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Des accidents nucléaires partout

France : Marcoule : Explosion dans une boîte à gant, une intervenante contaminée et blessée à la main




19 décembre 2018


Le 19 décembre 2018, une explosion est survenue dans une boite à gants de l’installation Atalante gérée par le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), sur le site nucléaire de Marcoule (Gard). L’intervenante, propulsée en arrière par le souffle, a été blessée à la main. Elle doit subir un très lourd traitement médical pour prévenir toute contamination interne via ses blessures, les résultats définitifs ne seront connus que fin janvier 2019. Ce sont les médias locaux qui ont fait circuler l’information. Ce sont également eux qui ont souligné les différences entre les faits relatés par la victime et le discours tenu par le service Communication du CEA. L’origine de l’explosion reste inconnue.

Le service de santé au travail du CEA a procédé à la réalisation d’examens radiotoxicologiques approfondis, afin d’évaluer la dose de rayonnements reçue par la salariée lors de l’événement. L’exploitant a informé l’ASN, le 15 mai 2019, des conclusions de ces examens : elle a reçu en une seule fois plus du quart de la limite annuelle réglementaire pour le corps entier. L’évènement significatif pour la radioprotection est classé au niveau 1 de l’échelle INES*. Quant à l’origine de l’explosion, elle reste encore inconnues 6 mois après. Des analyses complémentaires sont en cours afin d’identifier les substances et réactions à l’origine de l’éclatement du flacon.


C’est dans l’ATelier Alpha et Laboratoires pour ANalyses Transuraniens et Études de retraitement (ATALANTE), consacré au retraitement des combustibles nucléaires irradiés et à la gestion des déchets radioactifs de haute activité à vie longue, qu’a eu lieu cette explosion. Si le discours officiel a été l’éclatement d’un flacon manipulé dans la boîte à gants (enceinte de confinement dont la paroi transparente est muni de gants pour permettre des manipulations à l’intérieur de l’enceinte), la victime rapporte qu’elle était simplement en train de coller des étiquettes à l’intérieur de la boîte lorsqu’une forte déflagration s’est soudain produite. Le 21 décembre, une réunion de crise s’est tenue entre la direction du centre de Marcoule, l’inspection du travail et l’Autorité de sûreté nucléaire.

Ce que dit l’ASN :

Exposition d’un travailleur à une dose supérieure au quart de la limite annuelle réglementaire pour le corps entier

Publié le 23/05/2019

ATelier Alpha et Laboratoires d’Analyses des Transuraniens et d’Études de retraitement (Atalante) - Laboratoire de recherche et de développement et étude de production des actinides - CEA

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été informée par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), le 20 décembre 2018, de l’éclatement d’un flacon survenu le 19 décembre 2018 dans l’installation Atalante de Marcoule. L’incident s’est produit lors d’une opération de nettoyage de boîte à gants [1] par un expérimentateur. Cet éclatement a occasionné une blessure au niveau de la main gauche avec risque de contamination [2] interne, du fait de la détérioration du gant lors de l’événement. La victime a été prise en charge immédiatement et le confinement [3] de la boite à gants rapidement reconstitué par la mise en place d’un nouveau gant.

Le service de santé au travail du CEA a procédé à la réalisation d’examens radiotoxicologiques approfondis, afin d’évaluer la dose reçue par l’opérateur lors de l’événement. L’exploitant a informé l’ASN, le 15 mai 2019, des conclusions de ces examens et du dépassement du quart de la limite annuelle réglementaire de dose pour le corps entier, fixée à 20 mSv, sans dépassement de cette limite.

Cet événement n’a pas eu de conséquence sur l’environnement. En raison du dépassement du quart de la limite de la dose annuelle réglementaire pour le corps entier, l’ASN classe cet événement significatif au niveau 1 de l’échelle INES, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité.

L’ASN a réalisé, le 21 décembre 2018, une inspection portant sur cet incident. Elle a constaté la pertinence de la démarche d’analyse de l’événement, notamment concernant les lignes de défense sollicitées, et des actions correctives mises en place par l’exploitant. La lettre de suite est consultable sur le site Internet de l’ASN. Des analyses complémentaires sont en cours afin d’identifier les substances et réactions à l’origine de l’éclatement du flacon. L’exploitant devra prendre des dispositions, qui seront présentées à l’ASN lors de la révision de son compte rendu d’événement significatif, pour éviter que cet événement ne se reproduise.

https://www.asn.fr/Controler/Actualites-du-controle/Avis-d-incident-des-installations-nucleaires/Exposition-d-un-travailleur-Atalante

Consulter le rapport d’inspection réactive du 21 décembre 2018


Ce que disent les médias :

Midi Libre - par René DIEZ :

  • Bagnols : incident dans un laboratoire du site nucléaire Marcoule - Le 19/12/2018

Ce mercredi 19 décembre, suite à l’éclatement d’un flacon qu’il manipulait, un opérateur du CEA Marcoule a été victime d’une brûlure à la main et d’une contamination cutanée.

En milieu de matinée ce mercredi 19 décembre, un opérateur de l’installation Atalante du CEA (commissariat à l’énergie atomique) de Marcoule qui réalisait le rangement d’une boite à gants, a été victime d’une brûlure à la main et d’une contamination cutanée, suite à l’éclatement du flacon qu’il manipulait.

Service médical du centre

"La personne a été prise en charge par les services de sécurité de Marcoule et transférée vers le service médical du centre, accompagnée des trois collègues de travail qui se trouvaient dans le laboratoire qui n’a subi aucune contamination". La direction de communication du site indique que l’incident maîtrisé n’a pas nécessité d’évacuation des personnels."

La CGT alerte

Ce n’est pas anodin estime de son côté la CGT Marcoule rappelant que le syndicat a fait récemment un droit d’alerte sur les difficultés de sécurité autour de ce bâtiment. "La priorité était de gérer la situation de l’opérateur. Son état n’inspire aucune inquiétude", précise la communication de Marcoule. "La direction a informé aussitôt les membres du comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Les partenaires sociaux seront renseignés au fur et à mesure des analyses tirées de cet incident au sein du CHSCT".

https://www.midilibre.fr/2018/12/19/bagnols-incident-dans-un-laboratoire-du-site-nucleaire-marcoule,5735927.php

  • Bagnols : une explosion de boîte à gants dans un site nucléaire - Le 21/12/2018

L’opératrice ne manipulait pas un flacon mais collait des étiquettes. L’onde de choc de la déflagration l’a éjectée en arrière.

Une opératrice de l’installation Atalante du CEA de Marcoule, qui réalisait le rangement d’une boîte à gants, a été victime dans la matinée de mercredi d’une coupure à la main et d’une contamination cutanée, "suite à l’éclatement d’un flacon manipulé", faisait savoir aussitôt la communication de Marcoule. Une version rapportée de bonne foi par une collègue de travail. Mais selon la victime, l’incident ne s’est pas déroulé de cette façon. Alors qu’elle collait des étiquettes à l’intérieur de la boîte à gants, une forte déflagration s’est soudain produite faisant exploser le gant, l’onde de choc l’éjectant en arrière. Ses collègues de travail n’ont pas été touchés.

Traitement de cheval

Le service médical du centre nucléaire a immédiatement pris en charge l’opératrice réussissant à maîtriser la contamination des plaies un peu saignantes de sa main blessée par les éclats de plastiques. Durant trois jours, la jeune Bagnolaise de 37 ans a été perfusée à titre préventif pour empêcher l’éventuelle présence de plutonium de se fixer sur ses os ou son foie ce qui pourrait déclencher ultérieurement un cancer. Ce traitement de cheval, imposé par un protocole de soins, très rigoureux doit être renouvelé toutes les 72 heures. Ses urines et ses selles, recueillies en permanence seront aussi analysées et les résultats définitifs connus à la fin du mois de janvier. Bien entourée, la jeune femme a aussi vu un psychologue.

Réunion de crise

Ce vendredi 21 décembre les représentants de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire, de la direction du centre et de l’inspection du travail tenaient une réunion de crise pour chercher à savoir ce qui s’est passé dans ce laboratoire qui n’a subi aucune contamination. Le gant impacté est parti au spectro. Si l’opératrice qui faisait de la recherche pure pour Areva songeait à changer de voie, cette sérieuse mésaventure l’a personnellement convaincue : les boîtes à gants, c’est désormais pour elle, une histoire ancienne.

https://www.midilibre.fr/2018/12/21/bagnols-une-explosion-de-boite-a-gant-dans-un-site-nucleaire,5991598.php


* INES : International nuclear and radiological event scale (Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques) - Description et niveaux ici - https://www.asn.fr/Lexique/I/INES


[1Une boîte à gants est une enceinte de confinement isolant complètement un procédé par une paroi transparente (matériaux spéciaux qui filtrent une partie du rayonnement). Des gants sont installés dans la paroi pour permettre des manipulations de matière radioactive en toute sécurité. Le dispositif comprend en général une ventilation mettant la boîte en dépression par rapport à l’extérieur, ce qui permet de confiner les matières radioactives au sein de celle-ci. https://www.asn.fr/Lexique/B/Boite-a-gants

[2Mise en contact du corps avec une source radioactive. Dans le cas du corps humain, la contamination peut être interne (suite à inhalation, ingestion ou par une plaie) ou externe (dépôt sur la peau). Une contamination externe peut être éliminée par simple lavage. https://www.asn.fr/Lexique/C/Contamination

[3Dispositif de protection qui consiste à contenir les produits radioactifs à l’intérieur d’un périmètre déterminé fermé https://www.asn.fr/Lexique/C/Confinement


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Installation(s) concernée(s)

Marcoule

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