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Sortir du nucléaire n°27



Juillet 2005

Stratégie industrielle

Retard en vue pour l’EPR français

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°27 - Juillet 2005

 EPR
Article publié le : 1er juillet 2005


Faisabilité technique à démontrer, capacités de production insuffisantes : pour Areva, les obstacles industriels s’accumulent pour construire l’EPR de Flammanville d’ici à 2012 comme prévu.



Question de crédibilité pour le numéro 1 mondial du nucléaire. A ses interlocuteurs, Anne Lauvergeon, la présidente d’Areva, affirme qu’elle fera tout pour que la cuve de l’EPR de Flamanville- 3 – et notamment sa partie supérieure, la virole porte-tubulure, la pièce maîtresse qui nécessite la fonte et le travail d’un lingot creux d’acier faiblement allié de 420 à 430 tonnes – soit fabriquée dans l’ex-« sanctuaire industriel du nucléaire français », dans le bassin du Creusot/Chalon-sur-Saône. Il ne peut en être autrement.
Areva, qui n’a déjà pas pu assurer la production de la première commande EPR destinée au finlandais TVO et a dû la sous-traiter au Japon, doit pouvoir réussir à maîtriser parfaitement l’élaboration de cette énorme virole. Une condition indispensable si le groupe veut vendre demain, à la Chine ou aux Etats-Unis, le seul réacteur de troisième génération aujourd’hui sur le marché. Un défi et une course de vitesse difficiles pour pouvoir surmonter cette « situation stratégique handicapante ».

Quatre ans de recherche

Résultat : le planning du premier EPR français est, à ce stade, bel et bien décalé de plusieurs années. La fabrication des pièces de la partie supérieure de la cuve, la plus complexe de l’îlot nucléaire, devrait être lancée dans deux ans pour que le réacteur puisse être mis en service, comme le souhaite EDF, en 2012. Elle ne le sera pas. De même pour les générateurs de vapeur dont quatre pièces de la virole sur huit demanderont encore deux ans d’études.
(…)

Parer au plus pressé

Faute de commandes nouvelles, la métallurgie nucléaire a perdu de sa superbe en France ces quinze dernières années, et surtout compromis son indépendance. La cuve de Civaux-2, le dernier réacteur d’EDF mis en service près de Poitiers fin 1999, a été coulée et forgée au début des années 1990. Ces heures fastes ne sont plus qu’un lointain souvenir. De surcroît, la partie supérieure de la cuve de l’EPR est très différente de celle de la génération précédente (palier N4), qui supposait la réalisation d’un lingot creux de 190 tonnes, une partie supérieure de la cuve en deux pièces et une tubulure posée et soudée sur des orifices creusés dans la virole.
(…)
Manifestement, les concepteurs du projet EPR – les Allemands de Siemens et les Français réunis au sein de Framatome ANP – ne se sont pas attardés sur les questions de faisabilité industrielle.
(…)
Conséquence : il faut aujourd’hui parer au plus pressé. L’ingénierie d’Areva est en surchauffe (trois ans et demi de commandes signées) en raison des deux grands chantiers finlandais et français, mais aussi des importantes commandes françaises et américaines en particulier (seize couvercles de cuves, vingt et un générateurs de vapeur et trois pressuriseurs). Du fait des pyramides d’âge ou de l’arrêt du programme nucléaire allemand depuis six ans, nombre d’ingénieurs et de chercheurs, des deux côtés du Rhin, sont partis vers d’autres horizons professionnels ou en préretraite.

Un pôle de compétitivité

L’autre défi est économique et passe par le projet de pôle de compétitivité PNB (Pôle Nucléaire Bourgogne) : lancer la fabrication de la totalité d’une cuve pour un ou deux réacteurs n’est plus rentable après plusieurs années de sous-activité des sites bourguignons spécialisés depuis toujours dans les composants lourds. Areva et ses partenaires souhaiteraient des engagements à long terme d’EDF, au-delà de l’actuelle tête de série. Combien d’EPR suivront Flamanville et à quelle échéance ? Aucun engagement irrévocable n’a été pris ni par l’Etat, ni par EDF, devenue société anonyme et déjà soucieuse de l’impact de ses décisions sur son entrée en Bourse, en principe toujours prévue avant la fin de cette année.
Via ce projet, les industriels impliqués dans l’aventure du « réacteur du XXIe siècle » vendent aux pouvoirs publics l’idée qu’il faut, dès maintenant, s’équiper pour construire cinquante EPR. En France, bien sûr, mais aussi en Chine, en Inde, au Pakistan, en Corée du Sud ou en Suède. Soit, en moyenne, quatre EPR par an. D’où l’obligation de rassembler, au plus vite, pour pouvoir « fabriquer les composants lourds du circuit primaire », 157 millions d’euros de crédit, dont 140 millions pour des investissements industriels (cuve et générateurs de vapeur) et 17 millions pour la Recherche et Développement et la formation.
Collectif régional L’EPR, Non merci - Ni ailleurs, ni ici !

Rejoignez et soutenez les opposants locaux à l’EPR et aux lignes THT

- A noter dès maintenant sur vos agendas : Manifestation nationale contre l’EPR près de Flamanville, les 15 et 16 avril 2006 à Cherbourg en Basse-Normandie.

- Soutenez l’action locale du Collectif “L’EPR, non merci - Ni ailleurs, ni ici” en envoyant votre soutien financier et en commandant des autocollants “EPR nucléaire, non merci” Prix par 10 autocollants (pas d’envoi d’autocollant à l’unité) : 12 €, port compris. Chèque à l’ordre de “CRILAN - mention EPR”.

Collectif “L’EPR, non merci - Ni ailleurs, ni ici” - Crilan
10, route d’Etang Val
50340 LES PIEUX
didier.anger@crilan.org
Extraits de L’Usine nouvelle
Jeudi 26 mai 2005

Question de crédibilité pour le numéro 1 mondial du nucléaire. A ses interlocuteurs, Anne Lauvergeon, la présidente d’Areva, affirme qu’elle fera tout pour que la cuve de l’EPR de Flamanville- 3 – et notamment sa partie supérieure, la virole porte-tubulure, la pièce maîtresse qui nécessite la fonte et le travail d’un lingot creux d’acier faiblement allié de 420 à 430 tonnes – soit fabriquée dans l’ex-« sanctuaire industriel du nucléaire français », dans le bassin du Creusot/Chalon-sur-Saône. Il ne peut en être autrement.
Areva, qui n’a déjà pas pu assurer la production de la première commande EPR destinée au finlandais TVO et a dû la sous-traiter au Japon, doit pouvoir réussir à maîtriser parfaitement l’élaboration de cette énorme virole. Une condition indispensable si le groupe veut vendre demain, à la Chine ou aux Etats-Unis, le seul réacteur de troisième génération aujourd’hui sur le marché. Un défi et une course de vitesse difficiles pour pouvoir surmonter cette « situation stratégique handicapante ».

Quatre ans de recherche

Résultat : le planning du premier EPR français est, à ce stade, bel et bien décalé de plusieurs années. La fabrication des pièces de la partie supérieure de la cuve, la plus complexe de l’îlot nucléaire, devrait être lancée dans deux ans pour que le réacteur puisse être mis en service, comme le souhaite EDF, en 2012. Elle ne le sera pas. De même pour les générateurs de vapeur dont quatre pièces de la virole sur huit demanderont encore deux ans d’études.
(…)

Parer au plus pressé

Faute de commandes nouvelles, la métallurgie nucléaire a perdu de sa superbe en France ces quinze dernières années, et surtout compromis son indépendance. La cuve de Civaux-2, le dernier réacteur d’EDF mis en service près de Poitiers fin 1999, a été coulée et forgée au début des années 1990. Ces heures fastes ne sont plus qu’un lointain souvenir. De surcroît, la partie supérieure de la cuve de l’EPR est très différente de celle de la génération précédente (palier N4), qui supposait la réalisation d’un lingot creux de 190 tonnes, une partie supérieure de la cuve en deux pièces et une tubulure posée et soudée sur des orifices creusés dans la virole.
(…)
Manifestement, les concepteurs du projet EPR – les Allemands de Siemens et les Français réunis au sein de Framatome ANP – ne se sont pas attardés sur les questions de faisabilité industrielle.
(…)
Conséquence : il faut aujourd’hui parer au plus pressé. L’ingénierie d’Areva est en surchauffe (trois ans et demi de commandes signées) en raison des deux grands chantiers finlandais et français, mais aussi des importantes commandes françaises et américaines en particulier (seize couvercles de cuves, vingt et un générateurs de vapeur et trois pressuriseurs). Du fait des pyramides d’âge ou de l’arrêt du programme nucléaire allemand depuis six ans, nombre d’ingénieurs et de chercheurs, des deux côtés du Rhin, sont partis vers d’autres horizons professionnels ou en préretraite.

Un pôle de compétitivité

L’autre défi est économique et passe par le projet de pôle de compétitivité PNB (Pôle Nucléaire Bourgogne) : lancer la fabrication de la totalité d’une cuve pour un ou deux réacteurs n’est plus rentable après plusieurs années de sous-activité des sites bourguignons spécialisés depuis toujours dans les composants lourds. Areva et ses partenaires souhaiteraient des engagements à long terme d’EDF, au-delà de l’actuelle tête de série. Combien d’EPR suivront Flamanville et à quelle échéance ? Aucun engagement irrévocable n’a été pris ni par l’Etat, ni par EDF, devenue société anonyme et déjà soucieuse de l’impact de ses décisions sur son entrée en Bourse, en principe toujours prévue avant la fin de cette année.
Via ce projet, les industriels impliqués dans l’aventure du « réacteur du XXIe siècle » vendent aux pouvoirs publics l’idée qu’il faut, dès maintenant, s’équiper pour construire cinquante EPR. En France, bien sûr, mais aussi en Chine, en Inde, au Pakistan, en Corée du Sud ou en Suède. Soit, en moyenne, quatre EPR par an. D’où l’obligation de rassembler, au plus vite, pour pouvoir « fabriquer les composants lourds du circuit primaire », 157 millions d’euros de crédit, dont 140 millions pour des investissements industriels (cuve et générateurs de vapeur) et 17 millions pour la Recherche et Développement et la formation.
Collectif régional L’EPR, Non merci - Ni ailleurs, ni ici !

Rejoignez et soutenez les opposants locaux à l’EPR et aux lignes THT

- A noter dès maintenant sur vos agendas : Manifestation nationale contre l’EPR près de Flamanville, les 15 et 16 avril 2006 à Cherbourg en Basse-Normandie.

- Soutenez l’action locale du Collectif “L’EPR, non merci - Ni ailleurs, ni ici” en envoyant votre soutien financier et en commandant des autocollants “EPR nucléaire, non merci” Prix par 10 autocollants (pas d’envoi d’autocollant à l’unité) : 12 €, port compris. Chèque à l’ordre de “CRILAN - mention EPR”.

Collectif “L’EPR, non merci - Ni ailleurs, ni ici” - Crilan
10, route d’Etang Val
50340 LES PIEUX
didier.anger@crilan.org
Extraits de L’Usine nouvelle
Jeudi 26 mai 2005



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