de la capitale russe. Un centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires (à Mayak) et un centre militaire sont concernés à 1.500 kilomètres de Moscou, dans la région de Sneijinsk. Un second centre militaire à Sarov, à 500 kilomètres de la capitale, est menacé.

Comment les incendies peuvent-ils générer de la radioactivité ?

En brûlant des zones contaminées par l’accident de Tchernobyl, ils libèrent dans l’air des radionucléides présents dans les couches superficielles du sol, l’humus et la végétation. Le phénomène concerne divers isotopes du plutonium, le strontium 90 et surtout le césium 137. Contrairement à d’autres radionucléides, ceux-ci ne se sont pas encore totalement désintégrés depuis l’accident nucléaire, en 1986. Une fois en l’air, la pluie pourrait aussi entraîner leur diffusion dans la végétation et les légumes.

En ce qui concerne les sites nucléaires, les incendies sont susceptibles de provoquer un accident et un rejet potentiel d’iode 131, un radionucléide encore plus nocif pour la santé que le césium 137 et à l’origine de nombreux cancers en France après le passage du nuage de Tchernobyl.

Les populations d’Europe de l’Est courent-elles un risque de contamination ?

"Nulle part en Russie n’a été enregistrée de hausse du niveau de radiation", affirment les autorités russes. Pour le service fédéral de défense des forêts, la combustion des zones contaminées par Tchernobyl "n’est pas une catastrophe, car ce qui brûle est à la surface et l’essentiel des particules polluées se trouve en profondeur dans le sol". Un discours rassurant relayé par l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), mais que ne partagent pas forcément les associations de contrôle ou opposées au nucléaire. La Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité (Criirad) estime que la situation radiologique pourrait nécessiter des précautions spécifiques comme le port du masque respiratoire et le contrôle de la contamination du sol et des denrées alimentaires.

Tout comme le réseau Sortir du nucléaire, la Criirad considère par ailleurs que l’arrivée des incendies aux portes du site nucléaire de Mayak est "particulièrement inquiétante", car la zone a été contaminée à la suite d’un accident nucléaire survenu en 1957. Selon la Criirad, la radioactivité entreposée sur ce site est par ailleurs nettement plus importante que celle entreposée dans le coeur d’un réacteur nucléaire... Elle recommande donc aux personnes voyageant actuellement dans les pays de l’Est de se munir de comprimés d’iode stable, par précaution.

La France est-elle concernée ?

Si les vents devaient souffler de façon continue de la Russie vers la France, du césium 137 et du strontium 90 pourraient atteindre la France. Mais le niveau de radioactivité dans l’air serait alors "extrêmement faible, un million de fois moindre que l’activité correspondant à une concentration de radioactivité naturelle présente dans l’air", explique l’IRSN, qui conclut : "Dans tous les cas, aucune conséquence sanitaire pour les populations européennes n’est attendue." Une analyse corroborée par la Criirad, qui rappelle que le césium 137 est toujours présent dans l’air à l’état résiduel depuis 1986, à une dose trop faible pour "envisager des mesures de protection radiologique". À cause des incendies, les niveaux de césium 137 susceptibles d’augmenter dans l’air devraient rester un million de fois plus faibles que lors du passage du nuage de Tchernobyl, comme le suggèrent les niveaux constatés en 2002, à la suite d’incendies de forêts contaminées en Biélorussie, en Russie et en Ukraine. D’autre part, l’iode 131, un radionucléide identifié comme une source de cancers en France après le passage du nuage de Tchernobyl, s’est dissous depuis la catastrophe, même dans les zones encore contaminées de Russie. Il n’est donc pas susceptible de contaminer l’air en France.

Ceci n’empêche pas la Criirad de recommander un suivi attentif de la situation, car différents paramètres peuvent influer la qualité de l’air en France, comme "l’intensité des incendies", la "durée de combustion" et "les conditions météorologiques". La situation sur le site de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Mayak pourrait aussi changer la donne. Mais les autorités russes ne partagent que très peu d’informations à ce sujet, comme l’a reconnu l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN).

Comment la France contrôle-t-elle la radioactivité de l’air ?

L’IRSN opère un réseau de balises de contrôle de l’air ainsi que les exploitants de site, à proximité de leurs installations, qui permet de détecter une contamination éventuelle. Peut-on avoir confiance dans les données publiées ? Depuis la fable sur le nuage de Tchernobyl stoppé à la frontière, une garantie a été mise en place. Un réseau de balises indépendantes de l’État a été mis sur pieds. Il est géré par des associations indépendantes, comme la Criirad, et financé par les collectivités locales. Sur ses propres balises, l’association agréée pour la protection de l’environnement n’a pas relevé, entre le 1er et le 10 août, "en vallée du Rhône (...) d’activité bêta détectable".


Le Parisien.fr 11.08.2010 : Russie, les inquiétants mystères du site nucléaire de Sarov

Un nouveau foyer d’incendie s’est déclaré près du centre nucléaire militaire de Sarov, provoqué par la foudre qui s’est abattue sur un pin », a annoncé mercredi soir la direction du centre. La situation dans ce site sensible semble pour le moins complexe. De quoi inquiéter d’autant que d’autres sites nucléaires sont aussi menacés par les flammes.

Plus tôt mercredi, le ministère des situations d’urgence déclarait se préparer à porter « un coup massif » contre le feu près du centre militaire et de recherches nucléaires Arzamas 16, à 60 km de Sarov. Dimanche pourtant, le gouvernement avait annoncé qu’« il n’y avait plus de foyers de feux », l’armée avait creusé un canal pour empêcher les flammes de progresser et abattu le 6 août de nombreux arbres autour de ce site. Lundi, étrangement, plus de 800 hommes luttaient toujours (à nouveau ?) contre les incendies. Deux militaires y ont d’ailleurs trouvé la mort.

Mercredi soir, le directeur du centre, Valentin Kostioukov, a demandé au ministère des Situations d’urgence « de suspendre le retrait des troupes de Sarov et de renforcer les unités avec des équipements lourds ».

Cet acharnement contre le feu, s’explique-t-il seulement par le sauvetage des infrastructures et du matériel de recherche ? Ou y a-t-il d’autres dangers ? Les autorités n’ont cessé de répéter qu’il n’y avait aucun risque dans ce centre où les premières bombes atomiques soviétiques ont été conçues : tous les matériaux radioactifs avaient été évacués vers le 3-4 août. Ne reste-t-il pas de déchets toxiques, comme l’envisageait l’association Robin des Bois.

Pour Roland Desbordes, président de la Criirad, « évacuer les armes nucléaires, ce qui est relativement facile, car elles sont mobiles ». Mais il s’interroge aussi sur le sort « des déchets nucléaires, des matériaux radioactifs entreposés dans des cuves, piscines ou fosses plus ou moins sécurisés », sans pouvoir apporter de réponses.

Le feu près d’un centre où avait déjà eu lieu une explosion

Combien de sites sensibles sont-ils encore exposés aux flammes. Difficile à dire. A Snejinsk, l’autre centre militaire nucléaire de Russie où s’effectuent aussi de la recherche serait hors de danger, l’incendie a été maîtrisé et la « surveillance du site a été levée », selon le ministère des Situations d’urgence ce mercredi. Aucune information n’a été donnée au sujet du centre de retraitement de déchets nucléaires de Maïak, dans l’Oural, où l’état d’urgence avait été décrété lundi.

Concernant les centrales elles-mêmes, le physicien explique : « Un incendie, en détruisant des lignes de haute tension, peut interrompre l’alimentation électrique d’un site, mettant en péril son système de refroidissement. Des groupes électrogènes doivent alors prendre le relais, mais peuvent-ils résister à un incendie ? » Qui plus est, poursuit-il « le risque incendie dans les centrales nucléaires est généralement évalué par anticipation d’un feu qui vient de l’intérieur, plutôt que de l’extérieur ».

« Si le système de refroidissement d’une cuve tombe en panne, on peut avoir un accident très grave. L’explosion d’une cuve de stockage de déchets hautement radioactifs, justement à Maïak en 1957, a provoqué le plus grave accident sur un site nucléaire en dehors de Tchernobyl : les cultures ont été interdites sur plus de 100 000 hectares, des centaines de milliers de personnes contaminées et une trentaine de villages rasés », explique encore Roland Desbordes.


Le Figaro.fr 11/08/2010 - Russie, les incendies ont touché des zones radioactives

Source : https://www.lefigaro.fr/international/2010/08/11/01003-20100811ARTFIG00320-russie-les-incendies-ont-touche-des-zones-radioactives.php

Les incendies de forêt ont atteint depuis juillet près de 4.000 hectares de zones contaminés par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, laissant craindre la dispersion de particules radioactives dans l’air.

C’est désormais officiel. Les incendies de forêt en Russie ont touché depuis juillet des zones polluées par les retombées nucléaires de la catastrophe de Tchernobyl, dans l’ouest du pays, selon des données disponibles mercredi sur le site des services de surveillance des forêts. « Des feux ont été enregistrés sur 3.900 hectares », explique ainsi ce service fédéral, qui ne précise pas si ces feux sont maîtrisés. La région de Briansk, au sud-ouest de Moscou et à la frontière du Bélarus et de l’Ukraine, est notamment touchée : au total, 28 feux de forêt ont ravagé 269 hectares.

« Toutes les autorités dans les zones polluées par des éléments radioactifs doivent prendre des mesures d’urgence », indique le service de protection des forêts, citant notamment « la protection des populations dans les territoires touchés par les fumées » et « la détection des zones de transfert des matériaux radioactifs ». Le directeur adjoint du service de protection des forêts Alexeï Bobrinski a cependant affirmé qu’il n’y avait « pas de raison de paniquer ». « Je ne pense pas que la situation va connaître une évolution catastrophique. Avec la fumée, une partie de la pollution va aller ailleurs, mais ce n’est pas une catastrophe car ce qui brûle est en surface et l’essentiel des particules polluées sont dans les profondeurs », a-t-il assuré. En France, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) assure que l’incendie de ces zones contaminées « n’est pas de nature à provoquer une inquiétude d’ordre sanitaire » sur le territoire français.

Répit de courte durée à Moscou

La Russie assure progresser dans la maîtrise des feux. Mercredi, elle a annoncé avoir réduit de moitié la surface des incendies de forêts qui ravagent le pays depuis près de deux semaines. « Au cours des dernières 24 heures, le nombre des nouveaux départs de feu a été inférieur au nombre de ceux qui ont été éteints. A 6h (heure locale), 612 foyers étaient actifs sur une surface de 92.700 hectares », a ainsi indiqué le ministère à l’agence russe Itar-Tass. La veille, 174.000 hectares brûlaient. Quelque 165.000 employés du ministère continuent de combattre les incendies, qui ont fait au moins 54 morts, avec l’aide de 550 spécialistes étrangers équipés de six avions et sept hélicoptères.

A Moscou, l’air est devenu un peu plus respirable depuis mardi soir. Quelques gouttes de pluie sont tombées mercredi matin, dans une atmosphère libérée de la fumée suffocante des feux de tourbières de la région. Pour autant, les services météorologiques ont prévenu que l’accalmie ne durerait pas. « Si l’on prend en compte le fait que la température dans la région de Moscou est (jusqu’à présent) de 36-37 degrés, la canicule va continuer. (…) Les incendies de forêt n’ont pas disparu. Les hautes pressions et l’anticyclone vont entraîner le retour des fumées à Moscou », a notamment confié le directeur des services météorologiques à l’agence Interfax. Les quelques pluies encore prévues dans les jours à venir ne seront d’aucune aide, a-t-il souligné.


La Dépêche.fr 11/08/10 - Russie. Un pays à hauts risques

La Russie n’en finit pas de brûler. Plus de 15 jours après les départs des premiers feux, les autorités russes ont annoncé hier, une légère accalmie. Mais que sont quelques foyers circonscrits quand les incendies continuent de se propager sur plus de 175 000 hectares à travers le pays ? La situation est d’autant plus alarmante qu’il faut maintenant lutter pour protéger les sites nucléaires et chimiques.

À 1 500 km de Moscou qui respirait mieux hier, des centaines d’hommes sont mobilisées autour du centre nucléaire de Snejinsk, dans l’Oural. Hier, on apprenait que trois jours auparavant l’état d’urgence avait été décrété à quelques kilomètres de là, au centre de Mayak où sont stockées d’énormes quantités de déchets hautement radioactifs. Deux bases militaires situées dans la région de Moscou et dont on ne sait ce qu’elles abritaient ont été évacuées avant de partir en fumée…

On nous dit tout, on nous dit rien, la juste information sur la situation ayant bien du mal à traverser les frontières… Y compris sur le bilan humain de cette tragédie. Un jour les autorités reconnaissent 700 morts par jour à Moscou. Le lendemain elles disent avoir comptabilisé 5 000 décès depuis le début de la canicule… il y a six semaines.

Ces mêmes autorités qui ne veulent toujours pas des secours internationaux se montrent pourtant rassurantes. Mais à l’international, tous les signaux sont au rouge. Le risque nucléaire n’est pas anodin. Et déjà les experts font les comptes du désastre. Le préjudice est évalué entre 5 et 11 milliards d’euros. Soit 1 % du PIB, selon Alexandre Morozov, économiste en chef de HSBC en Russie, le secteur agricole payant le plus lourd tribut. « La sécheresse devrait provoquer une chute de 30 à 33 % des récoltes de céréales », explique-t-il. Et ainsi faire flamber les cours de la viande, en France notamment. Cette même sécheresse qui a poussé le gouvernement à décréter un embargo sur les exportations de grains jusqu’à la fin de l’année, devrait aussi avoir un sévère impact sur l’inflation, fléau que la Russie était en train d’éradiquer.

Pendant ce temps-là, Poutine continue de se mettre en scène. Hier, on l’a vu à la télévision à la place du copilote dans un bombardier d’eau, procédant aux largages sur deux incendies de forêt dans la région de Riazan. Pas sûr que cette fois-ci, la population russe avale la pilule.

[...]

Nucléaire : les voyants au rouge

Le secrétaire d’État aux Affaires européennes Pierre Lellouche l’affirme : « D’après nos informations, les installations sensibles, comme les centrales nucléaires, sont convenablement protégées ». Et il n’y a pas lieu d’évacuer nos ressortissants ». Pourtant, l’Autorité de sûreté nucléaire française contactée hier, reconnaît que les seules informations quant à la situation sur place lui parviennent de ses « homologues européens ». Et qu’il « est difficile d’avoir des informations précises sur la qualification du risque nucléaire de la part des autorités russes ». Au nom du réseau Sortir du Nucléaire, Jean-Pierre Minne, un de ses administrateurs, qualifie le risque de « majeur ». « Notamment dans la région de la centrale nucléaire de Snejinsk qui est encerclée par les flammes et située à proximité du centre nucléaire de Mayak ». Sur ces 40 km2 sont stockées d’énormes quantités de déchets hautement radioactifs. « Le risque est immédiat, ajoute Jean-Pierre Minne, car si ces deux sites sont gagnés par les flammes, nous risquons un accident similaire à celui de Tchernobyl. La Criirad tire aussi la sonnette d’alarme. Selon son président, Roland Desbordes, « les incendies qui menacent certains sites nucléaires en Russie risquent de provoquer un début de réaction en chaîne au cas où le feu bloquerait l’alimentation électrique. Les autorités russes disent avoir évacué les armes nucléaires, facilement, car mobiles. Mais qu’en est-il des déchets nucléaires, des matériaux radioactifs entreposés dans des cuves, piscines ou fosses plus ou moins sécurisées ? » interroge-t-il.


Nouvelobs.com 11/08/2010 - Russie : des incendies ont touché des zones polluées par Tchernobyl

4.000 hectares de zones polluées ont été en proie aux flammes depuis le début des incendies au mois de juillet.

La région de Briansk et la frontière du Bélarus et de l’Ukraine sont dans la liste des territoires les plus pollués ; afp La région de Briansk et la frontière du Bélarus et de l’Ukraine sont dans la liste des territoires les plus pollués ; afp

Des incendies de forêt ont touché depuis juillet près de 4.000 hectares de zones de pollution radioactive, notamment dans l’ouest de la Russie, selon des données disponibles mercredi 11 août sur le site des services de surveillance des forêts. Sur le même sujet

"D’après les données de la surveillance de la radioactivité menée sur le territoire des régions de Russie comprenant des terres polluées par des éléments radioactifs depuis la mi-juillet, des incendies de forêt y ont été enregistrés sur 3.900 hectares", déclare le service fédéral de défense des forêts (Roslesozachtchita).

Ce service fait la liste des zones touchées dans les "territoires les plus pollués".

Cette liste comprend notamment la région de Briansk, au sud-ouest de Moscou et à la frontière du Bélarus et de l’Ukraine, où 28 feux de forêt ont ravagé 269 hectares. Cette zone a été polluée par les retombées de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (1986).

Heure par Heure la situation des incendies en Russie : https://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20100809.OBS8301/heure-par-heure-les-incendies-en-russie.html


Le Soir.be 10/08/10 - La Russie veut agir seule contre le feu

Il y avait déjà quelques jours que Vladimir Poutine n’avait pas effectué une de ces sorties médiatiques dont il est friand. Alors, ce mardi 10 août, il a mis le paquet : le Premier ministre russe a participé à un vol d’une heure à titre de copilote dans un avion bombardier d’eau, un Beriev-200 de fabrication russe, qui a récupéré à deux reprises douze tonnes d’eau à la surface d’une rivière avant de les disperser sur les forêts en feu, dans la région de Riazan.

Le coup de main musclé de ce Beriev n’aura pas été de trop car la superficie en feu dans l’ensemble de la Russie ne diminue que péniblement : 175.000 hectares de forêt brûlent toujours, essentiellement dans la partie occidentale du pays, une baisse d’à peine 15.000 hectares depuis 48 heures.

Les ressources humaines et matérielles du pays sont, elles, limitées : la Russie compte seulement 4 Beriev-200 et 22.000 pompiers professionnels.

A titre de comparaison, la France possède 16 bombardiers d’eau, et 25.000 sapeurs pros, sans compter les 200.000 pompiers volontaires du pays.

Face à la catastrophe, Moscou a d’ailleurs rapidement reçu des propositions d’aide de la part de pays étrangers après le déclenchement des premiers feux et dès les premiers villages détruits, jeudi 29 juillet. Quarante-huit heures plus tard, l’Allemagne était prête à offrir du matériel. Paris, Rome et Ankara ont emboîté le pas, proposant avions et hommes, tout comme les voisins ex-soviétiques – Ukraine, Biélorussie, Azerbaïdjan, Kazakhstan. Les trois pays baltes viennent également de proposer une aide technique.

Deux semaines plus tard, deux colonnes de pompiers ukrainiens, une polonaise, une bulgare et une arménienne se battent effectivement contre les flammes. Mais les équipes ouest-européennes sont toujours placées en attente. Dans les airs, deux avions italiens sont attendus dans la région de Samara, et un Dash-8 français arrose les incendies de Nijni-Novgorod. Des hélicoptères et des avions des anciennes républiques soviétiques sont également sur place.

Mardi 10 août, deux groupes d’experts, français et américains, étaient à Moscou pour discuter avec les autorités russes d’une éventuelle coopération au sol.

Malgré l’ampleur de la catastrophe, les autorités russes accueillent les propositions d’aide étrangère sans enthousiasme : « Nous avons eu plusieurs offres (d’aide étrangère), nous les considérons comme une réserve », commentait ainsi, ce lundi 9 août, Iouri Brajnikov, directeur du département des Affaires étrangères du ministère des situations d’urgence (MTchS).

Pour un diplomate européen en poste à Moscou, les autorités russes « sont totalement désorganisées face à la crise, même si le MTchS reconnaît que la situation est tragique. Le vieux réflexe bureaucratique russe, très lourd, n’aide en rien : des équipes d’aide ont été programmées à trois endroits différents avant de se voir confirmer officiellement une mission. »

Ce même lundi 9 août, des défenseurs des droits de l’homme publiaient une lettre ouverte, dans laquelle ils implorent les autorités russes « de demander une aide urgente » aux capitales étrangères. « Le pays n’a pas assez de moyens pour lutter contre le feu, écrivent-ils, à l’intention de Dmitri Medvedev. Nous manquons cruellement d’équipements. »

Les sites stratégiques situés à proximité des zones d’incendie posent également problème. La région de Kolomna, près de Moscou, où le feu fait rage, héberge des hangars de l’aviation russe – déjà détruits par les incendies –, ainsi qu’un complexe militaire impliqué dans la fabrication de missiles Iskender. Sarov et Snejinsk, également à proximité des flammes, sont des complexes nucléaires.

Ce lundi 9 août toujours, Iouri Brajnikov, du MTchS, a été très clair en conférence de presse : pas question de laisser des équipes étrangères de secours manœuvrer à proximité des endroits classés stratégiques, même si ces régions sont en feu. Le nucléaire menacé par les aléas du climat

Les menaces que font peser les incendies de forêts sur des installations nucléaires en Russie redonnent de la voix aux critiques de cette énergie controversée. Pour Jean-Pierre Minne, administrateur de l’association française « Sortir du nucléaire », les événements actuels démontrent la fragilité de la filière.

Les nouvelles en provenance de Russie à propos de la situation des feux et les appréciations des instances officielles françaises et belges à propos de la menace qui pèserait sur les installations nucléaires de la région semblent être meilleures. Rassuré ?

Les informations que nous recevons des associations environnementales russes qui relayent des témoignages du terrain ne confirment pas cet optimisme. Les incendies sont loin d’être maîtrisés. Les autorités rencontrent un gros problème de personnel et de matériel. Les pompiers sont dans un état de délabrement avancé, on le sait. La lutte contre les feux n’est pas coordonnée. Des braises subsistent à des endroits où le feu a été « éteint », occasionnant de nouveaux départs de feux.

En fait, nous retrouvons le climat qui régnait au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.

Quelle est la gravité des menaces sur les sites nucléaires ?

Il y a dix centrales dans la région. Deux centres de recherches militaires et un centre où l’on traite et stocke des déchets hautement radioactifs à longue durée de vie. Ce centre, Maïak, a connu un grave incident en 1957 [l’explosion d’un réservoir de déchets très radioactifs, NDLR]. En quelques semaines, 450.000 personnes ont reçu l’équivalent de 2.500 fois la dose radioactive autorisée en Europe sur une année. Aujourd’hui encore, des cours d’eau recèlent une radioactivité mille fois supérieure à celle de Tchernobyl quelques jours après l’explosion du réacteur. Près de ces centres, on constaterait une amélioration dans 20 à 30 % des incendies. Mais les feux se poursuivent. Et avec eux le risque que des particules radioactives s’envolent dans la haute atmosphère et prennent la direction de nos régions. Il faut reconnaître qu’alors que Tchernobyl se trouvait à 1.500 km de chez nous, Maïak est à plus de 3.000 km. Mais il y a d’autres problèmes, comme le refroidissement des centrales. C’est essentiel : un réacteur a d’énormes besoins en refroidissement. Or, pendant une canicule, l’eau manque et elle est plus chaude. Le refroidissement est moins efficace. S’il y a défaut de refroidissement, la surchauffe est instantanée. Depuis quelques jours, plusieurs réacteurs russes ont été mis à l’arrêt, comme ce fut le cas, en France à l’été 2003.

Par ailleurs, les incendies affectent également les lignes à hautes tensions et les cabines. Là aussi, cela provoque des coupures.

Vous en concluez que les centrales nucléaires sont particulièrement menacées ?

Il faut rester très vigilant. Des aléas climatiques, on en a toujours connus. Mais aujourd’hui, on constate une aggravation des situations climatiques extrêmes : des canicules, des intempéries. Or, on oublie le facteur du refroidissement et du besoin en eau. En France, EDF surélève les digues de certains lacs de retenue pour disposer de plus d’eau en cas d’incident. Mais on ne donne aucune information au public là-dessus ! Ce n’est pas normal.

Autre exemple : en décembre 1999, la centrale du Blayais, près de Bordeaux, a été inondée à l’occasion d’une tempête exceptionnelle. On a frôlé la catastrophe.

Aujourd’hui, partout on prolonge la durée de vie des centrales. Jusqu’à 30, 40, voire 60 ans. Il est clair que cela augmente les risques d’incidents graves. Chez nous, les populations sont riveraines des centrales. Elles seraient non seulement exposées à de la contamination, mais aussi une irradiation en cas d’accident majeur.


Le Monde.fr 10/08/2010 : En Russie, les incendies n’induisent qu’un faible risque d’accident nucléaire

Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/08/10/en-russie-les-incendies-n-induisent-qu-un-faible-risque-d-accident-nucleaire_1397492_3244.html

Les incendies en Russie, d’une ampleur exceptionnelle et favorisés par des températures d’une rare amplitude, s’approchent de quatre installations nucléaires – centrales, centre de retraitement ou centres militaires. Peuvent-ils provoquer un incident nucléaire ? Une catastrophe de grande ampleur est théoriquement possible, mais peu probable.

Ces infrastructures sensibles ont a priori peu de chance d’être livrées aux flammes, selon Michel Brière, directeur général adjoint de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN), et ce grâce aux mesures structurelles de prévention prises dans les centrales. "Dans les centrales nucléaires françaises, ces mesures sont systématiques – espace entre installations nucléaires, effet de la toxicité des fumées, impact des cendres sur les installation, etc. Elles sont connues des Russes et sont sans aucun doute appliquées dans leurs installations", souligne-t-il.

ACCIDENT DE CRITICITÉ

L’entretien des installations nucléaires russes pouvant se révéler insuffisant, ces mesures – si elles existent – peuvent se révéler inefficaces. Le risque d’un incendie au cœur d’un site nucléaire ne peut être totalement exclu. Les flammes endommageraient le confinement des matières radioactives, en temps normal isolées de l’extérieur pour éviter toute contamination. S’en suivrait une pollution relativement localisée mais dramatique pour les habitants de la région. Et ce pour de très nombreuses années.

Un accident de criticité est également improbable mais pas totalement impossible. Dans une centrale atomique, les réactions nucléaires sont initiées afin de produire de l’électricité ; la réaction étant limitée et contrôlée pour éviter tout emballement. Lors de ce type d’accident, la réaction nucléaire en chaîne se déclenche de manière involontaire. Elle libérerait rapidement une importante quantité d’énergie et de matières radioactives. Un accident gravissime qui aurait des effets bien au-delà des frontières russes, comme ce fut le cas pour Tchernobyl, accident majeur dont les conséquences sont encore perceptibles aujourd’hui, notamment en cas de feux de forêts.

LE CÉSIUM DE TCHERNOBYL DANS LES ARBRES QUI BRÛLENT

Un scénario est cependant plausible : en septembre 2002, des incendies ravagent les forêts ukrainiennes et biélorusses ; les mêmes qui, seize ans plus tôt, en 1986, avaient été contaminées par les retombées radioactives de Tchernobyl. Lors de l’explosion de la centrale, des radionucléides ont été libérés : certains ont une période radioactive courte – l’iode 131 par exemple – tandis que d’autres ont une période beaucoup plus longue. Le césium 137 (137Cs) est de ceux-là. Ces radionucléides sont présents dans la végétation qui les a fixés comme s’il s’agissait de potassium. Même des années plus tard, si ces végétaux brûlent, ces particules radioactives sont mises en suspension dans l’air. C’est ce qui s’est passé en 2002 et c’est le phénomène qui pourrait se produire aux environs du centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Maïak où eut lieu, en 1957, le premier accident nucléaire, aux conséquences toujours visibles dans la région.

En 2002, l’IRSN a pu mesurer cette remise en circulation du 137Cs de Tchernobyl en France. L’activité radioactive du 137Cs (PDF) a atteint 1,5 microbecquerel par mètre cube d’air (µBq/m3). "Un niveau trois fois supérieur aux mesures habituelles", rappelle Michel Brière. Mais cette radioactivité est très largement inférieure à celle induite, naturellement, par le radon qui "est de l’ordre du millibecquerel par mètre cube d’air", soit un rapport de 1 à 1000. En comparaison, après la catastrophe de Tchernobyl, l’activité du 137Cs a atteint environ 10 Bq/m3. Dix millions de fois plus qu’en 2002...

Cet avis optimiste est partagé par la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité). Cité par Le Point, Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la Commission, confirme : "Même si on multipliait par 1 000 le niveau de la contamination au 137Cs constaté au plus fort de la contamination de 2002, cela aurait un impact très faible".

LES MESURES DE L’IRSN

Si cette radioactivité n’inquiète pas outre mesure les autorités françaises, l’IRSN est tout de même "en état d’alerte", précise M. Brière. L’IRSN dispose d’un "système d’alerte très maillé" qui permettrait de détecter une "forte hausse de la radioactivité, en temps réel", selon les mots de son directeur général adjoint. Si une centrale russe venait à brûler et une réaction nucléaire d’ampleur à se déclencher, l’Institut pourrait le repérer et avertir la population.

Pour l’heure "les masses d’air se dirigent vers le nord de la Russie et non vers l’ouest". Si le vent venait à tourner, le "surplus" de radiocativité dû au 137Cs pourrait être mesuré. Mais il faudra du temps avant de connaître les résultats de ces analyses d’une grande finesse. "Pour mesurer la radioactivité dans les aérosols, nous sommes obligés de faire passer de très importantes quantités d’air dans des filtres" afin de "détecter une radioactivité extrêmement faible par rapport à la normale", explique M. Brière. L’IRSN a promis de diffuser ces analyses dès qu’elles seront connues.

Jonathan Parienté


10/08/2010 : Incendies en Russie : probable dissémination de particules radioactives

Un article de Laure Noualhat sur son blog

https://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2010/08/incendies-en-russie-probable-diss%C3%A9mination-de-particules-radioactives.html

285 Les incendies en Russie continuent leur progression. Dans l’Oural, ils menacent désormais le tristement célèbre site nucléaire de Mayak, à côté de Tchéliabinsk où les autorités viennent de décréter l’état d’urgence. Mayak, c’est un nom familier pour les connaisseurs de l’atome... Il évoque le premier incident nucléaire de l’Histoire. En septembre 1957, une cuve de déchets hautement radioactifs avait explosé, provoquant la dissémination de particules radioactives dans l’environnement.

« Le chef de l’administration a décrété le 6 août l’état d’urgence dans les forêts et les parcs de la ville d’Ozersk (nom de la ville fermée abritant le complexe nucléaire, ndlr) en raison de la propagation des incendies », selon un communiqué publié lundi. Ozersk est une ville fermée qui abrite une usine de retraitement de déchets nucléaires, cinq réacteurs qui ont produit le plutonium de l’armée soviétique pendant des décennies, un site de démantèlement, ... On y trouve aussi des écoles, des hôpitaux, des théâtres, bref tout ce qui fait une ville sauf que celle-ci comme toutes les villes nucléaires russes est interdite aux étrangers et même aux Russes qui n’y sont pas invités.

Après l’accident de 1957, les Soviétiques ont gardé le secret, de même que les Américains qui avaient survolé le site. A l’époque, en pleine poussée nucléophile, il ne fallait pas inquiéter les populations, ni laisser penser que l’industrie nucléaire pouvait s’avérer dangereuse. D’après ce que l’on sait, la puissance de l’explosion était deux fois inférieure à celle de Tchernobyl, de même que la contamination alentour. Il n’empêche, il a fallu évacuer plusieurs dizaines de milliers de villageois, condamner des localités et organiser un suivi médical. Environ 15 à 20000 km2 ont été contaminés par des retombées de particules radioactives. Mais le site nucléaire n’est pas uniquement le théâtre d’une catastrophe nucléaire, c’est aussi un lieu de pollution permanente. L’usine de retraitement a déversé des effluents radioactifs dans les rivières de la région durant des années. Des déchets très chauds ont aussi été entreposés dans le lac Karatchaï. Un été, alors qu’il est asséché, le vent soulève les particules radioactives et les répand dans toute la région. Bref, dans ce coin, il y a de quoi s’inquiéter avant même que les flammes ne viennent lécher les abords du site nucléaire.

Pour les besoins du documentaire Déchets, le cauchemar du nucléaire, nous nous sommes rendus à Mayak avec le réalisateur Eric Guéret et Christian Courbon, un technicien de la Criirad. Nous avions alors prélevé plusieurs échantillons d’eau, de sédiments, de poisson, de lait, ... Et dans les sédiments récupérés sur les rives de la rivière Techa, la Criirad avait trouvé du plutonium et de l’américium. Dans les gardons pêchés, c’était du césium-137 et du strontium-90 dans le lait. Dans l’eau de la rivière, de grandes quantités de tritium, du césium-137 et d’autres émetteurs alpha et bêta.

Ainsi, nous avions montré que les radioéléments étaient présents dans toute la nature, l’eau, le lait, les plantes, les arbres, ... Il est donc utile de rappeler que les sites nucléaires n’ont pas besoin de prendre feu pour que la contamination se répande via les incendies : toute la nature autour des sites est contaminée, et c’est d’abord elle qu’il faut préserver.


Figaro.fr 05/08/2010 : En Russie, le feu approche de sites à risques

Source : Le Figaro https://www.lefigaro.fr/international/2010/08/05/01003-20100805ARTFIG00539-en-russie-le-feu-approche-de-sites-a-risques.php

Les 600 feux de forêts et de tourbières ont fait 50 morts et détruit 2000 habitations. Les autorités tentent de protéger les sites militaires menacés. Les 600 feux de forêts et de tourbières ont fait 50 morts et détruit 2000 habitations. Les autorités tentent de protéger les sites militaires menacés. Crédits photo : AFP Des dépôts de munitions ont été évacués dans les environs de Moscou. Une région irradiée au moment de l’explosion de Tchernobyl est également sous surveillance, notamment française.

L’inquiétude n’en finit plus de grandir en Russie, où les températures particulièrement élevées cet été favorisent les incendies qui ont déjà fait 50 morts et détruits 2000 maisons. Jeudi, c’est autour de dépôts de munitions et d’un site nucléaire que l’attention s’est cristallisée.

Menacés par le feu, particulièrement actif dans l’ouest du pays, des dépôts de munitions d’artillerie et de missiles situés à 70 km au sud-ouest de Moscou ont ainsi été transférés « vers un endroit sûr », a déclaré un porte-parole du ministère russe de la Défense. Dmitri Medvedev avait ordonné la veille de renforcer la protection des sites stratégiques après l’incendie d’une base logistique militaire près de la capitale qui aurait détruit quelque 200 avions, selon des médias russes.

L’IRSN reste vigilant

L’aggravation de la situation dans le sud-ouest du pays fait aussi craindre que les incendies n’atteignent une région dont le sol et les végétaux ont été irradiés lors de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. « Si un incendie s’y déclarait, des substances radioactives pourraient s’envoler avec la fumée et une nouvelle zone polluée apparaîtrait », a averti le ministre des Situations d’urgence Sergueï Choïgou, précisant que la zone était « surveillée attentivement ».

La France est elle aussi en état de vigilance face à cette possibilité. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a annoncé jeudi qu’il allait mesurer avec une « attention toute particulière » les particules qui pourraient atteindre l’Hexagone à la suite des incendies. L’institut précise dans un communiqué qu’il « pourra disposer dans quelques semaines des résultats de mesure » en cours, et assure qu’il les présentera « dès qu’ils seront disponibles ». « En tout état de cause, les niveaux d’activité susceptibles d’être observés en France à la suite de tels phénomènes ne sont pas de nature à provoquer une inquiétude d’ordre sanitaire », précise toutefois l’IRSN.

La situation semblait en revanche « stabilisée » aux environs du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni Novgorod, à 500 km à l’est de Moscou), d’où les autorités ont affirmé mercredi avoir évacué les matières fissiles et explosives.

Les exportations de blé interdites

Le bilan des pertes humaines est passé jeudi de 48 à 50 morts après la découverte d’un corps dans une maison calcinée dans la région de Nijni Novgorod et le décès d’une autre victime dans un hôpital de la région de Voronej (500 km au sud-est).

En raison de la sécheresse qui entraîne une énorme perte pour les récoltes, le premier ministre Vladimir Poutine a par ailleurs interdit les exportations de céréales jusqu’à la fin de l’année. La Russie est le troisième exportateur mondial de céréales, et les difficultés de son agriculture ont déjà contribué à une flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux.

De son côté, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a chargé le gouvernement régional de renforcer les mesures de sécurité anti-feu, après plusieurs incendies importants, et un feu de forêt dans un vaste parc de la capitale.

Au total 162.000 personnes sont mobilisées pour combattre les 600 feux qui embrasent le pays. Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi que les autorités françaises « se tenaient prêtes à répondre à toute demande d’assistance », selon un communiqué de l’Elysée. La France dispose d’avions bombardiers d’eau, tout comme l’Italie qui a déjà dépêché deux Canadair en Russie.


Journal de l’Environnement 05/08/2010 : Les incendies russes ne contaminent pas la France

Source : Journal de l’Environnement https://www.journaldelenvironnement.net/article/les-incendies-russes-ne-contaminent-pas-la-france,18495

Le 05 août 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg

Les incendies qui ravagent la Russie d’Europe présentent-ils des risques radiologiques ? Près d’un quart de siècle après, certaines régions occidentales de la Russie sont toujours contaminées par les retombées de la catastrophe de Tchernobyl. D’où l’inquiétude de certains observateurs. Le bois des arbres tend à concentrer certains radionucléides présents dans le sol et absorbés par les racines . « En cas de combustion de ce bois, explique l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans un communiqué, ces radionucléides peuvent être pour partie libérés dans les fumées et ainsi conduire à une contamination de l’air. »

Ce phénomène n’est pas qu’hypothétique. « Entre 2002 et 2006, l’IRSN a déjà pu mesurer une très faible contamination de l’air au dessus de la France lors d’incendies de forêt très importants en Biélorussie, Russie et Ukraine. Cependant, les niveaux de concentration en particules de césium sont tellement bas qu’ils ne peuvent absolument pas engendrer une inquiétude sanitaire. »

En 2002, l’activité en césium 137 la plus importante mesurée par les capteurs de l’IRSN a été de 1,5 microbecquerel par mètre cube d’air (1,5 millionième de Bq), à peine plus de trois fois le niveau moyen de l’année 2002. Ces pics d’activité étaient liés à ces multiples incendies .

De telles micro-pollutions ne sont pas rares, souligne l’IRSN. « Un accroissement similaire de l’activité du césium 137 de l’air est également observé en France en hiver, période d’utilisation du bois de chauffage dans les pays de l’Est touchés par les retombées de l’accident de Tchernobyl. Ces élévations d’activité sont épisodiques et apparaissent généralement lorsque la France est sous l’influence de vents est-nord-est. Ces événements représentent de très faibles niveaux d’activité.

Extrêmement faibles, les variations de concentration en césium 137 dans l’air ne sont pas mesurables par les balises de détection du réseau d’alerte Téléray exploité par l’IRSN. L’Institut de Fontenay-aux-roses devra attendre quelques semaines les résultats de mesure des prélèvements d’aérosols des stations du réseau Opera-Air. D’éventuelles traces de pollution radioactive imputable aux incendies russes ne pourront être décelées que si la France est exposée au panache de fumées. Or, ces derniers jours, les vents soufflant sur l’Hexagone étaient plutôt orientés nord-ouest.


TF1 News 06/08/2010 : Incendies russes : "la radioactivité libérée pourrait contaminer la chaîne alimentaire"

Source : TF1 News https://lci.tf1.fr/science/environnement/incendies-les-depots-radioactifs-de-tchernobyl-impactes-6031348.html

Interview - Jacky Bonnemains, le patron de "Robin des Bois", explique à TF1 News pourquoi l’association écologiste s’inquiète du nuage de fumée dégagé par les feux de forêts près de la centrale nucléaire accidentée en 1986.

Jacky Bonnemains, président de "Robin des Bois" : Nous partons d’un constat déjà vérifié par le passé : quand des incendies de forêt atteignent la dimension prise en Russie, cela devient une catastrophe internationale et non plus seulement nationale. Les fumées, les suies et les cendres sont alors transportées dans l’air au gré des courants atmosphériques sur des centaines, voire des milliers, de kilomètres. On l’a encore par exemple noté ces dernières années avec les incendies en Grèce en 2007 et en Californie l’année dernière.

TF1 News : Quels sont alors les risques ?

J.B. : Lors d’un incendie de forêt "classique", les particules fines transportées par les fumées peuvent provoquer, par inhalation, des problèmes respiratoires, des crises d’asthme, des allergies ou encore des bronchites sur les personnes vulnérables (jeunes enfants, fumeurs, personnes déjà atteintes...). Ces problèmes se déclenchent au-delà d’un certain seuil, déjà atteint pour les Russes habitant les zones touchées par les incendies. exergue "La radioactivité libérée pourrait contaminer la chaîne alimentaire"

TF1 News : Quels sont les risques liés à la radioactivité dans le cas précis de ces incendies en Russie ?

J.B. : Ils sont de deux sortes. Le premier concerne les forêts et les tourbières impactées par les retombées de Tchernobyl. Elles constituent des accumulations préférentielles de radioactivité et un endroit naturel de stockage. Or les incendies remobilisent les particules radioactives et les transportent dans les fumées sur des milliers de kilomètres au gré des courants atmosphériques. C’était d’ailleurs un effet prévisible, attendu et différé de Tchernobyl. Evidemment, le niveau de radioactivité sera moins moindre qu’en 1986. Mais cette radioactivité peut se déposer sur les terrains agricoles et donc contaminer la chaîne alimentaire.

TF1 News : Est-il possible d’avoir une idée de l’impact actuel et à venir ?

J.B. : Une chose est sûre : vu l’ampleur des incendies dans la région touchée par Tchernobyl, les dépôts radioactifs présents dans les forêts et les tourbières ont déjà été impactés. Reste à connaître exactement le niveau de radioactivité qui a été rejeté dans l’air pour savoir s’il peut éventuellement atteindre la dose dangereuse pour les denrées alimentaires et, si oui, à quels endroits. C’est tout l’enjeu de la question que nous posons aux autorités. exergue "Le nuage épargne la France. Pour l’instant"

TF1 News : Que proposez-vous ?

J.B. : Nous demandons aux autorités françaises compétentes de se rapprocher de leurs homologues européennes pour mettre en place immédiatement des protocoles d’analyse et de vigilance. Cela permettra de connaître la radioactivité présente dans l’air et sur terre dans les différents pays. Le problème, c’est que les réseaux d’alerte ne sont pas de la même qualité à l’Est pour créer une ligne de défense homogène.

TF1 News : Que vous inspire la réponse de l’IRSN, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire ?

J.B. : L’IRSN fait référence à des courants favorables qui devraient permettre pour l’instant d’épargner la France. Donc il reconnaît de fait les risques encourus par les pays qui seront traversés par les nuages de fumée. Nous sommes tout à fait d’accord avec lui sur ce point. Ensuite, nous trouvons un peu lent que les résultats d’analyse entrepris sur le sol Français ne soient communiqués que dans les prochains semaines. Il y a là des progrès à faire.

Enfin, on ne peut pas se satisfaire que la France ne soit pas atteinte car les vents vont dans la direction opposée. Il faut se préoccuper aussi des autres pays. Prenons l’exemple de la Turquie. Si elle était touchée, la santé de la population locale serait évidemment en première ligne. Mais, ensuite, les Français pourraient très bien devenir des victimes indirectes puisque nous importons des produits agricoles, comme les dattes, de ce pays. A l’époque du commerce international, il faut bien comprendre toutes les interférences de la radioactivité pour lutter contre. exergue "Un remake du Salaire de la peur"

TF1 News : Pensez-vous qu’il puisse y avoir des répercussions directes sur le corps humain, comme les cancers de la thyroïde ?

J.B. : Après les sols contaminés, ce serait l’étape suivante. Mais nous n’en sommes absolument pas là. En attendant cette extrémité, il faut analyser et communiquer pour tout d’abord intervenir sur des denrées éventuellement contaminées.

TF1 News : Vous parliez de deux niveaux de menace. Quel est le second ?

J.B. : Dès mardi, nous faisions part du risque que les incendies faisaient courir sur les sites nucléaires russes. Le gouvernement russe a admis ces risques jeudi en annonçant le transfert de "matières explosives". Ne nous y trompons pas : "matières explosives" signifie qu’il s’agit de bombes atomiques. Etant donné que les incendies ont débuté il y a plus dix jours, ce manque de réactivité n’est pas rassurant en soi. Ensuite, transporter des matériaux radioactifs comme de l’uranium ou du plutonium lors d’une telle catastrophe, c’est un peu refaire pour de vrai Le Salaire de la peur.

Au-delà de ce risque, vient s’ajouter l’inconnu du site Arzamas 16. Construit par Staline en 1946 en pleine forêt aujourd’hui incendiée, il a servi à toutes sortes d’expérimentations nucléaires et contient certainement aujourd’hui une multitude de déchets. Or, si on connaît la radioactivité de Tchernobyl, on ne connaît pas celle d’Arzamas 16. C’est d’autant plus dangereux.

Par Fabrice Aubert le 06 août 2010 à 16:01


Le Point 06/08/2010 : Incendies en Russie : protection renforcée des sites sensibles, Moscou étouffe

Source : Le Point.fr https://www.lepoint.fr/monde/incendies-en-russie-protection-renforcee-des-sites-sensibles-moscou-etouffe-06-08-2010-1222739_24.php

Près de 500 militaires abattaient la forêt autour du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni-Novgorod, 500 km à l’est de Moscou) pour écarter le risque de propagation du feu, a indiqué un porte-parole.

Les pires feux de forêts dans l’histoire de la Russie moderne ont forcé les autorités à déplacer des missiles, évacuer des enfants des camps de vacances et surveiller des zones à risque nucléaire, alors que Moscou étouffait vendredi dans la fumée et la canicule.

Le ministère de la Défense a annoncé jeudi soir avoir transféré "vers un endroit sûr" des missiles d’un dépôt de la région de Moscou. Le ministère des Situations d’urgence a indiqué de son côté surveiller la situation dans la région de Briansk (sud-ouest), contaminée lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.

Moscou a été à nouveau envahi vendredi par la fumée des feux de tourbières, qui y rendent l’air irrespirable.

De plus en plus de passants étaient contraints de se couvrir le visage avec des mouchoirs ou des masques, dont les ventes ont explosé ces derniers jours.

"La fumée envahit toute la ville, la situation s’aggrave", a déclaré Alexeï Popikov, responsable de l’entreprise publique chargée de la protection de l’environnement Mosecomonitoring.

La concentration d’oxyde de carbone a dépassé de quatre fois les seuils d’alerte, a indiqué un spécialiste de Mosecomonitoring cité par Ria Novosti.

Canicule et pollution ont déjà eu de graves conséquences pour la santé publique.

Le nombre de décès à Moscou en juillet a augmenté de plus de 50% par rapport au même mois de l’année dernière, avec près de 5.000 morts supplémentaires imputables à la canicule, a appris l’AFP auprès des services de l’état-civil de la capitale russe.

Selon des chiffres officiels, 50 personnes ont trouvé la mort dans les feux de forêt qui font rage sur des milliers d’hectares dans la partie occidentale du pays.

Le ministère de la Santé a publié sur son site des recommandations conseillant aux Russes de se laver régulièrement le nez et la gorge, mettre des tissus humides sur les portes et les fenêtres, et prendre plusieurs douches par jour.

Le ministère des Situations d’urgence a assuré que la situation liée aux incendies était "sous contrôle" mais restait "compliquée dans les régions de Nijni-Novgorod et de Moscou", a indiqué Vladimir Stepanov, un haut responsable du ministère.

Près de 500 militaires abattaient la forêt autour du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni-Novgorod, 500 km à l’est de Moscou) pour écarter le risque de propagation du feu, a indiqué un porte-parole.

Les autorités, après avoir affirmé plusieurs fois qu’il n’y avait aucun risque, ont indiqué en définitive que tous les matériaux radioactifs avaient été évacués du centre au début de la semaine.

Le ministère des Situations d’urgence a encore indiqué surveiller particulièrement la situation dans la région de Briansk, à la frontière avec l’Ukraine, dont le sol et les végétaux avaient été contaminés lors de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. Un incendie pourrait propager cette pollution.

Le chef des services sanitaires russes Guennadi Onichtchenko a fait état vendredi de 78 camps de vacances fermés en Russie à cause de la canicule et de la fumée. Plus de 10.000 enfants ont été ramenés à leurs parents.

Les secouristes ont notamment évacué jeudi 300 enfants du camp "Meteor" dans la région de Moscou, qui appartient à l’administration présidentielle russe.

La fumée a rendu invisibles le Kremlin et les coupoles des églises dans la capitale, et a perturbé le fonctionnement des aéroports moscovites.

Les aéroports de Domodedovo (sud) et Vnoukovo (sud-ouest) ont dû refuser 40 vols à l’atterrissage. Seize vols ont été retardés à celui de Domodedovo.

L’été 2010 devrait battre tous les records de chaleur à Moscou depuis l’ouverture des registres de température il y a 130 ans. Un maximum historique a été atteint la semaine dernière avec 38,2 degrés dans la capitale.


20 minutes 09/08/2010 : Un danger nucléaire impose l’état d’urgence

Source : 20 minutes on line https://www.20min.ch/ro/news/monde/story/Un-danger-nucl-aire-impose-l--tat-d-urgence-20268283

Les autorités russes ont décrété lundi l’état d’urgence autour du centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires Maïak, dans l’Oural.

Rien qu’à Moscou, fumée et canicule ont causé des centaines de décès quotidiennement ces derniers jours, le chiffre passant de moins de 400 à environ 700. Rien qu’à Moscou, fumée et canicule ont causé des centaines de décès quotidiennement ces derniers jours, le chiffre passant de moins de 400 à environ 700.

Rien qu’à Moscou, fumée et canicule ont causé des centaines de décès quotidiennement ces derniers jours, le chiffre passant de moins de 400 à environ 700.

« Le chef de l’administration a décrété le 6 août l’état d’urgence dans les forêts et les parcs de la ville d’Ozersk (où se trouve le complexe nucléaire, ndlr) en raison de la propagation des incendies », selon un communiqué publié lundi.

Le chef de l’administration, Viktor Trofimtchouk, « présidera le 10 août une réunion d’urgence pour coordonner les efforts des services concernés », selon ce communiqué.

Le centre de retraitement se trouve dans la région de Tcheliabinsk, dans l’Oural, à 2.000 km à l’est de Moscou.

On étouffe à Moscou

10 millions de Moscovites étouffent de plus en plus dans la chaleur et la fumée. Et des centaines meurent chaque jour dans la seule capitale.

Moscou est prise depuis la semaine dernière dans une épaisse fumée âcre venue des feux de tourbières de la région.

De plus en plus nombreux étaient lundi les passants équipés d’un masque respiratoire et, selon la presse, les appels aux urgences ont doublé. Alexeï Iablokov, un scientifique, ancien conseiller pour l’écologie au Conseil de sécurité russe, a mis en garde contre une catastrophe sanitaire majeure, dans un entretien accordé lundi à l’AFP.

« Selon mes comptes, dans le district fédéral central (qui comprend Moscou), on a 1000 morts de plus chaque jour qu’en temps normal, ce qui veut dire que la morbidité doit être de 100 à 1000 fois supérieure à la normale », a-t-il dit.

Centaines de décès quotidiens

Rien qu’à Moscou, fumée et canicule ont causé des centaines de décès quotidiennement ces derniers jours, le chiffre passant de moins de 400 à environ 700.

« La mortalité a été multipliée par deux », a déclaré le chef du département de la Santé à la mairie de Moscou, Andreï Seltsovski.

En juillet, alors que la capitale russe, comme le reste de la Russie occidentale, était déjà frappée par une canicule sans précédent, la mortalité avait augmenté de moitié, à près de 15’000 décès pour le mois. La majorité des décès concernaient des personnes âgées, avaient montré les statistiques obtenues auprès des services d’état civil.

Atmosphère irrespirable

Cependant, depuis la semaine dernière, la fumée des tourbières en feu, essentiellement dans un rayon d’une centaine de kilomètres à l’est et au sud de Moscou, a rendu l’atmosphère irrespirable dans la capitale. Selon une source gouvernementale citée par Ria Novosti, un millier d’hectares de forêts et de tourbières étaient toujours en feu ce week-end.

Une responsable de l’observatoire de la qualité de l’air à Moscou a indiqué que les indices de pollution étaient lundi trois fois supérieurs aux seuils d’alerte dans la capitale. Ils étaient 10 supérieurs à la norme dans certaines villes de la région.

« Ce sont essentiellement des particules d’une taille de moins de 10 microns, du monoxyde de carbone, des hydrocarbures spécifiques », a indiqué Elena Lezina à l’antenne de la radio Echo de Moscou.

Le médecin en chef russe, Alexandre Tchoutchaline, a conseillé aux Moscovites qui en avaient la possibilité de quitter la ville.

Le docteur Pavel Loguinov, généraliste à Moscou interrogé par l’AFP, a donné le même conseil, mettant l’accent sur les risques liés au manque d’oxygène et aux possibles complications liées à la pollution par les fumées.

Des ambassades évacuent leurs ressortissants

Plusieurs ambassades étrangères, comme celle du Canada, ont entrepris d’évacuer une partie de leurs ressortissants. Contactée par l’AFP samedi, la permanence de l’ambassade de France avait indiqué ne pas prévoir de telle mesure pour l’instant. Mais la situation menace de ne pas s’améliorer dans l’immédiat.

« L’orientation des vents va entraîner une détérioration supplémentaire de la situation écologique dans la ville, la visibilité va descendre à 100 mètres », a indiqué un responsable des services météorologiques lundi.

Malgré des vols retardés par dizaines en raison de la faible visibilité, un nombre record de près de 105’000 passagers a quitté la ville dimanche par les aéroports de Moscou, a indiqué lundi le Comité russe du transport aérien, Rosaviatsia, cité par Ria Novosti.

De gigantesques feux de forêt, qui ont fait à ce jour 52 morts selon un bilan officiel, continuent de faire rage dans la partie occidentale du pays, touchée depuis début juillet par une canicule sans précédent.

Cette canicule, est la pire « en 1.000 ans » et depuis la fondation du pays, a affirmé lundi le directeur des services météorologiques russes.


AFP 10/08/2010 : Les incendies en Russie posent un danger nucléaire, explique un expert

Source : Google https://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iA_0pO-Lo2BAa-u8k45oWgiyFq-Q


Smog à Moscou : hausse de la mortalité, des centres nucléaires menacés

Source : Eitb - le 9 aout 2010

Les autorités russes ont décrété l’état d’urgence autour du centre de retraitement et stockage de déchets nucléaires de Maïak. Pour le Réseau "Sortir du nucléaire", la situation est critique.

Les morgues sont au bord de la saturation à Moscou, où la mortalité a doublé sous l’effet de la longue canicule et de la pollution toxique provoquée par les incendies de forêt.

Les autorités recensent à présent 700 décès par jour, soit deux fois plus que l’été dernier. Avec 1.300 cadavres, les morgues de la capitale sont en passe d’atteindre leur pleine capacité et pourraient bientôt ne plus pouvoir faire face.

Cette surmortalité serait liée à la vague de chaleur sans précédent qui étouffe la capitale depuis des semaines et à l’épais nuage de smog qui y rend l’atmosphère âcre.

Cette pollution recouvrait la ville lundi pour la sixième journée consécutive. Dans ce nuage, les concentrations en monoxyde de carbone et en particules toxiques sont deux à trois fois plus élevées que le niveau maximal considéré comme sans danger pour la santé. La pollution de l’air a même atteint un record ce week-end : elle était proche du septuple de ce plafond.

En ce début de semaine, environ 550 feux de forêt étaient dénombrés à travers la Russie, pour la plupart dans l’ouest du pays. Autour de Moscou, une quarantaine d’incendies faisaient rage.

Sur la blogosphère russe, de nombreux contributeurs laissaient éclater leur colère. Sur le site LiveJournal, très fréquenté, un blogueur appelait à la démission du Premier ministre Vladimir Poutine, du maire de Moscou Youri Loujkov et d’autres responsables politiques.

Lundi, le Premier ministre russe Vladimir Poutine a par ailleurs précisé que la récolte de blé allait diminuer d’un tiers cette année pour descendre à 60 millions de tonnes. La Russie, troisième exportateur mondial de céréales, avait récolté l’an dernier 97 millions de tonnes de blé dont elle avait exporté 21,4 millions. Vladimir Poutine a précisé que le gouvernement ne lèverait pas avant la fin de l’année l’interdiction des exportations de blé. Annoncée jeudi, elle a déjà fait grimper les prix mondiaux.

Vers un accident nucléaire majeur ?

Par ailleurs, les autorités russes ont décrété l’état d’urgence autour du centre de retraitement et stockage de déchets nucléaires de Maïak, menacé par les incendies qui ravagent la Russie. Plusieurs autres installations nucléaires russes se trouvent aussi dans des zones à risques.

Pour le Réseau "Sortir du nucléaire", la situation est critique, d’autant plus que ni les autorités russes ni les autorités françaises ne semblent prendre la mesure de sa gravité. De façon plus générale, "les incendies risquent de mettre à mal les systèmes de refroidissement des installations nucléaires russes (pannes des équipements de pompage ou de re-circulation de l’eau de refroidissement, élévation de la température de l’air ambiant, etc.)," explique le Réseau dans un communiqué. "En l’absence de tout refroidissement, le coeur d’un réacteur nucléaire entre en fusion en quelques minutes. La fusion du coeur d’un réacteur russe déboucherait sur un accident d’une gravité comparable à la catastrophe de Tchernobyl".



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