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Surveillance citoyenne des installations nucléaires

Analyse : Ce que disent les évènements significatifs pour la sûreté de 2018

Article publié le 1er octobre 2019



Rigueur d’exploitation, conformité des installations, qualité de maintenance... pour tout le parc nucléaire d’EDF, les difficultés observées les années précédentes se confirment et perdurent. Et ce malgré les plans d’actions de l’exploitant. Retour rapide sur l’analyse des déclarations d’évènements significatifs pour la sûreté faites par EDF en 2018.



L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié le 7 août 2019 un avis qui analyse les déclarations d’évènement significatifs pour la sûreté (ESS) faites par EDF en 2018. Et, comme pour l’analyse faite des évènements significatifs déclarés entre 2015 et 2017 (voir notre article de synthèse de cette analyse), les résultats sont éloquents : les difficultés observées sur les années précédentes perdurent, et les réacteurs de 1300 MWe sont encore plus en difficultés que les autres. Pour tous les réacteurs nucléaire d’EDF l’exploitation manque de rigueur, la maintenance n’est pas d’assez bonne qualité et l’entretien laisse à désirer. Sans oublier qu’EDF a bien du mal à garder les installations conformes à ce qu’elles doivent être sur le papier.

Par ailleurs, le nombre d’ESS de niveau 1* est en forte augmentation : +20 % en 2018 par rapport à 2017, soit 1 évènement supplémentaire pour 5 survenus. Et ce alors même qu’en 2017, ce nombre avait déjà fortement augmenté ! Certes, le nombre d’ESS n’est pas un indicateur suffisant pour donner une image quantifiée de la sûreté du parc nucléaire d’EDF, mais ils sont le reflet de ses difficultés croissantes et persistantes.

Plus précisément, les analyses des déclarations d’évènements significatifs pour la sûreté de 2018 pointent :

 "la persistance de défauts affectant différentes fonctions de sûreté et fonctions supports". On notera tout particulièrement que parmi les fonctions dites supports, c’est celle des sources électriques qui regroupe le plus grand nombre d’évènements significatifs pour la sûreté (tout ce qui permet d’éviter le black out et donc l’arrêt du refroidissement du réacteur : les diesels, la turbine à combustion et le turbo-alternateur) ;

 "des fragilités dans la conduite et l’exploitation", notamment quand il s’agit de configurer les circuits comme il se doit (ce qui a, on s’en doute, un fort enjeu pour la sûreté), de faire des essais ou même de piloter les réacteurs, d’en gérer correctement la puissance et les arrêts, ou simplement de surveiller les installations ;

 des difficultés liées au maintien de la conformité des installations, et ces écarts de conformité (des défauts ou même la perte de la qualification d’un équipement) ne sont pas sans conséquence. Ils remettent en cause la résistance des installations aux tremblements de terre (voir notre rubrique Et si la Terre tremble ?). Qui plus est, la majorité sont des défauts dits "génériques", c’est a dire qu’il se retrouvent sur plusieurs réacteurs, et peuvent même affecter la moitié voire les 3/4 du parc ;

 le vieillissement des installations est une difficulté persistante pour EDF. En 2018 l’exemple du blocage des grappes de commande occasionné par l’usure d’une pièce au point qu’elle se rompe, et qui a concerné plusieurs réacteurs est typique, avec des conséquences sur le manque de réactivité pour stopper la réaction nucléaire en urgence, comme c’est le cas lors d’un arrêt automatique par exemple (voir notre article de septembre 2018 sur cette anomalie générique) ;

 les interventions de maintenance et les modifications faites sur des matériels ne sont pas au niveau attendu : les analyses des risques insuffisantes et manquent de qualité. Tout comme les gestes exécutés pour entretenir les équipements et modifier les installations. Ces "non qualités de maintenance" génèrent des risques supplémentaires, ils augmentent la probabilité d’accident grave (risque de fusion du cœur). Ils deviennent alors ce qu’on appelle des "évènements précurseurs" ;

 les évènements précurseurs de 2018 ont d’ailleurs pour cause principale ces opérations de maintenance mal faites. Ils sont, pour l’IRSN, la marque d’une "dégradation des lignes de défense". Ces évènements précurseurs mettent aussi en évidence une mauvaise préparation des activités, des manques dans ce qui prérequis et attendus des contrôles techniques, mais aussi des lacunes dans la manière de tirer les enseignements du passé. Toujours selon l’IRSN, ils sont également la preuve d’un manque de réactivité et de rigueur vis-à-vis des signaux "faibles" (qui ne sont pas graves au point d’être considérés comme significatifs), alors que ces signaux sont révélateurs de problèmes et de l’apparition de dysfonctionnements.

En fin de son rapport, l’IRSN déplore qu’EDF n’ait pas fait une analyse probabiliste relative au cumul des écarts de conformité. Quels risques résultent de leur coexistence ? Qu’est-ce qui pourrait se passer ? L’institut souligne qu’une telle analyse permettrait pourtant "d’enrichir considérablement l’évaluation par EDF des conséquences des évènements significatifs pour la sûreté". EDF s’était engagé à faire cette analyse en 2016... Mais doit-on s’étonner que ce qui mette en avant les conséquences des incidents dans les centrales et permette de mieux mesurer les risques inhérents à ces usines soient laissés dans l’ombre par EDF ?

Télécharger l’Avis IRSN 2019-00194 du 7 août 2019 :

* sur l’échelle INES : International nuclear and radiological event scale (Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques) - Description et niveaux ici - https://www.asn.fr/Lexique/I/INES

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié le 7 août 2019 un avis qui analyse les déclarations d’évènement significatifs pour la sûreté (ESS) faites par EDF en 2018. Et, comme pour l’analyse faite des évènements significatifs déclarés entre 2015 et 2017 (voir notre article de synthèse de cette analyse), les résultats sont éloquents : les difficultés observées sur les années précédentes perdurent, et les réacteurs de 1300 MWe sont encore plus en difficultés que les autres. Pour tous les réacteurs nucléaire d’EDF l’exploitation manque de rigueur, la maintenance n’est pas d’assez bonne qualité et l’entretien laisse à désirer. Sans oublier qu’EDF a bien du mal à garder les installations conformes à ce qu’elles doivent être sur le papier.

Par ailleurs, le nombre d’ESS de niveau 1* est en forte augmentation : +20 % en 2018 par rapport à 2017, soit 1 évènement supplémentaire pour 5 survenus. Et ce alors même qu’en 2017, ce nombre avait déjà fortement augmenté ! Certes, le nombre d’ESS n’est pas un indicateur suffisant pour donner une image quantifiée de la sûreté du parc nucléaire d’EDF, mais ils sont le reflet de ses difficultés croissantes et persistantes.

Plus précisément, les analyses des déclarations d’évènements significatifs pour la sûreté de 2018 pointent :

 "la persistance de défauts affectant différentes fonctions de sûreté et fonctions supports". On notera tout particulièrement que parmi les fonctions dites supports, c’est celle des sources électriques qui regroupe le plus grand nombre d’évènements significatifs pour la sûreté (tout ce qui permet d’éviter le black out et donc l’arrêt du refroidissement du réacteur : les diesels, la turbine à combustion et le turbo-alternateur) ;

 "des fragilités dans la conduite et l’exploitation", notamment quand il s’agit de configurer les circuits comme il se doit (ce qui a, on s’en doute, un fort enjeu pour la sûreté), de faire des essais ou même de piloter les réacteurs, d’en gérer correctement la puissance et les arrêts, ou simplement de surveiller les installations ;

 des difficultés liées au maintien de la conformité des installations, et ces écarts de conformité (des défauts ou même la perte de la qualification d’un équipement) ne sont pas sans conséquence. Ils remettent en cause la résistance des installations aux tremblements de terre (voir notre rubrique Et si la Terre tremble ?). Qui plus est, la majorité sont des défauts dits "génériques", c’est a dire qu’il se retrouvent sur plusieurs réacteurs, et peuvent même affecter la moitié voire les 3/4 du parc ;

 le vieillissement des installations est une difficulté persistante pour EDF. En 2018 l’exemple du blocage des grappes de commande occasionné par l’usure d’une pièce au point qu’elle se rompe, et qui a concerné plusieurs réacteurs est typique, avec des conséquences sur le manque de réactivité pour stopper la réaction nucléaire en urgence, comme c’est le cas lors d’un arrêt automatique par exemple (voir notre article de septembre 2018 sur cette anomalie générique) ;

 les interventions de maintenance et les modifications faites sur des matériels ne sont pas au niveau attendu : les analyses des risques insuffisantes et manquent de qualité. Tout comme les gestes exécutés pour entretenir les équipements et modifier les installations. Ces "non qualités de maintenance" génèrent des risques supplémentaires, ils augmentent la probabilité d’accident grave (risque de fusion du cœur). Ils deviennent alors ce qu’on appelle des "évènements précurseurs" ;

 les évènements précurseurs de 2018 ont d’ailleurs pour cause principale ces opérations de maintenance mal faites. Ils sont, pour l’IRSN, la marque d’une "dégradation des lignes de défense". Ces évènements précurseurs mettent aussi en évidence une mauvaise préparation des activités, des manques dans ce qui prérequis et attendus des contrôles techniques, mais aussi des lacunes dans la manière de tirer les enseignements du passé. Toujours selon l’IRSN, ils sont également la preuve d’un manque de réactivité et de rigueur vis-à-vis des signaux "faibles" (qui ne sont pas graves au point d’être considérés comme significatifs), alors que ces signaux sont révélateurs de problèmes et de l’apparition de dysfonctionnements.

En fin de son rapport, l’IRSN déplore qu’EDF n’ait pas fait une analyse probabiliste relative au cumul des écarts de conformité. Quels risques résultent de leur coexistence ? Qu’est-ce qui pourrait se passer ? L’institut souligne qu’une telle analyse permettrait pourtant "d’enrichir considérablement l’évaluation par EDF des conséquences des évènements significatifs pour la sûreté". EDF s’était engagé à faire cette analyse en 2016... Mais doit-on s’étonner que ce qui mette en avant les conséquences des incidents dans les centrales et permette de mieux mesurer les risques inhérents à ces usines soient laissés dans l’ombre par EDF ?

Télécharger l’Avis IRSN 2019-00194 du 7 août 2019 :

* sur l’échelle INES : International nuclear and radiological event scale (Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques) - Description et niveaux ici - https://www.asn.fr/Lexique/I/INES



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