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Sûreté dégradée à Fessenheim

Départ de feu "maîtrisé" à Fessenheim : la série noire se poursuit, EDF excelle… en éléments de langage

Article publié le 26 avril 2012



Mercredi 25 avril 2012 à 8h30, un départ de feu survient au sein de la salle des machines de l’unité de production numéro 2 de la centrale nucléaire de Fessenheim. Selon EDF, l’incendie aurait été « rapidement maîtrisé » et éteint « dans le respect des procédures de sécurité ». Les pompiers se sont rendus sur le site et ont confirmé « l’extinction totale ». La communication d’EDF a été, une fois de plus, complètement verrouillée.



Avril aura été particulièrement éprouvant pour EDF. L’électricien a connu une succession de problèmes techniques parfois très inquiétants [1], à même d’entamer sérieusement la confiance de l’opinion publique quant à la sûreté des installations. Contraint de communiquer, EDF a mis le paquet sur les éléments de langage.

Un « départ de feu » puis « une fuite d’eau radioactive » survenus en début de mois sur le site de Penly ; un « dégagement de fumée » observé à la centrale du Tricastin moins d’une semaine plus tard ; et maintenant Fessenheim qui connaît un autre « départ de feu » : à chaque fois, il n’y a jamais eu, pour EDF, de raison de s’inquiéter.

Pourtant, l’"incident" de Penly, classé par l’ASN au niveau 1 de l’échelle INES (qui n’est qu’un pur outil de communication), est en réalité un véritable accident selon la terminologie interne d’EDF. Nous n’avons aujourd’hui que très peu d’informations sur l’incident du Tricastin, et le nombre d’incidents quotidien dans les centrales nucléaire a doublé en 10 ans, dépassant les 1 000 incidents déclarés en France pour la seule année 2010. De quoi créer une réelle et légitime inquiétude parmi la population française, majoritairement favorable à une sortie du nucléaire.

Lors de son communiqué de l’événement hier, EDF a apporté un soin particulier à lisser sa communication, pesant avec soin chaque terme utilisé : « Rapidement détecté et éteint, maîtrise de la procédure habituelle… » L’exploitant s’est montré, une fois de plus, très (trop ?) rassurant quant aux faits survenus, soulignant que l’incident n’a fait aucun blessé et « n’a eu aucun conséquence pour la sécurité, ni pour l’environnement ».

Il faut dire que le sujet de Fessenheim est particulièrement sensible. La doyenne des centrales de l’hexagone, mise en exploitation en 1977, cristallise les tensions autour de la sûreté nucléaire. Au vu du vieillissement de ses équipements et de son implantation en zone sismique et inondable – la centrale est située en contrebas du canal du Rhin - de nombreuses associations et collectivités locales demandent sa fermeture dans les plus brefs délais.

Strasbourg et sa communauté d’agglomération se sont ainsi prononcées pour l’arrêt immédiat de la centrale. Un souhait également partagé par les cantons de Bâle, en Suisse, et par la ville de Freibourg, en Allemagne. [2] L’Etat français et EDF s’obstinent pourtant à poursuivre son exploitation, malgré l’avis des populations locales et la sonnette d’alarme de certains experts [3].

L’incident de mercredi 25 avril au matin à Fessenheim survient la veille de la commémoration de la catastrophe de Tchernobyl du 26 avril 1986, et alors que la situation à Fukushima est loin d’être stabilisée. Deux terribles événements qui nous rappellent que l’énergie nucléaire est extrêmement dangereuse et que l’accident est toujours possible

EDF doit pouvoir fournir des explications sur ces problèmes à répétition, même si la vérité n’est pas toujours rassurante, et en finir avec sa communication policée et lénifiante. Car il ne s’agit plus simplement d’image de marque : il en va de la sûreté des citoyens français. Et la seule façon d’écarter tout danger pour eux sera de sortir du nucléaire au plus tôt.


Notes

[1Voir notre analyse sur l’accident de Penly, https://www.sortirdunucleaire.org/Accident-a-la-centrale-de-Penly

[2De nombreuses collectivités transfrontalières et associations sont regroupées au sein de l’ANTP, Association tri-nationale de la population des alentours de Fessenheim.

[3Voir l’analyse du Pr. de Larochelambert sur la question

Avril aura été particulièrement éprouvant pour EDF. L’électricien a connu une succession de problèmes techniques parfois très inquiétants [1], à même d’entamer sérieusement la confiance de l’opinion publique quant à la sûreté des installations. Contraint de communiquer, EDF a mis le paquet sur les éléments de langage.

Un « départ de feu » puis « une fuite d’eau radioactive » survenus en début de mois sur le site de Penly ; un « dégagement de fumée » observé à la centrale du Tricastin moins d’une semaine plus tard ; et maintenant Fessenheim qui connaît un autre « départ de feu » : à chaque fois, il n’y a jamais eu, pour EDF, de raison de s’inquiéter.

Pourtant, l’"incident" de Penly, classé par l’ASN au niveau 1 de l’échelle INES (qui n’est qu’un pur outil de communication), est en réalité un véritable accident selon la terminologie interne d’EDF. Nous n’avons aujourd’hui que très peu d’informations sur l’incident du Tricastin, et le nombre d’incidents quotidien dans les centrales nucléaire a doublé en 10 ans, dépassant les 1 000 incidents déclarés en France pour la seule année 2010. De quoi créer une réelle et légitime inquiétude parmi la population française, majoritairement favorable à une sortie du nucléaire.

Lors de son communiqué de l’événement hier, EDF a apporté un soin particulier à lisser sa communication, pesant avec soin chaque terme utilisé : « Rapidement détecté et éteint, maîtrise de la procédure habituelle… » L’exploitant s’est montré, une fois de plus, très (trop ?) rassurant quant aux faits survenus, soulignant que l’incident n’a fait aucun blessé et « n’a eu aucun conséquence pour la sécurité, ni pour l’environnement ».

Il faut dire que le sujet de Fessenheim est particulièrement sensible. La doyenne des centrales de l’hexagone, mise en exploitation en 1977, cristallise les tensions autour de la sûreté nucléaire. Au vu du vieillissement de ses équipements et de son implantation en zone sismique et inondable – la centrale est située en contrebas du canal du Rhin - de nombreuses associations et collectivités locales demandent sa fermeture dans les plus brefs délais.

Strasbourg et sa communauté d’agglomération se sont ainsi prononcées pour l’arrêt immédiat de la centrale. Un souhait également partagé par les cantons de Bâle, en Suisse, et par la ville de Freibourg, en Allemagne. [2] L’Etat français et EDF s’obstinent pourtant à poursuivre son exploitation, malgré l’avis des populations locales et la sonnette d’alarme de certains experts [3].

L’incident de mercredi 25 avril au matin à Fessenheim survient la veille de la commémoration de la catastrophe de Tchernobyl du 26 avril 1986, et alors que la situation à Fukushima est loin d’être stabilisée. Deux terribles événements qui nous rappellent que l’énergie nucléaire est extrêmement dangereuse et que l’accident est toujours possible

EDF doit pouvoir fournir des explications sur ces problèmes à répétition, même si la vérité n’est pas toujours rassurante, et en finir avec sa communication policée et lénifiante. Car il ne s’agit plus simplement d’image de marque : il en va de la sûreté des citoyens français. Et la seule façon d’écarter tout danger pour eux sera de sortir du nucléaire au plus tôt.



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