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Sortir du nucléaire n°56



Hiver 2012-2013

Journées d’études et de propositions du Réseau

Argent, pouvoir et nucléaire...

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°56 - Hiver 2012-2013

 Luttes et actions


Les premières Journées d’études et de propositions du Réseau "Sortir du nucléaire" avaient réuni en 2011 à Toulouse scientifiques, artistes, politiques (élus et militants) et citoyens autour de la question du mythe du Progrès. Le procès du nucléaire, où des militants jouaient leur propre rôle, a été un des points forts des journées1. Nous en avions rendu compte dans la revue Sortir du nucléaire n°51, et un DVD a été édité, "Le procès du nucléaire", en vente dans la boutique du Réseau.

Pour la seconde édition, organisée les 3 et 4 novembre 2012 à Clermont-Ferrand, nous nous sommes penchés sur les liens entre "argent, pouvoir et nucléaire", en proposant des conférences, débats, tables rondes et spectacles : le film The War game de Peter Watkins, les pièces de théâtre Avenir radieux de Nicolas Lambert, Le Petit Musée de la catastrophe et L’impossible procès, créée pour l’occasion par Brut de béton Production à l’issue d’un travail collectif d’écriture.



Des conférences-débats, afin de proposer une information différente

Vous pouvez écouter les enregistrements des conférences, débats et tables rondes sur le site web : https://journeesdetudes.org/.

Yves Lenoir : "Et si on parlait de radioprotection ?"

Le déni de la plupart des effets sur la santé des rayonnements ionisants est le défi majeur que nous lancent depuis plus de 50 ans les promoteurs du développement de l’énergie atomique, militaire et civile, et les organisations s’occupant de radioprotection. Ce déni concerne les faibles doses, surtout internes. Les données scientifiques distillées par le système international de radioprotection opérant dans le cadre de l’ONU est la source du déni.

Yves Lenoir nous propose d’explorer les mécanismes de ce système, sa genèse, son idéologie et les interactions qui en assurent la cohésion. Les rapports des institutions internationales font autorité auprès des décideurs politiques, et le déni de Tchernobyl sert de modèle à la préparation en cours depuis mars 2011 du déni de Fukushima. Le procès doit être instruit. L’enjeu est d’informer le plus grand nombre, de convaincre les indécis et de déstabiliser les "croyants".

Sabina Issehnane : "Les conséquences économiques du nucléaire"

Fukushima et les questions de sécurité n’ont pas poussé nos décideurs politiques à cesser de protéger le secteur, mais le débat sur les coûts de la filière, initié par le rapport de la Cour des comptes, a mis en avant la rentabilité incertaine de la filière. Sabina Issehnane, "économiste attérée", pose la question du nucléaire dans la perspective d’une transformation écologique, économique et sociale.

Des coûts importants sont sous-estimés ou "inestimables" dans le calcul du coût du MWh nucléaire : les accidents majeurs, le démantèlement, les investissements dans le militaire, l’extraction et la transformation du minerai, les coûts humains et environnementaux… Même en ne prenant pas en compte ces coûts cachés, "irrationnels", Benjamin Dessus montre, dans son article "Le nucléaire bon marché ?" paru dans le journal Atomes crochus2, que "à partir de 70 ou 80 MWh, les énergies renouvelables arrivées à maturité deviennent concurrentielles". On sait aujourd’hui que le MWh de l’EPR dépassera les 100 €.

Quatre tables rondes : privilégier le débat en croisant les perspectives

La réflexion s’est prolongée dimanche autour de quatre tables rondes en donnant aux "experts" et aux citoyens le même accès à la parole pour un large débat autour de la sortie du nucléaire,

 en réfléchissant concrètement aux scénarios de sortie (Table ronde "Scénarios de sortie et transition énergétique")

 en remettant en cause les dogmes scientifiques, notamment celui de la soi-disant innocuité des "faibles doses" (Table ronde "Radioprotection et faibles doses")

 en ne dissociant pas le nucléaire civil du nucléaire militaire (Table ronde "Les coûts du nucléaire militaire")

 en réfléchissant sur l’impossibilité actuelle d’un débat démocratique sur le nucléaire (Table ronde "Les réseaux d’influence")

L’impossible procès

Un procès exceptionnel. La pièce de théâtre L’impossible procès a été créée par Brut de béton Production à l’occasion de ces Journées d’études.

C’est une tentative pour mettre le théâtre au cœur du débat citoyen, et pour construire une action nationale dans la perspective d’introduire la sortie du nucléaire dans le débat de 2013 sur l’énergie organisé par le gouvernement Hollande.
Une dizaine de personnes du Réseau se sont investies pour apporter des éléments scientifiques, romanesques et juridiques permettant d’étayer le texte rédigé par Jean-Louis Debard et mis en scène par Bruno Boussagol.

Les représentations à Clermont-Ferrand ont rassemblé près de 400 spectateurs et obtenu un vif succès tant au niveau du public que de la critique.

"Dans la nuit du mardi 3 novembre 2015, un Boeing 747 de la compagnie Royal Air Maroc immatriculé EI-CSY, en provenance de Casablanca, vol AT 764, arrivée prévue à Paris Orly à 4h15, s’est écrasé sur la centrale nucléaire du Blayais, située sur la commune de Braut et Saint-Louis, dans le département de la Gironde. Trois années après l’accident (en 2018 donc) on assiste à un grand procès."

Deux parties mettent en scène les rapports entre argent, pouvoir et nucléaire : dans un tribunal, se joue une fiction étayée sur des éléments techniques, scientifiques et législatifs authentiques, avec le Président (Patrick Gay-Bellile), la procureure (Véronique Pilia), l’avocat (Jean-Louis Debard), le prévenu (Bruno Boussagol) et la narratrice (Noémie Ladouce).

Après le procès, la séance se prolonge avec le public et les intervenants locaux de la ville où est jouée la pièce : des victimes, des témoins, des "experts" qui jouent leur propre rôle. C’est donc l’occasion de présenter les problématiques locales. Les contributions recueillies durant la "tournée" seront rassemblées dans un ouvrage.

L’impossible procès part en tournée à travers la France du 20 avril au 25 mai 2013, avec une représentation finale et le verdict sur l’esplanade du Trocadéro le 25 mai 2013 avec plusieurs milliers de jurés, de "victimes", d’experts et et de témoins accompagnés de leurs soutiens.

Pour plus d’informations :
https://journeesdetudes.org/limpossibleproces/

Contact : cokoller@bluewin.ch / 06 08 23 60 20

Perspectives

La publication d’un second numéro du journal Atomes crochus devrait permettre de restituer et prolonger l’analyse de ces Journées d’études, y compris par de nouvelles contributions.

Les prochaines journées d’études et de propositions pourraient avoir lieu autour des scénarios de sortie du nucléaire, en organisant, au sein du programme NEEDS, un colloque CNRS associé à une journée avec le Réseau "Sortir du nucléaire" et les autres associations et militants. Le programme NEEDS (Nucléaire Environnement Énergie Déchets Société), dont font partie plusieurs chercheurs anti-nucléaires, est un outil qu’il faut utiliser pour faire la critique de la science. Nous devons appeler les scientifiques à s’engager en proposant des formes adaptées.

Michel Lablanquie, Michel Boccara, Jean-Pierre Minne

Notes :

1 :https://leliencommun.org/journees detudes/entreeproces.html

2 : Atomes crochus (sections III et IV du journal) / voir aussi sur le site :
https://leliencommun.org/journeesdetudes/2012/profits/couts et
https://leliencommun.org/journeesdetudes/2012/profits

Des conférences-débats, afin de proposer une information différente

Vous pouvez écouter les enregistrements des conférences, débats et tables rondes sur le site web : https://journeesdetudes.org/.

Yves Lenoir : "Et si on parlait de radioprotection ?"

Le déni de la plupart des effets sur la santé des rayonnements ionisants est le défi majeur que nous lancent depuis plus de 50 ans les promoteurs du développement de l’énergie atomique, militaire et civile, et les organisations s’occupant de radioprotection. Ce déni concerne les faibles doses, surtout internes. Les données scientifiques distillées par le système international de radioprotection opérant dans le cadre de l’ONU est la source du déni.

Yves Lenoir nous propose d’explorer les mécanismes de ce système, sa genèse, son idéologie et les interactions qui en assurent la cohésion. Les rapports des institutions internationales font autorité auprès des décideurs politiques, et le déni de Tchernobyl sert de modèle à la préparation en cours depuis mars 2011 du déni de Fukushima. Le procès doit être instruit. L’enjeu est d’informer le plus grand nombre, de convaincre les indécis et de déstabiliser les "croyants".

Sabina Issehnane : "Les conséquences économiques du nucléaire"

Fukushima et les questions de sécurité n’ont pas poussé nos décideurs politiques à cesser de protéger le secteur, mais le débat sur les coûts de la filière, initié par le rapport de la Cour des comptes, a mis en avant la rentabilité incertaine de la filière. Sabina Issehnane, "économiste attérée", pose la question du nucléaire dans la perspective d’une transformation écologique, économique et sociale.

Des coûts importants sont sous-estimés ou "inestimables" dans le calcul du coût du MWh nucléaire : les accidents majeurs, le démantèlement, les investissements dans le militaire, l’extraction et la transformation du minerai, les coûts humains et environnementaux… Même en ne prenant pas en compte ces coûts cachés, "irrationnels", Benjamin Dessus montre, dans son article "Le nucléaire bon marché ?" paru dans le journal Atomes crochus2, que "à partir de 70 ou 80 MWh, les énergies renouvelables arrivées à maturité deviennent concurrentielles". On sait aujourd’hui que le MWh de l’EPR dépassera les 100 €.

Quatre tables rondes : privilégier le débat en croisant les perspectives

La réflexion s’est prolongée dimanche autour de quatre tables rondes en donnant aux "experts" et aux citoyens le même accès à la parole pour un large débat autour de la sortie du nucléaire,

 en réfléchissant concrètement aux scénarios de sortie (Table ronde "Scénarios de sortie et transition énergétique")

 en remettant en cause les dogmes scientifiques, notamment celui de la soi-disant innocuité des "faibles doses" (Table ronde "Radioprotection et faibles doses")

 en ne dissociant pas le nucléaire civil du nucléaire militaire (Table ronde "Les coûts du nucléaire militaire")

 en réfléchissant sur l’impossibilité actuelle d’un débat démocratique sur le nucléaire (Table ronde "Les réseaux d’influence")

L’impossible procès

Un procès exceptionnel. La pièce de théâtre L’impossible procès a été créée par Brut de béton Production à l’occasion de ces Journées d’études.

C’est une tentative pour mettre le théâtre au cœur du débat citoyen, et pour construire une action nationale dans la perspective d’introduire la sortie du nucléaire dans le débat de 2013 sur l’énergie organisé par le gouvernement Hollande.
Une dizaine de personnes du Réseau se sont investies pour apporter des éléments scientifiques, romanesques et juridiques permettant d’étayer le texte rédigé par Jean-Louis Debard et mis en scène par Bruno Boussagol.

Les représentations à Clermont-Ferrand ont rassemblé près de 400 spectateurs et obtenu un vif succès tant au niveau du public que de la critique.

"Dans la nuit du mardi 3 novembre 2015, un Boeing 747 de la compagnie Royal Air Maroc immatriculé EI-CSY, en provenance de Casablanca, vol AT 764, arrivée prévue à Paris Orly à 4h15, s’est écrasé sur la centrale nucléaire du Blayais, située sur la commune de Braut et Saint-Louis, dans le département de la Gironde. Trois années après l’accident (en 2018 donc) on assiste à un grand procès."

Deux parties mettent en scène les rapports entre argent, pouvoir et nucléaire : dans un tribunal, se joue une fiction étayée sur des éléments techniques, scientifiques et législatifs authentiques, avec le Président (Patrick Gay-Bellile), la procureure (Véronique Pilia), l’avocat (Jean-Louis Debard), le prévenu (Bruno Boussagol) et la narratrice (Noémie Ladouce).

Après le procès, la séance se prolonge avec le public et les intervenants locaux de la ville où est jouée la pièce : des victimes, des témoins, des "experts" qui jouent leur propre rôle. C’est donc l’occasion de présenter les problématiques locales. Les contributions recueillies durant la "tournée" seront rassemblées dans un ouvrage.

L’impossible procès part en tournée à travers la France du 20 avril au 25 mai 2013, avec une représentation finale et le verdict sur l’esplanade du Trocadéro le 25 mai 2013 avec plusieurs milliers de jurés, de "victimes", d’experts et et de témoins accompagnés de leurs soutiens.

Pour plus d’informations :
https://journeesdetudes.org/limpossibleproces/

Contact : cokoller@bluewin.ch / 06 08 23 60 20

Perspectives

La publication d’un second numéro du journal Atomes crochus devrait permettre de restituer et prolonger l’analyse de ces Journées d’études, y compris par de nouvelles contributions.

Les prochaines journées d’études et de propositions pourraient avoir lieu autour des scénarios de sortie du nucléaire, en organisant, au sein du programme NEEDS, un colloque CNRS associé à une journée avec le Réseau "Sortir du nucléaire" et les autres associations et militants. Le programme NEEDS (Nucléaire Environnement Énergie Déchets Société), dont font partie plusieurs chercheurs anti-nucléaires, est un outil qu’il faut utiliser pour faire la critique de la science. Nous devons appeler les scientifiques à s’engager en proposant des formes adaptées.

Michel Lablanquie, Michel Boccara, Jean-Pierre Minne

Notes :

1 :https://leliencommun.org/journees detudes/entreeproces.html

2 : Atomes crochus (sections III et IV du journal) / voir aussi sur le site :
https://leliencommun.org/journeesdetudes/2012/profits/couts et
https://leliencommun.org/journeesdetudes/2012/profits



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