Faire un don

Sortir du nucléaire n°79



Automne 2018

Actions et vie des groupes

Ça bouge dans le Réseau ! Quelques moments forts sur le terrain

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°79 - Automne 2018

 Luttes et actions


Encore un trimestre bien rempli s’agissant des mobilisations antinucléaires. La compilation présentée ici ne prétend pas être exhaustive mais dresse un aperçu. Pour alimenter cette rubrique, merci d’envoyer photos et comptes-rendus d’actions à cette adresse : julien.baldassarra@sortirdunucleaire.fr



Du 6 au 9 août, des jeûnes et de l’action

Cette année encore, les jeûnes-actions pour rendre hommage aux victimes des deux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, ont été un moment fort de l’été. À Brest, Dijon, Lyon, Paris, Tours et au Mont Saint-Michel, des centaines de militants.es se sont retrou-vé.es pour se souvenir d’un passé criminel et se projeter dans un avenir dénucléarisé. Petit tour d’horizon de ces rassemblements caniculaires mais militants.

Chaque année, pendant quatre jours, du 6 au 9 août, Abolition des armes nucléaires-Maison de vigilance organise des jeûnes-actions pour dénoncer les armes nucléaires et exiger leur abolition. Au programme de plusieurs villes : cérémonies commémoratives, recueillements et hommages aux victimes des tirs et des essais de bombes nucléaires, comme à Paris, où, sous une chaleur étouffante mais dans un cadre magnifique, Français.es et Japonais.es ont observé une minute de silence.

Puis les prises de parole solennelles se sont succédées. À Paris la lecture de poèmes d’hibakusha  [1], et de témoignages ont été ponctués par les notes de cuivre puissantes d’un trompettiste japonais. Entre chaque prise de parole, un trio composé d’une chanteuse lyrique soprano, d’un violoniste et d’une violoncelliste ont livré des intermèdes musicaux émouvants. Des scénographies ont été réalisées, comme à Paris, où des personnes vêtues de masques blancs et de tuniques noires se sont laissées tomber sur un parterre de drapeaux de tous les pays qui possèdent ou stockent des armes nucléaires sur leur territoire.

L’autre volet de ces rassemblements, l’information du public, était tout aussi important. Des expositions, des tables-infos, des distributions de tracts, des débats, des animations étaient organisés, sur le nucléaire militaire et sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN).

Si la canicule n’a pas eu raison de la détermination des jeuneurs.euses les plus courageux.ses, la préfecture de police non plus. Pourtant, à Paris, les quatre jours ont été entravés par des agents de la préfecture et des policiers constamment présents. Malgré ce bémol, la rupture du jeûne a été un moment convivial.


Blocage d’un train : des militants franco- allemands font leur rentrée… à 140 mètres de haut !

Samedi 1er septembre 2018, près de Coblence, en Allemagne, deux militantes antinucléaires d’un groupe d’action franco-allemand ont réalisé une action spectaculaire : le blocage aérien d’un transport de matières radioactives. Voici quelques extraits du compte-rendu d’action publié sur le blog d’une des activistes (http://blog.eichhoernchen.fr)

Les deux militantes antinucléaires sont descendues en rappel depuis un pont de l’autoroute haut de plus de 100 mètres près de Coblence pour bloquer un train transportant du yellowcake 2 venu du port de Hambourg et à destination de Narbonne. La ligne ferroviaire Coblence – Trêves qui se trouve en dessous a été fermée en raison de l’action. Des militant.e.s de l’uranium“. Le train composé de treize conteneurs de yellowcake [2] a été retenu en gare de triage de Coblence à quelques minutes du lieu de l’action. Il n’a pu poursuivre son voyage en direction de Trêves puis Woippy, Dijon, Valence, Montpellier et Narbonne qu’après l’intervention de la police et des pompiers, sept heures plus tard.

La police fédérale allemande et divers médias ont diffusé une fausse information : les militant.e.s se seraient trompées de train, le train serait passé plus tôt… Nous souhaitons remettre les pendules à l’heure : le train a bien été bloqué.


Ni 6, ni 5, ni 4, ni 3, ni 2, ni 1…EPR ! Action à Lannion

Ce n’est pas moins d’une soixantaine de personnes qui se sont retrouvées vendredi 7 septembre à Lannion, pour dénoncer la cynique annonce de la construction de six nouveaux EPR pour la France. À l’initiative de SDN Trégor, le député Éric Bothorel (LREM) a été interpellé par le biais d’une lettre ouverte et les participants n’ont pas hésité à s’allonger au sol pour rappeler les dangers majeurs du nucléaire. En voici des extraits :

“[…] Aujourd’hui, Monsieur le Député, si nous vous interpellons par le biais de cette lettre ouverte, c’est pour vous exprimer notre extrême inquiétude suite à la toute récente annonce de la proposition de construction de six nouveaux EPR en France. Une annonce que les militants antinucléaires que nous sommes n’ont pu que qualifier d’incroyable, d’incroyable et de cynique. […]

Nous constatons en effet que le lobby du nucléaire est plus que jamais à la manœuvre quand on voit que le rapport qui suggère la construction de 6 nouveaux EPR a en fait été rédigé par deux personnes qui appartiennent à la fois au lobby du nucléaire civil et au lobby du nucléaire militaire. Nous sommes également inquiets, Monsieur le Député, quand nous entendons la réaction de M. Le Maire, Ministre de l’Économie, qui aussitôt après l’annonce de ce rapport,n’hésite pas à déclarer que “Le nucléaire est un atout pour la France“ […] alors même que cette industrie est en crise majeure depuis des années et qu’EDF est endettée jusqu’au cou.

Quand nous entendons également ce même Ministre, prétendre dans la même intervention, que “le nucléaire est d’un coût compétitif“ alors même que son coût, qui ne cesse d’augmenter est déjà plus cher que l’éolien, et ceci, sans que soient réellement pris en compte, et le coût du démantèlement des centrales, et le coût de la gestion, à très long terme, des déchets nucléaires.

Alors, comment ne pas être d’accord avec Nicolas Hulot qui, le jour de sa démission dénonçait le pouvoir des lobbies et déclarait : “Le nucléaire, cette folie inutile économiquement et techniquement, dans laquelle on s’entête“.[…]

Retrouvez cette lettre en intégralité sur le site de SDN Trégor : www.sdntregor.wordpress.com


Citoyens, regardons l’invisible !

Le 15 septembre dernier, à Montsoreau, près de Saumur, le collectif “Sortir du nucléaire Loire et Vienne“ avait donné rendez-vous à tous ceux qui s’intéressent aux pollutions invisibles.

Un premier objectif était de permettre la rencontre des préleveurs d’échantillons naturels des eaux de la Loire, de la Vienne, mais aussi du robinet, de sédiments et de végétaux aquatiques. Depuis un an, ces échantillons sont transmis à l’ACRO  [3] pour analyse.

Le second objectif était de sensibiliser les citoyens à la présence de polluants invisibles dans l’eau, notamment le tritium, et aux risques induits par le nucléaire sur la Loire.

Guillaume, ingénieur, et David, président de l’ACRO, ont donné les résultats des premières analyses ; celles-ci mettent en évidence la présence non négligeable de tritium un peu partout dans la nature, y compris dans l’eau destinée à la consommation humaine.

Ensuite, un jeu “chasse aux déchets“ a été lancé : découvrir et récupérer les déchets visibles, mais aussi préciser grâce à la “roue de l’infortune“ les risques liés à tous les déchets invisibles : particules et molécules radioactives, métaux lourds, plastiques, pesticides, etc. Sur la rive, Guillaume expliqua ensuite à tous les méthodes de prélèvement : simple, clair et pertinent !

Après un pique-nique convivial, sous un beau soleil, nous avons pu bénéficier de trois ateliers : Comment les réacteurs nucléaires polluent ? Quels sont les impacts sur la santé ? Quelles actions peut-on mener pour dénoncer ces crimes ?

Les participants ont apprécié cette journée éclairante sur les rejets invisibles et les non-dits et mensonges du nucléaire. Pourtant trop peu de personnes, notamment jeunes, ont pris part à cette journée. Quelques passants se sont arrêtés pour discuter, pas autant que nous l’aurions souhaité cependant. Organisé lors des Journées du Patrimoine, l’idée était pourtant de rappeler qu’il nous faut protéger ce patrimoine naturel que constitue la Loire.


Notes

[1Hibakusha est un mot japonais qui désigne les survivants des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Le gouvernement japonais a reconnu le statut de hibakusha à 650 000 personnes.

[2Concentré uranifère, matière première pour la fabrication de combustible nucléaire.

[3Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest

Du 6 au 9 août, des jeûnes et de l’action

Cette année encore, les jeûnes-actions pour rendre hommage aux victimes des deux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, ont été un moment fort de l’été. À Brest, Dijon, Lyon, Paris, Tours et au Mont Saint-Michel, des centaines de militants.es se sont retrou-vé.es pour se souvenir d’un passé criminel et se projeter dans un avenir dénucléarisé. Petit tour d’horizon de ces rassemblements caniculaires mais militants.

Chaque année, pendant quatre jours, du 6 au 9 août, Abolition des armes nucléaires-Maison de vigilance organise des jeûnes-actions pour dénoncer les armes nucléaires et exiger leur abolition. Au programme de plusieurs villes : cérémonies commémoratives, recueillements et hommages aux victimes des tirs et des essais de bombes nucléaires, comme à Paris, où, sous une chaleur étouffante mais dans un cadre magnifique, Français.es et Japonais.es ont observé une minute de silence.

Puis les prises de parole solennelles se sont succédées. À Paris la lecture de poèmes d’hibakusha  [1], et de témoignages ont été ponctués par les notes de cuivre puissantes d’un trompettiste japonais. Entre chaque prise de parole, un trio composé d’une chanteuse lyrique soprano, d’un violoniste et d’une violoncelliste ont livré des intermèdes musicaux émouvants. Des scénographies ont été réalisées, comme à Paris, où des personnes vêtues de masques blancs et de tuniques noires se sont laissées tomber sur un parterre de drapeaux de tous les pays qui possèdent ou stockent des armes nucléaires sur leur territoire.

L’autre volet de ces rassemblements, l’information du public, était tout aussi important. Des expositions, des tables-infos, des distributions de tracts, des débats, des animations étaient organisés, sur le nucléaire militaire et sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN).

Si la canicule n’a pas eu raison de la détermination des jeuneurs.euses les plus courageux.ses, la préfecture de police non plus. Pourtant, à Paris, les quatre jours ont été entravés par des agents de la préfecture et des policiers constamment présents. Malgré ce bémol, la rupture du jeûne a été un moment convivial.


Blocage d’un train : des militants franco- allemands font leur rentrée… à 140 mètres de haut !

Samedi 1er septembre 2018, près de Coblence, en Allemagne, deux militantes antinucléaires d’un groupe d’action franco-allemand ont réalisé une action spectaculaire : le blocage aérien d’un transport de matières radioactives. Voici quelques extraits du compte-rendu d’action publié sur le blog d’une des activistes (http://blog.eichhoernchen.fr)

Les deux militantes antinucléaires sont descendues en rappel depuis un pont de l’autoroute haut de plus de 100 mètres près de Coblence pour bloquer un train transportant du yellowcake 2 venu du port de Hambourg et à destination de Narbonne. La ligne ferroviaire Coblence – Trêves qui se trouve en dessous a été fermée en raison de l’action. Des militant.e.s de l’uranium“. Le train composé de treize conteneurs de yellowcake [2] a été retenu en gare de triage de Coblence à quelques minutes du lieu de l’action. Il n’a pu poursuivre son voyage en direction de Trêves puis Woippy, Dijon, Valence, Montpellier et Narbonne qu’après l’intervention de la police et des pompiers, sept heures plus tard.

La police fédérale allemande et divers médias ont diffusé une fausse information : les militant.e.s se seraient trompées de train, le train serait passé plus tôt… Nous souhaitons remettre les pendules à l’heure : le train a bien été bloqué.


Ni 6, ni 5, ni 4, ni 3, ni 2, ni 1…EPR ! Action à Lannion

Ce n’est pas moins d’une soixantaine de personnes qui se sont retrouvées vendredi 7 septembre à Lannion, pour dénoncer la cynique annonce de la construction de six nouveaux EPR pour la France. À l’initiative de SDN Trégor, le député Éric Bothorel (LREM) a été interpellé par le biais d’une lettre ouverte et les participants n’ont pas hésité à s’allonger au sol pour rappeler les dangers majeurs du nucléaire. En voici des extraits :

“[…] Aujourd’hui, Monsieur le Député, si nous vous interpellons par le biais de cette lettre ouverte, c’est pour vous exprimer notre extrême inquiétude suite à la toute récente annonce de la proposition de construction de six nouveaux EPR en France. Une annonce que les militants antinucléaires que nous sommes n’ont pu que qualifier d’incroyable, d’incroyable et de cynique. […]

Nous constatons en effet que le lobby du nucléaire est plus que jamais à la manœuvre quand on voit que le rapport qui suggère la construction de 6 nouveaux EPR a en fait été rédigé par deux personnes qui appartiennent à la fois au lobby du nucléaire civil et au lobby du nucléaire militaire. Nous sommes également inquiets, Monsieur le Député, quand nous entendons la réaction de M. Le Maire, Ministre de l’Économie, qui aussitôt après l’annonce de ce rapport,n’hésite pas à déclarer que “Le nucléaire est un atout pour la France“ […] alors même que cette industrie est en crise majeure depuis des années et qu’EDF est endettée jusqu’au cou.

Quand nous entendons également ce même Ministre, prétendre dans la même intervention, que “le nucléaire est d’un coût compétitif“ alors même que son coût, qui ne cesse d’augmenter est déjà plus cher que l’éolien, et ceci, sans que soient réellement pris en compte, et le coût du démantèlement des centrales, et le coût de la gestion, à très long terme, des déchets nucléaires.

Alors, comment ne pas être d’accord avec Nicolas Hulot qui, le jour de sa démission dénonçait le pouvoir des lobbies et déclarait : “Le nucléaire, cette folie inutile économiquement et techniquement, dans laquelle on s’entête“.[…]

Retrouvez cette lettre en intégralité sur le site de SDN Trégor : www.sdntregor.wordpress.com


Citoyens, regardons l’invisible !

Le 15 septembre dernier, à Montsoreau, près de Saumur, le collectif “Sortir du nucléaire Loire et Vienne“ avait donné rendez-vous à tous ceux qui s’intéressent aux pollutions invisibles.

Un premier objectif était de permettre la rencontre des préleveurs d’échantillons naturels des eaux de la Loire, de la Vienne, mais aussi du robinet, de sédiments et de végétaux aquatiques. Depuis un an, ces échantillons sont transmis à l’ACRO  [3] pour analyse.

Le second objectif était de sensibiliser les citoyens à la présence de polluants invisibles dans l’eau, notamment le tritium, et aux risques induits par le nucléaire sur la Loire.

Guillaume, ingénieur, et David, président de l’ACRO, ont donné les résultats des premières analyses ; celles-ci mettent en évidence la présence non négligeable de tritium un peu partout dans la nature, y compris dans l’eau destinée à la consommation humaine.

Ensuite, un jeu “chasse aux déchets“ a été lancé : découvrir et récupérer les déchets visibles, mais aussi préciser grâce à la “roue de l’infortune“ les risques liés à tous les déchets invisibles : particules et molécules radioactives, métaux lourds, plastiques, pesticides, etc. Sur la rive, Guillaume expliqua ensuite à tous les méthodes de prélèvement : simple, clair et pertinent !

Après un pique-nique convivial, sous un beau soleil, nous avons pu bénéficier de trois ateliers : Comment les réacteurs nucléaires polluent ? Quels sont les impacts sur la santé ? Quelles actions peut-on mener pour dénoncer ces crimes ?

Les participants ont apprécié cette journée éclairante sur les rejets invisibles et les non-dits et mensonges du nucléaire. Pourtant trop peu de personnes, notamment jeunes, ont pris part à cette journée. Quelques passants se sont arrêtés pour discuter, pas autant que nous l’aurions souhaité cependant. Organisé lors des Journées du Patrimoine, l’idée était pourtant de rappeler qu’il nous faut protéger ce patrimoine naturel que constitue la Loire.



Soyez au coeur de l'information !

Tous les 3 mois, retrouvez 36 pages (en couleur) de brèves, interviews, articles, BD, alternatives concrètes, actions originales, luttes antinucléaires à l’étranger, décryptages, etc.

Je m'abonne à la revue du Réseau