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Sortir du nucléaire n°70



Août 2016

Le nucléaire au musée ! Un rêve ? Une réalité !

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°70 - Août 2016

 Culture antinucléaire


Mettre enfin le nucléaire au musée, SDN 38 l’a fait ! Certes que pour 10 jours, mais le symbole fut fort au centre de Grenoble, ville fortement marquée par la présence du CEA [1]. L’expression artistique permet d’élargir l’audience de notre lutte et de dépasser l’entre-soi des cercles militants. La rencontre entre militant-e-s et artistes permet aussi d’élargir l’éventail des actions possibles et le mélange des réseaux.



L’idée a germé au printemps 2015 : comment répondre à "l’Appel du 26 avril pour une insurrection artistique, intellectuelle, scientifique et populaire" lancé par la compagnie théâtrale Brut de Béton en prévision des tristes anniversaires des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima ?

Et si, pour rendre visible l’invisible contamination radioactive de la planète et les mensonges qui l’entourent, nous, SDN 38 et I-WHO [2], essayions de créer un événement artistique ? À l’exemple de "51 artistes contre l’A51" [3], exposition militante qui avait eu lieu à Grenoble un an auparavant à l’initiative des Amis de la Terre. Contactés, nombre de ces artistes, pour la plupart dauphinois, se révélèrent avoir une sensibilité et souvent déjà des œuvres sur le nucléaire ! Seuls quelques autres artistes hors région furent sollicités.

"Le cri", par Mireille Belle

S’est alors constitué un noyau organisateur constitué de bénévoles et de "professionnel-le-s militant-e-s". Une étudiante en master Projets culturels et une animatrice de musée ont co-assuré le rôle de commissaire d’exposition (choix et mise en place de grande qualité des œuvres). Le graphiste Géraud Bournet fut un pilier de l’événement en assurant la communication graphique, ainsi que la partie documentaire de l’expo avec l’agrandissement de 10 planches de son livre graphique "Franckushima".

Il fallut plusieurs mois de discussions pour convaincre la municipalité "verte-rouge-citoyenne" de Grenoble d’apporter son soutien en mettant l’Ancien Musée de peinture à notre disposition à titre gracieux. Et c’est donc là, dans deux grandes salles sur plus de 1000 m2, que furent installées près de 150 œuvres (peintures, photographies, sculptures, graphistes, installations) créées par 22 artistes.

300 personnes ont assisté à l’inauguration qui liait aux arts plastiques, musique et théâtre. Trompe marine, gong japonais et taiko (tambour japonais) ont sonné l’accueil du public et la clôture de l’événement, lors de laquelle un choeur a entonné un chant en japonais sur Fukushima. Auparavant, après les discours officiels dont celui de Michèle Rivasi, les comédiens de la Cie Acte3-Les Thébains avaient lu parmi la foule des extraits de "La Supplication" de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de littérature.

Trois soirées théâtrales avec une adaptation de ce texte ont conclu cette quinzaine d’"insurrection artistique, scientifique et citoyenne" qui avait commencé par une courte manifestation dans les rues de Grenoble et s’est poursuivie aussi avec quatre projections-débats.

Si la réalisation de ce projet a demandé un gros travail sur plus de 6 mois à un petit groupe motivé, le jeu en valait la chandelle : 1200 visiteurs au Musée, 200 spectateurs au théâtre et 160 au cinéma. Les commentaires du Livre d’Or de l’exposition montrent que l’entrée artistique, en réveillant les sens, permet une prise de conscience personnelle et ouvre à une volonté de savoir. S’approprier par soi-même la connaissance, c’est déjà un début de résistance.

"Ouf", par Rossella Genovese

Même constatation pour les représentations théâtrales. Le budget a pu rester équilibré grâce au soutien du Réseau "Sortir du nucléaire", d’Independent WHO, du groupe Les Verts-ALE du Parlement européen, de la Ville de Grenoble et surtout rester limité à 5000 € grâce au bénévolat des artistes plasticiens et comédiens.

Philippe Lambersens Sortir du nucléaire 38 Administrateur du Réseau "Sortir du nucléaire"


Notes

[1Le CEA a fourni deux anciens maires à Grenoble et a joué un rôle prépondérant dans cette ville où le lien entre recherche et industrie est érigé en modèle.

[2Independent-WHO-Nucléaire et santé : pour l’indépendance de l’OMS vis-à-vis de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique

[3A51 : autoroute au sud de Grenoble, très contestée.

L’idée a germé au printemps 2015 : comment répondre à "l’Appel du 26 avril pour une insurrection artistique, intellectuelle, scientifique et populaire" lancé par la compagnie théâtrale Brut de Béton en prévision des tristes anniversaires des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima ?

Et si, pour rendre visible l’invisible contamination radioactive de la planète et les mensonges qui l’entourent, nous, SDN 38 et I-WHO [1], essayions de créer un événement artistique ? À l’exemple de "51 artistes contre l’A51" [2], exposition militante qui avait eu lieu à Grenoble un an auparavant à l’initiative des Amis de la Terre. Contactés, nombre de ces artistes, pour la plupart dauphinois, se révélèrent avoir une sensibilité et souvent déjà des œuvres sur le nucléaire ! Seuls quelques autres artistes hors région furent sollicités.

"Le cri", par Mireille Belle

S’est alors constitué un noyau organisateur constitué de bénévoles et de "professionnel-le-s militant-e-s". Une étudiante en master Projets culturels et une animatrice de musée ont co-assuré le rôle de commissaire d’exposition (choix et mise en place de grande qualité des œuvres). Le graphiste Géraud Bournet fut un pilier de l’événement en assurant la communication graphique, ainsi que la partie documentaire de l’expo avec l’agrandissement de 10 planches de son livre graphique "Franckushima".

Il fallut plusieurs mois de discussions pour convaincre la municipalité "verte-rouge-citoyenne" de Grenoble d’apporter son soutien en mettant l’Ancien Musée de peinture à notre disposition à titre gracieux. Et c’est donc là, dans deux grandes salles sur plus de 1000 m2, que furent installées près de 150 œuvres (peintures, photographies, sculptures, graphistes, installations) créées par 22 artistes.

300 personnes ont assisté à l’inauguration qui liait aux arts plastiques, musique et théâtre. Trompe marine, gong japonais et taiko (tambour japonais) ont sonné l’accueil du public et la clôture de l’événement, lors de laquelle un choeur a entonné un chant en japonais sur Fukushima. Auparavant, après les discours officiels dont celui de Michèle Rivasi, les comédiens de la Cie Acte3-Les Thébains avaient lu parmi la foule des extraits de "La Supplication" de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de littérature.

Trois soirées théâtrales avec une adaptation de ce texte ont conclu cette quinzaine d’"insurrection artistique, scientifique et citoyenne" qui avait commencé par une courte manifestation dans les rues de Grenoble et s’est poursuivie aussi avec quatre projections-débats.

Si la réalisation de ce projet a demandé un gros travail sur plus de 6 mois à un petit groupe motivé, le jeu en valait la chandelle : 1200 visiteurs au Musée, 200 spectateurs au théâtre et 160 au cinéma. Les commentaires du Livre d’Or de l’exposition montrent que l’entrée artistique, en réveillant les sens, permet une prise de conscience personnelle et ouvre à une volonté de savoir. S’approprier par soi-même la connaissance, c’est déjà un début de résistance.

"Ouf", par Rossella Genovese

Même constatation pour les représentations théâtrales. Le budget a pu rester équilibré grâce au soutien du Réseau "Sortir du nucléaire", d’Independent WHO, du groupe Les Verts-ALE du Parlement européen, de la Ville de Grenoble et surtout rester limité à 5000 € grâce au bénévolat des artistes plasticiens et comédiens.

Philippe Lambersens Sortir du nucléaire 38 Administrateur du Réseau "Sortir du nucléaire"



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