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Sortir du nucléaire n°80



Hiver 2019

International

Rencontre avec... Sonali Huria

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°80 - Hiver 2019

 Luttes et actions


Lors des rencontres internationales antinucléaires nous avons rencontré des militantes de divers pays, l’occasion pour nous de réaliser quelques interviews. Cette saison, après le portrait de Pinar Dermican, journaliste et militante Turque, découvrez celui de Sonali Huria, chercheuse indienne. Dans le prochain numéro de la revue vous pourrez découvrir le dernier portrait de notre série.



Sonali, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Sonali Huria. Je suis chercheuse auprès de la Commission des droits humains et je travaille pour le site internet Dia-nuke.org 1. Dans le cadre de ma thèse je m’intéresse au mouvement antinucléaire indien sous l’angle de la démocratie. C’est un mouvement qui subi beaucoup de répression de la part du gouvernement.

Comment en es-tu arrivée à te préoccuper du nucléaire ?

Lors de mon master en sciences politiques, j’ai suivi le cours d’un professeur également militant antinucléaire. Un de nos sujets d’étude était le développement du nucléaire pendant la guerre froide, mais il allait beaucoup plus loin dans son analyse. Ça a vraiment été le déclencheur de mon intérêt pour cette question.

Je me suis beaucoup intéressée aux mouvements sociaux en Inde, notamment dans le cadre de la Commission des droits humains. J’ai pu constater que l’espace pour dénoncer les projets de développement ou les violences policières se réduisait à peau de chagrin. Cela est particulièrement vrai pour le mouvement antinucléaire car depuis l’indépendance les gouvernements ont imposé une vision d’une Inde sauvée par la science, dont fait selon eux partie le nucléaire.

Quels sont les plus gros enjeux du mouvement antinucléaire en Inde ?

Je crois que le plus grand enjeu est celui de l’expansion du nucléaire. Malgré Fukushima, malgré les scandales internationaux, le gouvernement indien développe son programme nucléaire. Il importe des réacteurs, implique des entreprises locales, ouvre des mines d’uranium et des entreprises de transformation, etc.

Le deuxième enjeu est que les personnes qui protestent, celles qui sont les plus impactées par ces projets, sont parmi les plus pauvres en Inde. Ce sont des pêcheurs, des cultivateurs, ils sont dépendants des ressources naturelles qui les entourent. Malheureusement, on ne les consulte pas concernant le développement de ces activités. Par ailleurs, il y a un manque de solidarité entre les différents mouvements, pour des raisons géographiques et parce que chaque mouvement est pris dans sa propre lutte. Les moments de partage entre les différentes luttes sont essentiels mais trop rares. Il n’y a malheureusement pas de mouvement panindien antinucléaire.

Comment le mouvement antinucléaire français peut-il vous aider ?

Il est certain que vous pouvez nous aider en faisant pression sur vos entreprises et sur votre gouvernement qui tentent de vendre cette technologie à l’Inde. Les premières victimes sont les populations très pauvres de l’Inde qui souffrent vraiment des profits et des intérêts de ces entreprises.

Un dernier mot ?

Le mouvement antinucléaire doit s’internationaliser.

Nous devrions créer un site internet contributif où chacun d’entre nous pourrait partager sa connaissance des luttes locales ou nationales contre cette industrie. Cela permettrait d’exposer la facette répressive et antidémocratique du nucléaire. Il faut montrer au monde entier que la police, les militaires et l’État sont tous partis prenants et que cette industrie viole trop souvent les droits humains. Nous devons être bras dessus, bras dessous pour lutter contre eux.

Propos recueillis par Anne-Lise Devaux

Sonali, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Sonali Huria. Je suis chercheuse auprès de la Commission des droits humains et je travaille pour le site internet Dia-nuke.org 1. Dans le cadre de ma thèse je m’intéresse au mouvement antinucléaire indien sous l’angle de la démocratie. C’est un mouvement qui subi beaucoup de répression de la part du gouvernement.

Comment en es-tu arrivée à te préoccuper du nucléaire ?

Lors de mon master en sciences politiques, j’ai suivi le cours d’un professeur également militant antinucléaire. Un de nos sujets d’étude était le développement du nucléaire pendant la guerre froide, mais il allait beaucoup plus loin dans son analyse. Ça a vraiment été le déclencheur de mon intérêt pour cette question.

Je me suis beaucoup intéressée aux mouvements sociaux en Inde, notamment dans le cadre de la Commission des droits humains. J’ai pu constater que l’espace pour dénoncer les projets de développement ou les violences policières se réduisait à peau de chagrin. Cela est particulièrement vrai pour le mouvement antinucléaire car depuis l’indépendance les gouvernements ont imposé une vision d’une Inde sauvée par la science, dont fait selon eux partie le nucléaire.

Quels sont les plus gros enjeux du mouvement antinucléaire en Inde ?

Je crois que le plus grand enjeu est celui de l’expansion du nucléaire. Malgré Fukushima, malgré les scandales internationaux, le gouvernement indien développe son programme nucléaire. Il importe des réacteurs, implique des entreprises locales, ouvre des mines d’uranium et des entreprises de transformation, etc.

Le deuxième enjeu est que les personnes qui protestent, celles qui sont les plus impactées par ces projets, sont parmi les plus pauvres en Inde. Ce sont des pêcheurs, des cultivateurs, ils sont dépendants des ressources naturelles qui les entourent. Malheureusement, on ne les consulte pas concernant le développement de ces activités. Par ailleurs, il y a un manque de solidarité entre les différents mouvements, pour des raisons géographiques et parce que chaque mouvement est pris dans sa propre lutte. Les moments de partage entre les différentes luttes sont essentiels mais trop rares. Il n’y a malheureusement pas de mouvement panindien antinucléaire.

Comment le mouvement antinucléaire français peut-il vous aider ?

Il est certain que vous pouvez nous aider en faisant pression sur vos entreprises et sur votre gouvernement qui tentent de vendre cette technologie à l’Inde. Les premières victimes sont les populations très pauvres de l’Inde qui souffrent vraiment des profits et des intérêts de ces entreprises.

Un dernier mot ?

Le mouvement antinucléaire doit s’internationaliser.

Nous devrions créer un site internet contributif où chacun d’entre nous pourrait partager sa connaissance des luttes locales ou nationales contre cette industrie. Cela permettrait d’exposer la facette répressive et antidémocratique du nucléaire. Il faut montrer au monde entier que la police, les militaires et l’État sont tous partis prenants et que cette industrie viole trop souvent les droits humains. Nous devons être bras dessus, bras dessous pour lutter contre eux.

Propos recueillis par Anne-Lise Devaux



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