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Sortir du nucléaire n°83



Automne 2019

Agir : Bure’lesques

Les Bure’lesques, une seconde édition qui fait du bien

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°83 - Automne 2019



Du 9 au 11 août 2019, les Bure’lesques ont posé leurs chapiteaux à quelques kilomètres de Bure (55). Conférences, ciné-débats, concerts, théâtre, bal, cantines, village associatif et spectacles : les trois jours ont attiré plus de 3 000 personnes. Un moment d’information, de divertissement et de cohésion, précieux pour préparer la nouvelle séquence des prochaines mobilisations contre les travaux préparatoires de Cigéo.



© Automedia

Ces bénévoles qui rendent tout ça possible

Entre Hévilliers et Couvert-puits, la nuit tombe sur la vallée qui accueillera la seconde édition des Bure’lesques dans quelques jours. Le quatrième chapiteau vient d’être monté par les compagnies de cirque locales et les dernières bouses de vaches retirées. Ici, un petit groupe s’active pour finaliser les panneaux qui guideront les festivaliers sur l’immense terrain généreusement mis à disposition. Là-bas, un binôme termine de baliser l’espace camping qui surplombe le site tandis qu’un second délimite le futur parking à l’aide de rubalise. Plus loin, trois jeunes hilares s’attèlent à fabriquer les poubelles qui permettront de restituer le lieu impeccable. Devant les tables de brasserie, l’équipe de la Marmijote concocte des petits plats locaux et bio. On annonce grand soleil pour tout le week-end.

C’est le jour J. Vendredi soir sous le chapiteau Spectacles, le procès de Cigéo familiarise les novices au projet de poubelle atomique à Bure et distille les informations façon comédie. Les petits rigolent, les plus grands réfléchissent. À la nuit tombée, le chapiteau Concerts déborde. Tout le monde veut s’essayer à l’initiation de danse. Un peu plus tôt, on relâche la pression lors d’un bal folk endiablé. Au même moment, sous le chapiteau Projections, le film Fukushima, le couvercle du soleil ouvre le bal de trois jours de ciné-débats.

Samedi matin, le brief des bénévoles se déroule autour de tasses de café et en tailleur, sous la caméra d’Arte qui découvre l’autogestion. À l’entrée du parking, une équipe enjouée distribue un sac poubelle à chaque participant.e. À l’accueil, des bénévoles souriants et énergiques renseignent les premiers visiteurs.euses Beaucoup arrivent en covoiturage, d’autres à vélo ou même à pied. Plusieurs personnes, non coutumières des événements autogérés, sont bluffées par le fonctionnement, sans pression mais si bien rôdé. Les cantines proposent des repas délicieux et copieux à prix libre, l’équipe vaisselle fait briller les assiettes avec une efficacité déconcertante et les toilettes sèches sont impeccables et éclairées avec de petites bougies romantiques, s’il vous plaît !

Concerts, conférences, cantines et spectacles : le pari réussi

Pour ce deuxième jour, familles, groupes de jeunes, couples, esprits voyageurs et curieux déambulent. Les copains et les copines se retrouvent, les autres se découvrent. Les conférences s’enchaînent et attirent de nombreuses personnes. Les intervenant.e.s proposent des exposés clairs et précis, qui confortent les déjà-convaincus et interpellent les plus profanes. Ce matin, c’est l’avancement des travaux autour du laboratoire de Bure et le point sur les transports de matières et de déchets radioactifs dans la région, qui occupent les débats. Dans l’après-midi, Catherine Fumé (SDN Berry-Giennois-Puisaye) fera un topo sur les rachats de terres par EDF autour des centrales nucléaires françaises.

Quand les cerveaux chauffent trop, le programme permet d’aller se détendre devant un concert ou de s’émerveiller devant le spectacle équestre de la compagnie Azul Bangor, avec la performance magique du cirque Rouage ou face à l’incroyable prestation de 45 degrés sans eau. Au crépuscule, les Chorales Révolutionnaires chauffent le public tandis que celles et ceux qui ont un petit creux font la queue aux stands crêpes, frites ou pizzas. Après le repas, les participant.e.s contemplent le lâcher de lanternes : une dizaine de petites lucioles s’élèvent dans le ciel étoilé, puis une géante, qui ravive la flamme anti- nucléaire. Plus tard, l’animation du Wagon Rouge alerte sur les transports de déchets radioactifs d’une façon très visuelle.

© automedia - Spectacle 100 000 ans - Cie L’Illiaque

Dans la nuit, on danse, on s’enlace et on chante aux cris de “On est plus chauds que Cigéo“. La rythmique entraînante de Taxi Kebab électrise la foule. Les couche-tard regagnent leurs tentes en suivant les appliques en récup’ qui tracent le chemin.

Dimanche, les interventions de Greenpeace sur la crise mondiale des déchets, de la grange de Montabot sur la lutte contre la ligne THT Cotentin-Maine, et de la CRIIRAD sur les déchets radioactifs oubliés se succèdent, rassemblant chaque fois un public large et divers. Deux jeunes militant.e.s de RadiAction [1] viennent parler de leurs envies pour contribuer à la lutte antinucléaire. Le débat promet de belles choses pour l’avenir.

Alors qu’elle retire une à une les sardines de sa tente, une festivalière aux cheveux roux en chignon se réjouit, grisée par l’affluence record : “Il n’y a toujours pas de déchets radioactifs à Bure, et il n’y en aura jamais pour peu qu’on se bouge !“ Fatigué mais euphorique, un bénévole renchérit : “Dans deux ans, on fera la troisième édition des Bure’lesques. Mais cette fois-ci, ce sera pour fêter l’abandon du projet, qu’on aura arraché par notre détermination et notre solidarité.“

Un festival tourné vers l’avenir

Le dimanche soir, la vallée verdoyante ne désemplit pas. Les burgers végé font l’unanimité. On se dit au revoir, on se promet de nouveaux temps de militantisme festifs, on attrape une affiche de Vent de Bure ou un exemplaire d’Info Bure, édité par l’association Bure Stop. Il restera encore du démontage pour l’équipe bénévole les jours suivants.

Julien Baldassarra

© automedia

Notes

[1Voir interview pages 15 et 16

© Automedia

Ces bénévoles qui rendent tout ça possible

Entre Hévilliers et Couvert-puits, la nuit tombe sur la vallée qui accueillera la seconde édition des Bure’lesques dans quelques jours. Le quatrième chapiteau vient d’être monté par les compagnies de cirque locales et les dernières bouses de vaches retirées. Ici, un petit groupe s’active pour finaliser les panneaux qui guideront les festivaliers sur l’immense terrain généreusement mis à disposition. Là-bas, un binôme termine de baliser l’espace camping qui surplombe le site tandis qu’un second délimite le futur parking à l’aide de rubalise. Plus loin, trois jeunes hilares s’attèlent à fabriquer les poubelles qui permettront de restituer le lieu impeccable. Devant les tables de brasserie, l’équipe de la Marmijote concocte des petits plats locaux et bio. On annonce grand soleil pour tout le week-end.

C’est le jour J. Vendredi soir sous le chapiteau Spectacles, le procès de Cigéo familiarise les novices au projet de poubelle atomique à Bure et distille les informations façon comédie. Les petits rigolent, les plus grands réfléchissent. À la nuit tombée, le chapiteau Concerts déborde. Tout le monde veut s’essayer à l’initiation de danse. Un peu plus tôt, on relâche la pression lors d’un bal folk endiablé. Au même moment, sous le chapiteau Projections, le film Fukushima, le couvercle du soleil ouvre le bal de trois jours de ciné-débats.

Samedi matin, le brief des bénévoles se déroule autour de tasses de café et en tailleur, sous la caméra d’Arte qui découvre l’autogestion. À l’entrée du parking, une équipe enjouée distribue un sac poubelle à chaque participant.e. À l’accueil, des bénévoles souriants et énergiques renseignent les premiers visiteurs.euses Beaucoup arrivent en covoiturage, d’autres à vélo ou même à pied. Plusieurs personnes, non coutumières des événements autogérés, sont bluffées par le fonctionnement, sans pression mais si bien rôdé. Les cantines proposent des repas délicieux et copieux à prix libre, l’équipe vaisselle fait briller les assiettes avec une efficacité déconcertante et les toilettes sèches sont impeccables et éclairées avec de petites bougies romantiques, s’il vous plaît !

Concerts, conférences, cantines et spectacles : le pari réussi

Pour ce deuxième jour, familles, groupes de jeunes, couples, esprits voyageurs et curieux déambulent. Les copains et les copines se retrouvent, les autres se découvrent. Les conférences s’enchaînent et attirent de nombreuses personnes. Les intervenant.e.s proposent des exposés clairs et précis, qui confortent les déjà-convaincus et interpellent les plus profanes. Ce matin, c’est l’avancement des travaux autour du laboratoire de Bure et le point sur les transports de matières et de déchets radioactifs dans la région, qui occupent les débats. Dans l’après-midi, Catherine Fumé (SDN Berry-Giennois-Puisaye) fera un topo sur les rachats de terres par EDF autour des centrales nucléaires françaises.

Quand les cerveaux chauffent trop, le programme permet d’aller se détendre devant un concert ou de s’émerveiller devant le spectacle équestre de la compagnie Azul Bangor, avec la performance magique du cirque Rouage ou face à l’incroyable prestation de 45 degrés sans eau. Au crépuscule, les Chorales Révolutionnaires chauffent le public tandis que celles et ceux qui ont un petit creux font la queue aux stands crêpes, frites ou pizzas. Après le repas, les participant.e.s contemplent le lâcher de lanternes : une dizaine de petites lucioles s’élèvent dans le ciel étoilé, puis une géante, qui ravive la flamme anti- nucléaire. Plus tard, l’animation du Wagon Rouge alerte sur les transports de déchets radioactifs d’une façon très visuelle.

© automedia - Spectacle 100 000 ans - Cie L’Illiaque

Dans la nuit, on danse, on s’enlace et on chante aux cris de “On est plus chauds que Cigéo“. La rythmique entraînante de Taxi Kebab électrise la foule. Les couche-tard regagnent leurs tentes en suivant les appliques en récup’ qui tracent le chemin.

Dimanche, les interventions de Greenpeace sur la crise mondiale des déchets, de la grange de Montabot sur la lutte contre la ligne THT Cotentin-Maine, et de la CRIIRAD sur les déchets radioactifs oubliés se succèdent, rassemblant chaque fois un public large et divers. Deux jeunes militant.e.s de RadiAction [1] viennent parler de leurs envies pour contribuer à la lutte antinucléaire. Le débat promet de belles choses pour l’avenir.

Alors qu’elle retire une à une les sardines de sa tente, une festivalière aux cheveux roux en chignon se réjouit, grisée par l’affluence record : “Il n’y a toujours pas de déchets radioactifs à Bure, et il n’y en aura jamais pour peu qu’on se bouge !“ Fatigué mais euphorique, un bénévole renchérit : “Dans deux ans, on fera la troisième édition des Bure’lesques. Mais cette fois-ci, ce sera pour fêter l’abandon du projet, qu’on aura arraché par notre détermination et notre solidarité.“

Un festival tourné vers l’avenir

Le dimanche soir, la vallée verdoyante ne désemplit pas. Les burgers végé font l’unanimité. On se dit au revoir, on se promet de nouveaux temps de militantisme festifs, on attrape une affiche de Vent de Bure ou un exemplaire d’Info Bure, édité par l’association Bure Stop. Il restera encore du démontage pour l’équipe bénévole les jours suivants.

Julien Baldassarra

© automedia


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