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Fukushima, suivi de la catastrophe - Archives 2011-2015

Chronologie du mois d’avril

Article publié le 6 mai 2011



Rassemblée par Michel Bernard, pour la revue Silence https://www.revuesilence.net/index.php?page=japon_chronoavril

1er avril

  • 8h, nouvelles fumées sur le réacteur n°2. Des spécialistes estiment que c’est provoqué par la réaction du cœur du réacteur avec le béton situé sous la cuve… et donc que le réacteur a traversé l’enceinte de confinement métallique. Conséquence prévisible : la radioactivité va encore augmenter.
  • 9h, la télévision japonaise NHK, proche du gouvernement, annonce que seuls les chefs d’équipe sur le chantier sont équipés de dosimètres. Les ouvriers, la plupart issus de la sous-traitance, n’en ont pas et n’ont aucune idée des doses qu’ils reçoivent. Le Ministre de la santé a dit qu’il est normal que l’on reçoive des doses plus importantes que la normale en cas d’accident, mais que dans le cas présent, c’est un "sérieux problème". Traduction : ils sont condamnés.
  • 12h, la radioactivité baisse légèrement à Tokyo d’après les mesures officielles. Mais il y a encore trois fois plus de radioactivité à l’extérieur des bâtiments qu’à l’intérieur.
  • 14h, dans le débat qui agite le Japon, un journaliste rappelle que le nucléaire au Japon représente 29% de la production électrique, laquelle a été en 2009 de 956 milliards de kWh. Arrêter le nucléaire d’un coup, cela obligerait à redescendre à 679 milliards de kWh. Par comparaison, en 1985, le Japon consommait 584 milliards de lWh.
  • 15h, selon le département de l’énergie des Etats-Unis, les émissions de radioactivité à Fukushima sont en train de dépasser celles de Tchernobyl. Selon une spécialiste russe, Natalia Mironova, la situation "est pire qu’à Tchernobyl" : trois réacteurs au lieu d’un, et des émissions radioactives qui durent plus longtemps.
  • 16h, selon le gouvernement russe, la radioactivité venue avec les vents d’ouest et qui a traversé l’Europe a bouclé son premier tour du monde en rejoignant dans l’est de la Russie la tache qui sétale à partir du Japon. A Moscou même, on a pu détecter de l’iode-131, du césium-134, du césium-137 et du tellurium-132, à des doses très faibles.
  • 22h, deux pompes géantes pouvant envoyer de l’eau ou du béton à 62 m de haut sont arrivées sur le site en provenance d’Allemagne. Trois autres sont en route provenant des Etats-Unis et de Chine.

2 avril

  • 7h, l’Agence de l’énergie atomique du Japon annonce que l’on ne peut exclure une contamination radioactive généralisée du Japon.
  • 8h, TEPCO annonce que le socle de la centrale n°2 n’est plus étanche et que de l’eau radioactive s’école maintenant directement dans la mer.
  • 8h, des militants antinucléaires organisent des présences devant les agences d’interim de Tokyo pour inciter les gens à refuser d’aller travailler sur le site : "Si tu acceptes ce travail, tu es mort". Une étude révèle que 80 % des intervenants en zone "chaude" sont des intérimaires recrutés dans les couches les plus pauvres de la population.
  • 8h, la Chine annonce que déjà dix passagers ont été interpellés à leur descente d’avion en provenance du Japon car présentant un taux de radioactivité trop élevé.
  • 10h, l’IRSN donne les premières mesures de contamination dans le lait : il a été mesuré 0,11 bq/litre dans du lait de Loire-Atlantique (limite pour la consommation : 600 bq/l)
  • 11h, l’Agence japonaise de météo annonce avoir réalisé un modèle de simulation de la dispersion des particules radioactives, mais le gouvernement lui a interdit de diffuser ces informations, estimant que cela créérait une panique. Toshio Yamagata, directeur du service météorologie estime cela effrayant. Koyama Makoto, professeur à l’université de Shizuoka a déclaré : "cette ordre d’en haut du contrôle de l’information est égal à une déclaration de suicide de la société"
  • 13h, reprenant les données communiquées par le département de l’Energie des Etats-Unis, la CRII-Rad donne une première liste concernant les produits radioactifs relâchés. Elle rappelle qu’il y a plus de 1000 isotopes différents et que seuls quelques uns sont mesurés en continue, ce qui laisse une grande part d’incertitude.
  • 18h, alors que les autorités des Etats-Unis estiment que les piscines de combustibles sont plus solides aux Etats-Unis qu’au Japon, l’Association des scientifiques responsables rappellent que dans ces piscines on trouve environ dix fois plus de radioactivité que dans l’ensemble des réacteurs du pays. Ces piscines sont protégé par un simple toit en tôle… alors que les réacteurs sont sous une enceinte d’acier et de béton. L’association rappelle également que les générateurs de secours dans 93 des 104 réacteurs n’ont qu’une autonomie de 4 heures, deux fois moins que ceux de Fukishima, alors qu’au Japon cela s’est avéré insuffisant pour ne pas perdre le contrôle des réacteurs.

3 avril

  • 5h, les corps de deux salariés partis en inspection au début de l’accident et victime d’une explosion ont été retrouvés.
  • 9h, l’Allemagne demande à la Suisse de fermer le réacteurs de Beznau 1, située à une dizaine de km de la frontière allemande. Le réacteur a été mis en route en 1969.
  • 10h, les Etats-Unis ont annoncé le rapatriement des militaires US et de leurs familles qui le souhaitent. Il y a 35 000 militaires US au Japon, soit environ 200 000 personnes en comptant les familles et le personnel civil. Plusieurs banques internationales ont également accepté le départ des salariés qui le veulent de Tokyo.
  • 19h, Libération annonce sur son site que le programme du PS ne prévoirait qu’une "sortie du tout nucléaire en 30 ou 40 ans" ce qui ne veut strictement rien dire : nous ne sommes pas dans le tout nucléaire quand celui-ci ne représente que 20 % de notre énergie !
  • 23h, selon Ouest-France, Tepco cherche à recruter en offrant un salaire de 200 000 yens par jour (1750 euros) pour aller intervenir dans les zones les plus difficiles.

4 avril

  • 8h, TEPCO annonce qu’après deux jours à chercher à colmater les fuites pour empêcher l’eau radioactive d’aller vers la mer, les différentes techniques essayées ont échoué.
  • 10h, TEPCO annonce la nécessité de se débarasser de 11 500 tonnes peu contaminées qui sont dans les bassins de rétention des réacteurs 5 et 6 pour pouvoir ensuite y stocker l’eau très radioactive qui empêche d’accéder à des couloirs souterrains des réacteurs 1 à 4. Il annonce vouloir rejeter le tout à la mer. Le porte-parole du gouvernement annonce que c’est la solution la moins pire. Par ailleurs, 7500 tonnes d’eau radioactive ont pu être stockées dans un navire-citerne (tankers), lequel sera ensuite conduit dans le port de Shizuaka, au sud-ouest de Tokyo. Ce navire n’est concçu ni pour stocker, ni pour transporter des déchets radioactifs.
  • 17h, Singapour a interdit l’entrée de produits alimentaires provenant de la région de Kobé, celle-ci présentant un taux de radioactivité trop important. Or Kobé est 500 km au sud de Tokyo !
  • 17h, l’ACRO, laboratoire indépendant publie des analyses sur des prélèvements effectués sur dix-sept lieux répartis en France. Dans cinq échantillons, l’iode 131 est détectable, mais avec des taux très faible. Dans les douze autres, la radioactivité est en-dessous du seuil de protection.
  • 20h, le gouvernement suisse annonce étudier la possibilité de remettre en fonctionnement des centrales gaz en route pour pouvoir arrêter ses réacteurs, en accompagnant cette décision de mesures visant à ne pas émettre globalement plus de CO2.

5 avril

  • 8h, Le gouvernement coréen proteste contre les rejets en mer, estimant que la pollution radioactive pose un problème de droit international.
  • 8h, Publication d’un sondage dans France-Soir : 83 % des Français sont pour une diminution progressive du nucléaire (90 % à gauche, 66 % à droite). 73 % estiment qu’il est possible de s’en passer totalement.
  • 10h, Tepco a mesuré des taux de radioactivité dans des flaques d’eau du réacteur 2 qui atteignent 7,5 millions de fois les taux limites.
  • 17h, Le gouvernement britannique décide de suspendre les discussions en cours sur la construction de réacteurs EPR en Grande-Bretagne.
  • 18h, Le pré-programme du PS est rendu public : aucune sortie du nucléaire n’y est présentée. On peut y lire tous les poncifs habituels : fleuron de l’industrie française, industrie décarbonée, indépendance nationale, "il faut penser l’avenir de notre industrie nucléaire" et le sommet du négationnisme : "Ne gâchons pas des années de succès technique et économique, unique au monde, du secteur public français – le nucléaire civil – parce que la gestion privée au Japon a conduit à un désastre, comme cela avait été aussi le cas dans une moindre mesure à Three-Mile Island aux Etats-Unis en 1979". Tchernobyl, géré par l’Etat, n’existe plus ! Les pro-nucléaires, DSK et Hollande en tête, ont repris la main !
  • 22h, L’Acro donne une estimation de la radioactivité relâchée en mer par les 10 000 tonnes d’eau radioactives : 170 milliards de becquerels… et rappelle que c’est du même ordre de grandeur que ce que l’usine Areva de La Hague rejette chaque mois en mer. L’Acro rappelle que ce relâchement d’eau va permettre de stocker de l’eau beaucoup plus radioactive : l’eau qui s’écoule du réacteur n°2 est un million de fois plus dangereuse.

6 avril

  • 5h30, Tepco annonce avoir stoppé la fuite concernant le cœur du réacteur n°2.
  • 7h45, Tepco annonce craindre une nouvelle explosion d’hydrogène dans le réacteur n°1.
  • 8h, Depuis le 31 mars, des groupes antinucléaires ont organisé une "course de lenteur" qui se déroule chaque jour à Tokyo devant le siège de Tepco. Des arrestations ont eu lieu pour essayer de les empêcher de continuer.
  • 10h, Le secrétaire d’Etat à l’environnement d’Allemagne annonce que les huit réacteurs nucléaires actuellement à l’arrêt ne redémarreront pas et qu’un plan de fermeture des neuf autres prévoit la fermeture du dernier d’ici 2020. Soit un retour à la loi de 2002.
  • 12h, Le gouvernement japonais a remonté les limites de radioactivité dans l’alimentation de 500 bq/kg à 2000 bq/kg. Une simple décision administrative et, hop, on est quatre fois plus résistant à la radioactivité !
  • 12h, La Chine indique que du césium 137 et 134 a été mesuré dans l’air de 17 des 31 régions du pays. L’iode radioactif est lui détectable partout. Les niveaux resteraient faibles et ne nécessiterait pas de protection particulière.
  • 12h, la CRII-Rad publie une étude sur les mesures effectuées : pour le moment, nous sommes, en France, à des taux très bas, mais on ne peut prévoir la suite tant que Fukushima continuera à produire un nuage radioactif. Roland Desbordes président de la CRII-Rad s’étonne que l’iode ait pu voyager si loin alors que la radioactivité ne sort qu’au niveau du sol. Pour lui, cela signifie que sur place, la contamination doit être importante.
  • 12h, enquête dans les Echos sur les conséquences de l’accident sur l’économie du secteur nucléaire en France. Le projet d’EPR à Penly semble mort-né. Areva a suspendu la construction d’une usine de métallurgie nucléaire en Virginie aux USA. EDF craint un nouvel "hiver nucléaire" comme après l’accident de Tchernobyl.
  • 19h, TEPCO confirme que le niveau de contamination à l’intérieur des réacteurs se maintient à 5 millions de fois la limite, ce qui signifie, compte tenu de la présence d’isotopes à la durée de vie très courte, que les fuites radioactives se poursuivent. Il annonce l’injection d’azote gazeux dans l’enceinte du réacteur n°1 pour essayer de neutraliser une nouvelle bulle d’hydrogène en formation.
  • 19h, la Chine indique avoir trouvé des contaminations par l’iode dans les épinards de 3 régions orientale.
  • 19h, le parlement de Bâle-Ville engage une motion par 73 voix pour, 0 contre et 11 abstention pour que le canton engage des actions en direction de la France pour obtenir l’arrêt de la centrale de Fessenheim.
  • 20h, La secrétaire nationale PS à l’Energie, Aurélie Filippetti remonte au créneau, estimant que le document pré-programme n’est "absolument pas satisfaisant". "Il faut le rendre cohérent avec ce qu’a dit Martine Aubry sur une sortie progressive du nucléaire, et compatible avec la demande du groupe des députés PS sur un moratoire sur la construction de nouvelles centrales". Elle indique que de nombreux députés ont déjà proposé des amendements pour aller vers une position plus "sortie du nucléaire".

7 avril

  • 7h, la fréquentation de l’aéroport international de Tokyo a baissé de 75 % depuis le 11 mars.
  • 9h, plusieurs syndicats japonais dénoncent les arrestations concernant les militants antinucléaires qui manifestent contre TEPCO et pour l’arrêt du nucléaire.
  • 10h, nouvelle communication d’Areva sur l’accident. Le titre du document : "L’incident de Fukushima Daiichi". Selon Areva, il y aurait encore quelque "petits rejets de fission". Plus négationniste, cela va être difficile.
  • 15h32, nouveau tremblement de terre de magnitude 7,4 à 60 km au large de Sendai et donc à 116 km au nord-est de Fukushima. Le réacteur est évacué en urgence puis les travaux ont repris.
  • 16h, manifestation des salariés d’EDF qui proteste contre le projet de leur supprimer le tarif préférentiel dont ils bénéficient pour l’électricité. La CGT annonce qu’en protestation, la production des centrales nucléaires a été baissée de 7400 MW la veille et 13400 MW pendant la manifestation. L’équivalent de la production de 13 réacteurs et ceci sans retour à la bougie !
  • 17h, le gouvernement russe proteste contre les rejets d’eau radioactive en mer et demande au gouvernement japonais plus de transparence sur les mesures de radioactivité.
  • 19h, inquiétude à la centrale d’Onagawa, à 150 km au nord de Fukushima, où le tremblement de terre a provoqué une panne dans le processus de refroidissement du réacteur, processus enclenché après le 11 mars 2011.
  • 20h, article intéressant du Monde sur les états d’âmes des étudiants qui suivent une formation pour aller travailler dans le nucléaire : beaucoup s’interrogent sur une reconversion. Il faut rappeler qu’en France, EDF et Areva ont déjà beaucoup de mal à recruter des jeunes et que cela ne va sans doute pas s’arranger… au risque de manquer de personnel pour le suivi du nucléaire… même après l’arrêt des réacteurs.

8 avril

  • 7h, des fuites d’eau détectées à la centrale d’Onagawa. Trois fuites ont été détectées sur le réacteur n°3 et d’autres sur les piscines de stockage du combustible usagé des réacteurs 1, 2 et 3. Il s’agirait de débordement provoqué par les secousses. Le gouvernement japonais signale des incidents également dans des réacteurs à Higashidori et Rokashomura. Les groupes électrogènes ont supplée au manque de courant dans la région et on permis de ne pas perdre le contrôle de ces réacteurs.
  • 8h, une quinzaine de militants antinucléaires se sont enchaînés aux grilles d’entrée de la centrale de Golfech, obligeant le personnel à passer par une autre entrée. Les militants ont été délogés par les gendarmes au bout d’un heure.
  • 9h, plusieurs députés PS, Christophe Caresche, député de Paris ; Jean-Paul Chanteguet député de l’Indre ; Aurélie Filippetti députée de Moselle ; Géraud Guibert animateur du pôle écologique du Parti socialiste, signent une tribune dans le Monde pour demander la sortie du nucléaire.
  • 18h, la Corée du Sud annonce la fermeture des écoles en période de pluie. La pluie précipite en effet une radioactivité non négligeable au sol. Or ce sont les enfants qui sont le plus sensibles. Ceux-ci doivent rester chez eux lorsqu’il pleut. Des manifestants antinucléaires ont défilé à Séoul, la capitale, avec des parapluies ornées du trèfle radioactif.
  • 18h, le gouvernement japonais lève l’interdiction de consommer certains légumes provenant de la région de Fukushima, car la radioactivité aurait baissé. Concrètement, vue la durée de vie des radioéléments et du temps de concentration dans la chaîne alimentaire, c’est impossible… mais cela traduit sans doute l’incapacité du gouvernement à trouver des alternatives alimentaires à grande échelle. Le gouvernement japonais a également relevé le taux de radioactivité dans le riz de 500 à 5000 bq/kg ! Les Japonais deviennent dix fois plus résistants à la radioactivité !
  • 19h, en Allemagne, le confédération des groupes énergétiques qui regroupe l’ensemble des producteurs d’électricité annonce qu’elle est prête à mettre en place une politique visant à fermer les derniers réacteurs d’ici 2020 tout en respectant la lutte contre le réchauffement climatique et sans hausse des tarifs de l’électricité. Donc, en Allemagne, c’est possible…
  • 19h, incident de niveau 1 à la centrale de Fessenheim.
  • 20h, le Réseau Sortir du nucléaire s’inquiète du rapport de l’Autorité de Sûreté nucléaire du 20 mars 2011 qui indique qu’après la découverte de plutonium en trop grande quantité sur le site de Cadarache, un inventaire a été réalisé… et que 69 sources radioactives non répertoriées ont été trouvées dans une vingtaine d’installations différentes.
  • 22h, Le Figaro donne sur son site les grandes lignes du contrôle qui doit être fait sur les 143 réacteurs européens : sont exclus les scénarios terroristes, les cyberattaques. Sont étudiés les catastrophes naturelles, les pertes de refroidissement, l’endommagement du combustible, le stockage du combustible usé… Cela devrait déboucher au niveau européen sur "ce qu’il est raisonnable de faire". Comme de toute manière, on ne peut modifier un bâtiment déjà construit aussi complexe, il n’y a que deux possibilités : continuer avec des risques plus ou moins identifiés ou l’arrêt.

9 avril

  • 12h, un quotidien japonais publie un reportage sur la centaine de personnes qui ont refusé d’être évacué de la zone des 20 km autour de Fukushima, surtout des personnes âgées qui se fichent d’avoir un cancer dans le futur, mais aussi quelques éleveurs qui ne veulent pas abandonner leurs bêtes.
  • 12h58, nouveau tremblement de terre de magnitude 6,1 à 1000 km au nord de Tokyo.
  • 14h, le groupe des Verts au Parlement européen demande l’arrêt de la "veille dame" qu’est la centrale de Fessenheim. Une motion est rejeté par 300 voix contre, 264 pour, 61 abstentions : cette motion précisait les conditions qui encadrerait les tests à mener sur les réacteurs européens. Le groupe des Verts, une partie des socialistes et d’autres ont voté contrer car il n’y avait aucune incitation à aller vers une fermeture des réacteurs les plus dangereux, encore moins pour envisager une sortie du nucléaire. Le groupe des Verts a dénoncé l’hypocrisie de cette démarche uniquement centrée sur la "sûreté" qui évite de parler d’un véritable débat sur les choix énergétiques.
  • 20h, un mois après le tremblement de terre, Tepco présente ses excuses tout en expliquant que la situation est loin d’être sous contrôle, qu’il faudra des mois pour stabiliser la situation, des années pour nettoyer le site… Il y a 150 000 personnes qui vivent dans des gymnases dont 80 000 sont des personnes évacuées de la zone contaminée.

10 avril

  • 7h, une marche antinucléaire organisée près de Tokyo a réuni plus de 15 000 personnes… soit dix fois plus que la manifestation de la semaine précédente. D’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes, notamment pour demander la fermeture de différents réacteurs nucléaires.
  • 8h, entretien de Jean-Pierre Chevènement dans Le Parisien : "Sortir du nucléaire, ce serait rompre avec l’héritage des Lumières. C’est revenir à l’obscurantisme".
  • 8h, entretien de François Hollande dans le grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, "Interrogé sur le nucléaire, il a refusé d’envisager une sortie, préférant se fixer un objectif : que l’énergie nucléaire ne représente plus que 50% de l’énergie totale en 2025", donc il se prononce pour une augmentation du nucléaire puisque celui-ci ne fournit aujourd’hui que 35 % de l’énergie !
  • 15h, 4000 personnes ont pique-niqué devant la centrale de Fessenheim pour demander l’arrêt de la centrale.

11 avril

  • 5h46, Un mois après le séisme, tout le Japon a observé une minute de silence à la mémoire des victimes et disparus (plus de 20 000).
  • 7h, L’installation de bâches au-dessus des bâtiments explosés favorise une retombée locale des particules radioactives, mais n’empêche pas la diffusion des gaz. Un mois après le séisme, les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima ne sont toujours pas sous contrôle et la pollution radioactive continue. Les 500 personnes sur le site, dont 400 sont des sous-traitants, sont condamnées, plusieurs sont déjà hospitalisées. Au moins 15 réacteurs nucléaires (sur 55) sont à l’arrêt depuis le 11 mars 2011.
  • 8h, Sur France-Inter, Corinne Lepage estime que les députés étaient avant presque tous pro-nucléaires, mais qu’aujourd’hui, la situation est beaucoup plus contrastée.
  • 8h, Des antinucléaires britanniques ont installé des tripodes (perches mises comme un tipi avec une personne qui se place tout en haut) sur plusieurs carrefours autour de la City de Londres pour demander au gouvernement d’arrêter les négociations avec EDF concernant la possibilité de construire des EPR dans le pays. La police a réussi à les déloger seulement à 2h de l’après-midi.
  • 10h, Le gouvernement japonais demande aux personnes habitant dans un rayon de 40 km autour de la centrale de déménager dans un délai d’un mois. Le maintien dans ces zones contaminées peut, selon le gouvernement, provoquer des risques pour la santé sur le long terme. Cela concerne environ 8 millions de personnes… qui auront bien du mal à trouver une solution de remplacement.
  • 10h16, Nouveau tremblement de terre de magnitude 7,1 dont l’épicentre est à seulement 80 kilomètres de Fukushima. La centrale est évacuée. Le courant s’y arrête. Deux nouveaux réacteurs nucléaires, situés plus au sud s’arrêtent.
  • 14h, Le Quotidien du Médecin a réalisé un sondage auprès des médecins. Ceux-ci sont à 10 % pour la sortie immédiate du nucléaire, 49 % pour une sortie progressive, 40 % pour le maintien de la politique actuelle, 1 % ne sait pas.
  • 19h, Le gouvernement japonais annonce qu’il se retire des négociations avec la Turquie pour la construction d’un réacteur nucléaire dans ce pays.
  • 20h, La commission japonaise de sûreté nucléaire indique que les émissions de radioactivité de Fukushima ont dépassé 10 000 terabequerels (1000 milliards de becquerels) par heure entre le 15 et le 17 mars, que l’on en serait déjà entre 370 000 et 630 000 terabecquerels pour les rejets dans l’air pour le seul iode 131. Ils estiment que l’accident doit être classé au niveau 7, le plus haut niveau sur l’échelle des accidents. Si l’on veut respecter les normes d’exposition des populations, elle estime qu’il faudrait évacuer à 40 km vers le sud-ouest… mais à 60 km vers le nord-ouest.
  • 20h, Un sondage en Allemagne indique que 60 % des sondés sont pour une sortie "la plus rapide possible du nucléaire". Le gouvernement a indiqué que les réacteurs arrêtés pour trois mois pourraient ne jamais redémarrer… Une réunion s’est tenue avec le milieu bancaire pour obtenir une augmentation des crédits en faveur des énergies renouvelables. Alors que la loi votée par le SPD et les Verts prévoyait une sortie d’ici 2020, le gouvernement estime qu’il est peut-être possible d’aller encore plus vite.
  • 21h, Le gouvernement suisse envisage de renoncer totalement au nucléaire. C’est ce qu’a affirmé la présidente suisse Micheline Calmy-Rey lors d’une rencontre avec le président autrichien Heinz Fischer.
  • 22h, A la tombée de la nuit, en Espagne, Greenpeace a projeté sur l’ensemble des réacteurs nucléaires une image géante avec une tête de mort et le texte "plus jamais Fukushima, Danger nucléaire". Le gouvernement socialiste a prolongé la vie des derniers réacteurs en fonctionnement lors d’un vote un mois avant l’accident de Fukushima.

12 avril

  • 10h, Suite à une baisse du niveau d’eau dans les piscines de stockage du réacteur n°4, un incendie se déclare à nouveau, lequel est vite maîtrisé.
  • 11h, Le conseil municipal de Strasbourg vote pour l’arrêt de la centrale de Fessenheim. Les élus Verts, PS et UMP ont tous voté pour cette motion. Dans le vœu ils s’appuient sur la méconnaissance des dangers lors de la conception du réacteur dans les années 1970. Le 31 mars, la Franche-Comté avait voté un vœu similaire… mais seulement votée par 7 écologistes et 2 socialistes contre 2 MRC (Chevènement) et 2 PS, tous les autres élus, et notamment la droite, s’abstenant.
  • 12h, Kyushu Electric Power qui préparait le chantier d’un réacteur de 1590 MW à Satsumasendai (sud-ouest) annonce le gel du projet.
  • 13h30, Le gouvernement japonais indique que l’on a mesuré des retombées de strontium 90 autour de Fukushima, preuve qu’un des cœurs a fondu. Ces mesures ayant été faites à plus de 30km du site, cela signifie qu’une grande zone va devoir être interdite pendant longtemps : le strontium ne perd la moitié de sa radioactivité qu’en 28,8 ans.
  • 16h30, Le gouvernement grec rappelle qu’il a renoncé à l’énergie nucléaire parce que la Grèce est située sur une zone séismique. Il demande à l’Union européenne de prendre des mesures strictes pour les réacteurs construits sur de telles zones (c’est le cas de la vallée du Rhône et de celle du Rhin par exemple) et en particulier de s’opposer au projet de construction en Turquie.
  • 17h, Des associations des Etats-Unis lancent un appel au gouvernement japonais pour qu’il lance un appel à l’aide alimentaire… et qu’il renonce à vouloir nourrir les Japonais avec des produits contaminés.
  • 17h, Une étude de l’Union des banques suisses estime que pour calmer les populations, il va falloir fermer une ou deux centrales dans chaque pays où il y a des réacteurs, soit une trentaine de réacteurs sur les 440 existants. Rappelons que 8 réacteurs ont déjà été arrêtés en Allemagne et que 18 sont en panne ou accidentés au Japon.
  • 18h, Greenpeace s’étonne que le gouvernement japonais annonce que la totalité des rejets radioactifs ne serait qu’à 10 % des rejets de Tchernobyl… alors qu’il avait donné le même chiffre il y a trois semaines.
  • 19h, Le Monde publie une enquête sur les incohérences que l’on peut pointer au Japon. Le journaliste montre que les rivalités politiques gauche-droite se sont évidemment focalisées sur la question nucléaire. Le Parti démocrate (centre gauche) au pouvoir a perdu des élections le week-end du 9 et 10 avril au profit du Parti libéral (droite), ce dernier dénonçant la gestion hasardeuse de la crise. L’enquête montre que le manque de volonté politique d’évacuation des populations est directement lié à la question financière : les communes ne veulent pas évacuer tant que l’Etat ne s’engage pas à payer les coûts que cela entraîne. La question financière explique aussi sans doute l’absence de mesures efficace pour éviter la consommation d’aliments contaminés.
  • 23h, Polémique au Japon : des groupes indépendants mettent en doute les annonces concernant les mesures de radioactivité sur le site de Tokai, à 85 km au sud de Fukushima. Le maintien d’un taux de radioactivité 300 fois supérieur à la normale ne peut s’expliquer par les retombées de Fukushima et il est donc probable qu’il y a des fuites sur le réacteur à l’arrêt depuis le 11 mars 2011. Problème : cette centrale est la plus proche de Tokyo (100 km).

13 avril

  • 6h40, Nouveau tremblement de terre au nord du Japon, magnitude 5,8. Depuis le 11 mars 2011, il y a eu plus de 400 répliques dépassant le niveau 5.
  • 8h, Communiqué de la Crii-Rad, "les experts calculent, les populations subissent". La Crii-Rad rappelle que le gouvernement a classé l’accident au niveau 4 jusqu’au 18 mars, repoussant ainsi l’évacuation des populations et qu’admettre maintenant, un mois après le début de l’accident qu’il est niveau 7, cela signifie que des millions de personnes ont été contaminés alors qu’elles auraient dû être évacuées depuis longtemps.
  • 10h, La presse japonaise relève des cas de discriminations envers les personnes qui quittent la région de Fukushima : des personnes ont peur de les accueillir craignant leur possible radioactivité. Le gouvernement s’est voulu rassurant en disant que seuls les salariés de la centrale peuvent présenter une radioactivité suffisante pour irradier une autre personne !
  • 10h, Une étude menée par Bank of America estime que le seul accident nucléaire pourrait coûter de l’ordre de 130 milliards de dollars… soit autant que les autres dégâts provoqués par le tremblement de terre du 11 mars 2011. Cette somme pourrait se partager entre Tepco (24 à 45 milliards), les autres entreprises de l’électricité (32 milliards par une caisse de solidarité), le reste étant à la charge de l’Etat.
  • 12h, Nouveau sondage réalisé pour le compte de l’Express : 57 % des Français sont pour la sortie du nucléaire, mais à condition que l’on trouve des solutions pour ne pas augmenter le prix de l’électricité. L’option "sortie du nucléaire" est majoritaire dans toutes les tranches d’âge sauf chez les plus de 60 ans.
  • 20h, une pétition est lancée au niveau européen pour demander que TEPCO soit dessaisi de la gestion de la catastrophe. Malheureusement, en demandant que ce soit l’ONU qui prenne le relais ! Paradoxe, car c’est l’AIEA, agence des Nations Unies pour la promotion du nucléaire civil, qui supervise déjà la communication autour de l’accident… et qui continue à mentir sur la gravité de Tchernobyl depuis 25 ans.
  • 20h, Villeurbanne, ville de 110 000 habitants à l’est de Lyon, a voulu tester la possibilité d’alerter rapidement sa population en cas d’accident. Villeurbanne est à 30 km à l’ouest de la centrale de Bugey. Entre 19h et 20h, la mairie a fait appeler par un automate l’ensemble des téléphones de la ville. Cela a été réalisé en seulement une heure, mais sur 56 599 appels, seuls 27470 personnes ont répondu (48,5%). A la fin du message, il était demandé d’appuyer sur la touche 1 pour voir ceux qui avait écouté jusqu’au bout… et là seulement 7889 l’ont fait (14%). Combien aurait répondu à 3h du matin ? Combien aurait accepté de partir de chez eux immédiatement en cas de nuage radioactif ?
  • 20h30, Greenpeace publie un rapport sur les mesures effectuées sur place pendant un mois par ses spécialistes. Les mesures, toutes faites en dehors de la zone d’évacuation, montrent d’importantes taches de radioactivité… et pas seulement avec des isotopes à durée courte comme l’iode 131, mais aussi avec des éléments à durée longue (césium, strontium…). Des contaminations importantes ont été relevé dans les villes de Fukushima et Koriyama, pourtant à 60 km des réacteurs. Pour Greenpeace, il faut évacuer les personnes qui vivent dans ces taches de radioactivité : cela représente environ un million de personnes. Pour Greenpeace, si en terme de radioactivité, on n’a pas encore atteint le niveau de Tchernobyl, au niveau du nombre de personnes en zone contaminée, c’est pire !
  • 23h, rapport de l’IRSN, Institut français de radioaprotection et de sûreté nucléaire : "L’état de trois réacteurs reste très préoccupant", "les moyens utilisés pour l’injection d’eau restent précaires". Le rapport indique que l’injection d’azote peut éviter à l’hydrogène d’exploser… à condition de rejeter les gaz radioactifs dans l’air.

14 avril

  • 11h, les douanes de Vladivostok (Russie, face au Japon) ont bloqué des véhicules d’occasion en provenance du Japon, celles-ci présentant un taux de radioactivité trop important.
  • 12h, le gouvernement français annonce que François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet se rendront à Kiev (Ukraine, à côté de Tchernobyl) pour un sommet dont le thème est "L’utilisation sûre et innovante du nucléaire" !
  • 13h, la CGT publie un texte demandant l’arrêt de la sous-traitance massive dans l’exploitation des réacteurs nucléaires. Elle dénonce la présence de 80 % d’intérimaires au niveau de la maintenance. Il y a une raison à cela : cela permet d’éviter que des salariés fixes ne soient trop irradiés lors d’opérations dans des réacteurs qui, plus ils vieillissent, plus ils sont radioactifs.
  • 22h, le conseil régional du Centre a adopté une motion pour la "sortie progressive mais très volontaire du nucléaire" dans la région et dans le pays. Ce vote a recueilli 12 votes positifs de la part des élus écologistes, 7 contre de la part du FN, tous les autres élus s’abstenant !


15 avril

  • 1h, TEPCO a fait un prélèvement d’eau dans les piscines de stockage du réacteur n°4 où a eu lieu récemment un nouvel incendie. La présence abondante d’iode 131 semble indiquer qu’une réaction de fission s’est enclenchée entre les éléments qui y sont stockés : 1331 barres usagé et 204 barres neuves. Si une réaction en chaîne s’enclenchait dans cette piscine, cela serait catastrophique car elle est située en dehors de l’enceinte principale de confinement. TEPCO étudierait la possibilité de stopper le risque en enlevant des barres de combustible à l’aide d’un drone. Pour le moment, ils ne savent pas si cela est possible.
  • 8h, le réacteur n°2 de Fessenheim est mis à l’arrêt pour son troisième contrôle décennal. L’ASN devra ensuite statuer pour autoriser ou non une prolongation de son exploitation.
  • 12h, dans un entretien à Médiapart, Jacques Repussard, directeur de l’IRSN, reconnaît que l’on doit revoir toutes les normes d’évaluation des risques : les hypothèses retenues pour les réacteurs actuels n’auraient dû laisser se produire trois accidents graves (Three-Mile-Island, Tchernobyl, Fukushima)… qu’en 1000 ans avec 400 réacteurs en fonctionnement. Nous en sommes à 20 fois plus (en ne comptant qu’un seul accident pour Fukushima).
  • 16h, le département de l’énergie des Etats-Unis, recoupant les cartes de radioactivité et celles des populations, publie une première estimation : sur le long terme, l’accident de Fukushima pourrait provoquer la mort d’un million de personnes. Les Etats-Unis conseillent toujours de ne pas entrer dans la zone de 80 km autour du site.
  • 17h, l’agence de presse japonaise Kyodo publie une étude réalisée pour le compte du gouvernement japonais qui estime elle qu’il pourrait y avoir 400 000 cancers mortels supplémentaires dans un rayon de 200 km autour de la centrale (donc jusqu’à Tokyo). L’étude précise que ce chiffre peut encore varier énormément selon les capacités que l’on aura à évacuer ou non un nombre plus important de personnes. Au même moment, le gouvernement français indique qu’il n’y a pas de danger pour la santé pour les personnes souhaitant se rendre à Tokyo.

16 avril

  • 15h, actions symboliques à Montluçon (Allier, die-in, 150 personnes), Lannion (30 personnes), Bordeaux (occupation d’un agence EDF par dix personnes), Strasbourg (défilé de mode, 20 personnes), Lille (piquet de dix personnes devant une agence EDF), Brioude (Haute-loire, visite maison autonome, 80 personnes), La Roche-sur-Yon (Vendée, 150 personnes).
  • 20h, TEPCO donne des mesures de radioactivité dans la mer. Ces taux restent particulièrement élevé : jusqu’à 6500 fois supérieur aux limites.

17 avril

  • 8h, dans une conférence de presse, TEPCO estime qu’il lui faudra trois mois pour que commence à baisser les niveaux importants de radioactivité et six mois de plus pour arriver à l’arrêt total des réacteurs. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible de sortir les barres de combustibles progressivement et d’ainsi éviter tout nouveau risque. Les six réacteurs du site seront alors définitivement arrêtés. TEPCO annonce qu’il ne renonce pas à son activité nucléaire malgré le fait que 11 des 17 réacteurs qu’il détient sont soit détruits soit en panne (certains depuis le tremblement de terre du 16 juillet 2007). Sur 17,3 GW nucléaire, seuls 6,5 GW sont encore en activité. TEPCO détient également des barrages hydrauliques (8,5 GW) et des centrales thermiques (37 MW). TEPCO devrait dépenser entre 24 et 45 milliards d’euros. Au-delà, ce serait pris en charge par une caisse commune avec les autres électriciens puis par l’Etat.
  • 14h, à Kiev (Ukraine), 2000 liquidateurs de Tchernobyl manifestent pour demander une meilleure prise en charge au niveau social. Le gouvernement ukrainien estime que 5 millions de personnes dont 2,3 millions en Ukraine souffrent des conséquences de l’accident, dont de nombreuses parce qu’elles vivent dans les zones contaminées. Selon le gouvernement, seuls 5 % des enfants du pays ont une santé correcte. L’espérance de vie du pays est en baisse constante : de 79 ans en 1989, elle ne sera plus que de 55 ans en 2020.

18 avril

  • 8h, Jean-Pierre Frick démarre un jeûne tournant devant la préfecture de Colmar, pour demander l’arrêt de Fessenheim et un plan de sortie du nucléaire en dix ans. Le jeûne durera au moins trois semaines. D’autres militants et militantes l’accompagnent en jeûnant sur des périodes plus courtes.
  • 11h, conférence de presse des Enfants de Tchernobyl sur la poursuite de la catastrophe. Une délégation s’est rendue ces derniers jours dans la ville russe de Novozybkov (200 km de Tchernobyl, 45 000 habitants) : des relevés de radioactivité au sol indiquent que l’on a des expositions massives encore aujourd’hui. Les aliments sont contaminés à haute dose. Ce sont principalement les retombées de Césium 137 qui sont responsables de cette contamination persistante. Les Enfants de Tchernobyl dénonce l’attitude de l’OMS qui ne rend pas compte de l’état de santé des victimes de l’accident.
  • 14h, Eva Joli demande que les audits des réacteurs nucléaires français soient confiés à des experts d’autres pays, sous contrôle européen.
  • 14h, une manifestation contre le projet de centrale nucléaire Areva à Jaïtapur est violemment réprimée par la police qui ouvre le feu. Un manifestant, Tabrez Pehekar, pêcheur, a été tué par balle.
  • 15h, manifestation des sous-traitants du nucléaire à Bollène (Vaucluse, près du Tricastin) pour demander une meilleure protection sociale, la baisse des limites d’exposition et la retraite à 55 ans. Ils sont environ 20 000 en France selon EDF dont 17 % en intérim et CDD. Ces derniers sont ceux qui reçoivent les doses les plus importantes… et dont on perd la trace le plus facilement pour continuer à affirmer que le nucléaire ne provoque pas de maladies professionnelles.
  • 17h, Patrick Fauchon, maire PS de Flamanville (Manche) s’inquiète de la perte de valeur immobilière pour ceux qui veulent déménager alors qu’ils habitent près d’une centrale nucléaire.
  • 18h, des robots ont mesuré les taux de radioactivité dans les réacteurs 1 et 3, des niveaux qui s’avèrent trop élevés pour que l’on puisse y pénétrer.

19 avril

  • 4h, le gouvernement japonais annonce la suspension de la construction de nouvelles centrales tant qu’une remise à plat des conditions de sécurité n’a pas été mise en place.
  • 9h, TEPCO poursuit le pompage de l’eau très radioactive en la stockant dans les bassins de rétention après que ceux-ci aient été vidés en mer d’une eau moins radioactive. Il faudra au moins un mois de pompage pour évacuer 10 000 tonnes d’eau.
  • 10h, un sondage au Japon fait auprès de 3352 personnes, indique que 41 % des Japonais sont pour l’arrêt ou la diminution de la part du nucléaire. En 2007, après l’accident provoqué par un précédent séisme à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, ils n’étaient que 28 %. 51 % sont pour continuer le nucléaire contre 53 % en 2007. 5 % sont pour augmenter la part du nucléaire contre 13 % en 2007. Les hommes sont majoritairement favorables au nucléaire alors que les femmes sont à égalité.
  • 12h, publication d’une étude médicale en Belgique qui indique que l’accident de Tchernobyl a provoqué une hausse significative des cancers de la thyroïde chez les enfants qui avaient moins de dix ans lors de la catastrophe. Ceci infirme la version officielle qui jusqu’alors considérait les doses reçues comme négligeables.
  • 13h, l’arrivée des Verts à la tête de la région Bade-Wurtemberg devrait mettre fin aux activités nucléaires de l’électricien EnBW, propriétaire de quatre réacteurs nucléaires : la région dispose en effet de 50 % du capital d’EnBW, a égalité avec un groupement de communes.
  • 15h, au Canada, des militants de Greenpeace ont occupé le bureau du ministre de l’énergie, pour demander l’abandon des projets de nouveaux réacteurs dans le pays.
  • 19h, en Italie, depuis 2008, Berlusconi essayait de relancer le nucléaire. Après avoir annoncé un report d’un an puis de deux ans pour organiser un référendum autorisant le gouvernement a relancer le nucléaire (arrêté par référendum après l’accident de Tchernobyl), un projet de loi a été présenté pour demander qu’avant un tel référendum tous les textes législatifs soient revus en fonction des nouvelles données que l’on connaît depuis 25 ans. Le nucléaire risque d’être bien abandonné définitivement.

20 avril

  • 8h, le gouvernement japonais indique qu’un navire-hôpital devrait être installé à Onahama, un port entre Fukushima et Tokyo, spécifiquement pour y accueillir les travailleurs irradiés du site… les hôpitaux classiques étant réservés aux populations plus légèrement irradiées des zones contaminées. Une cinquantaine de travailleurs sont déjà hospitalisés, trois sont morts.
  • 11h, l’Agence de sûreté industrielle et nucléaire du Japon annonce officiellement qu’il y a bien eu fusion partielle des cœurs des réacteurs 1 et 3. Les estimations divergent encore pour savoir dans quel pourcentage.
  • 14h, en Inde, plusieurs milliers de personnes assistent à l’enterrement de Tabrez Pehekar, tué par balle lors d’une manifestation contre le projet Areva de centrale nucléaire.
  • 15h, recommandation du gouvernement pour les écoles de la province de Fukushima : ne pas laisser sortir les enfants plus d’une heure par jour, bien leur laver les mains et le visage lorsqu’ils rentrent en classe. De nombreuses associations japonaises ont réagi en demandant que l’on évacue les enfants de cette zone comprises entre 30 et 80 km de la centrale.
  • 16h, alors que des habitants demandent à pouvoir récupérer certaines affaires, le gouvernement annonce qu’une seule personne par maison pourra le faire et une seule fois, sous contrôle policier, en tenue de protection et après contrôle du niveau de radiation des objets emmenés. Un contrôle effectué par la police dans 3378 maisons a permis de constater que 63 étaient encore habitées ! A partir du 21 avril, O h, la zone d’évacuation de 20km devient zone interdite aux civils pour une durée indéterminée.
  • 19h, une revue taïwanaise publie des données sur les travailleurs de TEPCO. En 2009, sur le site de Fukushima, il y avait 1108 salariés REPCO et 9195 salariés d’entreprises sous-traitantes. Ce sont ces derniers qui se prennent la majorité des doses d’irradiation. Or ces 9000 salariés disponibles ne suffisent plus aujourd’hui pour se relayer sur le site (où ils sont en permanence entre 500 et 700) et des petites annonces apparaissent dans la presse japonaise pour essayer de recruter. Un expert consulté par le quotidien propose que l’on n’envoie sur le site que des personnes de plus de 60 ans : plus on est âgés, moins on est sensible aux radiations… et moins on a de chance de développer un cancer dans dix ou vingt ans.
  • 23h, nouveau sondage réalisé pour France 2 et un panel de chaîne de télévision dans d’autres pays, au niveau mondial (?) : au Japon, les personnes favorables au nucléaire seraient passées de 62 % en début d’année à 39 % aujourd’hui. Ce serait en Chine que l’on aurait le plus de personnes favorables (70 %) devant la Corée du Sud (64 %). En France, on aurait une baisse de 8 % (de 66 à 58 %). Les plus opposés seraient les Autrichiens (90 %) devant les Grecs (89 %) et les Géorgiens (80 %). Si le référendum souhaité par Berlusconi en Italie avait été maintenu, 75 % des Italiens aurait voté contre la reprise du nucléaire.

21 avril

  • 11h, TEPCO annonce avoir relâché 5000 Tbq en mer depuis le 1er avril soit 20 000 fois ce qu’elle est autorisée à rejeter par an. Selon les autorités de sûreté japonaise, ce seul rejet en mer correspond déjà à un accident de niveau 5 à 6.
  • 12h, une trentaine de militants de Greenpeace déroulent une banderole géante sur le siège d’EDF à Paris : "le nucléaire sûr n’existe pas". La même banderole est déroulée par un autre groupe sur l’Atomium de Bruxelles. Greenpeace demande l’arrêt des chantiers des EPR en Finlande et à Flamanville, le retrait des entreprises françaises dans les projets en Bulgarie, au Brésil et en Inde et une décision de sortie du nucléaire.
  • 15h30, nouveau séisme de force 6,3 au nord-est de Tokyo.
  • 17h, le gouvernement japonais a décidé de faire des tests sur du lait maternel de femmes évacuées de la région pour dépister d’éventuelles contaminations radioactives.
  • 20h, 150 supporters du club de foot de Nuremberg, 6e du championnat allemand, ont demandé au club que cesse le sponsoring avec Areva.

22 avril

  • 10h, une trentaine de militants du comité Stop EPR2 ont occupé les locaux de l’ASN, Autorité de sûreté nucléaire, pour une "visite d’inspection décennale". Avec l’aide des forces de l’ordre, ils ont obtenu la fermeture provisoire du site. Ils demandent à l’ASN de s’expliquer sur l’absence de sanctions à l’encontre d’EDF lorsque l’électricien ne répond pas aux demandent de l’ASN ou falsifie des données. Rappelant que la sanction suprême est la fermeture des sites nucléaires, les militants demandent à l’ASN de prendre les mesures nécessaires pour fermer les sites situés en zone séismique ou inondable, un arrêt des chantiers des EPR 1 et 2 ou… la fermeture de l’ASN.
  • 15h, le gouvernement japonais modifie la norme d’exposition à la radioactivité en passant cette fois la limite à 20 millisieverts par an… soit une multiplication par 20 pour les adultes depuis le début de l’accident… et par 80 pour les enfants. Ainsi, il n’est pas besoin d’évacuer plus de monde ! De nombreuses organisations scientifiques et politiques ont protesté contre cette mesure.
  • 19h, alors que jusqu’à maintenant le projet était bloqué, le conseil général de Vendée a voté en faveur de l’implantation d’éoliennes offshore : 96 fois 6 MW entre l’Ile d’Yeu et l’Ile de Noirmoutier, à 21 km des côtes. Ce vote étant motivé par "la nouvelle donne provoqué par l’accident de Fukushima". La production électrique attendue dépasse légèrement les besoins du département.
  • 21h, l’AFP publie un récapitulatif : 440 réacteurs dans le monde sur 221 sites et 90 millions de personnes qui vivent dans un rayon de 30 km autour. En France, 5 millions de personnes vivent autour d’un des 19 sites. Si l’on monte à 75 km, on a alors près de 500 millions de personnes concernées : 111 aux Etats-Unis, 72 en Chine, 57 en Inde, 39 en Allemagne, 33 au Japon, 22,4 en France (soit un habitant sur trois).
  • 23h, le gouvernement japonais annonce étudier comment procéder à l’évacuation des personnes situées entre le 20 et le 30e kilomètres au cas où la contamination continuerait à augmenter.

23 avril

  • 8h, tous les panneaux d’entrée de la ville de Gravelines (Nord) et des autres communes situées dans un rayon de 30 km, ont été recouverts d’affiches "Tcherno-ville". La centrale de Gravelines compte 4 réacteurs de plus de 30 ans.
  • 8h, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Tokyo pour demander la sortie du nucléaire.
  • 15h, nombreuses marches antinucléaires dans une quarantaine de villes d’Allemagne pour les traditionnelles "marches de Pâques". 145 000 manifestants au total.
  • 15h, die-in à Lille (30 personnes). Manif à Poitiers (60 personnes).

24 avril

  • 15h, 300 manifestations ont eu lieu en France pendant le week-end du 23 au 25 avril : dont une vingtaine devant les centrales de Golfech (400 personnes), Cattenom (3000), Saint-Laurent-des-Eaux (80 personnes), Flamanville (800), Cruas (200), Brennelis (800), Blayais (800), Lyon (300), Redon (200). Grosse manif sur le pont de l’Europe à Strasbourg pour la fermeture de Fessenheim : 1500 côté français, 5000 côté allemand. Des manifs avaient également lieu sur cinq autres ponts frontaliers : 3000 (dont 700 français) ont bloqué le pont entre Marckolsheim et Sasbach. Distribution de tracts à Montpellier (40 personnes). Manif à Bruxelles (1000 personnes) et à Vienne (1000 personnes). Au total, plus de 20 000 manifestants français.
  • 24h, une centaine de femmes habitant dans la zone contaminée mais non évacuée protestent publiquement pour la première fois en demandant "protégez nos enfants, fermer les réacteurs nucléaires". Elles protestent contre la décision du gouvernement de relever les doses admissibles.

25 avril

  • 12h, TEPCO indique que les robots français ne peuvent être utilisés car trop volumineux. Les robots américains permettent de faire des mesures précises et de filmer à l’intérieur des zones dangereuses, mais pas de faire des interventions. Ce sont donc des humains qui devront se relayer dans des zones où les doses annuelles (augmentées) peuvent être atteintes en quelques dizaines de minutes. TEPCO indique également qu’il a des difficultés à maintenir les piscines de stockages des barres de combustibles du réacteur n°4 à une température basse, ceci malgré l’injection permanente d’eau pour la refroidir.
  • 16h, TEPCO annonce une baisse de salaire de 50 % pour ses dirigeants, de 20 % pour ses cadres supérieurs. Il économisera ainsi 450 millions d’euros par an.

26 avril

  • 1h23, 25e anniversaire de l’accident de Tchernobyl. Le réacteur n°4 explose libérant 2 % de son contenu dans l’atmosphère. Une zone interdite de 30 km est toujours en place. Près d’un million de personnes sont déjà mortes et 7 millions vivent dans des zones contaminées et sont destinées à mourir d’un cancer. L’accident a déjà coûté 1000 milliards de dollars. Vladimir Kouznetsov, conseiller auprès de Rosatom, l’EDF russe, estime que onze réacteurs russes sont aujourd’hui vétustes et qu’ils devraient être fermés depuis longtemps. Lors d’un colloque à Kiev, l’OMS annonce pour la première fois 10 000 morts (contre 4000 avant). Pour rappel, les gouvernements russe et ukrainien parlent, eux, d’un million de morts.
  • 5h, selon l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, les rejets de radioactivité ne seraient plus que de 1 terabecquerels par jour soit 150 fois moins qu’au début du mois. Depuis le 11 mars, le total des émissions atteindrait 370 000 terabecquerels soit autant que ce que Tchernobyl a libéré lors des dix premiers jours de l’accident. Pour rappel, Tchernobyl a libéré 200 fois plus de radioactivité que la bombe sur Hiroshima.
  • 12h30, TEPCO annonce avoir commencé un programme de projection de résine sur le sol pour fixer les poussières radioactives. Selon ses estimations, il faudra projeter un million de m3 de résines pour couvrir une surface de 50 hectares. Pour le moment, la pulvérisation est faite par des hommes en tenue de protection, mais TEPCO espère pouvoir les remplacer par un véhicule spécialisé.
  • 14h, à Minsk, plusieurs centaines de manifestants osent braver la répression de la dictature biélorusse pour demander l’arrêt de la construction d’un premier réacteur dans le pays. La Biélorussie est le pays le plus contaminé par l’accident de Tchernobyl, près de sa frontière sud.
  • 20h30, pendant une semaine, France-Culture lit des extraits du livre La supplication.

27 avril

  • 8h, début de la cinquième année de présence quotidienne devant l’entrée de l’OMS à Genève pour dénoncer l’accord qui oblige l’OMS à soumettre ses publications à l’AIEA, Agence de promotion de l’énergie nucléaire. Pour la première fois, la directrice de l’OMS, Margaret Chan, a accepté une entrevue qui aura lieu le 4 mai.
  • 8h, le Monde publie une tribune signée par Youri Bandajevsky, ancien recteur de l’université de médecine de Gomel, Michèle Rivasi et Daniel Cohn-Bendit. On y apprend que le taux de croissance démographique en Biélorussie, pays le pus touché par l’accident de Tchernobyl, est actuellement de -0,59 %, ce qui signifie une surmortalité et une baisse importantes de la natalité : les gens ne peuvent plus avoir d’enfants après 25 ans de contamination au césium.
  • 8h, l’Autorité de sûreté nucléaire autorise Areva à lancer un chantier de réparation pour refaire les soudures des tuyaux qui traversent la cuve du réacteur EPR. Ce défaut de fabrication avait été révélé en septembre 2010 par le Réseau Sortir du nucléaire. L’ASN étudiera ensuite si le couvercle de la cuve présente bien la résistance souhaitée avant d’autoriser la poursuite du chantier… qui compte déjà plus de 3 ans de retard.
  • 10h, TEPCO annonce que toutes ses centrales abîmées par le tsunami seront remises en marche d’ici le mois de juillet. Il s’agit évidemment de centrales thermiques au gaz… pour les centrales nucléaires, ce sera nettement plus long. 
  • 10h, le gouvernement explique les difficultés qu’il rencontre pour l’évacuation de la zone au-delà des 20 km autour de Fukushima. Les principaux problèmes concernent le relogement des personnes hospitalisées ou en maison de retraite. Dans la ville d’Iitate, à 40 km de la centrale, mais particulièrement touchée par les émissions radioactives, il y a par exemple à reloger un asile psychiatrique spécialisé avec 107 résidents dont 30 alités. a Okuma, il y a un hôpital avec 440 patients dont une centaine entrés à la suite du tremblement de terre. Plusieurs malades sont morts lors de leur transfert vers d’autres hôpitaux.
  • 13h, les mesures de radioactivité à Tokyo sont, de source officielle, toujours assez basse, mais quand même avec deux fois plus de radioactivité dans l’air à l’extérieur qu’à l’intérieur des habitations.

 

28 avril

  • 1h, selon la Commission de sûreté nucléaire japonaise, les estimations de TEPCO sur les émissions d"iode et de césium radioactif sont sans doute fausses : une étude portant sur la journée du 5 avril donne un résultat dix fois plus élevé que ce qu’annonçait TEPCO ce jour là : 6,4 terabecquerels au lieu de 0,69 annoncés.
  • 4h, TEPCO indique qu’il lui faut encore envoyer de 140 à 210 tonnes d’eau par jour rien que pour refroidir le combustible des piscines du réacteur n°4, ce qui fait autant d’eau radioactive à stocker ensuite, même si elle s’évapore en partie. TEPCO estime que le réacteur 1 aurait fondu de 55 %, le 2 de 35 % et le 3 de 30 %.
  • 8h, le gouvernement japonais s’inquiète de la pérennité du fonctionnement de l’ensemble du parc nucléaire : celui-ci fonctionne avec de nombreux sous-traitants (environ 70 000) qui pour la plupart ont déjà ou vont être irradiés sur le site de Fukushima et ne peuvent donc plus travailler sur les autres centrales. Le gouvernement craint une pénurie qui empêcherait l’entretien des centrales encore en fonctionnement. Malgré les annonces dans la presse, les entreprises sous-traitantes ont annoncé avoir du mal à recruter.
  • 9h, une tornade aux Etats-Unis provoque la chute de onze lignes à haute tension ce qui entraîne l’arrêt d’urgence de trois réacteurs de la centrale de Browns Ferry (Tennessee).
  • 13h, polémique aux Etats-Unis : des scientifiques annoncent avoir mesuré des retombées d’uranium en Californie et de plutonium en Nouvelle-Angleterre (43 fois trop élevé) et à Hawaï (11fois trop élevé). Si cela est exact, cela signifierait que l’accident de Fukushima est totalement sous-estimé. Or le Japon ne donne pour le moment que des mesures de radioactivité sur l’iode et le césium. Ces scientifiques demandent au Japon les mesures faites sur l’uranium et le plutonium. Il pourrait s’agir de la conséquence de l’explosion du réacteur n°3 dont les piscines de stockage du combustible usagé semblent avoir été pulvérisé… alors qu’elles contenaient du MOX.
  • 14h, Greenpeace proteste après que le gouvernement japonais lui ait interdit d’approcher des zones contaminées avec son navire Rainbow Warrior. Greenpeace a annoncé son intention de faire une campagne de mesures de la radioactivité dans l’eau, dans la faune et la flore marines.
  • 15h, Sarkozy annonce qu’il va aller visiter la centrale de Gravelines (Nord). Pour annoncer cela, il se fend de quelques petites phrases : "sortir du nucléaire reviendrait à se couper un bras" et d’insister tout en finesse "nous n’allons pas revenir à la bougie". Il est vivement critiqué par les réseaux associatifs mais aussi par la commission énergie du PS. Le Réseau Sortir du nucléaire rappelle que Gravelines utilise une technologie similaire à celle de la centrale de Three-Mile Island victime d’un accident grave en 1979. Que 5 des 6 réacteurs de la centrale sont chargés en Mox, le même qui a provoqué le relâchement de plutonium à partir du réacteur n°3 de Fukushima. Que les six réacteurs sont concernés par deux anomalies génériques et qu’EDF refuse de les supprimer car cela coûterait trop cher. Que Gravelines, plus grosse centrale d’Europe, est installé à côté de 13 sites "Seveso seuil haut" dont un dépôt pétrolier à 500 m. En cas d’incendie, les conséquences chimiques pourraient se rajouter à la pollution radioactive. Que le récent essai d’évacuation des populations dans un rayon de seulement 2km a été un échec total. Enfin que les réacteurs sont construits 45 cm en dessous du niveau de la crue milléniale… alors que le niveau de la mer monte.
  • 19h, Abdoulaye Wade, président du Sénégal, en visite sur un salon de l’énergie, lance un appel aux Etats africains pour que tous renonce au nucléaire. Il annonce le retrait du Sénégal d’un projet de centrale flottante étudiée avec la Russie au large de Dakar.

 

29 avril

  • 8h, un sondage commandé par Greenpeace révèle que 64 % des Turcs sont contre la construction d’un premier réacteur nucléaire dans le pays, 7 % sont pour, les autres ne se prononcent pas.
  • 9h, le gouvernement indien annonce un moratoire sur la construction des réacteurs nucléaires en cours, le temps de remettre à niveau les normes de sûreté après l’accident japonais.
  • 9h, le Monde publie une tribune du sociologue Pierre Jacquiot, qui pose la question de la vulnérabilité des réacteurs nucléaires en cas de guerre. Si le territoire français n’a pas connu de guerre depuis 65 ans, il rappelle que c’est un record dans notre histoire. Imaginons un instant qu’un Khadafi, acculé par les bombardements décide de se venger…
  • 12h, alors que la ville d’Iirate, à 40 km de la centrale, fortement contaminée, est en cours d’évacuation depuis maintenant plus de quinze jours, les autorités signalent qu’encore 45 enfants ont été évacués seulement aujourd’hui.
  • 13h, à Berne (Suisse), les autorités demandent la levée du campement antinucléaire installé devant le siège des Forces motrices bernoises, société qui gère la centrale de Mühleberg. Les antinucléaires ont annoncé leur intention de rester jusqu’à la fermeture du réacteur. 500 personnes se relaient.
  • 14h, Toshiso Kosako, expert en sûreté nucléaire auprès du premier ministre depuis le 16 mars dernier, démissionne estimant que la gestion de l’accident n’est pas menée de manière rigoureuse et se contente de mesures provisoires qui retardent d’autant une résolution rapide des problèmes en cours.
  • 18h, l’IRSN publie un nouveau bulletin sur Fukushima. l’IRSN estime que la poursuite de l’arrosage des réacteurs alors que l’eau s’écoule ensuite à l’extérieur n’est pas une solution pérenne… et que mettre en place des solutions définitives sera long.
  • 21h30, le conseil régional de Provence-Alpes-Cote-d’Azur a adopté une motion présenté par le groupe Europe-Ecologie-Les Verts-Parti occitan, demandant au préfet de provoquer une réunion des acteurs du nucléaire pour viser un processus de transition énergétique préparant à une sortie du nucléaire ; la motion demande également qu’EDF renonce à sa politique de sous-traitance ; enfin, elle demande que les structures militaires (rade de Toulon, Cadarache) soit soumises aux mêmes réglementations notamment en terme de communication des informations.
  • 22h, l’AIEA propose de renforcer les normes de sûreté dans le secteur du nucléaire et se dit favorable à la proposition française de création d’une force internationale d’intervention rapide en cas d’accident. Le Réseau Sortir du nucléaire analyse que cela signifie que l’on refuse d’envisager la sortie du nucléaire et que l’on préfère préparer la catastrophe suivante.

 

30 avril

  • 14h, 5000 manifestants à Taipei (Taïwan) pour demander l’arrêt du chantier du 4e réacteur nucléaire du pays. 2000 manifestants à Tokyo… et un appel à une vaste manifestation dans tout le pays le 11 juin prochain, pour le 3e mois de l’accident.
  • 15h, die-in au centre de Brest d’une centaine de personnes. 150 personnes manifestent à Avranches (Manche) pour demander l’arrêt du chantier de l’EPR. 300 personnes manifestent à Paris, 300 à Rennes également.

Rassemblée par Michel Bernard, pour la revue Silence https://www.revuesilence.net/index.php?page=japon_chronoavril

1er avril

  • 8h, nouvelles fumées sur le réacteur n°2. Des spécialistes estiment que c’est provoqué par la réaction du cœur du réacteur avec le béton situé sous la cuve… et donc que le réacteur a traversé l’enceinte de confinement métallique. Conséquence prévisible : la radioactivité va encore augmenter.
  • 9h, la télévision japonaise NHK, proche du gouvernement, annonce que seuls les chefs d’équipe sur le chantier sont équipés de dosimètres. Les ouvriers, la plupart issus de la sous-traitance, n’en ont pas et n’ont aucune idée des doses qu’ils reçoivent. Le Ministre de la santé a dit qu’il est normal que l’on reçoive des doses plus importantes que la normale en cas d’accident, mais que dans le cas présent, c’est un "sérieux problème". Traduction : ils sont condamnés.
  • 12h, la radioactivité baisse légèrement à Tokyo d’après les mesures officielles. Mais il y a encore trois fois plus de radioactivité à l’extérieur des bâtiments qu’à l’intérieur.
  • 14h, dans le débat qui agite le Japon, un journaliste rappelle que le nucléaire au Japon représente 29% de la production électrique, laquelle a été en 2009 de 956 milliards de kWh. Arrêter le nucléaire d’un coup, cela obligerait à redescendre à 679 milliards de kWh. Par comparaison, en 1985, le Japon consommait 584 milliards de lWh.
  • 15h, selon le département de l’énergie des Etats-Unis, les émissions de radioactivité à Fukushima sont en train de dépasser celles de Tchernobyl. Selon une spécialiste russe, Natalia Mironova, la situation "est pire qu’à Tchernobyl" : trois réacteurs au lieu d’un, et des émissions radioactives qui durent plus longtemps.
  • 16h, selon le gouvernement russe, la radioactivité venue avec les vents d’ouest et qui a traversé l’Europe a bouclé son premier tour du monde en rejoignant dans l’est de la Russie la tache qui sétale à partir du Japon. A Moscou même, on a pu détecter de l’iode-131, du césium-134, du césium-137 et du tellurium-132, à des doses très faibles.
  • 22h, deux pompes géantes pouvant envoyer de l’eau ou du béton à 62 m de haut sont arrivées sur le site en provenance d’Allemagne. Trois autres sont en route provenant des Etats-Unis et de Chine.

2 avril

  • 7h, l’Agence de l’énergie atomique du Japon annonce que l’on ne peut exclure une contamination radioactive généralisée du Japon.
  • 8h, TEPCO annonce que le socle de la centrale n°2 n’est plus étanche et que de l’eau radioactive s’école maintenant directement dans la mer.
  • 8h, des militants antinucléaires organisent des présences devant les agences d’interim de Tokyo pour inciter les gens à refuser d’aller travailler sur le site : "Si tu acceptes ce travail, tu es mort". Une étude révèle que 80 % des intervenants en zone "chaude" sont des intérimaires recrutés dans les couches les plus pauvres de la population.
  • 8h, la Chine annonce que déjà dix passagers ont été interpellés à leur descente d’avion en provenance du Japon car présentant un taux de radioactivité trop élevé.
  • 10h, l’IRSN donne les premières mesures de contamination dans le lait : il a été mesuré 0,11 bq/litre dans du lait de Loire-Atlantique (limite pour la consommation : 600 bq/l)
  • 11h, l’Agence japonaise de météo annonce avoir réalisé un modèle de simulation de la dispersion des particules radioactives, mais le gouvernement lui a interdit de diffuser ces informations, estimant que cela créérait une panique. Toshio Yamagata, directeur du service météorologie estime cela effrayant. Koyama Makoto, professeur à l’université de Shizuoka a déclaré : "cette ordre d’en haut du contrôle de l’information est égal à une déclaration de suicide de la société"
  • 13h, reprenant les données communiquées par le département de l’Energie des Etats-Unis, la CRII-Rad donne une première liste concernant les produits radioactifs relâchés. Elle rappelle qu’il y a plus de 1000 isotopes différents et que seuls quelques uns sont mesurés en continue, ce qui laisse une grande part d’incertitude.
  • 18h, alors que les autorités des Etats-Unis estiment que les piscines de combustibles sont plus solides aux Etats-Unis qu’au Japon, l’Association des scientifiques responsables rappellent que dans ces piscines on trouve environ dix fois plus de radioactivité que dans l’ensemble des réacteurs du pays. Ces piscines sont protégé par un simple toit en tôle… alors que les réacteurs sont sous une enceinte d’acier et de béton. L’association rappelle également que les générateurs de secours dans 93 des 104 réacteurs n’ont qu’une autonomie de 4 heures, deux fois moins que ceux de Fukishima, alors qu’au Japon cela s’est avéré insuffisant pour ne pas perdre le contrôle des réacteurs.

3 avril

  • 5h, les corps de deux salariés partis en inspection au début de l’accident et victime d’une explosion ont été retrouvés.
  • 9h, l’Allemagne demande à la Suisse de fermer le réacteurs de Beznau 1, située à une dizaine de km de la frontière allemande. Le réacteur a été mis en route en 1969.
  • 10h, les Etats-Unis ont annoncé le rapatriement des militaires US et de leurs familles qui le souhaitent. Il y a 35 000 militaires US au Japon, soit environ 200 000 personnes en comptant les familles et le personnel civil. Plusieurs banques internationales ont également accepté le départ des salariés qui le veulent de Tokyo.
  • 19h, Libération annonce sur son site que le programme du PS ne prévoirait qu’une "sortie du tout nucléaire en 30 ou 40 ans" ce qui ne veut strictement rien dire : nous ne sommes pas dans le tout nucléaire quand celui-ci ne représente que 20 % de notre énergie !
  • 23h, selon Ouest-France, Tepco cherche à recruter en offrant un salaire de 200 000 yens par jour (1750 euros) pour aller intervenir dans les zones les plus difficiles.

4 avril

  • 8h, TEPCO annonce qu’après deux jours à chercher à colmater les fuites pour empêcher l’eau radioactive d’aller vers la mer, les différentes techniques essayées ont échoué.
  • 10h, TEPCO annonce la nécessité de se débarasser de 11 500 tonnes peu contaminées qui sont dans les bassins de rétention des réacteurs 5 et 6 pour pouvoir ensuite y stocker l’eau très radioactive qui empêche d’accéder à des couloirs souterrains des réacteurs 1 à 4. Il annonce vouloir rejeter le tout à la mer. Le porte-parole du gouvernement annonce que c’est la solution la moins pire. Par ailleurs, 7500 tonnes d’eau radioactive ont pu être stockées dans un navire-citerne (tankers), lequel sera ensuite conduit dans le port de Shizuaka, au sud-ouest de Tokyo. Ce navire n’est concçu ni pour stocker, ni pour transporter des déchets radioactifs.
  • 17h, Singapour a interdit l’entrée de produits alimentaires provenant de la région de Kobé, celle-ci présentant un taux de radioactivité trop important. Or Kobé est 500 km au sud de Tokyo !
  • 17h, l’ACRO, laboratoire indépendant publie des analyses sur des prélèvements effectués sur dix-sept lieux répartis en France. Dans cinq échantillons, l’iode 131 est détectable, mais avec des taux très faible. Dans les douze autres, la radioactivité est en-dessous du seuil de protection.
  • 20h, le gouvernement suisse annonce étudier la possibilité de remettre en fonctionnement des centrales gaz en route pour pouvoir arrêter ses réacteurs, en accompagnant cette décision de mesures visant à ne pas émettre globalement plus de CO2.

5 avril

  • 8h, Le gouvernement coréen proteste contre les rejets en mer, estimant que la pollution radioactive pose un problème de droit international.
  • 8h, Publication d’un sondage dans France-Soir : 83 % des Français sont pour une diminution progressive du nucléaire (90 % à gauche, 66 % à droite). 73 % estiment qu’il est possible de s’en passer totalement.
  • 10h, Tepco a mesuré des taux de radioactivité dans des flaques d’eau du réacteur 2 qui atteignent 7,5 millions de fois les taux limites.
  • 17h, Le gouvernement britannique décide de suspendre les discussions en cours sur la construction de réacteurs EPR en Grande-Bretagne.
  • 18h, Le pré-programme du PS est rendu public : aucune sortie du nucléaire n’y est présentée. On peut y lire tous les poncifs habituels : fleuron de l’industrie française, industrie décarbonée, indépendance nationale, "il faut penser l’avenir de notre industrie nucléaire" et le sommet du négationnisme : "Ne gâchons pas des années de succès technique et économique, unique au monde, du secteur public français – le nucléaire civil – parce que la gestion privée au Japon a conduit à un désastre, comme cela avait été aussi le cas dans une moindre mesure à Three-Mile Island aux Etats-Unis en 1979". Tchernobyl, géré par l’Etat, n’existe plus ! Les pro-nucléaires, DSK et Hollande en tête, ont repris la main !
  • 22h, L’Acro donne une estimation de la radioactivité relâchée en mer par les 10 000 tonnes d’eau radioactives : 170 milliards de becquerels… et rappelle que c’est du même ordre de grandeur que ce que l’usine Areva de La Hague rejette chaque mois en mer. L’Acro rappelle que ce relâchement d’eau va permettre de stocker de l’eau beaucoup plus radioactive : l’eau qui s’écoule du réacteur n°2 est un million de fois plus dangereuse.

6 avril

  • 5h30, Tepco annonce avoir stoppé la fuite concernant le cœur du réacteur n°2.
  • 7h45, Tepco annonce craindre une nouvelle explosion d’hydrogène dans le réacteur n°1.
  • 8h, Depuis le 31 mars, des groupes antinucléaires ont organisé une "course de lenteur" qui se déroule chaque jour à Tokyo devant le siège de Tepco. Des arrestations ont eu lieu pour essayer de les empêcher de continuer.
  • 10h, Le secrétaire d’Etat à l’environnement d’Allemagne annonce que les huit réacteurs nucléaires actuellement à l’arrêt ne redémarreront pas et qu’un plan de fermeture des neuf autres prévoit la fermeture du dernier d’ici 2020. Soit un retour à la loi de 2002.
  • 12h, Le gouvernement japonais a remonté les limites de radioactivité dans l’alimentation de 500 bq/kg à 2000 bq/kg. Une simple décision administrative et, hop, on est quatre fois plus résistant à la radioactivité !
  • 12h, La Chine indique que du césium 137 et 134 a été mesuré dans l’air de 17 des 31 régions du pays. L’iode radioactif est lui détectable partout. Les niveaux resteraient faibles et ne nécessiterait pas de protection particulière.
  • 12h, la CRII-Rad publie une étude sur les mesures effectuées : pour le moment, nous sommes, en France, à des taux très bas, mais on ne peut prévoir la suite tant que Fukushima continuera à produire un nuage radioactif. Roland Desbordes président de la CRII-Rad s’étonne que l’iode ait pu voyager si loin alors que la radioactivité ne sort qu’au niveau du sol. Pour lui, cela signifie que sur place, la contamination doit être importante.
  • 12h, enquête dans les Echos sur les conséquences de l’accident sur l’économie du secteur nucléaire en France. Le projet d’EPR à Penly semble mort-né. Areva a suspendu la construction d’une usine de métallurgie nucléaire en Virginie aux USA. EDF craint un nouvel "hiver nucléaire" comme après l’accident de Tchernobyl.
  • 19h, TEPCO confirme que le niveau de contamination à l’intérieur des réacteurs se maintient à 5 millions de fois la limite, ce qui signifie, compte tenu de la présence d’isotopes à la durée de vie très courte, que les fuites radioactives se poursuivent. Il annonce l’injection d’azote gazeux dans l’enceinte du réacteur n°1 pour essayer de neutraliser une nouvelle bulle d’hydrogène en formation.
  • 19h, la Chine indique avoir trouvé des contaminations par l’iode dans les épinards de 3 régions orientale.
  • 19h, le parlement de Bâle-Ville engage une motion par 73 voix pour, 0 contre et 11 abstention pour que le canton engage des actions en direction de la France pour obtenir l’arrêt de la centrale de Fessenheim.
  • 20h, La secrétaire nationale PS à l’Energie, Aurélie Filippetti remonte au créneau, estimant que le document pré-programme n’est "absolument pas satisfaisant". "Il faut le rendre cohérent avec ce qu’a dit Martine Aubry sur une sortie progressive du nucléaire, et compatible avec la demande du groupe des députés PS sur un moratoire sur la construction de nouvelles centrales". Elle indique que de nombreux députés ont déjà proposé des amendements pour aller vers une position plus "sortie du nucléaire".

7 avril

  • 7h, la fréquentation de l’aéroport international de Tokyo a baissé de 75 % depuis le 11 mars.
  • 9h, plusieurs syndicats japonais dénoncent les arrestations concernant les militants antinucléaires qui manifestent contre TEPCO et pour l’arrêt du nucléaire.
  • 10h, nouvelle communication d’Areva sur l’accident. Le titre du document : "L’incident de Fukushima Daiichi". Selon Areva, il y aurait encore quelque "petits rejets de fission". Plus négationniste, cela va être difficile.
  • 15h32, nouveau tremblement de terre de magnitude 7,4 à 60 km au large de Sendai et donc à 116 km au nord-est de Fukushima. Le réacteur est évacué en urgence puis les travaux ont repris.
  • 16h, manifestation des salariés d’EDF qui proteste contre le projet de leur supprimer le tarif préférentiel dont ils bénéficient pour l’électricité. La CGT annonce qu’en protestation, la production des centrales nucléaires a été baissée de 7400 MW la veille et 13400 MW pendant la manifestation. L’équivalent de la production de 13 réacteurs et ceci sans retour à la bougie !
  • 17h, le gouvernement russe proteste contre les rejets d’eau radioactive en mer et demande au gouvernement japonais plus de transparence sur les mesures de radioactivité.
  • 19h, inquiétude à la centrale d’Onagawa, à 150 km au nord de Fukushima, où le tremblement de terre a provoqué une panne dans le processus de refroidissement du réacteur, processus enclenché après le 11 mars 2011.
  • 20h, article intéressant du Monde sur les états d’âmes des étudiants qui suivent une formation pour aller travailler dans le nucléaire : beaucoup s’interrogent sur une reconversion. Il faut rappeler qu’en France, EDF et Areva ont déjà beaucoup de mal à recruter des jeunes et que cela ne va sans doute pas s’arranger… au risque de manquer de personnel pour le suivi du nucléaire… même après l’arrêt des réacteurs.

8 avril

  • 7h, des fuites d’eau détectées à la centrale d’Onagawa. Trois fuites ont été détectées sur le réacteur n°3 et d’autres sur les piscines de stockage du combustible usagé des réacteurs 1, 2 et 3. Il s’agirait de débordement provoqué par les secousses. Le gouvernement japonais signale des incidents également dans des réacteurs à Higashidori et Rokashomura. Les groupes électrogènes ont supplée au manque de courant dans la région et on permis de ne pas perdre le contrôle de ces réacteurs.
  • 8h, une quinzaine de militants antinucléaires se sont enchaînés aux grilles d’entrée de la centrale de Golfech, obligeant le personnel à passer par une autre entrée. Les militants ont été délogés par les gendarmes au bout d’un heure.
  • 9h, plusieurs députés PS, Christophe Caresche, député de Paris ; Jean-Paul Chanteguet député de l’Indre ; Aurélie Filippetti députée de Moselle ; Géraud Guibert animateur du pôle écologique du Parti socialiste, signent une tribune dans le Monde pour demander la sortie du nucléaire.
  • 18h, la Corée du Sud annonce la fermeture des écoles en période de pluie. La pluie précipite en effet une radioactivité non négligeable au sol. Or ce sont les enfants qui sont le plus sensibles. Ceux-ci doivent rester chez eux lorsqu’il pleut. Des manifestants antinucléaires ont défilé à Séoul, la capitale, avec des parapluies ornées du trèfle radioactif.
  • 18h, le gouvernement japonais lève l’interdiction de consommer certains légumes provenant de la région de Fukushima, car la radioactivité aurait baissé. Concrètement, vue la durée de vie des radioéléments et du temps de concentration dans la chaîne alimentaire, c’est impossible… mais cela traduit sans doute l’incapacité du gouvernement à trouver des alternatives alimentaires à grande échelle. Le gouvernement japonais a également relevé le taux de radioactivité dans le riz de 500 à 5000 bq/kg ! Les Japonais deviennent dix fois plus résistants à la radioactivité !
  • 19h, en Allemagne, le confédération des groupes énergétiques qui regroupe l’ensemble des producteurs d’électricité annonce qu’elle est prête à mettre en place une politique visant à fermer les derniers réacteurs d’ici 2020 tout en respectant la lutte contre le réchauffement climatique et sans hausse des tarifs de l’électricité. Donc, en Allemagne, c’est possible…
  • 19h, incident de niveau 1 à la centrale de Fessenheim.
  • 20h, le Réseau Sortir du nucléaire s’inquiète du rapport de l’Autorité de Sûreté nucléaire du 20 mars 2011 qui indique qu’après la découverte de plutonium en trop grande quantité sur le site de Cadarache, un inventaire a été réalisé… et que 69 sources radioactives non répertoriées ont été trouvées dans une vingtaine d’installations différentes.
  • 22h, Le Figaro donne sur son site les grandes lignes du contrôle qui doit être fait sur les 143 réacteurs européens : sont exclus les scénarios terroristes, les cyberattaques. Sont étudiés les catastrophes naturelles, les pertes de refroidissement, l’endommagement du combustible, le stockage du combustible usé… Cela devrait déboucher au niveau européen sur "ce qu’il est raisonnable de faire". Comme de toute manière, on ne peut modifier un bâtiment déjà construit aussi complexe, il n’y a que deux possibilités : continuer avec des risques plus ou moins identifiés ou l’arrêt.

9 avril

  • 12h, un quotidien japonais publie un reportage sur la centaine de personnes qui ont refusé d’être évacué de la zone des 20 km autour de Fukushima, surtout des personnes âgées qui se fichent d’avoir un cancer dans le futur, mais aussi quelques éleveurs qui ne veulent pas abandonner leurs bêtes.
  • 12h58, nouveau tremblement de terre de magnitude 6,1 à 1000 km au nord de Tokyo.
  • 14h, le groupe des Verts au Parlement européen demande l’arrêt de la "veille dame" qu’est la centrale de Fessenheim. Une motion est rejeté par 300 voix contre, 264 pour, 61 abstentions : cette motion précisait les conditions qui encadrerait les tests à mener sur les réacteurs européens. Le groupe des Verts, une partie des socialistes et d’autres ont voté contrer car il n’y avait aucune incitation à aller vers une fermeture des réacteurs les plus dangereux, encore moins pour envisager une sortie du nucléaire. Le groupe des Verts a dénoncé l’hypocrisie de cette démarche uniquement centrée sur la "sûreté" qui évite de parler d’un véritable débat sur les choix énergétiques.
  • 20h, un mois après le tremblement de terre, Tepco présente ses excuses tout en expliquant que la situation est loin d’être sous contrôle, qu’il faudra des mois pour stabiliser la situation, des années pour nettoyer le site… Il y a 150 000 personnes qui vivent dans des gymnases dont 80 000 sont des personnes évacuées de la zone contaminée.

10 avril

  • 7h, une marche antinucléaire organisée près de Tokyo a réuni plus de 15 000 personnes… soit dix fois plus que la manifestation de la semaine précédente. D’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes, notamment pour demander la fermeture de différents réacteurs nucléaires.
  • 8h, entretien de Jean-Pierre Chevènement dans Le Parisien : "Sortir du nucléaire, ce serait rompre avec l’héritage des Lumières. C’est revenir à l’obscurantisme".
  • 8h, entretien de François Hollande dans le grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, "Interrogé sur le nucléaire, il a refusé d’envisager une sortie, préférant se fixer un objectif : que l’énergie nucléaire ne représente plus que 50% de l’énergie totale en 2025", donc il se prononce pour une augmentation du nucléaire puisque celui-ci ne fournit aujourd’hui que 35 % de l’énergie !
  • 15h, 4000 personnes ont pique-niqué devant la centrale de Fessenheim pour demander l’arrêt de la centrale.

11 avril

  • 5h46, Un mois après le séisme, tout le Japon a observé une minute de silence à la mémoire des victimes et disparus (plus de 20 000).
  • 7h, L’installation de bâches au-dessus des bâtiments explosés favorise une retombée locale des particules radioactives, mais n’empêche pas la diffusion des gaz. Un mois après le séisme, les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima ne sont toujours pas sous contrôle et la pollution radioactive continue. Les 500 personnes sur le site, dont 400 sont des sous-traitants, sont condamnées, plusieurs sont déjà hospitalisées. Au moins 15 réacteurs nucléaires (sur 55) sont à l’arrêt depuis le 11 mars 2011.
  • 8h, Sur France-Inter, Corinne Lepage estime que les députés étaient avant presque tous pro-nucléaires, mais qu’aujourd’hui, la situation est beaucoup plus contrastée.
  • 8h, Des antinucléaires britanniques ont installé des tripodes (perches mises comme un tipi avec une personne qui se place tout en haut) sur plusieurs carrefours autour de la City de Londres pour demander au gouvernement d’arrêter les négociations avec EDF concernant la possibilité de construire des EPR dans le pays. La police a réussi à les déloger seulement à 2h de l’après-midi.
  • 10h, Le gouvernement japonais demande aux personnes habitant dans un rayon de 40 km autour de la centrale de déménager dans un délai d’un mois. Le maintien dans ces zones contaminées peut, selon le gouvernement, provoquer des risques pour la santé sur le long terme. Cela concerne environ 8 millions de personnes… qui auront bien du mal à trouver une solution de remplacement.
  • 10h16, Nouveau tremblement de terre de magnitude 7,1 dont l’épicentre est à seulement 80 kilomètres de Fukushima. La centrale est évacuée. Le courant s’y arrête. Deux nouveaux réacteurs nucléaires, situés plus au sud s’arrêtent.
  • 14h, Le Quotidien du Médecin a réalisé un sondage auprès des médecins. Ceux-ci sont à 10 % pour la sortie immédiate du nucléaire, 49 % pour une sortie progressive, 40 % pour le maintien de la politique actuelle, 1 % ne sait pas.
  • 19h, Le gouvernement japonais annonce qu’il se retire des négociations avec la Turquie pour la construction d’un réacteur nucléaire dans ce pays.
  • 20h, La commission japonaise de sûreté nucléaire indique que les émissions de radioactivité de Fukushima ont dépassé 10 000 terabequerels (1000 milliards de becquerels) par heure entre le 15 et le 17 mars, que l’on en serait déjà entre 370 000 et 630 000 terabecquerels pour les rejets dans l’air pour le seul iode 131. Ils estiment que l’accident doit être classé au niveau 7, le plus haut niveau sur l’échelle des accidents. Si l’on veut respecter les normes d’exposition des populations, elle estime qu’il faudrait évacuer à 40 km vers le sud-ouest… mais à 60 km vers le nord-ouest.
  • 20h, Un sondage en Allemagne indique que 60 % des sondés sont pour une sortie "la plus rapide possible du nucléaire". Le gouvernement a indiqué que les réacteurs arrêtés pour trois mois pourraient ne jamais redémarrer… Une réunion s’est tenue avec le milieu bancaire pour obtenir une augmentation des crédits en faveur des énergies renouvelables. Alors que la loi votée par le SPD et les Verts prévoyait une sortie d’ici 2020, le gouvernement estime qu’il est peut-être possible d’aller encore plus vite.
  • 21h, Le gouvernement suisse envisage de renoncer totalement au nucléaire. C’est ce qu’a affirmé la présidente suisse Micheline Calmy-Rey lors d’une rencontre avec le président autrichien Heinz Fischer.
  • 22h, A la tombée de la nuit, en Espagne, Greenpeace a projeté sur l’ensemble des réacteurs nucléaires une image géante avec une tête de mort et le texte "plus jamais Fukushima, Danger nucléaire". Le gouvernement socialiste a prolongé la vie des derniers réacteurs en fonctionnement lors d’un vote un mois avant l’accident de Fukushima.

12 avril

  • 10h, Suite à une baisse du niveau d’eau dans les piscines de stockage du réacteur n°4, un incendie se déclare à nouveau, lequel est vite maîtrisé.
  • 11h, Le conseil municipal de Strasbourg vote pour l’arrêt de la centrale de Fessenheim. Les élus Verts, PS et UMP ont tous voté pour cette motion. Dans le vœu ils s’appuient sur la méconnaissance des dangers lors de la conception du réacteur dans les années 1970. Le 31 mars, la Franche-Comté avait voté un vœu similaire… mais seulement votée par 7 écologistes et 2 socialistes contre 2 MRC (Chevènement) et 2 PS, tous les autres élus, et notamment la droite, s’abstenant.
  • 12h, Kyushu Electric Power qui préparait le chantier d’un réacteur de 1590 MW à Satsumasendai (sud-ouest) annonce le gel du projet.
  • 13h30, Le gouvernement japonais indique que l’on a mesuré des retombées de strontium 90 autour de Fukushima, preuve qu’un des cœurs a fondu. Ces mesures ayant été faites à plus de 30km du site, cela signifie qu’une grande zone va devoir être interdite pendant longtemps : le strontium ne perd la moitié de sa radioactivité qu’en 28,8 ans.
  • 16h30, Le gouvernement grec rappelle qu’il a renoncé à l’énergie nucléaire parce que la Grèce est située sur une zone séismique. Il demande à l’Union européenne de prendre des mesures strictes pour les réacteurs construits sur de telles zones (c’est le cas de la vallée du Rhône et de celle du Rhin par exemple) et en particulier de s’opposer au projet de construction en Turquie.
  • 17h, Des associations des Etats-Unis lancent un appel au gouvernement japonais pour qu’il lance un appel à l’aide alimentaire… et qu’il renonce à vouloir nourrir les Japonais avec des produits contaminés.
  • 17h, Une étude de l’Union des banques suisses estime que pour calmer les populations, il va falloir fermer une ou deux centrales dans chaque pays où il y a des réacteurs, soit une trentaine de réacteurs sur les 440 existants. Rappelons que 8 réacteurs ont déjà été arrêtés en Allemagne et que 18 sont en panne ou accidentés au Japon.
  • 18h, Greenpeace s’étonne que le gouvernement japonais annonce que la totalité des rejets radioactifs ne serait qu’à 10 % des rejets de Tchernobyl… alors qu’il avait donné le même chiffre il y a trois semaines.
  • 19h, Le Monde publie une enquête sur les incohérences que l’on peut pointer au Japon. Le journaliste montre que les rivalités politiques gauche-droite se sont évidemment focalisées sur la question nucléaire. Le Parti démocrate (centre gauche) au pouvoir a perdu des élections le week-end du 9 et 10 avril au profit du Parti libéral (droite), ce dernier dénonçant la gestion hasardeuse de la crise. L’enquête montre que le manque de volonté politique d’évacuation des populations est directement lié à la question financière : les communes ne veulent pas évacuer tant que l’Etat ne s’engage pas à payer les coûts que cela entraîne. La question financière explique aussi sans doute l’absence de mesures efficace pour éviter la consommation d’aliments contaminés.
  • 23h, Polémique au Japon : des groupes indépendants mettent en doute les annonces concernant les mesures de radioactivité sur le site de Tokai, à 85 km au sud de Fukushima. Le maintien d’un taux de radioactivité 300 fois supérieur à la normale ne peut s’expliquer par les retombées de Fukushima et il est donc probable qu’il y a des fuites sur le réacteur à l’arrêt depuis le 11 mars 2011. Problème : cette centrale est la plus proche de Tokyo (100 km).

13 avril

  • 6h40, Nouveau tremblement de terre au nord du Japon, magnitude 5,8. Depuis le 11 mars 2011, il y a eu plus de 400 répliques dépassant le niveau 5.
  • 8h, Communiqué de la Crii-Rad, "les experts calculent, les populations subissent". La Crii-Rad rappelle que le gouvernement a classé l’accident au niveau 4 jusqu’au 18 mars, repoussant ainsi l’évacuation des populations et qu’admettre maintenant, un mois après le début de l’accident qu’il est niveau 7, cela signifie que des millions de personnes ont été contaminés alors qu’elles auraient dû être évacuées depuis longtemps.
  • 10h, La presse japonaise relève des cas de discriminations envers les personnes qui quittent la région de Fukushima : des personnes ont peur de les accueillir craignant leur possible radioactivité. Le gouvernement s’est voulu rassurant en disant que seuls les salariés de la centrale peuvent présenter une radioactivité suffisante pour irradier une autre personne !
  • 10h, Une étude menée par Bank of America estime que le seul accident nucléaire pourrait coûter de l’ordre de 130 milliards de dollars… soit autant que les autres dégâts provoqués par le tremblement de terre du 11 mars 2011. Cette somme pourrait se partager entre Tepco (24 à 45 milliards), les autres entreprises de l’électricité (32 milliards par une caisse de solidarité), le reste étant à la charge de l’Etat.
  • 12h, Nouveau sondage réalisé pour le compte de l’Express : 57 % des Français sont pour la sortie du nucléaire, mais à condition que l’on trouve des solutions pour ne pas augmenter le prix de l’électricité. L’option "sortie du nucléaire" est majoritaire dans toutes les tranches d’âge sauf chez les plus de 60 ans.
  • 20h, une pétition est lancée au niveau européen pour demander que TEPCO soit dessaisi de la gestion de la catastrophe. Malheureusement, en demandant que ce soit l’ONU qui prenne le relais ! Paradoxe, car c’est l’AIEA, agence des Nations Unies pour la promotion du nucléaire civil, qui supervise déjà la communication autour de l’accident… et qui continue à mentir sur la gravité de Tchernobyl depuis 25 ans.
  • 20h, Villeurbanne, ville de 110 000 habitants à l’est de Lyon, a voulu tester la possibilité d’alerter rapidement sa population en cas d’accident. Villeurbanne est à 30 km à l’ouest de la centrale de Bugey. Entre 19h et 20h, la mairie a fait appeler par un automate l’ensemble des téléphones de la ville. Cela a été réalisé en seulement une heure, mais sur 56 599 appels, seuls 27470 personnes ont répondu (48,5%). A la fin du message, il était demandé d’appuyer sur la touche 1 pour voir ceux qui avait écouté jusqu’au bout… et là seulement 7889 l’ont fait (14%). Combien aurait répondu à 3h du matin ? Combien aurait accepté de partir de chez eux immédiatement en cas de nuage radioactif ?
  • 20h30, Greenpeace publie un rapport sur les mesures effectuées sur place pendant un mois par ses spécialistes. Les mesures, toutes faites en dehors de la zone d’évacuation, montrent d’importantes taches de radioactivité… et pas seulement avec des isotopes à durée courte comme l’iode 131, mais aussi avec des éléments à durée longue (césium, strontium…). Des contaminations importantes ont été relevé dans les villes de Fukushima et Koriyama, pourtant à 60 km des réacteurs. Pour Greenpeace, il faut évacuer les personnes qui vivent dans ces taches de radioactivité : cela représente environ un million de personnes. Pour Greenpeace, si en terme de radioactivité, on n’a pas encore atteint le niveau de Tchernobyl, au niveau du nombre de personnes en zone contaminée, c’est pire !
  • 23h, rapport de l’IRSN, Institut français de radioaprotection et de sûreté nucléaire : "L’état de trois réacteurs reste très préoccupant", "les moyens utilisés pour l’injection d’eau restent précaires". Le rapport indique que l’injection d’azote peut éviter à l’hydrogène d’exploser… à condition de rejeter les gaz radioactifs dans l’air.

14 avril

  • 11h, les douanes de Vladivostok (Russie, face au Japon) ont bloqué des véhicules d’occasion en provenance du Japon, celles-ci présentant un taux de radioactivité trop important.
  • 12h, le gouvernement français annonce que François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet se rendront à Kiev (Ukraine, à côté de Tchernobyl) pour un sommet dont le thème est "L’utilisation sûre et innovante du nucléaire" !
  • 13h, la CGT publie un texte demandant l’arrêt de la sous-traitance massive dans l’exploitation des réacteurs nucléaires. Elle dénonce la présence de 80 % d’intérimaires au niveau de la maintenance. Il y a une raison à cela : cela permet d’éviter que des salariés fixes ne soient trop irradiés lors d’opérations dans des réacteurs qui, plus ils vieillissent, plus ils sont radioactifs.
  • 22h, le conseil régional du Centre a adopté une motion pour la "sortie progressive mais très volontaire du nucléaire" dans la région et dans le pays. Ce vote a recueilli 12 votes positifs de la part des élus écologistes, 7 contre de la part du FN, tous les autres élus s’abstenant !


15 avril

  • 1h, TEPCO a fait un prélèvement d’eau dans les piscines de stockage du réacteur n°4 où a eu lieu récemment un nouvel incendie. La présence abondante d’iode 131 semble indiquer qu’une réaction de fission s’est enclenchée entre les éléments qui y sont stockés : 1331 barres usagé et 204 barres neuves. Si une réaction en chaîne s’enclenchait dans cette piscine, cela serait catastrophique car elle est située en dehors de l’enceinte principale de confinement. TEPCO étudierait la possibilité de stopper le risque en enlevant des barres de combustible à l’aide d’un drone. Pour le moment, ils ne savent pas si cela est possible.
  • 8h, le réacteur n°2 de Fessenheim est mis à l’arrêt pour son troisième contrôle décennal. L’ASN devra ensuite statuer pour autoriser ou non une prolongation de son exploitation.
  • 12h, dans un entretien à Médiapart, Jacques Repussard, directeur de l’IRSN, reconnaît que l’on doit revoir toutes les normes d’évaluation des risques : les hypothèses retenues pour les réacteurs actuels n’auraient dû laisser se produire trois accidents graves (Three-Mile-Island, Tchernobyl, Fukushima)… qu’en 1000 ans avec 400 réacteurs en fonctionnement. Nous en sommes à 20 fois plus (en ne comptant qu’un seul accident pour Fukushima).
  • 16h, le département de l’énergie des Etats-Unis, recoupant les cartes de radioactivité et celles des populations, publie une première estimation : sur le long terme, l’accident de Fukushima pourrait provoquer la mort d’un million de personnes. Les Etats-Unis conseillent toujours de ne pas entrer dans la zone de 80 km autour du site.
  • 17h, l’agence de presse japonaise Kyodo publie une étude réalisée pour le compte du gouvernement japonais qui estime elle qu’il pourrait y avoir 400 000 cancers mortels supplémentaires dans un rayon de 200 km autour de la centrale (donc jusqu’à Tokyo). L’étude précise que ce chiffre peut encore varier énormément selon les capacités que l’on aura à évacuer ou non un nombre plus important de personnes. Au même moment, le gouvernement français indique qu’il n’y a pas de danger pour la santé pour les personnes souhaitant se rendre à Tokyo.

16 avril

  • 15h, actions symboliques à Montluçon (Allier, die-in, 150 personnes), Lannion (30 personnes), Bordeaux (occupation d’un agence EDF par dix personnes), Strasbourg (défilé de mode, 20 personnes), Lille (piquet de dix personnes devant une agence EDF), Brioude (Haute-loire, visite maison autonome, 80 personnes), La Roche-sur-Yon (Vendée, 150 personnes).
  • 20h, TEPCO donne des mesures de radioactivité dans la mer. Ces taux restent particulièrement élevé : jusqu’à 6500 fois supérieur aux limites.

17 avril

  • 8h, dans une conférence de presse, TEPCO estime qu’il lui faudra trois mois pour que commence à baisser les niveaux importants de radioactivité et six mois de plus pour arriver à l’arrêt total des réacteurs. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible de sortir les barres de combustibles progressivement et d’ainsi éviter tout nouveau risque. Les six réacteurs du site seront alors définitivement arrêtés. TEPCO annonce qu’il ne renonce pas à son activité nucléaire malgré le fait que 11 des 17 réacteurs qu’il détient sont soit détruits soit en panne (certains depuis le tremblement de terre du 16 juillet 2007). Sur 17,3 GW nucléaire, seuls 6,5 GW sont encore en activité. TEPCO détient également des barrages hydrauliques (8,5 GW) et des centrales thermiques (37 MW). TEPCO devrait dépenser entre 24 et 45 milliards d’euros. Au-delà, ce serait pris en charge par une caisse commune avec les autres électriciens puis par l’Etat.
  • 14h, à Kiev (Ukraine), 2000 liquidateurs de Tchernobyl manifestent pour demander une meilleure prise en charge au niveau social. Le gouvernement ukrainien estime que 5 millions de personnes dont 2,3 millions en Ukraine souffrent des conséquences de l’accident, dont de nombreuses parce qu’elles vivent dans les zones contaminées. Selon le gouvernement, seuls 5 % des enfants du pays ont une santé correcte. L’espérance de vie du pays est en baisse constante : de 79 ans en 1989, elle ne sera plus que de 55 ans en 2020.

18 avril

  • 8h, Jean-Pierre Frick démarre un jeûne tournant devant la préfecture de Colmar, pour demander l’arrêt de Fessenheim et un plan de sortie du nucléaire en dix ans. Le jeûne durera au moins trois semaines. D’autres militants et militantes l’accompagnent en jeûnant sur des périodes plus courtes.
  • 11h, conférence de presse des Enfants de Tchernobyl sur la poursuite de la catastrophe. Une délégation s’est rendue ces derniers jours dans la ville russe de Novozybkov (200 km de Tchernobyl, 45 000 habitants) : des relevés de radioactivité au sol indiquent que l’on a des expositions massives encore aujourd’hui. Les aliments sont contaminés à haute dose. Ce sont principalement les retombées de Césium 137 qui sont responsables de cette contamination persistante. Les Enfants de Tchernobyl dénonce l’attitude de l’OMS qui ne rend pas compte de l’état de santé des victimes de l’accident.
  • 14h, Eva Joli demande que les audits des réacteurs nucléaires français soient confiés à des experts d’autres pays, sous contrôle européen.
  • 14h, une manifestation contre le projet de centrale nucléaire Areva à Jaïtapur est violemment réprimée par la police qui ouvre le feu. Un manifestant, Tabrez Pehekar, pêcheur, a été tué par balle.
  • 15h, manifestation des sous-traitants du nucléaire à Bollène (Vaucluse, près du Tricastin) pour demander une meilleure protection sociale, la baisse des limites d’exposition et la retraite à 55 ans. Ils sont environ 20 000 en France selon EDF dont 17 % en intérim et CDD. Ces derniers sont ceux qui reçoivent les doses les plus importantes… et dont on perd la trace le plus facilement pour continuer à affirmer que le nucléaire ne provoque pas de maladies professionnelles.
  • 17h, Patrick Fauchon, maire PS de Flamanville (Manche) s’inquiète de la perte de valeur immobilière pour ceux qui veulent déménager alors qu’ils habitent près d’une centrale nucléaire.
  • 18h, des robots ont mesuré les taux de radioactivité dans les réacteurs 1 et 3, des niveaux qui s’avèrent trop élevés pour que l’on puisse y pénétrer.

19 avril

  • 4h, le gouvernement japonais annonce la suspension de la construction de nouvelles centrales tant qu’une remise à plat des conditions de sécurité n’a pas été mise en place.
  • 9h, TEPCO poursuit le pompage de l’eau très radioactive en la stockant dans les bassins de rétention après que ceux-ci aient été vidés en mer d’une eau moins radioactive. Il faudra au moins un mois de pompage pour évacuer 10 000 tonnes d’eau.
  • 10h, un sondage au Japon fait auprès de 3352 personnes, indique que 41 % des Japonais sont pour l’arrêt ou la diminution de la part du nucléaire. En 2007, après l’accident provoqué par un précédent séisme à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, ils n’étaient que 28 %. 51 % sont pour continuer le nucléaire contre 53 % en 2007. 5 % sont pour augmenter la part du nucléaire contre 13 % en 2007. Les hommes sont majoritairement favorables au nucléaire alors que les femmes sont à égalité.
  • 12h, publication d’une étude médicale en Belgique qui indique que l’accident de Tchernobyl a provoqué une hausse significative des cancers de la thyroïde chez les enfants qui avaient moins de dix ans lors de la catastrophe. Ceci infirme la version officielle qui jusqu’alors considérait les doses reçues comme négligeables.
  • 13h, l’arrivée des Verts à la tête de la région Bade-Wurtemberg devrait mettre fin aux activités nucléaires de l’électricien EnBW, propriétaire de quatre réacteurs nucléaires : la région dispose en effet de 50 % du capital d’EnBW, a égalité avec un groupement de communes.
  • 15h, au Canada, des militants de Greenpeace ont occupé le bureau du ministre de l’énergie, pour demander l’abandon des projets de nouveaux réacteurs dans le pays.
  • 19h, en Italie, depuis 2008, Berlusconi essayait de relancer le nucléaire. Après avoir annoncé un report d’un an puis de deux ans pour organiser un référendum autorisant le gouvernement a relancer le nucléaire (arrêté par référendum après l’accident de Tchernobyl), un projet de loi a été présenté pour demander qu’avant un tel référendum tous les textes législatifs soient revus en fonction des nouvelles données que l’on connaît depuis 25 ans. Le nucléaire risque d’être bien abandonné définitivement.

20 avril

  • 8h, le gouvernement japonais indique qu’un navire-hôpital devrait être installé à Onahama, un port entre Fukushima et Tokyo, spécifiquement pour y accueillir les travailleurs irradiés du site… les hôpitaux classiques étant réservés aux populations plus légèrement irradiées des zones contaminées. Une cinquantaine de travailleurs sont déjà hospitalisés, trois sont morts.
  • 11h, l’Agence de sûreté industrielle et nucléaire du Japon annonce officiellement qu’il y a bien eu fusion partielle des cœurs des réacteurs 1 et 3. Les estimations divergent encore pour savoir dans quel pourcentage.
  • 14h, en Inde, plusieurs milliers de personnes assistent à l’enterrement de Tabrez Pehekar, tué par balle lors d’une manifestation contre le projet Areva de centrale nucléaire.
  • 15h, recommandation du gouvernement pour les écoles de la province de Fukushima : ne pas laisser sortir les enfants plus d’une heure par jour, bien leur laver les mains et le visage lorsqu’ils rentrent en classe. De nombreuses associations japonaises ont réagi en demandant que l’on évacue les enfants de cette zone comprises entre 30 et 80 km de la centrale.
  • 16h, alors que des habitants demandent à pouvoir récupérer certaines affaires, le gouvernement annonce qu’une seule personne par maison pourra le faire et une seule fois, sous contrôle policier, en tenue de protection et après contrôle du niveau de radiation des objets emmenés. Un contrôle effectué par la police dans 3378 maisons a permis de constater que 63 étaient encore habitées ! A partir du 21 avril, O h, la zone d’évacuation de 20km devient zone interdite aux civils pour une durée indéterminée.
  • 19h, une revue taïwanaise publie des données sur les travailleurs de TEPCO. En 2009, sur le site de Fukushima, il y avait 1108 salariés REPCO et 9195 salariés d’entreprises sous-traitantes. Ce sont ces derniers qui se prennent la majorité des doses d’irradiation. Or ces 9000 salariés disponibles ne suffisent plus aujourd’hui pour se relayer sur le site (où ils sont en permanence entre 500 et 700) et des petites annonces apparaissent dans la presse japonaise pour essayer de recruter. Un expert consulté par le quotidien propose que l’on n’envoie sur le site que des personnes de plus de 60 ans : plus on est âgés, moins on est sensible aux radiations… et moins on a de chance de développer un cancer dans dix ou vingt ans.
  • 23h, nouveau sondage réalisé pour France 2 et un panel de chaîne de télévision dans d’autres pays, au niveau mondial (?) : au Japon, les personnes favorables au nucléaire seraient passées de 62 % en début d’année à 39 % aujourd’hui. Ce serait en Chine que l’on aurait le plus de personnes favorables (70 %) devant la Corée du Sud (64 %). En France, on aurait une baisse de 8 % (de 66 à 58 %). Les plus opposés seraient les Autrichiens (90 %) devant les Grecs (89 %) et les Géorgiens (80 %). Si le référendum souhaité par Berlusconi en Italie avait été maintenu, 75 % des Italiens aurait voté contre la reprise du nucléaire.

21 avril

  • 11h, TEPCO annonce avoir relâché 5000 Tbq en mer depuis le 1er avril soit 20 000 fois ce qu’elle est autorisée à rejeter par an. Selon les autorités de sûreté japonaise, ce seul rejet en mer correspond déjà à un accident de niveau 5 à 6.
  • 12h, une trentaine de militants de Greenpeace déroulent une banderole géante sur le siège d’EDF à Paris : "le nucléaire sûr n’existe pas". La même banderole est déroulée par un autre groupe sur l’Atomium de Bruxelles. Greenpeace demande l’arrêt des chantiers des EPR en Finlande et à Flamanville, le retrait des entreprises françaises dans les projets en Bulgarie, au Brésil et en Inde et une décision de sortie du nucléaire.
  • 15h30, nouveau séisme de force 6,3 au nord-est de Tokyo.
  • 17h, le gouvernement japonais a décidé de faire des tests sur du lait maternel de femmes évacuées de la région pour dépister d’éventuelles contaminations radioactives.
  • 20h, 150 supporters du club de foot de Nuremberg, 6e du championnat allemand, ont demandé au club que cesse le sponsoring avec Areva.

22 avril

  • 10h, une trentaine de militants du comité Stop EPR2 ont occupé les locaux de l’ASN, Autorité de sûreté nucléaire, pour une "visite d’inspection décennale". Avec l’aide des forces de l’ordre, ils ont obtenu la fermeture provisoire du site. Ils demandent à l’ASN de s’expliquer sur l’absence de sanctions à l’encontre d’EDF lorsque l’électricien ne répond pas aux demandent de l’ASN ou falsifie des données. Rappelant que la sanction suprême est la fermeture des sites nucléaires, les militants demandent à l’ASN de prendre les mesures nécessaires pour fermer les sites situés en zone séismique ou inondable, un arrêt des chantiers des EPR 1 et 2 ou… la fermeture de l’ASN.
  • 15h, le gouvernement japonais modifie la norme d’exposition à la radioactivité en passant cette fois la limite à 20 millisieverts par an… soit une multiplication par 20 pour les adultes depuis le début de l’accident… et par 80 pour les enfants. Ainsi, il n’est pas besoin d’évacuer plus de monde ! De nombreuses organisations scientifiques et politiques ont protesté contre cette mesure.
  • 19h, alors que jusqu’à maintenant le projet était bloqué, le conseil général de Vendée a voté en faveur de l’implantation d’éoliennes offshore : 96 fois 6 MW entre l’Ile d’Yeu et l’Ile de Noirmoutier, à 21 km des côtes. Ce vote étant motivé par "la nouvelle donne provoqué par l’accident de Fukushima". La production électrique attendue dépasse légèrement les besoins du département.
  • 21h, l’AFP publie un récapitulatif : 440 réacteurs dans le monde sur 221 sites et 90 millions de personnes qui vivent dans un rayon de 30 km autour. En France, 5 millions de personnes vivent autour d’un des 19 sites. Si l’on monte à 75 km, on a alors près de 500 millions de personnes concernées : 111 aux Etats-Unis, 72 en Chine, 57 en Inde, 39 en Allemagne, 33 au Japon, 22,4 en France (soit un habitant sur trois).
  • 23h, le gouvernement japonais annonce étudier comment procéder à l’évacuation des personnes situées entre le 20 et le 30e kilomètres au cas où la contamination continuerait à augmenter.

23 avril

  • 8h, tous les panneaux d’entrée de la ville de Gravelines (Nord) et des autres communes situées dans un rayon de 30 km, ont été recouverts d’affiches "Tcherno-ville". La centrale de Gravelines compte 4 réacteurs de plus de 30 ans.
  • 8h, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Tokyo pour demander la sortie du nucléaire.
  • 15h, nombreuses marches antinucléaires dans une quarantaine de villes d’Allemagne pour les traditionnelles "marches de Pâques". 145 000 manifestants au total.
  • 15h, die-in à Lille (30 personnes). Manif à Poitiers (60 personnes).

24 avril

  • 15h, 300 manifestations ont eu lieu en France pendant le week-end du 23 au 25 avril : dont une vingtaine devant les centrales de Golfech (400 personnes), Cattenom (3000), Saint-Laurent-des-Eaux (80 personnes), Flamanville (800), Cruas (200), Brennelis (800), Blayais (800), Lyon (300), Redon (200). Grosse manif sur le pont de l’Europe à Strasbourg pour la fermeture de Fessenheim : 1500 côté français, 5000 côté allemand. Des manifs avaient également lieu sur cinq autres ponts frontaliers : 3000 (dont 700 français) ont bloqué le pont entre Marckolsheim et Sasbach. Distribution de tracts à Montpellier (40 personnes). Manif à Bruxelles (1000 personnes) et à Vienne (1000 personnes). Au total, plus de 20 000 manifestants français.
  • 24h, une centaine de femmes habitant dans la zone contaminée mais non évacuée protestent publiquement pour la première fois en demandant "protégez nos enfants, fermer les réacteurs nucléaires". Elles protestent contre la décision du gouvernement de relever les doses admissibles.

25 avril

  • 12h, TEPCO indique que les robots français ne peuvent être utilisés car trop volumineux. Les robots américains permettent de faire des mesures précises et de filmer à l’intérieur des zones dangereuses, mais pas de faire des interventions. Ce sont donc des humains qui devront se relayer dans des zones où les doses annuelles (augmentées) peuvent être atteintes en quelques dizaines de minutes. TEPCO indique également qu’il a des difficultés à maintenir les piscines de stockages des barres de combustibles du réacteur n°4 à une température basse, ceci malgré l’injection permanente d’eau pour la refroidir.
  • 16h, TEPCO annonce une baisse de salaire de 50 % pour ses dirigeants, de 20 % pour ses cadres supérieurs. Il économisera ainsi 450 millions d’euros par an.

26 avril

  • 1h23, 25e anniversaire de l’accident de Tchernobyl. Le réacteur n°4 explose libérant 2 % de son contenu dans l’atmosphère. Une zone interdite de 30 km est toujours en place. Près d’un million de personnes sont déjà mortes et 7 millions vivent dans des zones contaminées et sont destinées à mourir d’un cancer. L’accident a déjà coûté 1000 milliards de dollars. Vladimir Kouznetsov, conseiller auprès de Rosatom, l’EDF russe, estime que onze réacteurs russes sont aujourd’hui vétustes et qu’ils devraient être fermés depuis longtemps. Lors d’un colloque à Kiev, l’OMS annonce pour la première fois 10 000 morts (contre 4000 avant). Pour rappel, les gouvernements russe et ukrainien parlent, eux, d’un million de morts.
  • 5h, selon l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, les rejets de radioactivité ne seraient plus que de 1 terabecquerels par jour soit 150 fois moins qu’au début du mois. Depuis le 11 mars, le total des émissions atteindrait 370 000 terabecquerels soit autant que ce que Tchernobyl a libéré lors des dix premiers jours de l’accident. Pour rappel, Tchernobyl a libéré 200 fois plus de radioactivité que la bombe sur Hiroshima.
  • 12h30, TEPCO annonce avoir commencé un programme de projection de résine sur le sol pour fixer les poussières radioactives. Selon ses estimations, il faudra projeter un million de m3 de résines pour couvrir une surface de 50 hectares. Pour le moment, la pulvérisation est faite par des hommes en tenue de protection, mais TEPCO espère pouvoir les remplacer par un véhicule spécialisé.
  • 14h, à Minsk, plusieurs centaines de manifestants osent braver la répression de la dictature biélorusse pour demander l’arrêt de la construction d’un premier réacteur dans le pays. La Biélorussie est le pays le plus contaminé par l’accident de Tchernobyl, près de sa frontière sud.
  • 20h30, pendant une semaine, France-Culture lit des extraits du livre La supplication.

27 avril

  • 8h, début de la cinquième année de présence quotidienne devant l’entrée de l’OMS à Genève pour dénoncer l’accord qui oblige l’OMS à soumettre ses publications à l’AIEA, Agence de promotion de l’énergie nucléaire. Pour la première fois, la directrice de l’OMS, Margaret Chan, a accepté une entrevue qui aura lieu le 4 mai.
  • 8h, le Monde publie une tribune signée par Youri Bandajevsky, ancien recteur de l’université de médecine de Gomel, Michèle Rivasi et Daniel Cohn-Bendit. On y apprend que le taux de croissance démographique en Biélorussie, pays le pus touché par l’accident de Tchernobyl, est actuellement de -0,59 %, ce qui signifie une surmortalité et une baisse importantes de la natalité : les gens ne peuvent plus avoir d’enfants après 25 ans de contamination au césium.
  • 8h, l’Autorité de sûreté nucléaire autorise Areva à lancer un chantier de réparation pour refaire les soudures des tuyaux qui traversent la cuve du réacteur EPR. Ce défaut de fabrication avait été révélé en septembre 2010 par le Réseau Sortir du nucléaire. L’ASN étudiera ensuite si le couvercle de la cuve présente bien la résistance souhaitée avant d’autoriser la poursuite du chantier… qui compte déjà plus de 3 ans de retard.
  • 10h, TEPCO annonce que toutes ses centrales abîmées par le tsunami seront remises en marche d’ici le mois de juillet. Il s’agit évidemment de centrales thermiques au gaz… pour les centrales nucléaires, ce sera nettement plus long. 
  • 10h, le gouvernement explique les difficultés qu’il rencontre pour l’évacuation de la zone au-delà des 20 km autour de Fukushima. Les principaux problèmes concernent le relogement des personnes hospitalisées ou en maison de retraite. Dans la ville d’Iitate, à 40 km de la centrale, mais particulièrement touchée par les émissions radioactives, il y a par exemple à reloger un asile psychiatrique spécialisé avec 107 résidents dont 30 alités. a Okuma, il y a un hôpital avec 440 patients dont une centaine entrés à la suite du tremblement de terre. Plusieurs malades sont morts lors de leur transfert vers d’autres hôpitaux.
  • 13h, les mesures de radioactivité à Tokyo sont, de source officielle, toujours assez basse, mais quand même avec deux fois plus de radioactivité dans l’air à l’extérieur qu’à l’intérieur des habitations.

 

28 avril

  • 1h, selon la Commission de sûreté nucléaire japonaise, les estimations de TEPCO sur les émissions d"iode et de césium radioactif sont sans doute fausses : une étude portant sur la journée du 5 avril donne un résultat dix fois plus élevé que ce qu’annonçait TEPCO ce jour là : 6,4 terabecquerels au lieu de 0,69 annoncés.
  • 4h, TEPCO indique qu’il lui faut encore envoyer de 140 à 210 tonnes d’eau par jour rien que pour refroidir le combustible des piscines du réacteur n°4, ce qui fait autant d’eau radioactive à stocker ensuite, même si elle s’évapore en partie. TEPCO estime que le réacteur 1 aurait fondu de 55 %, le 2 de 35 % et le 3 de 30 %.
  • 8h, le gouvernement japonais s’inquiète de la pérennité du fonctionnement de l’ensemble du parc nucléaire : celui-ci fonctionne avec de nombreux sous-traitants (environ 70 000) qui pour la plupart ont déjà ou vont être irradiés sur le site de Fukushima et ne peuvent donc plus travailler sur les autres centrales. Le gouvernement craint une pénurie qui empêcherait l’entretien des centrales encore en fonctionnement. Malgré les annonces dans la presse, les entreprises sous-traitantes ont annoncé avoir du mal à recruter.
  • 9h, une tornade aux Etats-Unis provoque la chute de onze lignes à haute tension ce qui entraîne l’arrêt d’urgence de trois réacteurs de la centrale de Browns Ferry (Tennessee).
  • 13h, polémique aux Etats-Unis : des scientifiques annoncent avoir mesuré des retombées d’uranium en Californie et de plutonium en Nouvelle-Angleterre (43 fois trop élevé) et à Hawaï (11fois trop élevé). Si cela est exact, cela signifierait que l’accident de Fukushima est totalement sous-estimé. Or le Japon ne donne pour le moment que des mesures de radioactivité sur l’iode et le césium. Ces scientifiques demandent au Japon les mesures faites sur l’uranium et le plutonium. Il pourrait s’agir de la conséquence de l’explosion du réacteur n°3 dont les piscines de stockage du combustible usagé semblent avoir été pulvérisé… alors qu’elles contenaient du MOX.
  • 14h, Greenpeace proteste après que le gouvernement japonais lui ait interdit d’approcher des zones contaminées avec son navire Rainbow Warrior. Greenpeace a annoncé son intention de faire une campagne de mesures de la radioactivité dans l’eau, dans la faune et la flore marines.
  • 15h, Sarkozy annonce qu’il va aller visiter la centrale de Gravelines (Nord). Pour annoncer cela, il se fend de quelques petites phrases : "sortir du nucléaire reviendrait à se couper un bras" et d’insister tout en finesse "nous n’allons pas revenir à la bougie". Il est vivement critiqué par les réseaux associatifs mais aussi par la commission énergie du PS. Le Réseau Sortir du nucléaire rappelle que Gravelines utilise une technologie similaire à celle de la centrale de Three-Mile Island victime d’un accident grave en 1979. Que 5 des 6 réacteurs de la centrale sont chargés en Mox, le même qui a provoqué le relâchement de plutonium à partir du réacteur n°3 de Fukushima. Que les six réacteurs sont concernés par deux anomalies génériques et qu’EDF refuse de les supprimer car cela coûterait trop cher. Que Gravelines, plus grosse centrale d’Europe, est installé à côté de 13 sites "Seveso seuil haut" dont un dépôt pétrolier à 500 m. En cas d’incendie, les conséquences chimiques pourraient se rajouter à la pollution radioactive. Que le récent essai d’évacuation des populations dans un rayon de seulement 2km a été un échec total. Enfin que les réacteurs sont construits 45 cm en dessous du niveau de la crue milléniale… alors que le niveau de la mer monte.
  • 19h, Abdoulaye Wade, président du Sénégal, en visite sur un salon de l’énergie, lance un appel aux Etats africains pour que tous renonce au nucléaire. Il annonce le retrait du Sénégal d’un projet de centrale flottante étudiée avec la Russie au large de Dakar.

 

29 avril

  • 8h, un sondage commandé par Greenpeace révèle que 64 % des Turcs sont contre la construction d’un premier réacteur nucléaire dans le pays, 7 % sont pour, les autres ne se prononcent pas.
  • 9h, le gouvernement indien annonce un moratoire sur la construction des réacteurs nucléaires en cours, le temps de remettre à niveau les normes de sûreté après l’accident japonais.
  • 9h, le Monde publie une tribune du sociologue Pierre Jacquiot, qui pose la question de la vulnérabilité des réacteurs nucléaires en cas de guerre. Si le territoire français n’a pas connu de guerre depuis 65 ans, il rappelle que c’est un record dans notre histoire. Imaginons un instant qu’un Khadafi, acculé par les bombardements décide de se venger…
  • 12h, alors que la ville d’Iirate, à 40 km de la centrale, fortement contaminée, est en cours d’évacuation depuis maintenant plus de quinze jours, les autorités signalent qu’encore 45 enfants ont été évacués seulement aujourd’hui.
  • 13h, à Berne (Suisse), les autorités demandent la levée du campement antinucléaire installé devant le siège des Forces motrices bernoises, société qui gère la centrale de Mühleberg. Les antinucléaires ont annoncé leur intention de rester jusqu’à la fermeture du réacteur. 500 personnes se relaient.
  • 14h, Toshiso Kosako, expert en sûreté nucléaire auprès du premier ministre depuis le 16 mars dernier, démissionne estimant que la gestion de l’accident n’est pas menée de manière rigoureuse et se contente de mesures provisoires qui retardent d’autant une résolution rapide des problèmes en cours.
  • 18h, l’IRSN publie un nouveau bulletin sur Fukushima. l’IRSN estime que la poursuite de l’arrosage des réacteurs alors que l’eau s’écoule ensuite à l’extérieur n’est pas une solution pérenne… et que mettre en place des solutions définitives sera long.
  • 21h30, le conseil régional de Provence-Alpes-Cote-d’Azur a adopté une motion présenté par le groupe Europe-Ecologie-Les Verts-Parti occitan, demandant au préfet de provoquer une réunion des acteurs du nucléaire pour viser un processus de transition énergétique préparant à une sortie du nucléaire ; la motion demande également qu’EDF renonce à sa politique de sous-traitance ; enfin, elle demande que les structures militaires (rade de Toulon, Cadarache) soit soumises aux mêmes réglementations notamment en terme de communication des informations.
  • 22h, l’AIEA propose de renforcer les normes de sûreté dans le secteur du nucléaire et se dit favorable à la proposition française de création d’une force internationale d’intervention rapide en cas d’accident. Le Réseau Sortir du nucléaire analyse que cela signifie que l’on refuse d’envisager la sortie du nucléaire et que l’on préfère préparer la catastrophe suivante.

 

30 avril

  • 14h, 5000 manifestants à Taipei (Taïwan) pour demander l’arrêt du chantier du 4e réacteur nucléaire du pays. 2000 manifestants à Tokyo… et un appel à une vaste manifestation dans tout le pays le 11 juin prochain, pour le 3e mois de l’accident.
  • 15h, die-in au centre de Brest d’une centaine de personnes. 150 personnes manifestent à Avranches (Manche) pour demander l’arrêt du chantier de l’EPR. 300 personnes manifestent à Paris, 300 à Rennes également.


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