Faire un don

Sortir du nucléaire n°34



Mars à mai 2007

Alternatives

Aux portes de Rennes, l’éco-village qui fait école

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°34 - Mars à mai 2007

 Energies renouvelables  Habitat écologique
Article publié le : 1er mai 2007


Pluie récupérée, consommation d’électricité maîtrisée, énergie recyclée : le maire de Bazouges a convaincu d’autres élus.



L’une est en bois et en bottes de paille, l’autre en bois et en plumes de canard. Les premières maisons du lotissement écologique de Bazouges-sous-Hédé sortent de terre et décoiffent les toits d’ardoise bretons de ce village de neuf cents habitants à une vingtaine de kilomètres de Rennes.
Les cuves de récupération d’eau de pluie viennent d’arriver, posées çà et là sur un terrain encore un peu vague avant d’être enterrées par les futurs propriétaires. Au-delà de l’aspect « exotique » de ces constructions, ce projet inattendu en ces terres agricoles dépasse les frontières de Bazouges. Dans la région, une dizaine de maires inconnus et têtus unissent leurs forces pour lancer des projets écologiques.
Un couple de retraités venu à vélo arpente son terrain encore vierge. Ils ne sont pas écolos pour un sou mais n’ont pas eu le choix : s’ils voulaient construire à Bazouges, profiter du prix attractif du terrain, il leur fallait accepter les contraintes imposées par la municipalité pour obtenir leur permis de construire. Alors, à 70 ans, ils se mettent à la biobrique, découvrent les capteurs solaires, le composteur... Aujourd’hui, tout est prêt pour démarrer le chantier, avec un seul bémol : la maison leur coûtera plus cher que prévu, 186 000 euros. « Ils les récupéreront avec les économies d’énergie », lance le maire, à l’enthousiasme inaltérable. Jean-Christophe Benis a gagné son pari. Toutes les parcelles de son lotissement - vingt-deux maisons privées, dix logements en locatif réalisés par l’Opac - sont vendues ou en passe de l’être. Agriculteur et fils d’agriculteur, il a toujours refusé la moindre subvention et vit de sa petite exploitation de volailles fermières. Sa force de conviction est venue à bout de tous les obstacles : « Aujourd’hui, on est trop gourmands en énergie. Nous sommes là pour poser des actes, dans ce village il ne restait qu’un café. Notre richesse, c’est l’environnement. » Un projet classique de lotissement avait été engagé par la précédente municipalité. Quand il devient maire délégué - car Bazouges fait partie de communes associées à Hédé -, Jean-Christophe Benis bloque tout : « Je voulais faire quelque chose de différent. » Il se heurte aux réticences de la DDE face à des schémas non habituels, à l’incompréhension du syndicat départemental de l’électricité parce qu’il veut espacer davantage les poteaux de l’éclairage public pour économiser.
Il lui faut convaincre les autres élus de l’association de communes, dont certains se montrent sceptiques : à six kilomètres de là, le maire délégué de Saint-Symphorien reconnaît qu’il n’aurait pas osé, qu’au début les habitants se moquaient de ces histoires d’écolo, et beaucoup pensaient que la liste des contraintes serait dissuasive : parpaing, PVC, grillage vert... interdits ; eau chaude solaire, cuve de récupération d’eau de pluie... obligatoires. La démarche de Jean-Christophe Benis n’est pas isolée. Il travaille main dans la main avec Daniel Cueff, le maire de Langouet, village tout proche de six cents habitants, très actif : une école qui produit la moitié de son électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, une cantine 100 % bio, un lotissement écologique en construction.
« Nous sommes une dizaine de maires à avancer dans cette direction en Bretagne, nous sommes sollicités sans arrêt par d’autres communes désireuses d’engager des projets comme les nôtres, aussi nous venons de créer l’association Bretagne rurale et développement durable pour fédérer nos forces. Il est important que les élus puissent parler à d’autres élus, car il leur faut convaincre leur conseil municipal. » Avant de s’engager bien armés sur un chemin plus vert mais moins facile.

Sylvie Briet
Libération -6 novembre 2006

L’une est en bois et en bottes de paille, l’autre en bois et en plumes de canard. Les premières maisons du lotissement écologique de Bazouges-sous-Hédé sortent de terre et décoiffent les toits d’ardoise bretons de ce village de neuf cents habitants à une vingtaine de kilomètres de Rennes.
Les cuves de récupération d’eau de pluie viennent d’arriver, posées çà et là sur un terrain encore un peu vague avant d’être enterrées par les futurs propriétaires. Au-delà de l’aspect « exotique » de ces constructions, ce projet inattendu en ces terres agricoles dépasse les frontières de Bazouges. Dans la région, une dizaine de maires inconnus et têtus unissent leurs forces pour lancer des projets écologiques.
Un couple de retraités venu à vélo arpente son terrain encore vierge. Ils ne sont pas écolos pour un sou mais n’ont pas eu le choix : s’ils voulaient construire à Bazouges, profiter du prix attractif du terrain, il leur fallait accepter les contraintes imposées par la municipalité pour obtenir leur permis de construire. Alors, à 70 ans, ils se mettent à la biobrique, découvrent les capteurs solaires, le composteur... Aujourd’hui, tout est prêt pour démarrer le chantier, avec un seul bémol : la maison leur coûtera plus cher que prévu, 186 000 euros. « Ils les récupéreront avec les économies d’énergie », lance le maire, à l’enthousiasme inaltérable. Jean-Christophe Benis a gagné son pari. Toutes les parcelles de son lotissement - vingt-deux maisons privées, dix logements en locatif réalisés par l’Opac - sont vendues ou en passe de l’être. Agriculteur et fils d’agriculteur, il a toujours refusé la moindre subvention et vit de sa petite exploitation de volailles fermières. Sa force de conviction est venue à bout de tous les obstacles : « Aujourd’hui, on est trop gourmands en énergie. Nous sommes là pour poser des actes, dans ce village il ne restait qu’un café. Notre richesse, c’est l’environnement. » Un projet classique de lotissement avait été engagé par la précédente municipalité. Quand il devient maire délégué - car Bazouges fait partie de communes associées à Hédé -, Jean-Christophe Benis bloque tout : « Je voulais faire quelque chose de différent. » Il se heurte aux réticences de la DDE face à des schémas non habituels, à l’incompréhension du syndicat départemental de l’électricité parce qu’il veut espacer davantage les poteaux de l’éclairage public pour économiser.
Il lui faut convaincre les autres élus de l’association de communes, dont certains se montrent sceptiques : à six kilomètres de là, le maire délégué de Saint-Symphorien reconnaît qu’il n’aurait pas osé, qu’au début les habitants se moquaient de ces histoires d’écolo, et beaucoup pensaient que la liste des contraintes serait dissuasive : parpaing, PVC, grillage vert... interdits ; eau chaude solaire, cuve de récupération d’eau de pluie... obligatoires. La démarche de Jean-Christophe Benis n’est pas isolée. Il travaille main dans la main avec Daniel Cueff, le maire de Langouet, village tout proche de six cents habitants, très actif : une école qui produit la moitié de son électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, une cantine 100 % bio, un lotissement écologique en construction.
« Nous sommes une dizaine de maires à avancer dans cette direction en Bretagne, nous sommes sollicités sans arrêt par d’autres communes désireuses d’engager des projets comme les nôtres, aussi nous venons de créer l’association Bretagne rurale et développement durable pour fédérer nos forces. Il est important que les élus puissent parler à d’autres élus, car il leur faut convaincre leur conseil municipal. » Avant de s’engager bien armés sur un chemin plus vert mais moins facile.

Sylvie Briet
Libération -6 novembre 2006



Soyez au coeur de l'information !

Tous les 3 mois, retrouvez 36 pages (en couleur) de brèves, interviews, articles, BD, alternatives concrètes, actions originales, luttes antinucléaires à l’étranger, décryptages, etc.

Je m'abonne à la revue du Réseau