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Accident à la centrale nucléaire de Penly

Documents internes à EDF

Article publié le 16 avril 2012



Le Réseau "Sortir du nucléaire" publie des documents internes à EDF, ainsi qu’une synthèse de l’accident de Penly réalisée par une source interne à EDF, qui atteste clairement de la minimisation des faits et de la situation par EDF et l’ASN.



Analyse "incident" Penly par une source interne à EDF (5 avril 2012)

Fuite d’huile et incendie
Le 5 avril à 11h52 l’alarme "niveau bas de la caisse à huile" [1] d’une pompe primaire apparaît suite à une fuite d’huile. La "caisse à huile" c’est le réservoir d’huile de refroidissement du moteur de la pompe. Lorsque le "niveau bas" est atteint, cela signifie qu’à cause de la fuite, le circuit d’huile est complètement vidangé. Et c’est bien une fuite d’huile sur une pompe primaire qui a provoqué l’incendie, comme l’explique le Flash spécial Penly [2].

A 12h20, EDF a alerté les pompiers "suite à un dégagement de fumée". Le feu a donc démarré entre 11h52 et 12h20. "A 13h15, les pompiers sont intervenus (…) pour éteindre deux départs de feu" [3]. Nous avons beaucoup entendu parler de ces "départ de feu". Mais, lorsqu’une importante quantité d’huile brûle depuis au moins une heure, tous les pompiers vous parleront alors d’un incendie d’hydrocarbure. Mais pas EDF ni l’ASN…

Plan d’urgence interne (PUI)
Le communiqué n° 2 de l’ASN mentionne l’extinction "des flaques d’huile en feu" mais aussi "une fuite anormale sur le circuit primaire du réacteur 2". L’ASN informe de l’application par EDF des "procédures de conduite incidentelle". Selon l’ASN, la situation "n’a pas nécessité le déclenchement du plan d’urgence" interne par EDF. Toutefois, la situation devait être suffisamment critique pour que l’ASN "mobilise ses équipes dans son centre d’urgence" [4], avec l’IRSN.

Le lendemain, l’ASN annonce avoir "levé son dispositif de crise" [5]. Ce même jour, EDF annonce avoir "levé le plan de mobilisation interne" [6].

Ainsi, EDF a mobilisé en interne pour faire face à la situation et l’ASN a activé ses équipes de crise : cette organisation ressemble fortement à un Plan d’urgence interne sans que cela ait été officiellement avoué dans les communiqués successifs. Or, dans la lettre de suite du 11 avril 20121, les inspecteurs de l’ASN "se sont intéressés aux conditions d’entrée et de sortie du plan d’urgence interne conventionnel qui a été activé" par EDF.

Le Plan d’urgence interne a bien été déclenché. Mais pourquoi en toute discrétion ?

Fuite d’eau sur le circuit primaire
Dans le rapport de sûreté des réacteurs du type de ceux de Penly, un chapitre traite des "accidents de fréquence très faible". La "perte de réfrigérant primaire" ou "fuites aux joints de pompes primaires" y est répertoriée dans un sous-chapitre qui aborde les causes d’un tel accident en parlant… d’incident [7].

A Penly ce 5 avril, le débit de la fuite d’eau radioactive du circuit primaire a atteint, à minima, "2,3 mètres cube par heure" (ou 2300 l/h) selon l’AFP [8]. Lors d’un incident similaire en 2008 à Penly, voici ce qu’EDF écrivait : "l’élévation du débit de fuite du joint N°1 de la pompe primaire au-dessus du seuil de 2300 l/h est traitée dans l’enveloppe des APRP" [9] ou, traduit du jargon, Accident de perte de réfrigérant primaire.

Compte-tenu du débit de fuite atteint on peut donc parler d’un accident, pour "l’incident" du 5 avril 2012 : accident, un mot interdit au royaume de l’atome.

L’accident explique pourquoi l’ASN a gréé son équipe de crise car qui peut savoir comment se termine une séquence "accidentelle" ? Exploitant et gendarme du nucléaire n’aurait pas mis en place un dispositif de crise pour un incident mineur.

  Télécharger cette synthèse au format pdf (1.2 Mo) :

Synthèse

Documents internes à EDF

Rapport définitif de sûreté - Rapport standard
Selon ce document, ce qui s’est passé à Penly ("perte de réfrigérant primaire") est considéré par EDF comme un accident.
Rapport d’événement significatif
Ce document fournit des informations sur un accident similaire survenu il y a quelques années à Penly.
Fiche de synthèse
Synthèse du document précédent
Vivre EDF l’Hebdo - 6 avril 2012
Comment EDF communique auprès de son personnel pour minimiser l’accident.

Notes

[2Flash spécial Penly – Vivre eDF l’Hebdo, vendredi 6 avril 2012

[7Rapport définitif de sûreté – Rapport standard – Edition VD2 – Palier 1300 Mwe – EDF, 2005 (§III.4.3.3.1)

[8Penly : fuite contenue d’eau radioactive du circuit primaire – AFP, 05/04/2012 à 17:54, mis à jour à 23:03

[9Rapport d’évènement significatif – Débit de fuite de la ligne du joint n°1 de la pompe primaire 1RCP054PO supérieur à 1,370 m3/h – Evènement survenu le 2/07/2008 sur la tranche 1 – CNPE de Penly, 2/10/2008 (page 7)

Analyse "incident" Penly par une source interne à EDF (5 avril 2012)

Fuite d’huile et incendie
Le 5 avril à 11h52 l’alarme "niveau bas de la caisse à huile" [1] d’une pompe primaire apparaît suite à une fuite d’huile. La "caisse à huile" c’est le réservoir d’huile de refroidissement du moteur de la pompe. Lorsque le "niveau bas" est atteint, cela signifie qu’à cause de la fuite, le circuit d’huile est complètement vidangé. Et c’est bien une fuite d’huile sur une pompe primaire qui a provoqué l’incendie, comme l’explique le Flash spécial Penly [2].

A 12h20, EDF a alerté les pompiers "suite à un dégagement de fumée". Le feu a donc démarré entre 11h52 et 12h20. "A 13h15, les pompiers sont intervenus (…) pour éteindre deux départs de feu" [3]. Nous avons beaucoup entendu parler de ces "départ de feu". Mais, lorsqu’une importante quantité d’huile brûle depuis au moins une heure, tous les pompiers vous parleront alors d’un incendie d’hydrocarbure. Mais pas EDF ni l’ASN…

Plan d’urgence interne (PUI)
Le communiqué n° 2 de l’ASN mentionne l’extinction "des flaques d’huile en feu" mais aussi "une fuite anormale sur le circuit primaire du réacteur 2". L’ASN informe de l’application par EDF des "procédures de conduite incidentelle". Selon l’ASN, la situation "n’a pas nécessité le déclenchement du plan d’urgence" interne par EDF. Toutefois, la situation devait être suffisamment critique pour que l’ASN "mobilise ses équipes dans son centre d’urgence" [4], avec l’IRSN.

Le lendemain, l’ASN annonce avoir "levé son dispositif de crise" [5]. Ce même jour, EDF annonce avoir "levé le plan de mobilisation interne" [6].

Ainsi, EDF a mobilisé en interne pour faire face à la situation et l’ASN a activé ses équipes de crise : cette organisation ressemble fortement à un Plan d’urgence interne sans que cela ait été officiellement avoué dans les communiqués successifs. Or, dans la lettre de suite du 11 avril 20121, les inspecteurs de l’ASN "se sont intéressés aux conditions d’entrée et de sortie du plan d’urgence interne conventionnel qui a été activé" par EDF.

Le Plan d’urgence interne a bien été déclenché. Mais pourquoi en toute discrétion ?

Fuite d’eau sur le circuit primaire
Dans le rapport de sûreté des réacteurs du type de ceux de Penly, un chapitre traite des "accidents de fréquence très faible". La "perte de réfrigérant primaire" ou "fuites aux joints de pompes primaires" y est répertoriée dans un sous-chapitre qui aborde les causes d’un tel accident en parlant… d’incident [7].

A Penly ce 5 avril, le débit de la fuite d’eau radioactive du circuit primaire a atteint, à minima, "2,3 mètres cube par heure" (ou 2300 l/h) selon l’AFP [8]. Lors d’un incident similaire en 2008 à Penly, voici ce qu’EDF écrivait : "l’élévation du débit de fuite du joint N°1 de la pompe primaire au-dessus du seuil de 2300 l/h est traitée dans l’enveloppe des APRP" [9] ou, traduit du jargon, Accident de perte de réfrigérant primaire.

Compte-tenu du débit de fuite atteint on peut donc parler d’un accident, pour "l’incident" du 5 avril 2012 : accident, un mot interdit au royaume de l’atome.

L’accident explique pourquoi l’ASN a gréé son équipe de crise car qui peut savoir comment se termine une séquence "accidentelle" ? Exploitant et gendarme du nucléaire n’aurait pas mis en place un dispositif de crise pour un incident mineur.

  Télécharger cette synthèse au format pdf (1.2 Mo) :

Synthèse

Documents internes à EDF

Rapport définitif de sûreté - Rapport standard
Selon ce document, ce qui s’est passé à Penly ("perte de réfrigérant primaire") est considéré par EDF comme un accident.
Rapport d’événement significatif
Ce document fournit des informations sur un accident similaire survenu il y a quelques années à Penly.
Fiche de synthèse
Synthèse du document précédent
Vivre EDF l’Hebdo - 6 avril 2012
Comment EDF communique auprès de son personnel pour minimiser l’accident.


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