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Nucléaire et risque sismique : arrêt d’urgence aux USA, multiples défaillances en France

Partie 2 : En France

Article publié le 26 août 2011



Comment les réacteurs français - dont la technologie est similaire à celle des réacteurs de North Anna et sous licence du même constructeur (Westinghouse) - supporteraient-ils un tel séisme ?



Une anomalie touche l’ensemble du parc nucléaire français

Un élément de réponse a été donné par EDF, qui vient de déclarer au mois d’août 2011, après plusieurs incidents remontant à 2009, une anomalie générique sur l’ensemble du parc nucléaire concernant la visserie de vannes (robinets) qualifiées aux séismes (après avoir été une anomalie sur les seuls réacteurs de 1450 MW en 2009).

Ainsi, cette visserie défectueuse vient d’être découverte cet été sur des vannes du circuit de refroidissement intermédiaire (RRI) à Golfech : " un matériel qui permet de refroidir, en fonctionnement normal comme en situation accidentelle, l’ensemble des matériels et fluides des systèmes auxiliaires et de sauvegarde du réacteur. Les équipements d’un réacteur qui seraient nécessaires pour faire face à un séisme important sont conçus pour fonctionner dans ces conditions dégradées." note l’ASN. Or à Golfech "les défauts mis en évidence ne permettaient plus de garantir la commande de la vanne en cas de séisme". EDF démarre tout juste l’inspection de la visserie des vannes des 900 MW et des 1300 MW.

Un séisme non loin du Tricastin début août

Dès lors on peut se demander si certaines vannes d’équipements importants pour la sûreté fonctionneraient en cas de séisme de magnitude 5,9 à proximité d’une centrale nucléaire. Une interrogation qui n’a rien de théorique alors qu’un séisme de magnitude 4,5 sur l’échelle de Richter a eu lieu à 3h36 le 4 août dernier dans le Gard, son épicentre étant situé près de Barjac, à 29 km seulement de l’énorme site nucléaire du Tricastin (4 réacteurs en fonction, plusieurs usines et installations nucléaires, des stockages de déchets radioactifs...).

Selon le Midi Libre, "L’occurrence de forts séismes dans cette zone est rare. C’est la première fois depuis l’établissement de sismographes dans la région, dans les années quatre-vingt, qu’un séisme est ressenti dans un périmètre de quelques dizaines de kilomètres autour de Barjac. Le village est pourtant classé dans une zone à sismicité modérée, 3 sur une échelle de 5." Selon Jérôme Vergne, sismologue à l’Observatoire des sciences de la terre de Strasbourg, "On manque d’informations sur la localisation précise car cette zone est relativement peu surveillée". Le sismologue ne craint pourtant pas d’affirmer que "cet événement se répétera peut-être dans des milliers d’années". On se demande bien sur quelle base il peut ainsi se faire rassurant, alors qu’il reconnaît que le secteur est "peu étudié", et alors que la source du séisme demeure inconnue. Il nuance : "Même si on n’est jamais à l’abri d’un séisme précurseur qui annoncerait une réplique plus importante.".

Éléments défectueux sur les groupes électrogènes de certains réacteurs

De plus, les groupes électrogènes équipant certains réacteurs 900 MW français ont été équipés de "coussinets" défectueux deux fois entre 2009 et 2011, qui conduisaient parfois les diesels de secours à ne pas démarrer. Pour la deuxième fois en trois ans, les pièces défectueuses allaient être remplacées en 2011. Outre la fragilité de toutes les technologies proprement nucléaires, les réacteurs français se retrouvent donc menacés par la défaillance de matériels aussi simples que des moteurs diesels (qui entraînent les alternateurs de secours )...

Signalons que les réacteurs 1 et 2 de North Anna se trouvent être justement ceux qui ont servi de référence technologique pour la construction de 32 des 34 réacteurs 900 MW français. En d’autres termes, la majorité de nos réacteurs ont été construits sur le modèle d’une centrale américaine dont un groupe électrogène de secours est inopportunément tombé en panne en situation d’urgence...

Le QG de crise de la centrale de Flamanville n’est pas conçu pour résister au séisme de référence

Dans une lettre datée du 10 août 2011 suite à l’inspection de la centrale de Flamanville du 25 au 28 juillet, l’Autorité de Sûreté Nucléaire explique que "La prise en compte du séisme sous toutes ses composantes (instrumentation, prise en compte du séisme dans la gestion des locaux, etc.) a laissé aux inspecteurs une impression mitigée." Incroyable mais vrai : le bâtiment qui doit servir de QG en cas de crise (Bloc De Sécurité, ou BDS) n’a "historiquement pas été dimensionné au séisme". Ce qui conduit l’ASN à demander à EDF d’ "intégrer la notion de séisme événement dans l’agencement du matériel du BDS et du LTC (Locaux Techniques de Crise)."

Selon l’AFP, "les installations nucléaires du Cotentin sont normalement conçues pour résister à un séisme de 5,7 sur l’échelle ouverte de Richter, soit un tremblement de terre un peu plus important que le plus grave survenu dans la région de mémoire d’homme (à Jersey en 1926, avec 5,2)." Ce n’est toutefois pas le cas de ces bâtiments de gestion de crise.

L’ASN indique également que "Les inspecteurs ont examiné la façon dont l’instrumentation sismique était vérifiée. Des documents examinés, il n’apparaît pas qu’un test d’ensemble soit réalisé, test partant d’un déplacement du capteur jusqu’à l’apparition des alarmes en salle de commande." De plus, les inspecteurs ont noté qu’ "il manquait plusieurs informations utiles, voire indispensables" dans une consigne écrite "relative à l’instrumentation sismique du bâtiment réacteur".

Un sismographe indisponible pendant 10 mois à l’usine de La Hague

Dans la même veine, dans une lettre datée du 11 août 2011 suite à l’inspection de d’usine Areva de La Hague du 19 au 21 juillet, l’ASN constate qu’un sismographe (selon l’AFP "le plus précis du site") était "indisponible depuis octobre 2010", c’est-à-dire pendant une période de 10 mois ! Et qu’en conséquence, il n’aurait pu comme prévu permettre un "avertissement de la direction de la sûreté du site" en cas de détection sismique. Areva a déclaré à l’AFP avoir corrigé le problème le 11 août, mais cela doit-il nous rassurer alors qu’on lit dans la lettre de l’ASN qu’en juillet "L’exploitant a précisé aux inspecteurs que plusieurs actions de maintenance corrective par un prestataire avaient été effectuées mais qu’à ce jour, toutes avaient été infructueuses." ?

Bref, il semble qu’il faille croiser les doigts pour qu’un séisme n’arrive pas demain en France...

Une anomalie touche l’ensemble du parc nucléaire français

Un élément de réponse a été donné par EDF, qui vient de déclarer au mois d’août 2011, après plusieurs incidents remontant à 2009, une anomalie générique sur l’ensemble du parc nucléaire concernant la visserie de vannes (robinets) qualifiées aux séismes (après avoir été une anomalie sur les seuls réacteurs de 1450 MW en 2009).

Ainsi, cette visserie défectueuse vient d’être découverte cet été sur des vannes du circuit de refroidissement intermédiaire (RRI) à Golfech : " un matériel qui permet de refroidir, en fonctionnement normal comme en situation accidentelle, l’ensemble des matériels et fluides des systèmes auxiliaires et de sauvegarde du réacteur. Les équipements d’un réacteur qui seraient nécessaires pour faire face à un séisme important sont conçus pour fonctionner dans ces conditions dégradées." note l’ASN. Or à Golfech "les défauts mis en évidence ne permettaient plus de garantir la commande de la vanne en cas de séisme". EDF démarre tout juste l’inspection de la visserie des vannes des 900 MW et des 1300 MW.

Un séisme non loin du Tricastin début août

Dès lors on peut se demander si certaines vannes d’équipements importants pour la sûreté fonctionneraient en cas de séisme de magnitude 5,9 à proximité d’une centrale nucléaire. Une interrogation qui n’a rien de théorique alors qu’un séisme de magnitude 4,5 sur l’échelle de Richter a eu lieu à 3h36 le 4 août dernier dans le Gard, son épicentre étant situé près de Barjac, à 29 km seulement de l’énorme site nucléaire du Tricastin (4 réacteurs en fonction, plusieurs usines et installations nucléaires, des stockages de déchets radioactifs...).

Selon le Midi Libre, "L’occurrence de forts séismes dans cette zone est rare. C’est la première fois depuis l’établissement de sismographes dans la région, dans les années quatre-vingt, qu’un séisme est ressenti dans un périmètre de quelques dizaines de kilomètres autour de Barjac. Le village est pourtant classé dans une zone à sismicité modérée, 3 sur une échelle de 5." Selon Jérôme Vergne, sismologue à l’Observatoire des sciences de la terre de Strasbourg, "On manque d’informations sur la localisation précise car cette zone est relativement peu surveillée". Le sismologue ne craint pourtant pas d’affirmer que "cet événement se répétera peut-être dans des milliers d’années". On se demande bien sur quelle base il peut ainsi se faire rassurant, alors qu’il reconnaît que le secteur est "peu étudié", et alors que la source du séisme demeure inconnue. Il nuance : "Même si on n’est jamais à l’abri d’un séisme précurseur qui annoncerait une réplique plus importante.".

Éléments défectueux sur les groupes électrogènes de certains réacteurs

De plus, les groupes électrogènes équipant certains réacteurs 900 MW français ont été équipés de "coussinets" défectueux deux fois entre 2009 et 2011, qui conduisaient parfois les diesels de secours à ne pas démarrer. Pour la deuxième fois en trois ans, les pièces défectueuses allaient être remplacées en 2011. Outre la fragilité de toutes les technologies proprement nucléaires, les réacteurs français se retrouvent donc menacés par la défaillance de matériels aussi simples que des moteurs diesels (qui entraînent les alternateurs de secours )...

Signalons que les réacteurs 1 et 2 de North Anna se trouvent être justement ceux qui ont servi de référence technologique pour la construction de 32 des 34 réacteurs 900 MW français. En d’autres termes, la majorité de nos réacteurs ont été construits sur le modèle d’une centrale américaine dont un groupe électrogène de secours est inopportunément tombé en panne en situation d’urgence...

Le QG de crise de la centrale de Flamanville n’est pas conçu pour résister au séisme de référence

Dans une lettre datée du 10 août 2011 suite à l’inspection de la centrale de Flamanville du 25 au 28 juillet, l’Autorité de Sûreté Nucléaire explique que "La prise en compte du séisme sous toutes ses composantes (instrumentation, prise en compte du séisme dans la gestion des locaux, etc.) a laissé aux inspecteurs une impression mitigée." Incroyable mais vrai : le bâtiment qui doit servir de QG en cas de crise (Bloc De Sécurité, ou BDS) n’a "historiquement pas été dimensionné au séisme". Ce qui conduit l’ASN à demander à EDF d’ "intégrer la notion de séisme événement dans l’agencement du matériel du BDS et du LTC (Locaux Techniques de Crise)."

Selon l’AFP, "les installations nucléaires du Cotentin sont normalement conçues pour résister à un séisme de 5,7 sur l’échelle ouverte de Richter, soit un tremblement de terre un peu plus important que le plus grave survenu dans la région de mémoire d’homme (à Jersey en 1926, avec 5,2)." Ce n’est toutefois pas le cas de ces bâtiments de gestion de crise.

L’ASN indique également que "Les inspecteurs ont examiné la façon dont l’instrumentation sismique était vérifiée. Des documents examinés, il n’apparaît pas qu’un test d’ensemble soit réalisé, test partant d’un déplacement du capteur jusqu’à l’apparition des alarmes en salle de commande." De plus, les inspecteurs ont noté qu’ "il manquait plusieurs informations utiles, voire indispensables" dans une consigne écrite "relative à l’instrumentation sismique du bâtiment réacteur".

Un sismographe indisponible pendant 10 mois à l’usine de La Hague

Dans la même veine, dans une lettre datée du 11 août 2011 suite à l’inspection de d’usine Areva de La Hague du 19 au 21 juillet, l’ASN constate qu’un sismographe (selon l’AFP "le plus précis du site") était "indisponible depuis octobre 2010", c’est-à-dire pendant une période de 10 mois ! Et qu’en conséquence, il n’aurait pu comme prévu permettre un "avertissement de la direction de la sûreté du site" en cas de détection sismique. Areva a déclaré à l’AFP avoir corrigé le problème le 11 août, mais cela doit-il nous rassurer alors qu’on lit dans la lettre de l’ASN qu’en juillet "L’exploitant a précisé aux inspecteurs que plusieurs actions de maintenance corrective par un prestataire avaient été effectuées mais qu’à ce jour, toutes avaient été infructueuses." ?

Bref, il semble qu’il faille croiser les doigts pour qu’un séisme n’arrive pas demain en France...



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