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Sortir du nucléaire n°82



Été 2019

Actualités

Les conséquences d’un accident nucléaire en Suisse ou au Bugey étudiées de près

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°82 - Été 2019

 Organisations antinucléaires étrangères  Risque nucléaire  Etat du parc nucléaire français


Si un accident survenait sur les centrales suisses de Beznau, Gösgen, Mühleberg ou Leibstadt, ou encore au Bugey, combien de personnes faudrait-il évacuer ? Quelle serait l’étendue des territoires touchés, l’ampleur des retombées sanitaires ? Voilà les questions auxquelles a tenté de répondre une étude commandée par l’association Sortir du nucléaire Suisse Romande [1] à l’Institut Biosphère de Genève, avec le soutien financier des Villes de Genève et de Neuchâtel notamment. Publiés le 21 mai 2019, les résultats de cette recherche imposent une prise de conscience en urgence.



Cette recherche a été confiée à Frédéric-Paul Piguet, docteur en sciences de l’environnement, qui s’est entouré d’une équipe pluridisciplinaire (spécialistes du nucléaire, médecin, géomaticiens de l’université de Genève, météorologues). Les experts ont d’abord comptabilisé la radioactivité susceptible d’être rejetée en cas d’accident majeur par un (seul) réacteur dans chacune des quatre centrales suisses et pour celle du Bugey, dans l’Ain, au regard de la quantité de combustible qu’elles contiennent. Ils ont ensuite tenté de cartographier la propagation des retombées radioactives et la concentration de la contamination, appliquant pour chaque cas les données météorologiques réelles de chaque journée de l’année 2017. Enfin, croisant les résultats obtenus avec les données démographiques, des médecins ont essayé d’évaluer le nombre de personnes susceptibles d’être atteintes de maladies radio-induites et d’en décéder.

Rendue publique le 21 mai et téléchargeable sur le site de l’Institut Biosphère [2] , cette étude comporte de nombreuses cartes permettant de visualiser l’ampleur des retombées potentielles. Dans la majorité des cas, une large partie du territoire suisse serait touchée. Sous certaines conditions météorologiques, le panache pourrait traverser l’Allemagne du sud vers le nord, s’étendre sur toute la région Grand Est, voire traverser la France d’est en ouest... ou même atteindre les côtes du Maghreb ! Reprenant ces données, Sortir du nucléaire Suisse Romande a publié sur son site [3] des vidéos simulant le déploiement heure par heure du panache pour les centrales helvètes.

Quant aux chiffres avancés par l’étude, ils font froid dans le dos. Selon le site touché et l’état de la météo, entre 16,4 et 24 millions de personnes seraient concernées en Europe par une contamination d’ampleur (le pire cas étant celui d’un accident nucléaire au Bugey). 20 000 à 50000 cas de cancers radio-induits pourraient se développer, auxquels s’ajouteraient entre 7500 et 18500 pathologies cardiovasculaires radio-induites qui surviendraient plus tardivement. Entre 250 000 et 500 000 personnes devraient être évacuées et relogées. De 16 000 à 37000 km2 de terres agricoles seraient contaminées. Ces données alarmantes viennent démontrer des évidences qu’il ne devrait normalement plus être nécessaire de répéter : la radioactivité ne s’arrête pas aux frontières et les retombées d’un accident ne restent pas sagement confinées dans les 20 km de rayon prévus par les Plans Particuliers d’Intervention (PPI). L’éventualité d’une telle catastrophe doit être prise au sérieux, au vu de l’âge canonique atteint par les réacteurs helvétiques (entre 36 et 50 ans de fonctionnement), et des risques spécifiques à la centrale du Bugey, la plus âgée après Fessenheim. Implantée à 35 kilomètres de Lyon, cette dernière cumule : équipements en fin de vie, enceintes de confinement poreuses, problèmes récurrents liés à une maintenance insuffisante, risque d’inondation en cas de rupture du barrage de Vouglans... Alors qu’EDF, avec la bénédiction du gouvernement français, prétend pousser le fonctionnement des réacteurs à 50, voire 60 ans, il est d’autant plus urgent de se mobiliser pour éviter d’être un jour victime d’une telle catastrophe.

Charlotte Mijeon


Notes

[1Sortir du nucléaire Suisse Romande est une association indépendante du Réseau “Sortir du nucléaire“, dont elle est cependant membre.

[2Retrouvez l’étude et les informations sur la méthodologie appliquée sur la page www.tinyurl.com/eunupri19, Textes en anglais pour faciliter la relecture par des pairs au niveau international.

Cette recherche a été confiée à Frédéric-Paul Piguet, docteur en sciences de l’environnement, qui s’est entouré d’une équipe pluridisciplinaire (spécialistes du nucléaire, médecin, géomaticiens de l’université de Genève, météorologues). Les experts ont d’abord comptabilisé la radioactivité susceptible d’être rejetée en cas d’accident majeur par un (seul) réacteur dans chacune des quatre centrales suisses et pour celle du Bugey, dans l’Ain, au regard de la quantité de combustible qu’elles contiennent. Ils ont ensuite tenté de cartographier la propagation des retombées radioactives et la concentration de la contamination, appliquant pour chaque cas les données météorologiques réelles de chaque journée de l’année 2017. Enfin, croisant les résultats obtenus avec les données démographiques, des médecins ont essayé d’évaluer le nombre de personnes susceptibles d’être atteintes de maladies radio-induites et d’en décéder.

Rendue publique le 21 mai et téléchargeable sur le site de l’Institut Biosphère [1] , cette étude comporte de nombreuses cartes permettant de visualiser l’ampleur des retombées potentielles. Dans la majorité des cas, une large partie du territoire suisse serait touchée. Sous certaines conditions météorologiques, le panache pourrait traverser l’Allemagne du sud vers le nord, s’étendre sur toute la région Grand Est, voire traverser la France d’est en ouest... ou même atteindre les côtes du Maghreb ! Reprenant ces données, Sortir du nucléaire Suisse Romande a publié sur son site [2] des vidéos simulant le déploiement heure par heure du panache pour les centrales helvètes.

Quant aux chiffres avancés par l’étude, ils font froid dans le dos. Selon le site touché et l’état de la météo, entre 16,4 et 24 millions de personnes seraient concernées en Europe par une contamination d’ampleur (le pire cas étant celui d’un accident nucléaire au Bugey). 20 000 à 50000 cas de cancers radio-induits pourraient se développer, auxquels s’ajouteraient entre 7500 et 18500 pathologies cardiovasculaires radio-induites qui surviendraient plus tardivement. Entre 250 000 et 500 000 personnes devraient être évacuées et relogées. De 16 000 à 37000 km2 de terres agricoles seraient contaminées. Ces données alarmantes viennent démontrer des évidences qu’il ne devrait normalement plus être nécessaire de répéter : la radioactivité ne s’arrête pas aux frontières et les retombées d’un accident ne restent pas sagement confinées dans les 20 km de rayon prévus par les Plans Particuliers d’Intervention (PPI). L’éventualité d’une telle catastrophe doit être prise au sérieux, au vu de l’âge canonique atteint par les réacteurs helvétiques (entre 36 et 50 ans de fonctionnement), et des risques spécifiques à la centrale du Bugey, la plus âgée après Fessenheim. Implantée à 35 kilomètres de Lyon, cette dernière cumule : équipements en fin de vie, enceintes de confinement poreuses, problèmes récurrents liés à une maintenance insuffisante, risque d’inondation en cas de rupture du barrage de Vouglans... Alors qu’EDF, avec la bénédiction du gouvernement français, prétend pousser le fonctionnement des réacteurs à 50, voire 60 ans, il est d’autant plus urgent de se mobiliser pour éviter d’être un jour victime d’une telle catastrophe.

Charlotte Mijeon



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