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Sortir du nucléaire n°77



Printemps 2018

Artiste

50 ans d’inconscience

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°77 - Printemps 2018

 Luttes et actions


Ludwig von 88 est un groupe punk français créé dans les années 80. En 1995, ils produisent l’album-concept Hiroshima, pour commémorer les 50 ans du bombardement atomique. À l’occasion de la réédition en vinyle du disque, nous avons rencontré Karim, chanteur du groupe, afin qu’il nous raconte la genèse de ce projet.



Pourquoi le choix d’un tel sujet et comment l’avez-vous abordé ?

Nous étions après la guerre froide, il y avait toujours dans l’air l’idée d’une confrontation entre les deux grosses puissances, l’escalade de l’armement. Et puis, historiquement nous ne devons pas oublier ce genre de conneries. Il s’agit d’un marqueur historique, un des trucs les plus horribles avec l’Holocauste. C’est le meilleur exemple, et le seul, d’un bombardement nucléaire sur une population civile et de ses conséquences. Ce fut un laboratoire scientifique et l’occasion pour les États-Unis de prouver au monde qu’ils avaient une arme surpuissante.

Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki comptent parmi les événements les plus horribles de l’histoire. Nous avons choisi de raconter l’histoire des Hibakushas, les survivants.

J’ai donc commencé par regrouper des témoignages, il y avait peu de choses disponibles à l’époque : par exemples les livres Little Boy, récit des jours d’Hiroshima, par Keiji Nakazawa ; Historique de la bombe A, par Fletcher Knebel. Il y avait aussi le film Pluie Noire qui est très visuel, sur les conséquences psychologiques des irradiés, les Hibakushas. J’ai ensuite compilé des bouts de textes puis écrit les paroles que je voulais, au départ, plus dénonciatrices. Mais au final ce n’était pas nécessaire, les textes se suffisaient à eux-mêmes.

L’album comporte six titres, peux-tu nous les présenter ?

Le livret joint au disque propose d’amples extraits de livres. Avec la musique et les textes, il permet une prise de conscience, au moment où Chirac avait décidé de reprendre les essais nucléaires (en 1995). Nous avons choisi d’illustrer tout le processus de la fabrication jusqu’aux impacts des bombardements, en racontant l’histoire des Hibakushas, les survivants. La seule difficulté pour nous est que nouante pouvons le jouer sur scène. Il y a des montages sonores, une continuité qu’il est difficile de reproduire en concert. C’est un tout, une chronologie qui ne peut être dissociée.

D’après vous, quelle est la situation aujourd’hui ?

Il n’y a plus cette menace de guerre froide qui planait dans les années 80. Il y a toujours l’éventualité d’un taré qui balancerait une bombe mais il n’y a plus ce risque de conflit généralisé. Le cas de la Corée du Nord participe à un imaginaire politique utilisé comme l’histoire des armes de destruction massive en Irak : géopolitiquement ça ne représente pas grand-chose, ça sert surtout aux États-Unis et à leur économie basée sur la guerre et l’armement. Pour nous, l’idée de conserver les armes nucléaire est aberrant ! Aujourd’hui on connaît la puissance militaire de chacun, aucun pays n’attaquerait les USA, bombe nucléaire ou pas.

Il y a par contre le risque évident du terrorisme. Depuis l’effondrement de l’URSS, nous pouvons craindre que de la matière nucléaire tombe dans les mains de terroristes ! Le risque est plus là aujourd’hui qu’en Corée du Nord, car même si Kim Jong-un a les moyens d’envoyer une bombe, il ne le fera pas, cela réduirait son pays en cendres.

Pour moi, il y a plus de risques avec les centrales que les armes nucléaires.

Il y a ey Three Mile Island, on nous a dit que ce n’était pas très grave, qu’il n’y avait pas de probabilité d’accident en France. Puis est survenue la catastrophe de Tchernobyl qui a flingué une grosse région de l’Ukraine, dont le nombre de morts reste inconnu.

Si on prend le dernier exemple en date, Fukushima, on voit bien que l’on ne maîtrise pas très bien l’ampleur des dégâts, et ce n’est qu’une centrale qui a explosé !

Si aujourd’hui vous deviez refaire un album-concept, quelle serait votre thématique ?

Je pense qu’on choisirait Fukushima parce que le sujet est plus d’actualité. Au niveau des enjeux, il y a plus à sensibiliser sur l’énergie nucléaire que sur une guerre atomique. Il y a bien sûr d’autres sujets graves à traiter, mais pour nous, en tant que musiciens, nous devrions choisir un sujet réductible à une histoire, Hiroshima et Nagasaki en étaient une, une des plus terribles...

Propos recueillis par Jocelyn Peyret

Pourquoi le choix d’un tel sujet et comment l’avez-vous abordé ?

Nous étions après la guerre froide, il y avait toujours dans l’air l’idée d’une confrontation entre les deux grosses puissances, l’escalade de l’armement. Et puis, historiquement nous ne devons pas oublier ce genre de conneries. Il s’agit d’un marqueur historique, un des trucs les plus horribles avec l’Holocauste. C’est le meilleur exemple, et le seul, d’un bombardement nucléaire sur une population civile et de ses conséquences. Ce fut un laboratoire scientifique et l’occasion pour les États-Unis de prouver au monde qu’ils avaient une arme surpuissante.

Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki comptent parmi les événements les plus horribles de l’histoire. Nous avons choisi de raconter l’histoire des Hibakushas, les survivants.

J’ai donc commencé par regrouper des témoignages, il y avait peu de choses disponibles à l’époque : par exemples les livres Little Boy, récit des jours d’Hiroshima, par Keiji Nakazawa ; Historique de la bombe A, par Fletcher Knebel. Il y avait aussi le film Pluie Noire qui est très visuel, sur les conséquences psychologiques des irradiés, les Hibakushas. J’ai ensuite compilé des bouts de textes puis écrit les paroles que je voulais, au départ, plus dénonciatrices. Mais au final ce n’était pas nécessaire, les textes se suffisaient à eux-mêmes.

L’album comporte six titres, peux-tu nous les présenter ?

Le livret joint au disque propose d’amples extraits de livres. Avec la musique et les textes, il permet une prise de conscience, au moment où Chirac avait décidé de reprendre les essais nucléaires (en 1995). Nous avons choisi d’illustrer tout le processus de la fabrication jusqu’aux impacts des bombardements, en racontant l’histoire des Hibakushas, les survivants. La seule difficulté pour nous est que nouante pouvons le jouer sur scène. Il y a des montages sonores, une continuité qu’il est difficile de reproduire en concert. C’est un tout, une chronologie qui ne peut être dissociée.

D’après vous, quelle est la situation aujourd’hui ?

Il n’y a plus cette menace de guerre froide qui planait dans les années 80. Il y a toujours l’éventualité d’un taré qui balancerait une bombe mais il n’y a plus ce risque de conflit généralisé. Le cas de la Corée du Nord participe à un imaginaire politique utilisé comme l’histoire des armes de destruction massive en Irak : géopolitiquement ça ne représente pas grand-chose, ça sert surtout aux États-Unis et à leur économie basée sur la guerre et l’armement. Pour nous, l’idée de conserver les armes nucléaire est aberrant ! Aujourd’hui on connaît la puissance militaire de chacun, aucun pays n’attaquerait les USA, bombe nucléaire ou pas.

Il y a par contre le risque évident du terrorisme. Depuis l’effondrement de l’URSS, nous pouvons craindre que de la matière nucléaire tombe dans les mains de terroristes ! Le risque est plus là aujourd’hui qu’en Corée du Nord, car même si Kim Jong-un a les moyens d’envoyer une bombe, il ne le fera pas, cela réduirait son pays en cendres.

Pour moi, il y a plus de risques avec les centrales que les armes nucléaires.

Il y a ey Three Mile Island, on nous a dit que ce n’était pas très grave, qu’il n’y avait pas de probabilité d’accident en France. Puis est survenue la catastrophe de Tchernobyl qui a flingué une grosse région de l’Ukraine, dont le nombre de morts reste inconnu.

Si on prend le dernier exemple en date, Fukushima, on voit bien que l’on ne maîtrise pas très bien l’ampleur des dégâts, et ce n’est qu’une centrale qui a explosé !

Si aujourd’hui vous deviez refaire un album-concept, quelle serait votre thématique ?

Je pense qu’on choisirait Fukushima parce que le sujet est plus d’actualité. Au niveau des enjeux, il y a plus à sensibiliser sur l’énergie nucléaire que sur une guerre atomique. Il y a bien sûr d’autres sujets graves à traiter, mais pour nous, en tant que musiciens, nous devrions choisir un sujet réductible à une histoire, Hiroshima et Nagasaki en étaient une, une des plus terribles...

Propos recueillis par Jocelyn Peyret



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