Faire un don

Sortir du nucléaire n°79



Automne 2018

International

Rencontre avec... Pinar Dermican

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°79 - Automne 2018



Lors des Rencontres internationales antinucléaires nous avons rencontré des militantes de divers pays, l’occasion pour nous de réaliser quelques interviews. Cette saison découvrez le portrait de Pinar Dermican, journaliste, militante turque. Dans les prochains numéros de la revue nous vous proposerons d’autres portraits de militantes rencontrées à cette occasion.



RSDN : Bonjour Pinar, peux-tu te présenter ?

Pinar Dermican : Je suis journaliste et j’écris pour Yesil Gazete  [1]. Je coordonne Nükleersiz.org  [2], créé en 2012. Je considère qu’il faut voir plus loin que le bout de son nez sur la question du nucléaire donc je suis également en lien avec des militants et journalistes d’autres pays.

RSDN : Comment en es-tu arrivée à te préoccuper du nucléaire ? Pinar Dermican : C’est l’accident de Fukushima qui a éveillé ma conscience. Je parle japonais et je travaillais en 2011 pour une grosse entreprise japonaise. Après l’accident, il était évident pour moi, que le projet d’installation de centrale nucléaire à Sinop 3 signé avec le Japon était une fuite en avant. Nous sommes un pays très exposé au risque sismique et politiquement instable.

Pourquoi projeter l’installation de centrales nucléaires, alors que depuis 70 ans il n’y a aucune solution pour les déchets et que le transport de l’uranium est très problématique ?

RSDN : Quels sont les plus gros enjeux du mouvement antinucléaire en Turquie ?

Pinar Dermican : Le mouvement antinucléaire est assez fort en Turquie. Né dans les années 70 il a connu un pic lors du passage du nuage radioactif de Tchernobyl sur la côte nord du pays, d’où provient la plus grande partie de notre ressource en poisson.

Je vois trois combats. En 2015, l’Agence internationale de l’énergie atomique a critiqué la Turquie pour ne pas avoir de régulateur indépendant. En réponse et en 2018, le gouvernement a mis en place un régulateur mais dont le dirigeant est le Président (sic). Par ailleurs, entre les risques sis- miques et terroristes en Turquie nous sommes très exposés. Enfin, en matière d’énergie renouvelable (solaire et éolien) nous pourrions produire bien plus.

RSDN : Comment le mouvement antinucléaire français peut-il vous aider ?

Pinar Dermican : Nous sommes connectés par la chaîne du nucléaire et c’est essentiel de s’allier pour être puissants. Pour l’Europe, le risque d’avoir des centrales nucléaires en zone sismique à deux pas de son territoire est immense. Le projet de Sinop c’est avec Mitsubishi qui fait partie de l’alliance Renault-Nissan. Une autre entreprise française, Areva, est très intéressée par le développement du nucléaire en Turquie. Prenez vos drapeaux et dites non à Areva, dites non à Renault-Nissan, dites non au projet de Sinop ! Les japonais le font. Vous aussi faites-le, s’il vous plaît !

RSDN : Un dernier mot ?

Pinar Dermican : Si nous militants, journalistes, citoyens du monde nous n’avions pas ressenti le risque de ce qui se passe nous ne ferions pas cela. Les politiques ne prennent pas en considération l’aspect libéral et l’industrie ne fait cela que pour son propre profit financier. Il est difficile de changer le système. Trouvons des solutions dans celui-ci pour protéger l’humain et l’environnement. C’est possible en partie avec le renouvelable. Siemens proposait à la Turquie l’installation d’une centrale nucléaire mais suite à une affaire de corruption ils sont partis. Quelques années plus tard ils sont revenus avec un projet de parc photovoltaïque avec un coût très faible pour le kilowatt-heure. Nous sommes satisfaits de ce genre de projet. Pourquoi Areva ne ferai pas cela ?

Anne-Lise Devaux


Notes

[1Journal d’écologie politique en lien avec le mouvement des Verts en Turquie.

[2Site internet d’information et de mobilisation sur l’énergie nucléaire de l’association antinucléaire turque “Sans nucléaire“

RSDN : Bonjour Pinar, peux-tu te présenter ?

Pinar Dermican : Je suis journaliste et j’écris pour Yesil Gazete  [1]. Je coordonne Nükleersiz.org  [2], créé en 2012. Je considère qu’il faut voir plus loin que le bout de son nez sur la question du nucléaire donc je suis également en lien avec des militants et journalistes d’autres pays.

RSDN : Comment en es-tu arrivée à te préoccuper du nucléaire ? Pinar Dermican : C’est l’accident de Fukushima qui a éveillé ma conscience. Je parle japonais et je travaillais en 2011 pour une grosse entreprise japonaise. Après l’accident, il était évident pour moi, que le projet d’installation de centrale nucléaire à Sinop 3 signé avec le Japon était une fuite en avant. Nous sommes un pays très exposé au risque sismique et politiquement instable.

Pourquoi projeter l’installation de centrales nucléaires, alors que depuis 70 ans il n’y a aucune solution pour les déchets et que le transport de l’uranium est très problématique ?

RSDN : Quels sont les plus gros enjeux du mouvement antinucléaire en Turquie ?

Pinar Dermican : Le mouvement antinucléaire est assez fort en Turquie. Né dans les années 70 il a connu un pic lors du passage du nuage radioactif de Tchernobyl sur la côte nord du pays, d’où provient la plus grande partie de notre ressource en poisson.

Je vois trois combats. En 2015, l’Agence internationale de l’énergie atomique a critiqué la Turquie pour ne pas avoir de régulateur indépendant. En réponse et en 2018, le gouvernement a mis en place un régulateur mais dont le dirigeant est le Président (sic). Par ailleurs, entre les risques sis- miques et terroristes en Turquie nous sommes très exposés. Enfin, en matière d’énergie renouvelable (solaire et éolien) nous pourrions produire bien plus.

RSDN : Comment le mouvement antinucléaire français peut-il vous aider ?

Pinar Dermican : Nous sommes connectés par la chaîne du nucléaire et c’est essentiel de s’allier pour être puissants. Pour l’Europe, le risque d’avoir des centrales nucléaires en zone sismique à deux pas de son territoire est immense. Le projet de Sinop c’est avec Mitsubishi qui fait partie de l’alliance Renault-Nissan. Une autre entreprise française, Areva, est très intéressée par le développement du nucléaire en Turquie. Prenez vos drapeaux et dites non à Areva, dites non à Renault-Nissan, dites non au projet de Sinop ! Les japonais le font. Vous aussi faites-le, s’il vous plaît !

RSDN : Un dernier mot ?

Pinar Dermican : Si nous militants, journalistes, citoyens du monde nous n’avions pas ressenti le risque de ce qui se passe nous ne ferions pas cela. Les politiques ne prennent pas en considération l’aspect libéral et l’industrie ne fait cela que pour son propre profit financier. Il est difficile de changer le système. Trouvons des solutions dans celui-ci pour protéger l’humain et l’environnement. C’est possible en partie avec le renouvelable. Siemens proposait à la Turquie l’installation d’une centrale nucléaire mais suite à une affaire de corruption ils sont partis. Quelques années plus tard ils sont revenus avec un projet de parc photovoltaïque avec un coût très faible pour le kilowatt-heure. Nous sommes satisfaits de ce genre de projet. Pourquoi Areva ne ferai pas cela ?

Anne-Lise Devaux



Soyez au coeur de l'information !

Tous les 3 mois, retrouvez 36 pages (en couleur) de brèves, interviews, articles, BD, alternatives concrètes, actions originales, luttes antinucléaires à l’étranger, décryptages, etc.

Je m'abonne à la revue du Réseau