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Hiver, nucléaire et pics de consommation

Cet hiver, ce sera nucléaire ET bougie

Article publié le 28 octobre 2011



Octobre 2011

Le dernier rapport de Cap Gemini vient de paraître, mettant en avant une prévision qui a fait grand bruit : du fait de la sortie du nucléaire en Allemagne, la France risquerait des coupures de courant cet hiver.

Peu de journalistes ont relevé les liens étroits entre le personnel du cabinet Cap Gemini et l’industrie nucléaire, en particulier sa Directrice Internationale du secteur énergie et l’industrie [1]. Peu ont souligné qu’il était bien étrange qu’après s’être tant vantée de l’ « indépendance énergétique » procurée par ses 58 réacteurs nucléaires [2], la France fasse ainsi l’aveu de sa dépendance au courant allemand. L’important est de marteler le message : à cause des antinucléaires, ça va grelotter dans les chaumières !

Mais si notre pays n’est pas en mesure de faire face aux pics de consommation, n’est-ce pas avant tout à la politique énergétique française qu’il faut s’en prendre, plutôt que de reprocher à l’Allemagne d’avoir su prendre la mesure de la menace nucléaire ?

Au lieu d’accuser les antinucléaires de vouloir le retour à la bougie, ne faudrait-il pas se rendre à l’évidence que c’est le nucléaire qui risque de nous condamner à la bougie cet hiver ? Pourquoi la France se préoccupe-t-elle plus de vendre des réacteurs que d’améliorer les performances énergétiques des bâtiments ? Pourquoi le chauffage électrique, aberration énergétique responsable de la majeure partie de la pointe hivernale, est-il encouragé à tout prix alors qu’il est minoritaire, voire proscrit chez nos voisins européens ? Pourquoi la France a-t-elle privilégié le développement du nucléaire plutôt que les économies d’énergie, si bien que nous consommons plus de pétrole par tête, à niveau de développement équivalent, que nos voisins britanniques ?

Ne pourrions-nous pas enfin remettre les choses à l’endroit et penser d’abord à l’isolation, aux économies d’énergie, aux moyens les plus efficaces de produire la chaleur (et l’électricité n’en fait pas partie) avant de raisonner en kWh quand nous sommes confrontés à une vague de froid ?

Rappelons enfin que 3,5 millions de ménages ont froid l’hiver, du fait entre autres de logements mal isolés et de difficultés à régler des factures élevées [3]. Incriminer l’Allemagne, c’est aussi une manière bien pratique de botter en touche sur la précarité énergétique... et une bien piteuse excuse pour refuser de remettre en question notre système énergétique. Il est plus que temps de sortir du nucléaire et de s’engager enfin dans une politique énergétique digne de ce nom !


Notes

[1Colette Lewiner, Directrice Internationale du secteur énergie à Cap Gemini, a ainsi commencé sa carrière à EDF, puis à la COGEMA : https://www.europeanpwn.net/index.php?article_id=501

[2Indépendance toute relative puisque la totalité de l’uranium utilisé en France est désormais importé.

[3La précarité énergétique : avoir froid ou dépenser trop pour se chauffer. Étude d’Isolde Devalière, INSEE, 2011, https://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1351#inter2

Octobre 2011

Le dernier rapport de Cap Gemini vient de paraître, mettant en avant une prévision qui a fait grand bruit : du fait de la sortie du nucléaire en Allemagne, la France risquerait des coupures de courant cet hiver.

Peu de journalistes ont relevé les liens étroits entre le personnel du cabinet Cap Gemini et l’industrie nucléaire, en particulier sa Directrice Internationale du secteur énergie et l’industrie [1]. Peu ont souligné qu’il était bien étrange qu’après s’être tant vantée de l’ « indépendance énergétique » procurée par ses 58 réacteurs nucléaires [2], la France fasse ainsi l’aveu de sa dépendance au courant allemand. L’important est de marteler le message : à cause des antinucléaires, ça va grelotter dans les chaumières !

Mais si notre pays n’est pas en mesure de faire face aux pics de consommation, n’est-ce pas avant tout à la politique énergétique française qu’il faut s’en prendre, plutôt que de reprocher à l’Allemagne d’avoir su prendre la mesure de la menace nucléaire ?

Au lieu d’accuser les antinucléaires de vouloir le retour à la bougie, ne faudrait-il pas se rendre à l’évidence que c’est le nucléaire qui risque de nous condamner à la bougie cet hiver ? Pourquoi la France se préoccupe-t-elle plus de vendre des réacteurs que d’améliorer les performances énergétiques des bâtiments ? Pourquoi le chauffage électrique, aberration énergétique responsable de la majeure partie de la pointe hivernale, est-il encouragé à tout prix alors qu’il est minoritaire, voire proscrit chez nos voisins européens ? Pourquoi la France a-t-elle privilégié le développement du nucléaire plutôt que les économies d’énergie, si bien que nous consommons plus de pétrole par tête, à niveau de développement équivalent, que nos voisins britanniques ?

Ne pourrions-nous pas enfin remettre les choses à l’endroit et penser d’abord à l’isolation, aux économies d’énergie, aux moyens les plus efficaces de produire la chaleur (et l’électricité n’en fait pas partie) avant de raisonner en kWh quand nous sommes confrontés à une vague de froid ?

Rappelons enfin que 3,5 millions de ménages ont froid l’hiver, du fait entre autres de logements mal isolés et de difficultés à régler des factures élevées [3]. Incriminer l’Allemagne, c’est aussi une manière bien pratique de botter en touche sur la précarité énergétique... et une bien piteuse excuse pour refuser de remettre en question notre système énergétique. Il est plus que temps de sortir du nucléaire et de s’engager enfin dans une politique énergétique digne de ce nom !



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