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Sortir du nucléaire n°82



Été 2019

International

De retour du Forum Social Mondial Antinucléaire, Madrid 2019

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°82 - Été 2019

 Luttes et actions  Organisations antinucléaires françaises  Organisations antinucléaires étrangères


Lors du précédent Forum social mondial antinucléaire (FSM-AN), à Paris en novembre 2017, les Espagnols avaient proposé d’organiser le quatrième FSM-AN, afin de faire se rencontrer de nouveau les luttes sur toute la planète contre les folies et félonies des filières nucléaires civiles et militaires.



Les participants au FSM-AN.

Bien qu’ayant réuni moins de participants (une bonne centaine) que celui de Paris, des militants sont venus d’Allemagne, des États-Unis, de Turquie, d’Argentine, du Brésil, de France, du Portugal et bien sûr de toute l’Espagne. Tous ont rappelé l’importance de mener une lutte antinucléaire internationale, puisque lorsqu’un accident nucléaire se produit dans un pays, ses voisins, voire même des pays éloignés, sont affectés.

La table ronde d’ouverture du vendredi 31 mai 2019, a permis de faire le point sur “Énergie nucléaire civile et militaire, perspectives mondiales“. Après avoir rappelé que les filières nucléaires civile et militaire sont liées depuis toujours, utilisant les mêmes méthodes (secret, mensonge, chantage et répression), les intervenants [1] ont partagé leurs avis sur l’état de ces filières, leurs visions sur les dangers du nucléaire pour l’environnement, la santé, l’économie et la société. Ils ont également évoqué les développements actuels des filières nucléaires, mais aussi leur déclin dans de nombreux pays ; l’agressivité commerciale de certains pays comme la Russie, la Chine ou encore la France, mais également les gouffres financiers inhérents à cette industrie.

Toute la journée du samedi, dans trois lieux distincts en parallèle, étaient organisés des conférences et débats sur toutes les thématiques nucléaires. Leur point commun ? Partir de vécus et de situations concrètes. Il a été question des mines d’uranium, qu’elles soient anciennes (États-Unis, Argentine) ou en projet (Espagne). Plusieurs ateliers ont porté sur les armes nucléaires et les différents traités d’interdiction de ces armes. Un atelier a fait le point sur Iter et mis en exergue les absurdités, les retards et les coûts de ce projet pharaonique inutile. À plusieurs reprises, la problématique des fuites de tritium dans l’air et dans les eaux de refroidissement des centrales a été abordée, comme dans le cas de la centrale d’Embalse en Argentine. La question de la production et de la gestion des déchets radioactifs à chaque étape de la chaîne nucléaire n’a pas manqué d’être abordée. Dans tous les pays, ces déchets s’accumulent. Il est ainsi apparu, à l’ensemble des participants, plus que jamais essentiel d’exiger la fin des réacteurs nucléaires. Deux intervenants turcs [2] ont fait état de la situation compliquée et fourbe du nucléaire dans leur pays. Le représentant allemand du réseau “Dont nuke the climate“ a démontré que le nucléaire ne constituait en aucun cas une solution pour sauver le climat. Les trois militants argentins [3] ont raconté les résistances et les succès de la lutte antinucléaire dans leur pays gangréné par quelques nucléocrates : du refus d’un cimetière nucléaire à celui d’une centrale chinoise. Des militants espagnols ont abordé les aspects légaux en matière nucléaire et les droits des personnes à s’opposer à cette filière.

Table ronde d’ouverture.

Un peu plus tard, une table ronde a permis d’échanger sur les tragédies nucléaires, avec des témoignages poignants sur les conséquences des accidents de Tchernobyl et de Fukushima, accidents qui continuent de faire des victimes.

Simultanément, une autre table ronde réunissait des intervenants sur la transition énergétique, ou “comment aller vers une démocratie énergétique pour sortir du nucléaire ?“. Les cas concrets de l’Allemagne et de l’Espagne ont été expliqués. En s’appuyant sur des propositions de scénarii énergétiques alternatifs en Catalogne et en France, les leviers d’actions à échelle régionale ont été mis en avant : travailler sur un territoire à échelle humaine, établir des circuits courts, économiser l’énergie, mutualiser les moyens de production ou encore favoriser la création de coopératives citoyennes.

En fin de Forum, le brésilien Chico Whitaker a plaidé pour que les activistes antinucléaires de tous les pays sachent communiquer et se coordonner pour mener des actions mondiales. Une première collaboration pourrait être menée autour de la campagne pour le boycott des prochains Jeux olympiques au Japon. Des épreuves sportives sont prévues dans la province de Fukushima, et le gouvernement japonais actuel entend se servir de ces Jeux pour minimiser médiatiquement les impacts de la pollution radioactive générée par l’accident. Chico a aussi appelé à poursuivre la dynamique des FSM-AN ; le prochain pourrait d’ailleurs avoir lieu en Argentine.

Le dimanche, les organisateurs du Forum avaient prévu une manifestation internationale en ville, avec la participation d’une batucada locale. Les prises de paroles des intervenants venus du monde entier ont permis d’interpeller les madrilènes et les touristes, nombreux à cette période de l’année, sur les conséquences du nucléaire qu’il soit civil ou militaire et de réclamer l’arrêt de cette industrie mortifère.

Une du quotidien espagnol El Paìs.

Bernard Cottier


Notes

[1Chico Whitaker, Bernard Cottier, Pabo Lada, Günter Hermeyer, Pinar Demircan, Hayrettin Kilic, Leona Morgan, Nuno Sequeira, Irene de la Cuerda

[2Pinar Demircan, Hayrettin Kilic

[3Pablo Lada, Cristian Basualdo, Agustin Piaz

Les participants au FSM-AN.

Bien qu’ayant réuni moins de participants (une bonne centaine) que celui de Paris, des militants sont venus d’Allemagne, des États-Unis, de Turquie, d’Argentine, du Brésil, de France, du Portugal et bien sûr de toute l’Espagne. Tous ont rappelé l’importance de mener une lutte antinucléaire internationale, puisque lorsqu’un accident nucléaire se produit dans un pays, ses voisins, voire même des pays éloignés, sont affectés.

La table ronde d’ouverture du vendredi 31 mai 2019, a permis de faire le point sur “Énergie nucléaire civile et militaire, perspectives mondiales“. Après avoir rappelé que les filières nucléaires civile et militaire sont liées depuis toujours, utilisant les mêmes méthodes (secret, mensonge, chantage et répression), les intervenants [1] ont partagé leurs avis sur l’état de ces filières, leurs visions sur les dangers du nucléaire pour l’environnement, la santé, l’économie et la société. Ils ont également évoqué les développements actuels des filières nucléaires, mais aussi leur déclin dans de nombreux pays ; l’agressivité commerciale de certains pays comme la Russie, la Chine ou encore la France, mais également les gouffres financiers inhérents à cette industrie.

Toute la journée du samedi, dans trois lieux distincts en parallèle, étaient organisés des conférences et débats sur toutes les thématiques nucléaires. Leur point commun ? Partir de vécus et de situations concrètes. Il a été question des mines d’uranium, qu’elles soient anciennes (États-Unis, Argentine) ou en projet (Espagne). Plusieurs ateliers ont porté sur les armes nucléaires et les différents traités d’interdiction de ces armes. Un atelier a fait le point sur Iter et mis en exergue les absurdités, les retards et les coûts de ce projet pharaonique inutile. À plusieurs reprises, la problématique des fuites de tritium dans l’air et dans les eaux de refroidissement des centrales a été abordée, comme dans le cas de la centrale d’Embalse en Argentine. La question de la production et de la gestion des déchets radioactifs à chaque étape de la chaîne nucléaire n’a pas manqué d’être abordée. Dans tous les pays, ces déchets s’accumulent. Il est ainsi apparu, à l’ensemble des participants, plus que jamais essentiel d’exiger la fin des réacteurs nucléaires. Deux intervenants turcs [2] ont fait état de la situation compliquée et fourbe du nucléaire dans leur pays. Le représentant allemand du réseau “Dont nuke the climate“ a démontré que le nucléaire ne constituait en aucun cas une solution pour sauver le climat. Les trois militants argentins [3] ont raconté les résistances et les succès de la lutte antinucléaire dans leur pays gangréné par quelques nucléocrates : du refus d’un cimetière nucléaire à celui d’une centrale chinoise. Des militants espagnols ont abordé les aspects légaux en matière nucléaire et les droits des personnes à s’opposer à cette filière.

Table ronde d’ouverture.

Un peu plus tard, une table ronde a permis d’échanger sur les tragédies nucléaires, avec des témoignages poignants sur les conséquences des accidents de Tchernobyl et de Fukushima, accidents qui continuent de faire des victimes.

Simultanément, une autre table ronde réunissait des intervenants sur la transition énergétique, ou “comment aller vers une démocratie énergétique pour sortir du nucléaire ?“. Les cas concrets de l’Allemagne et de l’Espagne ont été expliqués. En s’appuyant sur des propositions de scénarii énergétiques alternatifs en Catalogne et en France, les leviers d’actions à échelle régionale ont été mis en avant : travailler sur un territoire à échelle humaine, établir des circuits courts, économiser l’énergie, mutualiser les moyens de production ou encore favoriser la création de coopératives citoyennes.

En fin de Forum, le brésilien Chico Whitaker a plaidé pour que les activistes antinucléaires de tous les pays sachent communiquer et se coordonner pour mener des actions mondiales. Une première collaboration pourrait être menée autour de la campagne pour le boycott des prochains Jeux olympiques au Japon. Des épreuves sportives sont prévues dans la province de Fukushima, et le gouvernement japonais actuel entend se servir de ces Jeux pour minimiser médiatiquement les impacts de la pollution radioactive générée par l’accident. Chico a aussi appelé à poursuivre la dynamique des FSM-AN ; le prochain pourrait d’ailleurs avoir lieu en Argentine.

Le dimanche, les organisateurs du Forum avaient prévu une manifestation internationale en ville, avec la participation d’une batucada locale. Les prises de paroles des intervenants venus du monde entier ont permis d’interpeller les madrilènes et les touristes, nombreux à cette période de l’année, sur les conséquences du nucléaire qu’il soit civil ou militaire et de réclamer l’arrêt de cette industrie mortifère.

Une du quotidien espagnol El Paìs.

Bernard Cottier



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