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Fessenheim : le risque d’accident majeur prolongé de 10 ans

Fessenheim : le risque d’accident majeur prolongé de 10 ans

Article publié le 24 juin 2011



Communiqué de presse du Réseau "Sortir du nucléaire" du 24/06/2011



Alors que la plus ancienne et la plus décriée des centrales françaises vient de dépasser les 30 ans d’âge, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) approuverait une prolongation pour 10 ans du fonctionnement du réacteur n°1 de Fessenheim. Le Réseau "Sortir du nucléaire" est profondément préoccupé par cette probable prolongation de la centrale.

Contrairement aux assertions d’Eric Besson, ministre chargé de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, répétées au micro de France Inter ce jeudi 23 juin 2011, le vieillissement des centrales ne les rend pas plus sûres : à titre d’exemple, la cuve du réacteur ou l’enceinte de confinement se dégradent, et ne peuvent être remplacées. Le quotidien Les Echos avait affirmé en avril 2009 que « lors des dernières visites décennales, vers 1999, les cuves de réacteurs situés au Tricastin et à Fessenheim avaient présenté des défauts de revêtement »(1). Il paraît difficilement imaginable que plus de 10 ans après, les cuves des réacteurs de Fessenheim se portent mieux.

Par ailleurs, rappelons que Fessenheim est également concernée par l’ “anomalie“ de série constatée sur 34 réacteurs français et signalée par le Réseau "Sortir du nucléaire" en février dernier. Un autre risque important : la centrale est située sur une faille sismique avérée. la révélation publique en 2003 de la falsification des données sismiques par EDF afin d’éviter la réalisation des travaux onéreux doit susciter la plus vive inquiétude quant à la résistance de Fessenheim en cas de séisme.


Un risque d’accident dénoncé par les Français comme par ses voisins

Le vieillissement de Fessenheim et le risque d’accident nucléaire inquiètent depuis déjà longtemps la population voisine. Ainsi, en 2009, près de 10 000 personnes s’étaient rassemblées à Colmar pour réclamer la fermeture de la centrale. Plus récemment, à l’occasion des 25 ans de Tchernobyl, plusieurs milliers de personnes avaient bloqué les ponts du Rhin entre la France et l’Allemagne.

Du côté des collectivités, l’inquiétude monte également. Depuis quelque mois, les motions pour la fermeture de Fessenheim se multiplient. Le 11 avril dernier, le conseil municipal de Strasbourg a voté à l’unanimité moins un voix une motion intitulé « Arrêtons Fessenheim » (2). Un « Appel solennel des Élus d’Alsace pour l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim » a également déjà été signé par plus de 350 élus et conseillers municipaux et le nombre de signatures croît de semaine en semaine.

Mais les Alsaciens ne sont pas les seuls à craindre la centrale : nos voisins d’outre-Jura s’inquiètent également de l’état de Fessenheim et en demandent l’arrêt immédiat. Les cantons suisses de Bâle Ville et Bâle Campagne ont appelé le 22 mars dernier la France à fermer Fessenheim, estimant qu’elle avait besoin d’être contrôlée minutieusement à la suite de l’accident au Japon (3). C’est également le cas de l’Allemagne qui, inquiète des conséquences que pourrait avoir sur son territoire un accident nucléaire en Alsace, demande la fermeture de la centrale, par l’intermédiaire de ses représentants à la CLIS de Fessenheim.

Une prolongation de la centrale jouée d’avance…

La prolongation de la durée de vie des centrales françaises constitue une question de survie pour l’industrie nucléaire : EDF revendique désormais auprès de l’ASN une maîtrise croissante des coûts, et l’électricien voit dans la prolongation des centrales vieillissantes un moyen d’assurer la rentabilité des installations. En effet, depuis 2003, les comptes d’EDF se basent déjà sur une durée de vie de 40 ans pour toutes les centrales nucléaires, et EDF communique désormais sur une durée de vie de… 60 ans.

En 2008 déjà, le directeur de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, avait déclaré qu’ « on peut imaginer que Fessenheim ne puisse plus continuer à fonctionner. Ça me paraît très improbable. Ce n’est pas vraiment l’hypothèse que j’imagine » (4) . Par ailleurs, il est d’ores et déjà planifié de procéder cet été au rechargement en combustible du réacteur n°1 de la plus vieille centrale française, alors même que la décision de l’ASN n’a toujours pas été émise suite à la visite décennale de l’hiver 2009-2010. Combustible inutile si la centrale était arrêtée…

… alors que la fermeture des centrales vieillissantes est indispensable

C’est même le directeur de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), M. Repussard, qui le confie le 16 juin 2011 au Figaro : « Certains éléments de la conception des réacteurs et de leur dimensionnement aux risques d’accidents graves doivent être revus. […] Catastrophe naturelle ou technologique, attaque terroriste et erreur humaine n’ont pas été traités systématiquement au motif que « ça n’arrivera jamais. […] Fukushima nous prouve le contraire, poursuit-il. Il y a des enchaînements de circonstances aggravantes, des combinaisons d’événements improbables que l’on estime a priori inimaginables mais qui finissent quand même par se produire. Comme je le dis parfois : « Il faut imaginer l’inimaginable. » (5)

Coïncidence du calendrier, un jeûne est organisé depuis le 18 avril dernier pour obtenir la fermeture de Fessenheim, et une chaîne humaine aura lieu ce dimanche 26 juin à partir de 14h autour de la centrale.

Pour en savoir plus : consultez notre dossier spécial Fessenheim
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Contacts presse :

Opale Crivello - 06 64 66 01 23
Jean-Pierre Minne - 06 71 07 24 47

Notes :

(1) Les Echos, 8 avril 2009.
(2) Dernières Nouvelles d’Alsace, 15 avril 2011
(3) Dépêche AFP, 23 mars 2011
(4) L’Alsace, 15 novembre 2008
(5) Le Figaro, 18 juin 2011

Alors que la plus ancienne et la plus décriée des centrales françaises vient de dépasser les 30 ans d’âge, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) approuverait une prolongation pour 10 ans du fonctionnement du réacteur n°1 de Fessenheim. Le Réseau "Sortir du nucléaire" est profondément préoccupé par cette probable prolongation de la centrale.

Contrairement aux assertions d’Eric Besson, ministre chargé de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, répétées au micro de France Inter ce jeudi 23 juin 2011, le vieillissement des centrales ne les rend pas plus sûres : à titre d’exemple, la cuve du réacteur ou l’enceinte de confinement se dégradent, et ne peuvent être remplacées. Le quotidien Les Echos avait affirmé en avril 2009 que « lors des dernières visites décennales, vers 1999, les cuves de réacteurs situés au Tricastin et à Fessenheim avaient présenté des défauts de revêtement »(1). Il paraît difficilement imaginable que plus de 10 ans après, les cuves des réacteurs de Fessenheim se portent mieux.

Par ailleurs, rappelons que Fessenheim est également concernée par l’ “anomalie“ de série constatée sur 34 réacteurs français et signalée par le Réseau "Sortir du nucléaire" en février dernier. Un autre risque important : la centrale est située sur une faille sismique avérée. la révélation publique en 2003 de la falsification des données sismiques par EDF afin d’éviter la réalisation des travaux onéreux doit susciter la plus vive inquiétude quant à la résistance de Fessenheim en cas de séisme.


Un risque d’accident dénoncé par les Français comme par ses voisins

Le vieillissement de Fessenheim et le risque d’accident nucléaire inquiètent depuis déjà longtemps la population voisine. Ainsi, en 2009, près de 10 000 personnes s’étaient rassemblées à Colmar pour réclamer la fermeture de la centrale. Plus récemment, à l’occasion des 25 ans de Tchernobyl, plusieurs milliers de personnes avaient bloqué les ponts du Rhin entre la France et l’Allemagne.

Du côté des collectivités, l’inquiétude monte également. Depuis quelque mois, les motions pour la fermeture de Fessenheim se multiplient. Le 11 avril dernier, le conseil municipal de Strasbourg a voté à l’unanimité moins un voix une motion intitulé « Arrêtons Fessenheim » (2). Un « Appel solennel des Élus d’Alsace pour l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim » a également déjà été signé par plus de 350 élus et conseillers municipaux et le nombre de signatures croît de semaine en semaine.

Mais les Alsaciens ne sont pas les seuls à craindre la centrale : nos voisins d’outre-Jura s’inquiètent également de l’état de Fessenheim et en demandent l’arrêt immédiat. Les cantons suisses de Bâle Ville et Bâle Campagne ont appelé le 22 mars dernier la France à fermer Fessenheim, estimant qu’elle avait besoin d’être contrôlée minutieusement à la suite de l’accident au Japon (3). C’est également le cas de l’Allemagne qui, inquiète des conséquences que pourrait avoir sur son territoire un accident nucléaire en Alsace, demande la fermeture de la centrale, par l’intermédiaire de ses représentants à la CLIS de Fessenheim.

Une prolongation de la centrale jouée d’avance…

La prolongation de la durée de vie des centrales françaises constitue une question de survie pour l’industrie nucléaire : EDF revendique désormais auprès de l’ASN une maîtrise croissante des coûts, et l’électricien voit dans la prolongation des centrales vieillissantes un moyen d’assurer la rentabilité des installations. En effet, depuis 2003, les comptes d’EDF se basent déjà sur une durée de vie de 40 ans pour toutes les centrales nucléaires, et EDF communique désormais sur une durée de vie de… 60 ans.

En 2008 déjà, le directeur de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, avait déclaré qu’ « on peut imaginer que Fessenheim ne puisse plus continuer à fonctionner. Ça me paraît très improbable. Ce n’est pas vraiment l’hypothèse que j’imagine » (4) . Par ailleurs, il est d’ores et déjà planifié de procéder cet été au rechargement en combustible du réacteur n°1 de la plus vieille centrale française, alors même que la décision de l’ASN n’a toujours pas été émise suite à la visite décennale de l’hiver 2009-2010. Combustible inutile si la centrale était arrêtée…

… alors que la fermeture des centrales vieillissantes est indispensable

C’est même le directeur de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), M. Repussard, qui le confie le 16 juin 2011 au Figaro : « Certains éléments de la conception des réacteurs et de leur dimensionnement aux risques d’accidents graves doivent être revus. […] Catastrophe naturelle ou technologique, attaque terroriste et erreur humaine n’ont pas été traités systématiquement au motif que « ça n’arrivera jamais. […] Fukushima nous prouve le contraire, poursuit-il. Il y a des enchaînements de circonstances aggravantes, des combinaisons d’événements improbables que l’on estime a priori inimaginables mais qui finissent quand même par se produire. Comme je le dis parfois : « Il faut imaginer l’inimaginable. » (5)

Coïncidence du calendrier, un jeûne est organisé depuis le 18 avril dernier pour obtenir la fermeture de Fessenheim, et une chaîne humaine aura lieu ce dimanche 26 juin à partir de 14h autour de la centrale.

Pour en savoir plus : consultez notre dossier spécial Fessenheim
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Opale Crivello - 06 64 66 01 23
Jean-Pierre Minne - 06 71 07 24 47

Notes :

(1) Les Echos, 8 avril 2009.
(2) Dernières Nouvelles d’Alsace, 15 avril 2011
(3) Dépêche AFP, 23 mars 2011
(4) L’Alsace, 15 novembre 2008
(5) Le Figaro, 18 juin 2011



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